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face, et faute d'une indication tout à fait précise, j'avais cru que ces feuilles étaient seulement en placards.

Mais la question n'est pas là, en vérité. Rien, selon moi, ne devait empêcher M. Sayce de joindre à son volume des notes dans lesquelles il aurait proposé les innombrables corrections que suggère la lecture de l'Histoire de Sennacherib. M. Sayce ne l'a pas fait. Le volume édité par lui ne contient pas une seule observation critique. J'ai dû en conclure qu'il acceptait les interprétations de Smith. D'ailleurs, M. Sayce a suivi dans son propre travail le système adopté par Smith, c'est-à-dire qu'il traduit l'assyrien sans discussion, sans signaler les difficultés, sans même donner à soupçonner que tel mot ou tel passage puisse être compris autrement qu'il le fait 1. C'est là, à mon avis, une méthode regrettable, bien faite pour justifier la défiance avec laquelle on accueille encore aujourd'hui les résultats de l'assyriologie.

M. Sayce maintient sa traduction de uzakkir harsânis: libre à lui. Il ne réussira pas à démontrer que l'adverbe harsánis, dérivé du pluriel harsáni que jusqu'ici tous les assyriologues ont rendu par «< forêts », et dont le vrai sens est «< montagnes boisées », puisse jamais signifier carefully ou artistically ou même skilfully. On aurait depuis longtemps pu découvrir le véritable sens de l'expression uzakkir harsánis si l'on avait observé que, dans les inscriptions babyloniennes, elle est quelquefois remplacée par sadis abni : « j'ai construit comme une montagne >>. Un mot encore pour terminer. M. Sayce fait observer qu'au sujet des corrections proposées, j'aurais pu trouver des éclaircissements aussi bien dans ses ouvrages que dans ceux de MM. Lenormant et Delitzsch que j'ai cités. Que n'a-t-il fait usage lui-même de ses propres travaux ! Stanislas GUYARD.

Une lettre de Paine à Danton sur le choix d'une résidence
pour l'Assemblée.

M. Taine veut bien nous communiquer l'intéressant document dont on va lire la traduction. C'est une lettre de Thomas Paine à Danton, dans laquelle il lui soumet plusieurs considérations judicieuses sur les dangers intérieurs qui menacent la République. M. Taine n'a extrait de cette lettre, qu'il a trouvée aux Archives dans les papiers provenant de Danton, que les passages les plus intéressants, notamment ceux qui concernent les périls amenés par le séjour de la Convention à Paris, et les résultats de l'expérience faite en Amérique sur la résidence du Congrès. On voit par cette lettre que, comme Marat, Danton savait l'anglais.

CITOYEN DANTΟΝ,

Paris, 6 mai, an II de la République.

Comme vous lisez l'anglais, je vous écris cette lettre sans la faire passer par les mains d'un traducteur.

:. Si M. Sayce le désire, je pourrai lui signaler une vingtaine d'erreurs commises par lui dans les douze dernières pages du volume.

Je suis excessivement attristé des dissensions, des jalousies, des mécontentements et du malaise qui règnent parmi nous, et qui, s'ils continuent, amèneront le déshonneur et la ruine de la République...... Je désespère aujourd'hui de voir atteindre le grand but de l'affranchissement de l'Europe; et ce qui me fait désespérer, ce n'est pas la coalition des puissances étrangères, ce ne sont pas les intrigues des aristocrates et des prêtres, c'est la maladresse tumultueuse avec laquelle les affaires intérieures de la Révolution sont menées.

Toutes nos espérances doivent maintenant se restreindre à la France seule, et j'approuve complètement votre proposition de n'intervenir dans le gouvernement d'aucun pays étranger, et de ne permettre à aucun pays étranger d'intervenir dans le gouvernement de la France. Ce décret était un préliminaire nécessaire à la cessation de la guerre. Mais tant qu'ici les dissensions intestines n'auront pas pris fin, tant que les ennemis garderont l'espoir de voir la République tomber d'elle-même en pièces, tant que, non-seulement tel ou tel représentant des départements, mais la représentation nationale elle-même sera publiquement en butte, comme elle l'a été et l'est à présent, aux insultes du peuple parisien ou au moins des tribunes, l'ennemi sera encouragé à ne pas abandonner les frontières en attendant l'issue des événements....... Le danger qui grossit tous les jours, c'est celui d'une rupture entre Paris et les départements. Les départements n'ont pas envoyé leurs députés à Paris pour être insultés : chaque insulte qu'on leur fait est une insulte aux départements qui les ont choisis et envoyés. Je ne vois qu'un moyen efficace d'empêcher cette rupture de s'accomplir, c'est d'établir la résidence de la Convention et des assemblées futures à quelque distance de Paris. J'ai vu, pendant la révolution américaine, les inconvénients excessifs résultant de l'établissement du Congrès dans les limites d'une juridiction municipale quelconque. Le Congrès résidait d'abord à Philadelphie, et, après quatre ans, il se vit obligé de quitter cette ville. Il se transporta alors dans l'Etat de Jersey; il le quitta plus tard pour New-York. De New-York, il revint à Philadelphie, et, après avoir éprouvé dans chacune de ces résidences combien il est impraticable d'installer un gouvernement dans un gouvernement, on forma le projet de bâtir une ville qui ne fût dans les limites d'aucune juridiction municipale, et d'en faire à l'avenir la résidence du Congrès. Dans toutes les villes où il a résidé, l'autorité municipale, par voie particulière ou publique, s'est opposée à l'autorité du Congrès ; le peuple de chacune de ces villes a prétendu obtenir du Congrès plus d'attention que ne le comportait sa juste proportion avec les autres groupes de citoyens. Les mêmes choses arrivent maintenant en France, mais avec un plus grand excès.........

Je n'ai aucun intérêt personnel dans aucune de ces questions, ni dans aucune querelle de parti..... Je suis peiné de voir les affaires si mal conduites et si peu d'attention accordée aux principes moraux. Ce sont ces choses-là qui font du tort au caractère de la Révolution et qui découragent les progrès de la liberté dans le monde entier......

Il devrait y avoir quelque frein apporté à l'esprit de dénonciation qui règne aujourd'hui. Si chaque individu peut satisfaire sa haine et son ambition particulière en dénonçant à l'aventure et sans aucune sorte de preaves, toute confiance sera ébranlée et toute autorité détruite. La calomnie est une espèce de trahison, qui devrait être punie comme toute autre espèce de trahison. C'est un vice privé qui produit un mal public, en ce qu'il peut irriter et rendre hostiles, à force d'être calomniés, des hommes qui n'avaient jamais songé à se désaffectionner...... Il est tout aussi nécessaire de protéger la réputation des fonctionnaires publics contre la calomnie que de punir leur trahison ou leur mauvaise conduite. Pour ma part, je regarderai comme douteuse, jusqu'à ce qu'on ait des preuves meilleures que nous n'en avons, la question de savoir si Dumouriez a trahi par préméditation ou par ressentiment. Il y a eu certainement un temps où il a bien agi; mais tout le monde n'a pas l'âme assez forte pour tenir contre l'ingratitude, et je crois qu'il en avait éprouvé considérablement avant de déserter.

La calomnie devient inoffensive et se détruit elle-même quand elle essaie d'opérer sur une trop grande échelle. Ainsi la dénonciation des sections contre les vingt-deux députés tombe par terre. Les départements qui les ont élus sont meilleurs juges de leur réputation morale et politique que ceux qui les dénoncent. Cette dénonciation fera tort à Paris dans l'opinion des départements, parce qu'on semble vouloir leur prescrire quelle sorte de députés ils ont à élire. Beaucoup de connaissances que j'ai à la Convention figurent sur cette liste, et je sais qu'il n'y a pas de plus honnêtes gens et de meilleurs patriotes qu'eux.

J'ai écrit à Marat une lettre du même jour que celle-ci, mais non sur le même sujet. Il pourra vous la montrer s'il veut.

Citoyen DANTON.

(Archiv. Nat. A F. 11, 45.)

Votre ami,

Thomas PAINE.

Charles Appleton.

Le 1er février de cette année est décédé à Luxor, Haute-Egypte, Ch. Appleton, fondateur et directeur de l'Academy. Il est mort dans sa trentehuitième année, à la suite d'une longue maladie, qui, dans ces derniers temps, avait entravé plus d'une fois le cours de ses travaux. Appleton s'occupa d'abord d'études philosophiques et composa plusieurs articles qui furent remarqués pour le Dictionary of doctrinal and historical Theology de Blunt, mais bientôt, sans qu'il négligeât ses études de prédilection, deux œuvres qui, au moins à l'origine, avaient une sorte de connexion absorbèrent la meilleure part de son activité : l'Academy et le mouvement en vue d'une réforme universitaire. L'Academy fut d'abord fondée pour développer en Angleterre les études scientifiques, pour faire connaître aux

1. En français.

érudits anglais le mouvement érudit de l'étranger. C'était une sorte de Centralblatt anglais, accordant toutefois un certain espace aux œuvres purement littéraires 1. Le succès du journal ainsi entendu ne répondit pas aux espérances qu'on avait conçues, et bientôt il fallut accroître la part faite à la pure littérature, au détriment de l'espace réservé à l'érudition. Si, dans ces conditions, l'Academy a réussi à se créer une place honorable à côté de l'Athenæum, elle le doit à l'énergie de son directeur.

Les travaux d'Appleton en vue de la réforme universitaire ont surtout eu pour objet ce qu'on a appelé (je crois que l'expression qui est restée, est originairement d'Appleton) l'endowment of research, la dotation en vue des recherches, c'est-à-dire une organisation ayant pour base une répartition mieux entendue des fonds considérables dont disposent les collèges, de façon à assurer un revenu suffisant aux travailleurs qui se sentent disposés à contribuer au progrès des sciences. Les articles qu'Appleton écrivit sur ce sujet sont devenus le point de départ d'un mouvement considérable, et il est à croire que plusieurs de ses idées seront adoptées par les commissaires qui, en ce moment, préparent un plan pour la réorganisation des universités anglaises 2.

Si Appleton n'avait été qu'un littérateur de talent, nous nous bornerions à enregistrer sa mort dans notre chronique, les notices nécrologiques ne pouvant être dans la Revue qu'une exception toujours motivée par des circonstances particulières.

Mais la Revue critique a contracté envers Appleton une dette de reconnaissance. Au commencement de février 1871, alors que les portes de Paris venaient d'être ouvertes par la capitulation, celui qui écrit ces lignes reçut la visite d'une personne arrivant de Londres c'était le P. Hyacinthe qui lui remit, au nom d'Appleton et de l'Academy, une somme de 10,000 fr., pour être distribuée entre les érudits et littérateurs que nos malheurs auraient mis dans une situation embarrassée 3. Cette somme était le produit d'une souscription faite entre les collaborateurs de l'Academy. Elle fut, selon les intentions du donateur, employée partie en dons, partie en prêts. Ce fut un acte de bienfaisance accompli avec discrétion. Ceux-là seuls le connurent

1. Voy. ce que nous avons dit de l'Academy lors de son apparition, Revue critique, 1867, II, 144, et couverture du no 45 de la même année.

2. Il s'occupait aussi d'économie sociale, bien qu'il n'ait rien publié à ce sujet, à ce que je crois. Il m'écrivait en septembre 1871 : « I am making prepara«tions for a long vertiefung in the great questions of property and its tenures, << with a view to determining without preoccupation the conflicting claims of politi<< cal economy and socialism. Tell me any books you know of for the historical study

« of the question. I shall of course try to shed the light of divine philosophy << upon it. »

3. Extrait d'une lettre d'Appleton, 19 février 1871; « The object of sending it << (the sum) was to help in the first place the collaborators of the Revue critique, << especially those who collaborate for the Academy. After them for the collabora«tors of the Revue archéologique, etc. It appears to me that in these categories would be found many men who held several offices and had lost by the war all << or most of these... and that, by placing the sum at the disposal of yourself or << one of your colleagues in the redaction of the Revue critique, it could be used here «and there with discretion, lent or given as seemed most acceptable, in all ways « tendered in such a way that a gentleman could accept it. »

qui y contribuèrent ou qui en bénéficièrent. La direction de la Revue critique, choisie comme intermédiaire, fut profondément touchée de l'honneur qui lui était fait, et si ces lignes tombent sous les yeux de ceux qui, en de douloureuses circonstances, à l'initiative d'Appleton, ont accordé aux savants français un témoignage de sympathie, elles leur porteront l'expression de notre vive reconnaissance. Et quant à ceux de nos compatriotes qui furent relevés d'une gêne momentanée grâce à l'Academy, ils n'apprendront pas sans regret la fin prématurée d'un homme qui, dans ses actes comme dans ses écrits, fut toujours conduit par la passion du bien.

P. M.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 7 mars 1879.

Le Ministre de l'instruction publique transmet à l'Académie un rapport de M. le directeur de l'Ecole française de Rome, sur les travaux des membres de l'Ecole.. Renvoyé à la commission des Ecoles françaises d'Athènes et de Rome.

Le Ministre de l'instruction publique invite l'Académie à présenter deux candidats pour la chaire de langue arabe vulgaire à l'Ecole des langues orientales vivantes, vacante par la mort de M. de Slane. Le conseil d'administration et l'assemblée des professeurs de l'Ecole ont présenté pour cette chaire, en première ligne, M. Cherbonneau et en seconde ligne, M. Guyard.

M. Geffroy, directeur de l'Ecole française de Rome, envoie la photographie d'une inscription étrusque de neuf lignes, gravée sur un sarcophage récemment trouvé à Corneto-Tarquinia. Ce sarcophage, en lave, est orné d'une statue qui représente un homme couché, tenant à la main un volume ou rouleau; c'est sur ce rouleau que l'inscription en question est écrite.

Par une seconde lettre, M. Geffroy annonce une découverte faite aux archives de Naples par M. Paul Durrieu, ancien élève de l'Ecole des chartes et membre de l'Ecole française de Rome. Dans un des registres angevins des archives de Naples, celui qui porte le n° 225, registre qui est en majeure partie des années 1318 à 1323, M. Durrieu a trouvé soixante feuillets de l'année 1278, écrits partie en latin et partie en français ces feuillets contiennent la liste de tous les officiers et serviteurs qui composaient l'hôtel du roi Charles Ier d'Anjou, depuis les chevaliers jusqu'aux moindres valets. Il y a en tout près de 700 noms. La plupart des personnages sont (on le voit à leurs noms qui sont d'ordinaire des noms de lieu) des Français des pays de langue d'oil; on ne trouve guère de Provençaux que parmi les chevaliers, d'Italiens que parmi les notaires et les scribes. Cet état de choses changea bientôt; on a une autre liste, de l'année 1324, où presque tous les noms sont italiens.

M. Hauréau lit une notice sur un poëme latin rythmé du moyen âge, que les manuscrits attribuent à un auteur appelé par eux Golias ou Gulias, et qu'ils inscrivent sous les titres de Golie ou Ritmus episcopi Gulie. On a attribué ce poëme à Walter Mapes, archidiacre d'Oxford; on a soutenu que le faux nom de Golias avait été créé par Geraldus Cambrensis, qui avait répandu ces vers de W. Mapes, mais qui n'avait pas voulu en nommer l'auteur, pour ne pas le compromettre, la pièce étant assez libre. M. Hauréau réfute cette tradition. Gerald parle de Walter Mapes et de Golias comme de deux personnages différents. Il dit beaucoup de bien du premier, qui était son ami, et beaucoup de mal du second, qu'il appelle un parasite, Golias parasitus quidam,... qui Gulias melius... dici potuit. Il donne sur ce Golias ou Goliath un seul renseignement biographique: il nous apprend qu'il vivait au moment où lui Gerald écrivait, c'est-à-dire en 1220; cela résulte d'un passage où il dit que ce Golias mériterait d'être brûlé et pendu. Ce renseignement est confirmé par le chroniqueur italien Salimbene, qui cite une pièce de Golias citée aussi par Gerald, et qui l'attribue à un certain Primat, chanoine de Cologne, magnus trutannus et magnus trufator, qui vivait, selon lui, en 1233. Ce Primat doit être distingué de Hugues le Primat, professeur d'Orléans, qui a composé aussi des poésies rythmiques. M. Hauréau pense qu'on ne doit pas douter de l'existence de Primat le chanoine; c'est à lui qu'il faut atribuer une autre pièce de vers, qu'un manuscrit donne comme Primatis et un autre comme canonici, et un quatrain célèbre sur l'eau rougie,

In cratere meo Thetis est coniuncta Lyaeo

etc., que Salimbene cite comme du chanoine de Cologne et que deux mss. intitulent

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