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voir la littérature française sur le sujet complétement écartée, sauf Lenfant et Bonnechose. Quant aux volumes cités, ils sont si négligemment énumérés que l'on ne trouve point pour les uns le lieu d'impression, pour les autres la date de leur publication, pour tous à peu près le nom de l'éditeur. Il en est même qui réunissent ces trois avantages en leur personne! Les titres allemands sont bien souvent estropiés, sans que nous puissions contrôler s'il en est de même pour les noms tchèques.

Nous aurions aussi voulu que, traitant un sujet si neuf en France, et le traitant avec tant de compétence, M. D. nous donnât quelque part une appréciation critique et raisonnée des sources, présentée avec ensemble, au lieu de disséminer çà et là (p. 51, 206, etc.) ses observations sur la valeur de certains de ses matériaux.

Nous ne voudrions pas avoir l'air de chercher une seconde matière à chicane en présentant encore à l'auteur quelques observations sur son système de notation historique et géographique. Il a certainement fait tout ce qu'il a pu pour dérouter entièrement la plupart de ses lecteurs, habitués, depuis leurs études de collège, à certains noms propres qu'ils seraient bien en peine de retrouver chez M. D. Avec une conséquence impitoyable, il a mis dans son livre la forme tchèque de tous les mots qu'il rencontrait sur son chemin, et c'est à peine si parfois il a pitié du lecteur en mettant en parenthèse la forme allemande infiniment plus connue: Ce n'est qu'en arrivant au bout du volume qu'on découvre un petit dictionnaire comparé, qui tient sur une page, et qu'il aurait dû mettre au moins au commencement de l'ouvrage. Que les historiens tchèques, dans leur patriotisme ombrageux, aient mis au ban de leurs écrits les noms usités d'ordinaire dans l'intercourse international, je le comprends aisément, mais je ne sais, en vérité, pourquoi M. D. se met à les imiter avec tant de zèle. Passe encore s'il se bornait aux noms obscurs, ignorés; peu importe, en effet, qu'on dise Domažlice ou Taus, Kutna Hora ou Kuttenberg, Jihlava ou Jglau; mais M. D. croit-il vraiment qu'à la lecture de son livre, on va changer en France, en Allemagne, en Angleterre, l'habitude qu'on a de parler de l'empereur Wenceslas, de la rivière sur laquelle est située Prague, la Moldau, des villes de Brünn, de Wilna, d'Eger, de Pilsen ou d'Olmütz, pour parler de Vaclav, de la Wltava, de Brno, de Wilno, de Cheb, de Plzen et d'Olomuc? Pour faire plaisir à ses amis de Prague, il ne valait pas la peine vraiment d'impatienter tous ses lecteurs en dehors de la Bohême 1.

Mais je dois m'arrêter ici; M. Denis trouvera peut-être que j'assaisonne

I.

Pourquoi M. D. n'écrit-il pas aussi Hús comme les écrivains bohêmes? Il faut surtout protester contre l'affectation de mettre des mots tchèques à la place de mots parfaitement acclimatés dans la langue française, et parfaitement connus, par exemple de dire la lutte de la Bila Hora, au lieu de dire simplement la bataille de la Montagne-Blanche. Tout le monde n'a pas un dictionnaire tchèque dans sa bibliothèque. Et que dire de la tchéquisation pardon du mot! - de noms aussi essentiellement allemands que Wartenberg et Rosenberg?

quelques éloges de beaucoup de critiques. Je regretterais qu'il vît dans celles que je lui soumets autre chose que mon vif désir d'attirer son attention sur quelques corrections à faire, quelques habitudes à changer, afin que je puisse saluer son prochain ouvrage avec une satisfaction sans mélange. Je serai certainement heureux de lui épargner des observations qu'il trouvera peut-être un peu longues, mais qu'il n'a point dépendu de moi de raccourcir '.

R.

28.

PARMENTIER, De patris Josephi capucini publica vita, thèse latine, présentée à la Faculté des Lettres de Paris. Paris, Thorin. 1877.

C'est par des recherches sur le P. Joseph que M. Parmentier a été amené à s'occuper du ms. fr. 3754-3757, mais l'étude de ce ms., par

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Nous réunissons ici quelques observations de détail, dont nous n'avons pas voulu encombrer le texte même de notre compte-rendu. P. 55. Nous apprenons avec quelque étonnement que Wenceslas « était meilleur que la plupart de ses contemporains. »> M. D. a bien mauvaise opinion des hommes du xv° siècle. - P. 25. L'un des précurseurs de Huss, le mystique Thomas de Stitny, est comparé à Montaigne; c'est difficile à comprendre. P. 103. L'on rencontre une apologie assez inattendue du pape Jean XXIII. Nous renvoyons l'auteur à la session du 29 mai 1415, du concile de Constance. P. 192. Sur l'élection de Martin V M. D. aurait pu trouver quelques renseignements nouveaux dans l'ouvrage de Lenz, Kaiser Sigismund und Heinrich V von England, qu'il ne paraît point connaître. P. 194. Les Beghards formaient des corporations religieuses, comme plus tard le tiers-ordre de S. François, mais non des sectes mystiques. — P. 227. Je me permets de douter qu'un chroniqueur contemporain de Ziska ait pu parler « d'hyènes des champs de bataille ». - P. 230. M. D. nous dit que le mot pistolet vient du tchèque pistala, roseau. J'aime mieux croire, sur l'origine du mot, M. Littré que les philologues bohêmes. - P. 271. C'est aller bien trop loin que de répéter (avec M. Krummel), qu'avant 1530 «< on ne voyait pas clairement le but » que poursuivaient les protestants de l'Empire. Certaines formules n'étaient pas encore arrêtées, mais le but était évident pour tous.-P. 301. Sur la politique de Frédéric de Brandenbourg, M. D. aurait pu consulter, non-seulement l'ouvrage de Droysen, mais surtout les deux dernières parties du travail de M. de Bezold, dont il ne cite que la première, mais dont la seconde au moins, publiée en 1876, aurait pu être encore utilisée par lui. — P. 324. M. D. dit que depuis 1424 le catholicisme ne fut plus sérieusement menacé » en Pologne. C'est tout-àfait inexact; il fut très-sérieusement menacé par le calvinisme, vers le milieu du XVI siècle. Nous renvoyons l'auteur aux ouvrages de Krasinski, Koniecki, etc. P. 458. Peut-être M. D. fera-t-il quelques réserves sur le « caractère noble et généreux de Podiebrad, après la lecture du récent ouvrage de Bachmann. (Voy. Revue critique, 5 octobre 1878.) P. 468. On ne peut pas dire que la Confession bohême de 1575 fût « directement inspirée » par la confession d'Augsbourg. C'était un docu ment éclectique, rédigé par les différents dissidents. Les vrais luthériens bohêmes la traitèrent plus tard de « chaos embrouillé et d'ignoble amas ». - Nous ne nous arrêterons pas à signaler les trop nombreuses fautes d'impression qui déparent le volume; évidemment M. D. devra faire encore l'apprentissage de l'ennuyeuse et difficile besogne de la correction des épreuves.

suite de la prétendue découverte dont il a été l'occasion, semble avoir fait oublier à M. P. le but dans lequel il l'avait entreprise, et, tandis qu'il a accordé deux cents pages à l'examen d'une des sources de la vie du P. Joseph, la biographie elle-même n'en a obtenu que la moitié. Cent pages pour un sujet aussi neuf, aussi mal connu, aussi étendu, c'est peu! Il est vrai que M. P. ne s'occupe que de la vie publique du P. Joseph, du concours apporté par lui à la politique de Richelieu, et c'est sur ce point que portera notre première critique. Nous admettons parfaitement qu'un biographe s'attache surtout à mettre en lumière la participation du P. Joseph aux affaires publiques, car c'est par là qu'il nous intéresse le plus; mais nous ne pensons pas qu'on puisse comprendre l'homme, expliquer ce mélange d'idées chimériques et d'occupations d'un caractère tout positif, ce prosélytisme catholique et ce souci des alliances protestantes, cette carrière vouée d'abord aux armes, puis inégalement partagée entre les affaires de l'Etat et celles de l'Eglise, nous ne pensons pas qu'on puisse se rendre compte des particularités intellectuelles et morales du P. Joseph - ce qui est, après tout, la partie la plus délicate, mais la plus essentielle de la tâche du biographe - si l'on néglige entièrement sa vie religieuse.

A défaut de l'homme dans son ensemble, dans son unité morale, M. P. a-t-il bien fait saisir son influence politique? Nous avons déjà à moitié répondu à cette question en disant que la thèse latine de M. P. ne dépasse pas cent pages d'impression. Pour s'être imposé des bornes aussi étroites, il faut avoir méconnu la difficulté et le principal intérêt du sujet. Le problème le plus important que ce sujet soulève, c'est de démêler la part exacte du P. Joseph dans le gouvernement et dans la politique étrangère. Il ne suffit pas, en effet, de dire d'une façon générale, ou que le P. Joseph ne faisait qu'exécuter les instructions de Richelieu, ou qu'au contraire il avait ses idées personnelles, qu'il les faisait accepter souvent par le cardinal et imprimait une direction à certaines parties de la politique. Ni l'une ni l'autre de ces thèses opposées ne peut être établie qu'après un travail qui aura fait saisir sur le fait la collaboration de ces deux esprits. On sent combien ce travail qui porte sur un nombre considérable de pièces sans signature, est long et délicat; on sent qu'il ne suffit pas de connaître l'écriture du P. Joseph et celle de ses secrétaires, mais qu'il faut aussi s'être rendu bien familier avec ses idées et avec son style pour distinguer, dans les pièces rédigées par lui, ce qui lui appartient de ce qui appartient à Richelieu. Ce n'est pas trop d'une année bien employée aux archives du ministère des affaires étrangères pour acquérir l'expérience et le tact nécessaires à une pareille tâche. Or M. P. ne paraît pas avoir mis le pied dans ce riche dépôt. Il a écrit sa

1. Voy. Revue Critique, année 1879, n° 3, art. 7. C'est par erreur que les Remarques d'histoire, de Claude Malingre sont cités deux fois p. 37 sous le titre de Remarques d'Estat.

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thèse presque exclusivement à l'aide des renseignements fournis par le recueil d'Avenel. L'énumération des sources qui figure p. 13 ne doit pas faire illusion. Des trente lettres du P. Joseph que M. P. dit avoir consultées à la Bibliothèque nationale et dont il ne donne pas la cote, il n'a fait aucun usage 1. Il n'a pas su se servir non plus ni des Lettres et négocia tions de Feuquières (1753) ni des Lettres inédites des Feuquières publiées de nos jours. Il n'a pas compris davantage les ressources offertes par le ms. qui l'a fait tomber dans tant de contradictions et de méprises et qui fournit de si précieuses lumières sur les rapports de Richelieu et du P. Joseph, sur la façon dont celui-ci jugeait le cardinal, sur ses prétentions, ses sympathies et ses antipathies. En revanche, tout ce qui, dans les huit volumes d'Avenel, concerne le P. Joseph, textes et notes, a été religieusement traduit par M. P. dans un latin macaronique qui a dû faire sourire les humanistes de la Faculté des lettres chargés d'examiner sa thèse 2. Or il est à peine besoin de faire remarquer que les renseignements qu'on peut glaner dans les Lettres et papiers d'Etat de Richelieu ne peuvent servir que de jalons pour des recherches ultérieures et ne permettent pas de reconstituer la vie politique du P. Joseph.

Aux données fournies par ce recueil, M. P. s'est contenté d'ajouter des renseignements puisés dans l'Histoire de la vie du P. Joseph et dans le Véritable P. Joseph; mais il n'a pas su voir que ces deux publications, dont la seconde ne diffère de la première que par quelques remaniements, sont l'œuvre du même auteur, c'est-à-dire de l'abbé René Richard, et, d'après de fausses analogies, il a attribué la seconde à Le Vassor. Il n'a d'ailleurs rien fait pour nous éclairer sur les móbiles auxquels l'abbé Richard a obéi en écrivant, sur l'accueil que ces publications reçurent du public, sur la part de vérité et la part d'invention qui s'y mêlent. La critique de ces productions semi-historiques, semi-romanesques, est cependant la première tâche qui s'impose à un biographe du P. Joseph, car, si discréditées qu'elles soient, c'est encore là qu'on va chercher d'abord une idée du capucin.

Nous bornerons là nos observations. Si leur laconisme contraste avec l'étendue de la discussion à laquelle nous avons soumis la thèse française de M. P., c'est qu'il y a dans celle-ci un systême dont on ne peut faire justice qu'en renversant un à un les fragiles appuis sur lesquels il repose, tandis que la thèse latine est surtout remarquable par ce qui lui manque. Engagé nous-même dans des recherches sur le P. Joseph, il ne peut convenir de faire usage de nos notes pour combler les lacunes du travail de M. P., lui indiquer la voie dans laquelle il aurait dû diriger

1. Il n'en cite qu'une seule, p. 100, note 3.

2. Il est superflu de dire que M. P. n'a pas fait d'exception pour la lettre apocryphe dans laquelle Richelieu attribue son élévation au P. Joseph et le convie à venir partager avec lui le gouvernement. Les scrupules éprouvés par M. Avenel, avant d'admettre cette lettre dans son recueil II, 1), auraient dû avertir M. P.

ses investigations et livrer prématurément au public les résultats de notre travail; de là le caractère tout négatif de nos critiques. Ces critiques, qu'elles portent sur la thèse latine ou sur la thèse française, concilient, nous l'espérons, la courtoisie due à un confrère avec une légitime sévérité; s'il s'y mêlait quelque vivacité, M. P. ne devrait pas en chercher la cause ailleurs que dans l'impertinence avec laquelle il a traité le chef, le patriarche de l'école historique allemande : Léopold Ranke.

G. FAGNIEZ.

29.

Fragments littéraires de M. P.-F. DUBOIS (de la Loire-Inférieure). Articles extraits du Globe, précédés d'nne notice biographique par M. E. Vacherot, de l'Institut, et accompagnés d'éclaircissements historiques. 2 vol. in-8°. Paris, Thorin, 1879. I, cxxvш et 427 p.; II, 459 p. - Prix: 14 francs.

Le Globe, fondé en 1824 par Dubois, ancien élève de l'Ecole normale, professeur destitué en 1821 par Corbière, plus tard député de la LoireInférieure, conseiller de l'Université et directeur de l'Ecole normale, fut jusqu'en 1830 1 l'organe de la jeunesse libérale, des générations qui avaient alors de vingt-cinq à trente ans (D. lui-même était né le 2 juin 1793), et qui débutaient, on sait avec quel éclat, dans la littérature et la philosophie. Cette collection des principaux articles publiés par celui qui avait fondé le Globe et qui en fut l'âme, montre qu'il n'était pas lui-même le moins distingué parmi tant d'hommes remarquables.

D. a défini (11, 412) «la pensée qui avait fondé et et soutenu » le Globe comme «< la pensée de la liberté, mais de la liberté réglée dans la politique par les lois, dans la philosophie par la raison, dans les lettres par le goût.» Ses articles témoignent de la sincérité de cette déclaration. La question qui y tient le plus de place est celle de la liberté de penser qu'il réclamait pour les jésuites aussi bien que pour les matérialistes. Néanmoins il a touché souvent à la littérature, et ce sont les articles sur ce sujet que nous voulons ici signaler à l'attention.

Voici comment D. exprime lui-même le but qu'il s'était proposé avec les jeunes gens qui s'étaient associés à son entreprise (1, 355): <«< Alors (en 1824) les opinions jeunes en littérature et en philosophie n'avaient aucun interprète. A peine formées encore, chancelantes et pour ainsi dire à l'état d'instinct plutôt que de croyance, elles s'épanchaient çà et là dans les conversations, dans les cercles; elles transpiraient dans quelques pages rares; elles se hasardaient dans quelques essais d'art, dont la réputation se propageait comme par initiation, sous le silence des journaux ou sous leurs moqueries... Revendiquer d'abord la liberté littéraire, nous acharner contre les préjugés nationaux, adorer les chefs-d'œuvre étrangers à l'égal de nos immortelles gloires, révéler des noms inconnus, inquiéter les imaginations de mille rêves,

1. Le Globe passa au saint-simonisme le 14 août 1830.

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