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M. Hennessy a laissé rigdomna sans traduction. M. W. l'a rendu par Tronfolger « successeur au trône », Kronprinz serait peut-être plus exact; M. W. a évidemment entendu adopter l'interprétation d'O'Curry, royal heir (Lectures on the mss. materials, p. 475), ou royal prince (On the manners, t. III, 146). Rigdomna ou rig damna est un composé possessif où le premier terme rig veut dire « roi », et le second << matière », en breton danvez1 Rig-domna, veut dire « celui qui est du bois dont on fait les rois. >>

Rig-fennid, le titre de Cummall, signifie, suivant M. Hennessy, king-warrior. D'après M. W., il veut dire Führer der Fenier, commandant des Fên ou Fian. Rig-Fennid est un composé de dépendance, dont le premier terme veut dire « roi, chef » et dont le second désigne une certaine catégorie de guerriers. Que signiffe précisément ce composé? O'Curry a publié en note au tome II, p. 377, de ses Lectures on the manners, un passage du livre de Ballymote qui paraît trancher la question. On y voit que Cormc mac Airt, roi suprême d'Irlande de 227 à 266 après J.-C., avait une armée composée de soldats dits amsaic et commandée par cent cinquante officiers appelés righfeindigh, orthographe relativement moderne pour rig-fennid. On sait que si le livre de Ballymote, manuscrit de l'Académie royale d'Irlande, est d'une écriture de la fin du xiv° siècle et par conséquent d'une orthographe très-moderne ou corrompue, ce n'est pas une raison pour nier l'antiquité des textes que ce précieux recueil nous a conservés. Ainsi le texte que nous venons de citer d'après le livre de Ballymote nous explique le sens du mot rig-fennid dans le document publié par MM. Hennessy et W. où les simples soldats sont dits amsaic comme dans le texte du livre de Ballymote. Cummall était un des officiers dits rig-fennid qui commandaient les soldats ou amsaic du roi suprême d'Irlande, Conn. Mais ces amsaic portaient-ils le nom de Fian ou Fén? Par conséquent, la traduction de rig-fennid par Führer der Fenier, chef des Fian ou en, est-elle exacte? Fian ou Fên est un nom féminin, dont voici la déclinaison :

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1. Whitley Stokes, Middle-breton hours, p. 70.

2. Sanas Chormaic, Voc. Orc treith dans Whitley Stokes, Three irish glossaries, P. 34-35.

3. Annals of the four Masters, anno 284, édition O'Donovan, t. I, p. 120.

4. Additions au glossaire de Cormac, Whitley Stokes, Sanas Chormaic, p. 69. Fianae est probablement une faute et il faut lire Fianna.

5. Sanas Chormaic, aux mots Buanann Orc treith, Ringcne, Whitley Stokes Three irish glossaries, p. 6, 34, 39.

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Ce mot, qui au singulier paraît avoir eu le même sens qu'au pluriel, désigne le corps de troupes commandé par Finn; dans un document fort important, dans la légende qui a fourni à Cormac son article Orc treith, le fennid Coirpre de Luigne, qui séduit une maîtresse de Finn, est op. posé aux Fiann: il n'est donc pas certain que rig-fennid, littéralement chef des fennid, veuille dire chef des Fiann ou Fén et que Cummall eût déjà une fonction dans le corps de troupes dit Fiann, commandé plus tard par Finn, son fils. Ainsi je traduirais rig-fennid par chef des Fennid, et non des Fên comme a dit M. W. Donc, pour ce terme, sans adopter la traduction de M. Hennessy, je ne suis pas convaincu de l'exactitude de celle de M. W 6. Mais c'est une exception, et j'avoue sans embarras la supériorité des deux savants l'un irlandais, l'autre allemand dont je discute les travaux.

Je terminerai le compte-rendu de ce remarquable ouvrage de M. W. en y signalant des fautes d'impression erhalt pour erhært, p. 57, 1. 13; can pour cach à l'index, p. 132 col. 2 v• dấl : M. W. y a conservé une faute de lecture de M. Hennessy après l'avoir corrigée, p. 123, ligne 9.

Je serais heureux si cet article décidait quelques personnes à se procurer et à étudier le savant ouvrage de M. Windisch.

H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.

P.-S. M. Windisch m'envoie, pour le joindre à ce compte rendu, l'errata suivant: P. 130, manque cêsad « souffrir »; au mot clar, lisez clar-lestar; p. 132, cuindrigium, lisez VI, 9; dâl, lisez do cach dail; p. 133, col. 2, ligne 1, lisez dia, voyez do; p. 136, lisez fâidim (pour faidil); manque Find, Finn; do ind pour do Find, IV, 7; p. 140, manque Laigin, gén. Laigen, « les habitants de Leinster»; p. 146, manque sirim, « je cherche ».

1. Sanas Chormaic, v. Orc treith.

2. Ibid.

3. Poëme reproduit par O'Curry, On the Manners, t. II, p. 385.

4. Sanas Chormaic, v. Buanann.

5. Sanas Chormaic, v. Orc treith.

6. Pour mettre sous les yeux du lecteur un document qui rentre dans le sens de M. W., nous devons dire que le ms. B (xvi® s. du glossaire de Cormac au mot Ringene rend par ind fenneda le génitif na fian du ms. A, écrit vers 1400. (Whitley Stokes, Sanas Chormaic, p. 142).

65.

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OEuvres de Sidoine Apollinaire, publiées pour la première fois dans l'ordre chronologique d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale, accompagnées de notes des divers commentateurs, précédées d'une Introduction contenant une Etude sur Sidoine Apollinaire, avec des dissertations sur sa langue, la chronologie de ses œuvres, les éditions et les manuscrits par Eugène BARET, Paris, Thorin. 1879, gr. in-8°, 637 p., Prix: 16 francs.

Depuis longtemps le besoin d'une édition de Sidoine se fait sentir. Cet auteur si intéressant pour l'histoire et si curieux pour la langue n'a pas trouvé d'éditeurs depuis Savaron (1598, 1599 et 1609) et Sirmond (1614) et 1652). De plus, les éditions de ces deux savants sont devenues très

rares.

M. Baret publie les lettres et les poésies de Sidoine dans un ordre nouveau. On pourrait croire, d'après le titre de cette édition, que l'ordre adopté se trouve dans les manuscrits. Mais, au contraire, les mss. autorisent l'ordre suivi par tous les anciens éditeurs, et le premier reproche qu'on ne manquera pas d'adresser à M. B. sera d'avoir jeté la confusion et rendu très-difficiles les recherches, malgré la table de concordance 1.

Pour déterminer la chronologie des lettres, M. B. a mis à profit les travaux de M. Germain 2, de l'abbé Chaix 3, de Fauriel 4, sans oublier de recourir à Gibbon et à notre Histoire littéraire. Je laisse aux historiens la tâche de contrôler cette partie du livre de M. B. qui paraît consciencieuse. Il me semble cependant qu'on pourrait tirer davantage des Mémoires de Tillemont.

L'étude sur Sidoine et sur la société gallo-romaine au ve siècle (p. 1106) est certainement la meilleure partie du volume., M. B. apprécie assez bien le rôle et la valeur de celui qu'il appelle le dernier des GalloRomains.

Mais on ne pourra jamais reconnaître dans cette édition un texte revu << sur les manuscrits, » comme l'indique le titre. Il me sera facile de prouver que M. B. n'a pas fait des mss. l'usage qu'il aurait dû.

Dans le chapitre sur la langue de Sidoine (p. 106 sq.) il y a plus d'un point contestable. Ainsi : « Sidoine hasarde (au génitif) Calypso pour Calypsus: Tum pomaria divitis Calypso. Carm., 1 (1x, Sirm.), 159, et, ce qui est plus extraordinaire, Danae pour Danaes ou Danaæ: Seu tur

1. M. B. a été la première victime de cette confusion. Dans son Introduction, pour indiquer les passages, il donne tantôt le chiffre de Sirmond, tantôt le sien, quelquefois un chiffre intermédiaire, ce qui déroute complètement. Ainsi, p. 112, il indique Oppugnatio passa (xxш, 67) d'après S; ce serait xx, 67 B. - Et se Lucrinas, etc. (Carm., vi, 345); il faut deviner Carm., v, Sirm. ou Carm., vII, Bar. Dat sonitum mento, etc. (Carm., xx, 300). Le vers se trouve Carm., 11, 335, dans S. et Carm., XXII, 335, dans B. Je pourrais citer bien d'autres pages, mais une seule suffit pour montrer le système employé par M. B.

2. Essai historique et littéraire sur Apollinaris Sidonius. Paris, 1840. 3. Saint Sidoine Apollinaire et son siècle, Clermont, 1866. 2 vol. 8°. 4. Histoire de la Gaule méridionale. Paris, 1836, 4 vol. 8o,

I

ris Danae refertur illic. Carm., xxIII, 283 » (p. 109). Les mss. terminent un vers phalécien par Calypso et, leçon admise par M. B. (p. 483), d'après Savaron et l'édition de 1652. Mais l'élision serait bien dure, la conjonction est superflue et le vers suivant commence par une S: Sirenas pereuntibus; aussi Wouweren et Sirmond (éd. 1614) avaient-ils rétabli d'une manière plausible Calypsus.- Quant à l'autre vers, M. B. aurait dù lire et communiquer à ses lecteurs la variante danaæ du ms. 2781, qu'il déclare avoir collationné. D'ailleurs il n'y avait pas besoin de ms. pour cela, il suffisait de se reporter à un autre passage: « Jamque opus in turrem Danaæ pluviamque metalli » (Carm., xv, 177 S.) pour rétablir, sans être téméraire, la même leçon. Dans ce dernier endroit, les mss. portent dane ou dana (comme le ms. 2781), ce qui n'a pas empêché les éditeurs d'attribuer à Sidoine le vrai mot Danaæ.

P. 110. « L'accusatif, dit M. B., est toujours en em dans les noms grecs de la première déclinaison: Hic trepidam credam mihi credere Daphnem. Carm., XXII, 216. » C'est tout le contraire qui est la vérité. Quoique la désinence em ou en soit souvent représentée dans les mss. par un e surmonté d'une barre, les exemples où les mss. ont conservé en sont assez nombreux pour nous prouver que Sidoine l'employait toujours. Comment établir une règle de grammaire sur un seul exemple 2, placé à la fin d'un vers, où l'on devrait restituer en contre tous les mss.? Si la dernière syllabe était élidée, ce serait différent; mais, dans ce cas, Sidoine préfère la forme latine, comme Penelopam, Parthenopam. Bien plus, on lit ici dans le mss. 2781, daphnen, sans parler des mss. de Rome et de Florence. D'ailleurs, M. B. se contredit lui-même, p. 484, dans un passage (Carm., IX, 185) où il imprime avec raison, palen, ajoutant « Vulgati Palem, pessime. » Il eût été bon de dire que Sirmond (éd. 1614) avait déjà rétabli palen, leçon autorisée d'ailleurs par les mss. (on lit dans le ms. 2781, palent heramnis, ce qui ne laisse aucun doute sur la désinence). On aurait pu encore renvoyer au vers (XXIII, 307) : « Cannas, plectra, jocos, palen, rudentem »>.

P. 115. « L'innovation la plus grave de Sidoine, c'est sa tendance à remplacer par quia et quod, suivies (sic) du subjonctif ou de l'indicatif, la proposition complémentaire infinitive. » Assurément Sidoine fait abus de cette construction, mais ce n'est pas lui qui l'a innovée. Sans parler des auteurs ecclésiastiques, Symmaque se permettait déjà quelque licence à cet égard; il dit, par exemple (Epist., vш, 45): « Sed puto quia pia af

1. La note de M. B. (p. 483) est encore inexacte « Calypso pro Calypsus. Sic 2782, 9551; quam scripturam elegerunt Sav. et Sirm. » Or le ms. 2782 ne contient pas cette pièce (c'est 2781 qu'il faut lire), et il fallait au moins mentionner la leçon Calypsus de la 1o édition de Sirmond, la seule dont ce savant soit entièrement responsable.

2. M. B. a été la victime d'une faute d'impression des éditions de Sirmond. Savaron avait encore Daphnen. S'il avait réellement revu son texte sur les mss., il n'aurait pas choisi cet exemple malheureux.

fectione fallaris, » — (lb., 49): « Credo enim quod negatam primo officio vicem vel nunc impetrare possit iteratio, »— (IX, 1): « Credo quod litteras meas libenter accipias. >>

Sur le chapitre des Particularités de métrique et de prosodie (p. 121), lequel est beaucoup trop court, il y aurait plus d'une observation à faire. Par exemple: «< Sidoine, dit M. B., se permet l'hiatus, à l'exemple de Virgile (B., 11, 6. Æn., Ix, 290, etc.) Nil sine te gessit, quum plurima tu sine illo. Carm., ïv [víI, Sirm.], 232. » Comment comparer aux exemples de Virgile, qui offrent à la fois une césure et un repos (Et succus pecori, et lac, etc. Hanc sine me spem ferre tui; audentior ibo), une expression indivisible comme sine illo? Souvent les mss. attribuent à Sidoine des hiatus semblables; les anciens éditeurs - M. B. ne s'en doute pas y ont remédié. La faute est ici plus difficile à corriger, mais elle n'est pas moins évidente.

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Un peu plus loin : « Il manie à sa guise les longues et les brèves dans les mots tirés du grec. » Il faudrait encore établir une distinction : la quantité des mots employés par les grands poètes a généralement été respectée par Sidoine. L'exemple cité par M. B. ne persuadera pas aux critiques judicieux que Sidoine a abrégé les deux premières syllabes de Corytus (Carm., x [xi Sirm.], 56), ne serait-ce qu'à cause de l'exemple de Virgile (Æn., x, 169).

L'Examen des manuscrits (p. 158 sq.) laisse beaucoup à désirer. M. B. donne la liste des mss. de la Bibliothèque nationale et en indique le contenu; puis il mentionne pour mémoire certains mss. ne renfermant que des extraits fort courts 1. C'est un tort de placer là un excellent ms. de la fin du xre siècle, malheureusement incomplet (il s'arrête à Ep., vii, 2), le ms. 2168, qui, seul des mss. français, nous a conservé un texte particulier dont il existe une copie à Rome et une à Madrid.

Ensuite, M. B. cherche à classer les mss. par catégories. Il range dans la re les mss. qui contiennent les Lettres et les Poëmes. Suivant lui, le 2171 ne donne que les panégyriques, et le 2782 ne donne aussi que ces panégyriques, mais d'une manière incomplète; celui d'Anthémius n'a que les 182 premiers vers. Ce qui est vrai, c'est que ces deux mss. sont semblables en tout point et présentent les mêmes lacunes.

Dans la 2o catégorie, M. B. place les mss. qui ne renferment que les Lettres. La plupart de ceux-ci offrent « une interruption bizarre. Le scribe passe de la lettre 12 du livre VI, qu'il interrompt, à la deuxième moitié de la lettre 5 du livre VII, joignant bout à bout ces deux fragments qui ne présentent ainsi aucun sens. » Il n'y a là rien de bizarre pour quiconque a manié un peu les mss. Le ms. dont dérivent ces exemplaires avait perdu un Quaternio, et les copistes suivants n'y ont rien vu. Pareil fait s'est produit pour Quintilien et pour bien d'autres.

1. On trouve ici mentionné le n° 2171 dont il est question ailleurs. C'est 2191 qu'il faut lire : ce ms. du xv° siècle ne contient que trois lettres.

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