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Baron de Bissigny, conseiller du Roy en son Conseil d'Estat, Visamiral en Normandie, Gouverneur pour Sa Majesté des ville, chasteau et citadelle de Dieppe, etc. ». Les citations que MM. de G. et T. empruntent aux Discours catholiques - livre où l'érudition est prodiguée, mais où brille surtout la verve injurieuse paraîtront d'autant plus piquantes que l'ouvrage est moins connu, tellement peu connu que les bibliographes l'ont tous passé sous silence 2.

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MM. de Grouchy et Travers terminent leur étude par cette modeste déclaration (p. 197) : « Ici nous déposons la plume avec le regret de n'avoir pu, malgré plusieurs années de recherches, tant en France qu'à l'étranger, rien découvrir de plus sur Nicolas et Timothée de Grouchy. >> Que leur regret soit adouci par ce vœu : puissent tous ceux qui traiteront désormais un sujet aussi difficile et aussi peu fouillé, enrichir leurs monographies d'autant de nouvelles et précieuses choses!

T. de L.

56.

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De la correspondance inédite de Dom B. de Montfaucon, par Ph. TAMIZEY DE LARROQUE (Extrait de la Revue de Gascogne). Paris, Champion et Picard, 32 p. in-8°.

En attendant la publication de la correspondance des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, que prépare M. Dantier, M. Tamizey de Larroque nous en donne un avant-goût en publiant des extraits de la correspondance de Montfaucon avec D. Estiennot, D. Jean Guillot, D. Mabillon, le président Bouhier et Baluze. Ces vingt-neuf lettres de l'année 1691 à l'année 1734, choisies avec goût et annotées avec une éru. dition abondante et précise, nous donnent une très-juste idée de l'admirable activité intellectuelle dont le monastère de Saint-Germain-des-Prés a été, au xvie et au xvme siècle, le centre et le foyer. Philologie, numismatique, épigraphie, archéologie figurée, histoire, littérature, théologie, il n'est aucune province des lettres ou de l'érudition qui échappe à la curiosité de D. Montfaucon, et ses lettres sont une véritable chronique

1. Voir cette dédicace (p. 183-184). Voir aussi (p. 185-186) l'Avis au lecteur et (p. 187) un sonnet bien mauvais de l'auteur, suivi (p. 188-190) d'autres sonnets plus mauvais encore, s'il se peut de divers amis, notamment de l'abbé de Bonastre, curé d'Harcanville, sonnets auxquels se mêlent quelques quatrains qui, comme le célèbre distique, paraîtront un peu trop longs.

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2. Dans l'Appendice (p. 199-222), on trouvera : I, la traduction du 1er chapitre de l'Histoire de l'Inde par N. de Grouchy; II, une note complémentaire sur le séjour de Grouchy à Coïmbre; III, une note sur le nom de Grouchy dans les différentes biographies; IV, l'éloge de Nicolaus Gruchius par Sc. de Sainte-Marthe; V, une note sur le prix des ouvrages de N. de Grouchy à son époque d'après un registre de Christophe Plantin et de son gendre et successeur Jean Morelus conservé au Musée Plantin, à Anvers.

des nouveautés littéraires. Les jugements qu'il porte sont, dans leur pi-
quante concision, pleins de modération, de bon sens et d'esprit. Nous
n'en donnerons pour preuve que ces quelques lignes : « On dit du livre
du P. Thomassin intitulé: Dictionarium hebraicum, que le plus grand
bien qui lui puisse arriver, c'est que le dictionnaire breton, du P. Pey-
ron, où il fait venir toutes les langues à la bretonne luy ôtera sa qualité
du plus méchant livre qui soit sorti de dessous la presse. -
On fait
grand bruit du livre de M. de Cambray sur la prière. Quelques-uns di-
sent que le livre sera arresté. Si cela est, ce prélat est à plaindre, car c'est
un vray homme de bien et d'exemple... J'ay leu ce livre, et, à cela près
qu'il est trop métaphysique et d'une spiritualité trop relevée pour le
commun des gens, je ne le trouve pas mauvais. » → - La plaquette de
M. Ph. Tamizey de Larroque nous fait vivement désirer que la publi-
cation de M. Dantier ne se fasse pas attendre et qu'elle soit annotée
d'une manière aussi intéressante que les vingt-neuf lettres éditées au-
jourd'hui.

57. — Mémoires et lettres de François Joachim de Pierre, cardinal de Bernis (1718-1788), publiés avec l'autorisation de sa famille d'après les manuscrits inédits par Frédéric MASSON. 2 vol. CXXIV, 478, 503 p. Paris, Plon. 1878, in-8. Prix: 16 francs.

Les archives d'Angleterre, d'Autriche, de Prusse, et tout récemment celles de Russie, ont fourni, dans ces derniers temps, de nombreux documents inédits sur la guerre de Sept Ans et sa diplomatie; elles nous ont révélé des traités restés secrets jusqu'à nos jours; elles nous ont fait connaître dans les moindres détails des négociations que l'histoire ignorait jusqu'ici. Seule, la France restait en arrière. Depuis que, en 1867, j'ai pu consulter aux Archives du ministère des affaires étrangères quelques séries de la correspondance diplomatique de cette époque (voir Revue critique, 1868, art. 19, p. 312), on a peu tiré de ce riche trésor; les publications de documents historiques ont été rares et le mémoire de M. Filon, L'ambassade de Choiseul à Vienne en 1757 et 1758 (Paris, 1872), ne repose que sur des copies que tous les érudits pouvaient librement consulter à la Bibliothèque nationale.

Les deux volumes que publie aujourd'hui M. Masson sont donc les bienvenus. Ils renferment en grande partie les mémoires, jusqu'ici presque inconnus, que le cardinal de Bernis avait, non pas destinés à la publicité, mais légués à sa famille, qui les avait fidèlement conservés. M. M. a joint aux Mémoires les lettres intimes adressées par Bernis au roi, à la marquise de Pompadour et au duc de Choiseul, d'après les copies du ministère des affaires étrangères, qu'il a du reste comparées avec les originaux (appartenant au duc de Mouchy). Des fragments de ces lettres avaient déjà été publiés en 1833 par Sainte-Beuve, d'après une copie que

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possédait le chancelier Pasquier; d'autres fragments avaient été communiqués au public, en 1873, par M. Aubertin. Enfin, M. M. a publié dans les Appendices une série de documents importants, tirés des archives du Ministère. Ajoutons qu'il a commenté et discuté les documents qu'il édite, soit dans les appendices, soit dans l'introduction (p. 1cxx) et qu'il donne dans des notes, au bas des pages, de courtes et précises explications sur les événements et les personnages.

Ce qui fait le principal intérêt des Mémoires, c'est la peinture de la cour. Quant aux renseignements vraiment nouveaux, ils sont en petit nombre: Bernis écrivait pour sa famille et non pour le public, et, d'ailleurs, en ce qui concerne l'alliance autrichienne, le grand événement de sa carrière politique, il se sentait lié par un serment et ne voulait pas trahir un secret d'Etat. L'impératrice, dit-il (I, 230), proposait à S. M. un plan fort étendu sur lequel il ne m'est pas permis de rien écrire »; et ailleurs (p. 225, 231, 286): « Je voudrais qu'il me fût permis de m'expliquer plus clairement. » Enfin, il composa ses Mémoires longtemps après les événements, et, à ce moment-là, il n'avait pas sous la main les documents les plus considérables et les plus secrets (I, p. cxxш).

M. M. n'a pas précisé l'époque à laquelle furent composés les Mémoires; il remarque seulement (I, p. xvi, note) que « la dictée des Mémoires se trouva interrompue par le départ de Bernis pour le conclave de 1769 » (cp. II, p. 16, note). Bernis, en effet, dicta ses Mémoires à sa nièce, la marquise du Puy-Montbrun. Cette dame était âgée de 23 ans quand le cardinal commença cette dictée (I,cxxiv). Or, les Mémoires se divisent naturellement en trois parties: la première, jusqu'à l'entrée de Bernis au service de l'Etat, comprend vingt-sept chapitres; la deuxième, jusqu'à la fin de l'année 1757, contient quarante-trois chapitres; la troisième partie ne renferme que sept chapitres et ne s'étend que jusqu'au mois de septembre de l'année 1758; il n'existe du huitième chapitre que le titre « Plan de finance proposé pendant la guerre ». Je ne sais, et M. M. ne dit pas à quelle époque était née la nièce du cardinal; mais l'on peut, d'après certaines indications des Mémoires, déterminer le temps où Bernis commença à les dicter. La première partie et quelques chapitres de la deuxième ont été composés durant la guerre de Sept Ans, comme le prouvent les passages suivants : I, 62. « Au fait des limites de l'Acadie (ce qui fait aujourd'hui le sujet de notre guerre avec l'Angleterre); p. 136. « De la guerre présente »; ils ont été composés dix ans après le réveil des querelles jansénistes c'est-à-dire depuis 1752 (tome I, p. 155-319), par conséquent en 1762 (p. 59). Ce qui nous confirme encore dans cette opinion, c'est la polémique de Bernis contre le testament politique du maréchal de Belle-Isle publié tout récemment à Amsterdam en 1761 (p. 254); c'est le passage (p. 268) où il parle de la mort de Ferdinand VI d'Espagne qui eut lieu en 1759; celui où il mentionne (p. 300) la mort d'Elisabeth de Russie qui arriva le 5 janvier 1762; celui où il cite le pape Clément XIII (p. 194), le cardinal

Rezzonico, aujourd'hui pape. (Clément XII mourut le 3 février 1767.) Mais nous remarquons que la composition des mémoires avait subi une interruption avant la fin de la deuxième partie et qu'elle ne fut reprise que dès la fin de 1764; on ne peut guère savoir combien de temps après la mort de Berryer (15 août 1762, cp. ch. xxx, I, p. 346), mais certainement après la mort de M. d'Argenson († 22 août 1864, cp. chap. xxxш, p. 372 s.) après la mort de Mme de Pompadour (+15 avril 1764; cp. ch. xxxiv, p. 381; voyez au contraire I, 109, Mme d'Etioles, aujourd'hui marquise de Pompadour); après l'élection de Stanislas Auguste au trône de Pologne le 7 septembre 1764 (II, 4, chap. xxxvш. Poniatowski, aujourd'hui roi de Pologne). La troisième partie des Mémoires nous mène plus loin encore, mais sans nous faire gagner aucune date précise: II, 85: M. de Massiac, aujourd'hui vice-amiral (depuis le mois de novembre 1764, mort en 1770). Mais le dernier chapitre mentionne (p. 104) non seulement l'ordonnance royale de novembre 1764 contre les jésuites, mais encore l'expulsion de l'ordre, chassé en 1767 de l'Espagne et de Naples, et le 7 février 1768 de Parme.

A mon avis, les derniers chapitres n'ont pas été dictés d'une seule traite; la liaison des faits n'est pas suivie, et il y a beaucoup de répétitions (p. e., les chap. i et vii de la troisième partie).

Je remarque, en outre, qu'en beaucoup d'endroits se trouvent des points (....) qui remplacent sans doute des tirets; mais çà et là on pourrait croire que Bernis projetait une rédaction définitive, qu'il ne put entreprendre. (Ex.: I, 269; II, 37.)

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Bernis a donc dicté ses Mémoires quelques années après les derniers événements dont ils font mention, et en ne consultant que ses souvenirs. Cette circonstance explique les erreurs et les inexactitudes qu'on trouve quelquefois dans ses Mémoires, comme dans tous les ouvrages qui ont une même origine. I, 254. Bernis dit que « le maréchal de BelleIsle, après la prise de Minorque, laissa dire à ses partisans qu'il était l'auteur du projet de cette expédition, dont le mérite lui revenait, à lui, Bernis. Mais déjà le 29 décembre 1755 l'ambassadeur de Prusse à Paris, baron de Knyphausen, écrivait que Belle-Isle avait conçu ce plan. I, 290. Bernis raconte qu'il n'a pu décider qu'avec peine le ministre Rouillé à faire déclarer au roi de Prusse par le ministre de France à Berlin, M. de Valory, verbalement et par écrit que « s'il attaquait les cours de Vienne et de Dresde, S. M. les assisterait par toutes les forces que Dieu lui avait données. » Valory n'aurait pas obéi aux ordres du ministre, «< il ne s'était acquitté que verbalement et avec beaucoup de faiblesse de sa commission », et le roi de Prusse l'avait à peine écouté. L'éditeur remarque à ce propos Valory, Mém., I, 320 (Paris, Didot. 1820), ne parle point de ce fait. Cela n'est vrai que de ce seul passage; mais ailleurs (p. 121-128) on trouve la lettre que Valory, conformément à ses instructions, écrivit à Frédéric II le 26 juillet 1756, son rapport sur l'audience qu'il eut du roi le 27 juillet et la déclaration écrite que celui-ci

envoya ensuite à son ministre Podewils (cp. Ranke, Werke, XXX, 262) et dont Valory adressa une copie au ministère. — I, 234. Bernis parle de négociations nouées en septembre 1755 avec l'ambassadeur autrichien, Starhemberg, et ajoute qu'il a déterminé le roi d'envoyer au roi de Prusse un ministre éclairé qui pût démêler les sentiments de ce prince », et qu'en conséquence «< bientôt après le duc de Nivernais fut choisi pour aller à Berlin. » Mais Rouillé avait annoncé sa mission au duc de Nivernais dès le 24 juillet, par conséquent plus d'un mois avant les propositions d'alliance de l'Autriche, et Frédéric l'avait agréée. La mission fut différée et n'eut lieu qu'en janvier 1756; Frédéric II s'en étonna, à bon droit il s'agissait de renouveler l'alliance défensive, qui expirait le 5 juin 1756, et non le 5 juillet, comme le croit M. M. (I, LXVII), car les traités sont en vigueur, à moins d'autres stipulations, dès le jour de la signature, et non de la ratification. I, 297. Bernis se plaint que, « con

tre son avis, les 24,000 hommes ne marchèrent point »; c'est-à-dire le corps auxiliaire qui devait, conformément aux stipulations, fortifier l'armée autrichienne en Bohême, mais qu'on laissa aux troupes françaises leur liberté d'action. Cependant Bernis écrivait confidentiellement à Pâris-Duverney le 18 octobre 1756 (Corresp. du card. de Bernis. Londres, 1790, II, 24): Rien ne nous aurait plus mis dans la dépendance que notre corps de troupes dans la Bohême ou en Moravie: c'était lui (à l'impératrice) donner 24,000 ôtages qui restaient à sa disposition, au lieu que sur le Rhin nous sommes nos maîtres. — I, 401-403. Bernis parle de la convention de neutralité pour la principauté de Halberstadt, pour laquelle le maréchal de Richelieu négociait avec le duc Ferdinand de Brunswick, et regarde cette proposition comme un artifice grossier du roi de Prusse. La vérité est que Richelieu fit la proposition et rédigea la convention le 17 octobre 1757, mais que la cour refusa sa ratification. (Cp. toute la correspondance dans Westphalen, Geschichte der Feldzüge der Herzogs Ferdinand. Berlin, 1859. II, 63-127. II, 38. Bernis rapporte, d'après le duc de Choiseul, que Soubise se décida à livrer la bataille de Rosbach sur une lettre où Choiseul, ambassadeur à Vienne, l'excitait à un acte de hardiesse et de confiance. M. M. remarque avec raison que cette lettre est celle que M. Filon a publiée (p. 107). Mais cette lettre, écrite le 3 novembre, ne pouvait être dès le 5 entre les mains de Soubise. - De pareilles erreurs s'expliquent facilement. Mais que penser de cette assertion de Bernis, II, 3 : « J'étais parvenu à faire renvoyer le chancelier Bestuchew », tandis que la chute du ministre fut amenée, non point par l'influence de la France ou de l'Autriche, mais par un complot ourdi avec la grande duchesse Catherine? Il est d'ailleurs remarquable que Bernis ignorait complètement ce qui se passait à la cour de Russie et les relations qui existaient entre la Russie et l'Autriche. On pourrait croire que l'homme qui conclut au nom de la France l'alliance autrichienne, s'était avant tout renseigné sur les engagements que l'Autriche et la Russie avaient pris l'une envers l'autre, afin d'apprécier par

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