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n'avait aucune analogie avec les prénoms ordinaires, et il n'était nullement assimilé à ceux de Caius, Quintus, Publius. C'était moins un prénom, au sens propre du mot, qu'un titre placé avant le nom, et ce titre attestait que la personne qui le portait était revêtue de l'imperium. Dion le dit nettement : τὴν τοῦ αὐτοκράτορος ἐπίκλησιν ἐπέθετο· λέγω δὲ οὐ τὴν ἐπὶ ταῖς νίκαις κατὰ τὸ ἀρχαῖον διδομένην τισιν....., ἀλλὰ τὴν ἑτέραν τὴν τὸ upátos dizonμaívcutav (52, 41). On pouvait avoir l'imperium sans se faire appeler imperator, comme le voulut Tibère (Suét., Tib., 26); mais, pour être appelé imperator, il fallait avoir l'imperium. L'imperium était l'autorité publique déléguée à un magistrat, jadis, par l'assemblée curiate, depuis Auguste, par le sénat. Tant que cette délégation n'avait pas eu lieu, l'empereur pouvait avoir une autorité de fait, il n'avait pas d'autorité légale. Aussi voit-on tous les empereurs, même ceux que les soldats avaient proclamés, solliciter ce vote d'un sénatus-consulte qui leur conférát l'imperium, et ce qui prouve bien que la prise de possession du titre d'imperator et la prise de possession de l'imperium étaient deux faits corrélatifs, c'est que beaucoup d'historiens, pour dire d'un prince qu'il reçoit du sénat l'imperium, disent qu'il est salué imperator.

Paul GUIRAUD.

36.

Salviani presbyteri Massiliensis libri qui supersunt, recensuit C. HALM. Berolini, apud Weidmannos. 1877. vII-176 pp. in-4°.

Cette édition de Salvien forme la première partie du premier volume d'une des divisions du grand Recueil des Monumenta Germaniae. On a décidé, en effet, que les auteurs du ve siècle qui appartiennent à la période de transition entre l'antiquité romaine et le moyen âge germanique scraient publiés en format in-4° et pourraient être vendus à part, ce qui sera assurément très-agréable à ceux qui ne peuvent se procurer d'énormes et coûteux in-folios. Les œuvres de Salvien, qui n'avaient pas été réimprimées depuis 1684 (éd. Baluze), étaient au nombre des écrits dont on pouvait le plus désirer une édition nouvelle. Son De Gubernatione Dei où il prononce la condamnation du monde antique et annonce sa destruction par les barbares, ses quatre livres Ad Ecclesiam où il dénonce les vices qui s'étaient déjà glissés dans l'Eglise chrétienne, sont la préface naturelle de l'histoire du moyen âge. M. Halm, en se servant du ms. de Paris (Bib. nat., fonds lat.) 13365 (xo s.) qu'a suivi Baluze, et en le corrigeant parfois par les leçons du ms. de Bruxelles 10628 (xIII° s.), trèssemblable au texte de Pithou, ou même pour quelques passsages du texte de l'éd. princeps (Brassicanus, Bâle, 1530), a donné un bon texte du De Gubernatione Dei. Le texte des livres Ad Ecclesiam était encore plus corrompu que celui du De Gubernatione Dei; les deux mss. de Paris 2785, dont Baluze s'était servi, et 2172 qu'a employé Pithou, ont permis à M. H. de rétablir le texte qui, depuis l'éd. princeps de Sichard

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(Bále, 1528), était corrompu par des interpolations. Le manuscrit des neut lettres qui nous restent de Salvien se trouve divisé en deux fragments, l'un à Berne, E. 219, l'autre inséré dans le ms. de Paris 3791. La lettre 8 se trouve dans trois mss. de Paris, la lettre 9 est jointe aux mss. du Ad Ecclesiam. Cette lettre en effet, la plus curieuse de toutes, est adressée par Salvien à l'évêque Salonius pour lui expliquer pourquoi, au lieu de publier le Ad Ecclesiam sous son propre nom, il l'a mis sous celui d'un certain Timothée. C'est par humilité, ne voulant pas tirer gloire de son œuvre, et craignant que son peu de mérite personnel ne nuisît à son écrit. S'il a pris le nom de Timothée, c'est pour indiquer que le but du livre est d'honorer Dieu. D'ailleurs, quand on lit un livre reli gieux, on doit s'occuper seulement des leçons qui y sont contenues, non de la personne de l'auteur. Cette lettre a une importance capitale pour la critique des écrits religieux des premiers siècles du christianisme, et montre comment la fabrication des pièces pseudonymes et apocryphes s'alliait aux sentiments de la plus pure piété. L'édition de M. H. contribuera à rendre plus aisée la lecture des œuvres de Salvien, si importantes pour l'histoire du v° siècle 1, en fournissant un bon texte, sous un format commode et à un prix abordable; mais elle ne contient aucun commentaire, aucune note historique. Elle donne les variantes seules au bas des pages, et (se termine par un index bien fait. La préface ne renseigne que sur la manière dont le texte a été établi. M. Halm a pensé sans doute que l'on était suffisamment renseigné sur la biographie de Salvien et sur le caractère de ses écrits par les historiens de la littérature latino-chrétienne, MM. Teuffel, Bähr et Ebert.

37.

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Le texte primitif de la Satyre Ménippée, publié pour la première fois d'après une copie à la main de 1593, par M. Charles READ. Paris, librairie des Bibliophiles, 1878, in-12 de xxxv-101 p. — Prix : 8 fr.

M. Charles Read qui, en 1876, nous a donné la Satyre Ménippée selon l'édition princeps de 1594, publie aujourd'hui dans le Cabinet du Bibliophile, d'après un manuscrit de la Bibliothèque nationale, le texte, tel qu'il fut rédigé tout d'abord, du petit chef-d'oeuvre que l'on a surnommé le Roi des pamphlets. Ce texte méritait de trouver un aussi soigneux éditeur que M. R. Ce sera pour tous les curieux un plaisir délicat de rapprocher ces pages de premier jet, des pages revues, repolies, amplifiées, qui constituent, selon le mot d'Agrippa d'Aubigné, bon juge en pareille matière s'il en fut jamais, « la plus excellente satyre de nostre temps. »>< M. Read, dans une notice préliminaire des plus intéressantes, a fort attentivement étudié et parfaitement résolu toutes les questions relatives à l'histoire et à la bibliographie de la Satyre Ménippée. Redressant tour à tour les erreurs de Vigneul-Marville et de Constant Leber, acceptées, en 1846,

(1) Elles ont été écrites probablement entre 436 et 450.

par Sainte-Beuve, et les erreurs de Charles Labitte et de son adversaire Auguste Bernard (1841-1842), il établit que tous ses devanciers ont méconnu l'importance du manuscrit qui renferme la leçon première du Catholicon, qui est le canevas sur lequel « les doctes et gaillardes plumes » des Florent Chrestien, des Gillot, des Passerat, des Pithou, des Rapin, ont répandu tant d'immortelles broderies. Mais laissons l'éditeur de l'Abbrégé et l'Ame des Estatz convoquez à Paris en l'an 1593 exposer lui-même les principaux résultats de sa discussion (p. xxx-xxxv) : < Toujours est-il que le texte original, ce premier état qui nous est enfin connu, n'était pas, comme on l'a cru jusqu'ici, un simple préambule : c'était bien une conception d'ensemble, un petit cadre déjà rempli à souhait, un tout, enfin, éminemment apte à faire d'ores et déjà son chemin... Honneur donc à qui de droit, c'est-à-dire au chancine Pierre Le Roy! Faute d'avoir su jusqu'ici positivement en quoi consistait son initiative et quel corps il avait d'abord donné lui-même à son idée, on ne lui rendait justice qu'à moitié.. Maintenant, nous voyons que non seulement le brave chanoine avait conçu le plan du Catholicon, mais qu'il l'avait rapidement exécuté lui-même, en raccourci, d'un bout à l'autre, qu'il était donc bien le primus auctor du tout. »>

T. de L.

38.-F. KUMMER, Die Jungfrau von Orleans in der Dichtung (Shakes. peare, Voltaire, Schiller), in-8°. Wien, Hölder, 1877, 11-41 p. Prix : 1 mark (1 fr. 25).

Par une étrange ironie du sort, la figure si noble et si poétique de Jeanne d'Arc a été fatale à tous les poètes, qui ont essayé de transporter sur la scène sa merveilleuse destinée ou d'en faire le sujet de leurs chants. M. Kummer examine successivement les trois œuvres principales qu'a suscitées la mémoire de l'héroïque jeune fille.

Nous sommes pleinement d'accord avec lui en ce qui touche ses appréciations du Henri VI de Shakespeare et de la Pucelle de Voltaire; mais nous ne pouvons souscrire à l'admiration enthousiaste et sans bornes qu'il professe pour la Pucelle d'Orléans de Schiller.

Schiller lui-même avait éprouvé, dès le premier moment, pour Jeanne d'Arc, une admiration, qui ne fit que s'accroître à la lecture des pièces de son procès et qui donne à sa tragédie tout entière une sorte d'élan lyrique aussi a-t-on dit avec raison que c'était un recueil d'odes plutôt qu'une suite de scènes. L'action en souffre en plus d'un endroit, cela va sans dire; mais là n'est pas encore le principal grief. La vérité, c'est que Schiller n'a pas compris l'admirable caractère de Jeanne d'Arc. En lui prêtant la qualité qui dominait en lui, l'enthousiasme, il a remplacé par un élan irréfléchi et fiévreux la foi simple et sublime dans sa naïveté, qui, à elle seule, suffit pour expliquer la constance inébranlable de Jeanne d'Arc

dans les diverses phases tour à tour glorieuses et douloureuses de sa mission.

L'erreur capitale de la conception de Schiller est cet amour subit et passager qu'il lui suppose pour Lionel. Par là son caractère est complètement faussé : l'idéal de charité, de pureté et d'innocent amour qu'elle symbolise aux yeux de tous est comme terni; Jeanne n'est plus qu'une jeune fille rêveuse, sentimentale, exaltée, digne d'avoir vécu à l'époque de Werther.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur l'apparition d'Isabeau de Bavière et sur le parallèle établi comme à plaisir entre Jeanne et Agnès Sorel. Mais nous ne voulons pas reprendre un examen déjà fait tant de fois : nous protestons seulement contre l'admiration exclusive et sans réserve de M. Kummer. Quoiqu'il en pense, la Pucelle d'Orléans de Schiller est un exemple frappant du danger que court parfois un grand poète à lutter contre l'histoire. La Jeanne d'Arc de Schiller expiant, par sa chute au milieu même de son triomphe, une faute, passagère et imaginaire, il faut bien l'ajouter, nous apparaît, quoiqu'il fasse, moins grande que l'héroïque martyre, dont la résignation et la sérénité inaltérables attendrissent ses bourreaux sur son bûcher même.

A. FÉCAMP.

Sur la véritable date de la mort d'Achille 1o de Harlay.

Dans un article inséré, il y a quelques mois, dans la Revue critique (no du 17 août 1878, p. 101), j'ai eu occasion de mentionner la mort d'Achille Ier de Harlay, en disant que l'ouvrage dont je rendais compte la plaçait le 26 octobre 1616. Puis j'ajoutais ce qui suit : « C'est, à trois jours près, la date qu'indique la Biographie universelle des frères Michaud (23 octobre 1616). Mais, dans une note de sa belle édition des Mémoires inédits de Michel de la Huguerye (t. Ier, p. 429, no 3), M. le baron Alphonse de Ruble place la mort d'Achille de Harlay le 21 octobre 1619, date que donne la Biographie générale de Didot et qui paraît plus exacte, au moins en ce qui concerne l'année. » En donnant la préférence à l'année 1619 sur l'année 1616, j'avais surtout été déterminé par l'autorité d'un de mes savants amis, que la Revue critique compte parmi ses collaborateurs les plus zélés et les plus exacts et qui m'écrivait, en date du 27 mars dernier : « En tout cas, je suis sûr de 1619. » Mais j'ai reconnu, il y a peu de jours, que j'ai eu tort de me conformer au sentiment de mon docte ami, et je m'empresse de me corriger, bien assuré d'obtenir son approbation. En lisant le dernier catalogue de la librairie Baillieu (no 160, 15 janvier 1879), j'ai vu indiqué sous l'article 259 un petit ouvrage intitulé : Discours sur la vie, actions et mort de très-illustre Seigneur, Messire Achille de Harlay, en son vivant Conseiller du Roy en ses Conseils d'Estat et Privé, premier Président du Sénat de Pa

ris et Comte de Beaumont en Gatinois. Pour servir d'exemple à ceux qui
pour l'advenir voudront sainctement administrer la Justice. Par Jacques
de la Valée, Conseiller et Aumosnier du Roy, Principal du Collége de
Narbonne, et jadis domestique du dit Seigneur de Harlay. A Paris, chez
Jean Corozet, M. DC. XVI. Petit in-8° de 109 pages, y compris le titre.
J'ai fait l'acquisition de ce petit volume, qui doit être peu commun,
car vainement en chercherait-on la mention dans le Manuel de Brunet
et dans le Catalogue de Secousse, si riche pour l'histoire de France. A la
page 108 de cet opuscule, il est dit qu'Achille de Harlay mourut le di-
manche, 23 d'octobre. Le chiffre de l'année n'a pas été marqué, omission
sans conséquence, l'ouvrage portant, comme on l'a vu, la date de l'année
1616. Mais une main fort ancienne a ajouté en marge le chiffre 1616.
Ainsi c'est bien le 23 octobre 1616 qui vit la mort du célèbre magistrat
et toute autre date ne peut être que le résultat d'une erreur, occasionnée
sans doute, en ce qui concerne l'année, par le changement du 6 en 9.
C. DEFRÉMERY.

12

La Revue Critique russe.

Nous recevons le premier numéro de la Revue critique russe (Krititcheskoe Obozrienie) et nous avons hâte de lui souhaiter la bienvenue. Ce recueil dont les tendances sont identiques aux nôtres paraît à Moscou, par fascicules de 48 pages in-8°; il publie vingt-cinq fascicules par an. Le prix est de 7 roubles, soit au taux actuel environ 18 fr.) Son programme, un peu plus large que le nôtre, comprend : 1° l'appréciation critique des œuvres russes et étrangères et des articles de revue, concernant l'histoire russe ou l'histoire générale, l'histoire littéraire, la linguistique, la philologie classique et slave, l'ethnographie, la mythologie, l'histoire des arts, la philosophie, la psychologie, le droit civil et criminel, le droit canonique, le droit de police, le droit international, l'histoire du droit russe et slave, celle des législations étrangères, la statistique, l'économie politique et la science des finances; 2° la bibliographie russe et étrangère des sciences en question, des comptes rendus des séances des sociétés savantes et des disputes universitaires, des notes bibliographiques, des entrefilets, etc.... La revue a pour directeurs deux savants fort distingués, M. V. Miller, auteur d'une étude remarquable sur les Acvins-Dioscures, et d'un mémoire sur le poëme d'Igor, et M. Kovalevski qui dirigera particulièrement la partie économique et juridique du recueil. Les travaux de M. Kovalevski sur les impôts en France, sur la police en Angleterre, sur la propriété communale dans le canton de Vaud, font autorité sur la matière. Parmi les principaux collaborateurs de la Revue, nous signalerons seulement les noms de MM. Bouslaev, Veselovski, Hertz, Guerrier, Duvernois, Karieev, Kirpitchnikov,

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