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l'érudition française, et qu'il se fût abstenu de raisonnements mal fondés, qu'on peut, il est vrai, pardonner aux pamphlétaires, mais qui ne doi vent pas être admis dans des ouvrages historiques sérieux.

Arnold SCHaefer.

CORRESPONDANCE

Lettre de M. Fustel de Coulanges au Secrétaire de la Revue.

Monsieur,

Voulez-vous me permettre de vous signaler quelques inexactitudes qui se sont glissées dans votre numéro du 8 mars, page 187-188.

[I.] M. Monod a écrit « que nous ne possédons pas une seule lettre de Fortunat ». Qui ne sait pourtant que, dans les œuvres de Fortunatus, parmi des hymnes, des éloges, des vies de saints, il se trouve un grand nombre de lettres? Que beaucoup d'entre elles soient en vers, cela ne les empêche pas d'être des lettres, et il en est d'ailleurs qui sont en prose. Ce personnage a écrit à beaucoup d'évêques, à des ducs, à des comtes, sans parler des rois, et, si ses lettres nous instruisent peu des événements, elles nous montrent, en revanche, tout un côté curieux des mœurs de l'époque. Je m'étonne que M. Monod ne les connaisse pas et qu'il nie qu'elles existent.

[II.] Il nie aussi que, parmi les publications de la loi salique, il y en ait une de M. Jungbohn Clément. Elle existe, car je l'ai sous les yeux, sans en faire d'ailleurs un très-grand cas. Il est vrai que le livre porte pour titre : Forschungen über das Recht der Franken; mais, après ces Recherches, M. Monod peut voir commencer à la page 86 un texte de la loi salique avec traduction et commentaire. Ce texte n'est d'ailleurs pas différent de celui de Merkel. On ne s'était donc pas trompé en indiquant, parmi les nombreuses publications de la loi salique, celles de MM. Merkel et J. Clément, 1850 et 1876.

[III.] M. Monod se trompe aussi sur Goldast. Sans doute, s'il veut seulement soutenir que cet ancien érudit « n'a pas publié une édition des formules franques », cela est trop évident et personne n'a jamais dit le contraire. Mais, que les grands travaux sur les formules et les diplômes du moyen âge aient été commencés par Goldast, Lindenbrog, Sirmond, etc., voilà ce qu'il ne fallait pas nier. Goldast n'a pas écrit seulement l'ouvrage dont parle M. Monod, sur l'empire germanique, il a recueilli aussi les Scriptores rerum Alamannicarum vetusti, et il se trouve là un grand nombre de formules et de diplômes qui intéressent l'Etat franc.

Je vous soumets ces remarques, Monsieur, parce qu'il est dans les traditions de la Revue critique de donner l'exemple de l'exactitude.

[IV.] Je remercie d'ailleurs M. Monod d'avoir averti que, dans la Revue politique et littéraire du 8 février, page 749, on a écrit Ix au lieu

de vi°. L'inadvertance est manifeste, et beaucoup de lecteurs l'avaient rectifiée d'eux-mêmes; la suite des idées les avertissait; il était clair que, puisque je parlais, en ce passage, de documents contemporains, et qu'il s'agissait de l'époque mérovingienne, c'était vIII° siècle et non Ix qu'il fallait lire. Je reconnais d'ailleurs que je suis responsable de la faute, ayant eu les épreuves dans les mains. M. Monod était en droit de me la montrer; mais il pouvait s'en tenir là, et il n'avait pas besoin d'ajouter à une distraction, qui est bien de moi, trois méprises qui sont bien de lui.

Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération et de ma sympathie.

FUSTEL DE COULANGES.

Réponse de M. Monod.

Je suis obligé de maintenir presque intégralement les critiques que j'ai adressées à M. Fustel de Coulanges. N'y attachant que peu d'importance, je les avais indiquées très-sommairement, trop sommairement, paraît-il, puisque M. F. de C. a cru, à tort, devoir en contester la justesse. Il me force donc à les préciser.

I. Voici ce qu'a écrit M. F. de C. sur Fortunat: « Nous avons aussi (parmi les sources du ve au xe siècle) des poésies... Ne comptez pas qu'elles nous fournissent beaucoup de renseignements..... Ce qui vaut mieux pour nous, ce sont les lettres..... au v° siècle celles de Sidoine, au vie d'Avitus et de Fortunatus, au vie de Didier de Cahors... » Ce passage m'a paru et me paraît encore signifier les poésies ont peu d'importance; ce qui en a beaucoup, ce sont les lettres en prose, celles de Sidoine, d'Avitus, de Fortunat, de Didier. Or, cette affirmation est erronée, même prise dans sa généralité. Les poëmes de Sidoine sont aussi instructifs que ses lettres; les poésies d'Alcuin et de Théodulfe, les poëmes d'Ermold le Noir et des deux Angilbert, le Carmen Berengarii, le De Bello Parisiaco d'Abbon sont des documents historiques de la plus haute valeur. Mais l'affirmation de M. F. de C. est surtout étrange en ce qui concerne Fortunat dont l'œuvre poétique est une des sources capitales pour l'histoire du vi° siècle, soit qu'il s'agisse de ses épîtres en vers adressées aux grands personnages de son temps, soit qu'il s'agisse de ses poëmes sur la chute du royaume de Thuringe ou sur les noces de Chilpéric et de Galeswinthe. Voilà ce qui m'a choqué dans le passage de M. F. de C. et ce qui a provoqué ma critique. Je ne fais d'ailleurs aucune difficulté de reconnaître que je l'ai formulée en termes qui prêtaient à une fausse interprétation, et que j'aurais changés si je n'avais été empêché par la maladie de revoir et de corriger mon article avant son apparition. J'ai même commis une erreur positive en avançant que nous ne possédions aucune lettre en prose de Fortunat. Il y en a neuf, d'ailleurs sans importance, mêlées à ses innombrables poésies. Je l'avais oublié et je remercie M. F. de C. de me l'avoir rappelé.

II. Voici ce qu'a écrit M. F. de C. au sujet de la loi salique: « Elle a été souvent publiée, notamment par MM. Merkel en 1854 et J. Clément en 1876; toutefois, je recommande particulièrement le travail admirable que M. Pardessus a publié en 1843. » Que veut dire cette phrase, sinon que les deux dernières éditions de la loi salique sont celles de Merkel et Clément, mais que celle de Pardessus est supérieure? Or tout cela est inexact. Pardessus a édité une série de mss. de la loi salique, mais n'en a pas donné une édition critique. Les deux éditions critiques à citer étaient celles de Merkel et de Behrend. Quant à Clément, je répète qu'il n'a jamais prétendu donner d'édition de la loi salique; il a fait une traduction avec commentaire de cette loi, et quand M. Zoepfl a donné en 1876 l'œuvre posthume de son ami, il a mis en regard de la traduction le texte de Merkel que Clément avait suivi. Il est donc tout à fait inexact de dire que, parmi les éditions de la loi salique, il faut citer notamment celle de Clément.

III. Voici ce qu'a écrit M. F. de C. au sujet des formules et de Goldast: « Nous possédons un recueil de formules qui a été rédigé par le moine Marculf au vào siècle. Nous en avons un autre recueil qui semble avoir été composé en Anjou vers la même époque, et un autre qui appartenait à l'Auvergne... D'autres recueils sont du vi° et du 1x siècle. Toutes ces formules, publiées d'abord séparément par Goldast, Lindenbrog, Sirmond, Bignon, Fr. Pithou, Baluze, se trouvent réunies dans le t. IV des Hist. de France et dans Walter, mais vous en avez une édition plus complète, celle de M. E. de Rozière. » Or, ni le recueil de M. E. de Rozière, ni celui de Walter, ni celui de D. Bouquet, ne contiennent au. cun texte emprunté à Goldast (pas plus du reste qu'à Fr. Pithou, qui ne peut figurer ici que comme propriétaire du ms. publié par Lindenbrog). Sirmond, Bignon, Lindenbrog, Le Pelletier, Mabillon, Canciani, Merkel, Wyss, Dümmler, Rockinger, voilà les noms qu'il fallait citer, mais non Fr. Pithou, ni Goldast. Les Scriptores rerum Alamannicarum contiennent cinq formules d'Ison de Saint-Gall, et voilà tout. Ce n'est pas assez pour justifier M. F. de C. Ce qui explique et excuse, dans une certaine mesure, l'erreur de M. F. de C., c'est que l'on a quelquefois donné à tort le nom de Formulae Goldastinae à une série de diplômes que Goldast a publiés en en supprimant les noms propres. Mais les érudits se sont bien gardés d'accepter ces textes comme des formules, et M. de Rozière n'a point fait mention de Goldast dans son recueil.

IV. M. F. de C. ne dit nullement qu'il s'agisse dans les Gesta regum Francorum de l'époque mérovingienne. Il cite, entre Frédégaire et Einhard, « l'auteur anonyme des Gesta regum Francorum qui parait avoir écrit au commencement du 1x° siècle ». Comme Einhard a écrit de 815 à 830, rien n'empêchait d'admettre que c'était bien: 1x siècle, qu'avait voulu écrire M. Fustel. Mais même en rétablissant: vII° siècle, l'expression qu'il emploie est encore impropre; car ce texte ne paraît pas seulement écrit au début du vie siècle, il est daté d'une manière précise

« de la sixième année du règne de Thierry IV », soit 726. Le même paragraphe de la leçon de M. F. de C. renferme d'ailleurs d'autres inexactitudes. Il dit que « Grégoire de Tours raconte ce qu'il a entendu dire du ve siècle et ce qu'il a vu du vie », tandis qu'en réalité, pour le ve siècle, il a suivi surtout des sources écrites, et que c'est pour la première moitié du vr qu'il a suivi la tradition orale. Un peu plus bas, M. F. de C. dit que Frédégaire, les Gesta et Thégan ont été publiés par les Monumenta Germaniae, ce qui n'est vrai que de Thégan. Einhard au contraire, pour lequel M. F. de C. ne cite que l'édition Teulet, a été publié aussi par Pertz et par Jaffé, et cette dernière édition est meilleure que celle de Teulet.

Je m'arrête. Comme on le voit, les méprises que M. F. de C. voudrait mettre à ma charge restent bien et dûment à la sienne, à l'exception d'une seule, celle sur Fortunat, dont je consens volontiers à partager le poids avec lui. Je n'attache pas d'ailleurs à ces chicanes plus d'importance qu'elles n'en méritent. J'ai voulu seulement, comme précédemment au sujet de l'Histoire des Institutions de l'Ancienne France, montrer que M. Fustel de Coulanges n'apporte pas à l'établissement de sa bibliographie, à la critique et au choix de ses textes, toute lá précision nécessaire. Cela ne m'a jamais empêché de rendre hommage à ses grandes qualités de penseur et d'érudit; et mon but en parlant aux lecteurs de la Revue de sa leçon d'ouverture, a surtout été de signaler le langage viril, austère et vraiment novateur qu'il avait fait entendre du haut de la chaire de la vieille Sorbonne.

G. MONOD.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 28 mars 1879.

M. Geffroy, directeur de l'Ecole française de Rome, annonce par lettre la découverte faite dans un terrain de la via di Firenze, à Rome, de trois statues antiques et de quelques restes de peinture et de mosaïque. Une seule de ces statues a une véritable importance artistique; elle représente un hermaphrodite et paraît être de travail romain. Le reste appartient plutôt à l'ornement qu'à l'art proprement dit. M. Geffroy annonce aussi qu'on a découvert auprès du Colisée un égoût antique, à l'aide duquel on a pu enfin faire écouler les caux qui avaient arrêté les fouilles entreprises dans l'arène.

M. de Witte communique une lettre de M. Jules Martha, datée d'Athènes, 18 mars, qui annonce la découverte des débris de deux amphores panathénaïques trouvés dans un tombeau, non loin du Céramique, derrière l'usine à gaz, à droite de la route du Pirée il y a en cet endroit plusieurs sépultures antiques, dont l'exploration a été entreprise par un propriétaire d'Athènes, depuis un mois environ. L'une des amphores était entièrement brisée; l'autre s'est retrouvée en fragments encore assez considérables pour qu'on pût en reconnaître l'ornementation. On y remarque notamment une figure d'Athéna debout entre deux colonnes, avec l'inscription ΝΙΚΟΝΙΟΥ.

M. Edmond Blanc lit une note sur la position des ports antiques entre le Var et la Roya. Strabon et Pline parlent d'un port appelé le port d'Hercule Monoecus, qui était situé entre Nicaea (Nice, et Album Intemclium (Vintimille: il n'est pas dou

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REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

teux, si l'on ne considère que le témoignage de ces deux auteurs, qu'il ne faille reconnaître dans ce port d'Hercule le port actuel de Monaco. Mais un passage de Ptolémée, qui mentionne séparément le port d'Hercule et le lieu consacré à Hercule Monoecus, a été cause qu'une autre opinion a prévalu jusqu'ici, et que, tout en reconnaissant Monaco dans la ville d'Hercule Monoecus, on a voulu que le port d'Hercule fût la rade de Villefranche, située plus à l'ouest, non loin de Nice. M. Blanc repousse cette opinion. Villefranche, selon lui, ne peut être le port d'Hercule, car le nom antique de Villefranche nous est connu d'ailleurs : c'est Olivula, mentionné dans l'itinéraire d'Antonin. L'identité d'Olivula et de Villefranche est attestée de la manière la plus certaine par des documents du xiro, du xïño et du xiva siècle, notamment par des chartes originales conservées aux Archives municipales de Nice. Or si le port d'Hercule n'est pas Villefranche, on ne peut le placer, entre Nice et Vintimille, ailleurs qu'à Monaco. M. Blanc pense donc qu'il y a une erreur formelle dans le texte de Piolémée; cette erreur doit être imputée à Ptolémée lui-même, car elle n'est pas de celles qui peuvent s'expliquer par une faute de copiste. Ce ne serait pas du reste la seule inexactitude de cet auteur, qui s'est trompé ailleurs encore d'une façon tout aussi grave, par exemple quand il place les fosses Mariennes sur la rive droite du Rhône, alors qu'elles étaient sur la rive gauche. S'il a donné par erreur à la baie d'Olivula le nom d' 'Hpaxλéoug λipýv, cette erreur peut s'expliquer par une confusion faite dans son esprit entre Olivula et quelqu'une des villes de la même côte qui portaient le nom d'Heraclea.

M. Desjardins repousse l'opinion soutenue par M. Blanc. L'erreur que celui-ci attribue à Ptolémée est trop forte pour être vraisemblable, car Ptolémée distingue bien formellement deux endroits différents, pour lesquels il donne des latitudes et des longitudes différentes, et qu'il désigne, l'un comme un port, 'le port d'Hercule, l'autre comme une roche, [la roche d'Hercule Monoecus. Or effectivement la rade de Villefranche est un véritable port, vaste et bien abrité, tandis qu'à Monaco il n'y a pas de port proprement dit, mais bien une roche formant promontoire. Ce serait tout à fait gratuitement qu'on imputerait à Ptolémée cette erreur, car rien absolument n'empêche de s'en tenir à son témoignage. Il est vrai que Villefranche s'est appelée Olivula: mais ce nom d'Olivula se rencontre pour la première fois dans l'Itinéraire d'Antonin, qui est de la seconde moitié du ive siècle. Rien n'empêche d'admettre que plus anciennement le même lieu se soit appelé le port d'Hercule. Le nom d'Olivula a remplacé, vers le Ive siècle, le nom de port d'Hercule, comme plus tard, au XIIIe siècle, le nom de Villefranche a remplacé celui d'Olivula.

M. Halévy continue sa lecture sur la question de la langue akkadienne. Il développe la théorie qu'il avait exposée à l'une des séances précédentes sur la manière dont doivent être comprises les indications des syllabaires assyriens.

Ouvrages déposés :

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ELLERO (Pietro), La tirannide borghese (Bologna, 1879, in-8°); SANPERE Y MIGUEL (Salvador), Origens y fonts de la nació catalana (Barcelona, 1878, in-4o).

Présentés de la part des auteurs ou éditeurs par M. de SAULCY: H. GAIDOZ, Esquisse de la religion des Gaulois; - par M. Schefer, deux vol. de textes turcs publiés par M. GASTWALDT, de Kazan : 1° recueil des apophtegmes ou sentences de Khadja Ahmed Yessevy (x11° siècle de notre ère: un des plus anciens écrits en turc); 2o histoire des prophètes, par Nacir Eddin. fils de Bourhan Eddin Qadz, de la ville de Rehat Aghauzy (écrit en l'an 1407 de notre ère); par M. de WITTE : 1o Edmond DEMOLINS, Histoire de France, vol. I et II (publié par la Société bibliographique); 20 Collection Auguste Dutuit, antiquités. médailles, etc. (1 vol. in-4°); — par M. Delisle 1 Introduction au recueil de fac-simile d'anciens monuments de la géographie, par feu JOMARD (publié par la famille de l'auteur); 2° JUNGHANS, Histoire des règnes de Childerich et de Chlodovech, trad. par G. MONOD (Bibliothèque de l'Ecole des hautes études, sc. phil. et hist., 37 fascicule); par M. Miller: Тptúdiov xαтavuжTixóv (livre ecclésiastique grec, donnant le rituel des offices, canons et hymnes), publié par le cardinal PITRA.

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Julien HAVET.

Le Puy, imprimerie et lithographie Marchessou fils, boulevard St-Laurent, 23.

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