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Sommaire : 22. CAVALLIN, Des modes et des temps du discours indirect dans Hérodote. 23. La Germanie de Tacite, p. p. PRammer. 24. AUBÉ, La polémique païenne à la fin du 11° siècle : Fronton, Lucien, Celse, Philostrate. 25. BURCKHARDT, La civilisation de la Renaissance en Italie, revue par GEIGER; BURCKHARDT, Histoire de la Renaissance en Italie; JANITSCHEK, La société de la Renaissance en Italie et l'art; VISCHER, Luca Signorelli et la Renaissance italienne. - Réclamation de M. Armitage. Chronique. Académie des Inscriptions.

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22. – De modis atque temporibus orationis obliquae apud Herodotum. Commentatio Academica quam permittente amplissimo ordine philosophorum p. p. Dr. S. J. CAVALLIN, Scanus. Lund, 1877, 98 p. in-8'.

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Ce travail, très-consciencieux, fait honneur au jeune philologue qui en est l'auteur et permet de concevoir l'espérance qu'il marchera dignement sur les traces de son oncle, le savant et ingénieux éditeur du Philoctète de Sophocle. M. S. J. Cavallin passe successivement en revue toutes les sortes de propositions qu'emploie le discours indirect et tous les cas qui se présentent avec chacune d'elles; il semble avoir fait au grand complet le relevé des exemples qui se rencontrent chez son auteur, et il publie toutes ses séries in extenso: de sorte que son livre, qui, grâce à la table dont il est muni, est assez commode à pratiquer, aura vraiment son utilité, et pour le grammairien qui examinera de nouveau ces questions, et pour le critique qui cherchera à retrouver la lettre même des Histoires d'Hérodote. Un seul mot lâché incidemment c'est en haut de la page 12- et le respect que M. C. a l'habitude de porter aux leçons de manuscrits, abstraction faite de la valeur que le classement leur accorde, nous font craindre que l'auteur ne soit pas encore bien ferme sur les principes de la critique des textes. « Ut omnes fere editores, » dit-il à l'endroit cité, ex libris longe plurimis et optimis scripserunt. » Inclinons-nous devant l'autorité des meilleurs manuscrits; cela peut être sage. Mais renvoyons bien vite cette malencontreuse expression, « plurimis » ; c'est un allié nuisible en critique, le suffrage universel des manuscrits est, à juste titre, démodé, et il faut s'attacher à la valeur uniquement, jamais au nombre. Pour des raisons grammaticales, M. C. propose, notamment, les deux conjectures suivantes : 10 ΙΙΙ, 108, λέγουσι.... Αράδιοι, ὡς τατα ἂν γῆ ἐπίμπλατο τῶν ὀφίων τούτων, εἰ μὴ ἐγένετο (εἰ μὴ γίνεσθαι Mss.) κατ' αὐτοὺς οἷόν τι κατὰ τὰς ἐχίονας ἠπιστάμην γίνεσθαι. L'auteur pense que γίνεMa ne serait supportable que dans une phrase οἱ λέγουσι Αράβιοι, par exemple, serait remplacé par λéyeiv Apablous, et que, dans l'espèce, le pre

Nouvelle série, VII.

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mier γίνεσθαι est du à l'infuence de celui qui suit ήπιστάμην ; 20 II, 160, dans la phrase : ἀλλ ̓ εἰ δὴ βούλονται δικαίως τιθέναι καὶ τούτου εἵνεκεν ἀπικοίατο ἐς Αἴγυπτον, ξείνοισι ἀγωνιστῇσι ἐκέλευεν τὸν ἀγῶνα τιθέναι, l'optatif est contraire à l'usage d'Hérodote : M. C. veut qu'on lise àñíxovto. Un autre passage, unique, qu'on pourrait citer à l'appui de antxoíato, a déjà été corrigé par M. Madvig; c'est II, 121 : ἀπηγήσασθαι, ὡς ἀνοσιώτατον μὲν εἴη ἐξειργασμένος, ὅ τε (ὅ τι Madvig) τοῦ ἀδελφοῦ... ἀποτάμοι τὴν κεφαλὴν, σοφώτατον δὲ ὅτι τοὺς φύλακας καταμεθύσας καταλύσεις. Ces deux lecons fautives une fois écartées, la règle suivante peut être considérée comme établie pour Hérodote : « Dans les propositions conditionnelles, relatives ou temporelles, qui sont enchâssées dans le discours indirect, jamais on ne trouve employé l'optatif là où, dans le discours direct, on aurait eu un temps historique. « Ceci soit donné comme échantillon des résultats auxquels aboutit l'étude de M. Cavallin. Nous lui souhaitons de trouver partout le bon accueil qu'elle mérite 1.

Ch. G.

23.

Cornelii Taciti Germania, für den Schulgebrauch erklært von Ignaz PRAMMER, Professor am Josefstaedter Gymnasium in Wien. Wien, Holder. 1878, vi et 71 p. in-8°. Prix 1 mark 20 (1 fr. 50).

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La Germanie de M. Prammer est une véritable édition classique. Je commence par faire cette remarque, parce qu'il y a des éditions qui prennent ce titre et qui semblent néanmoins destinées aux professeurs plutôt qu'aux élèves. Il faut louer M. P. de ce qu'il ne perd jamais de vue la destination de son livre, qu'il évite les développements et les discussions scientifiques et qu'il cherche moins à faire du neuf (quoiqu'il y en ait et du bon) qu'à réunir dans un commentaire clair et concis ce qui peut faciliter l'intelligence de l'auteur. Le commentaire est si riche, qu'il me paraît s'adresser particulièrement aux élèves qui se préparent à domicile pour expliquer eux-mêmes l'auteur sans la direction du professeur. Les notes grammaticales sont surtout très-nombreuses, plus nombreuses que dans toute autre édition. Nous serions même tenté de trouver ici surabondance de richesse. Peut-être aussi quelques notes pourraient-elles sem. bler trop élémentaires, comme, par exemple, celle-ci du ch. xvn: « Sarmatae et Parthi sont au nominatif pluriel comme sujets de distinguuntur. » Mais M. P. pourrait nous répondre que, pour juger de l'utilité de pareilles notes, il faudrait connaître la classe dans laquelle le livre est employé et les besoins des élèves de cette classe. Ajoutons encore, pour finir de caractériser le commentaire, qu'il est rare qu'une note nécessaire ou indispensable ait été oubliée. Citons seulement, au ch. xxvin, les mots.

1. Par suite d'une erreur, dont nous ne sommes pas responsables, cet article n'a pu être imprimé que plus d'une année après avoir été envoyé à la rédaction.

conditoris sui, que l'auteur rapporte avec raison, selon nous, à une femme, en nous laissant toutefois dans l'incertitude s'il prend sui pour l'adjectif possessif ou pour le pronom personnel formant un génitif objectif.

M. P. a pris pour base de son texte celui de Müllenhoff. Il serait trop long d'énumérer ici les passages où il s'en écarte. Citons seulement quelques leçons que nous ne pouvons approuver. Au ch. I, nous trouvons heroica au lieu de hæc des mss. La phrase qui précède nous empêche d'admettre ce mot. M. P. le donne pour une conjecture de Halm, mais ce savant y a sans doute renoncé, puisqu'il ne conjecture plus que bellica ou alia dans le Commentarius criticus de la 3o édition de sa Germanie. Au ch. xi, il y a ceteri au lieu de ceteris des mss.; ceteris donne cependant, selon nous, le meilleur sens. Au ch. xvш, pluribus, correction de Halm, est mis au lieu de plurimis. La nécessité de ce changement ne nous paraît pas assez démontrée. Au ch. xxi, la dernière phrase est supprimée, comme dans l'édition de Gerlach. Ce remède violent est-il préférable à la correction de Lachmann?

Quant aux explications du texte, nous sommes presque toujours d'accord avec le savant professeur. En voici quelques-unes que nous voudrions l'engager à soumettre à un nouvel examen. Au ch. 1, il adopte pour utque sic dixerim adversus Oceanus la signification de « Océan situé pour ainsi dire aux antipodes ». Je préfère donner à adversus le sens de hostile, ennemi, sens qu'il a souvent dans les écrits de Tacite, et qui est justifié par les mots præter periculum horridi et ignoti maris dans la phrase suivante, et par la phrase sed obstitit Oceanus in se simul atque in Herculem inquiri (ch. xxxiv). Au ch. vi, il dit, au sujet de in universum æstimanti,« sogenannter absoluter Datif. » Ce datif me semble avoir été introduit sans nécessité dans la syntaxe latine. On peut expliquer ce prétendu datif absolu par la signification la plus générale qu'on attribue au datif; ici on peut dire pour un homme qui..... Au ch. xv, il sous-entend aliquid avec armentorum vel frugum. Draeger fait dépendre ces génitifs de quod, Dubner dit qu'ils forment un hellénisme, Baumstark et Schweizer-Sidler y voient des génitifs partitifs. Nous nous sommes prononcé, dans notre grammaire de Tacite, pour le génitif partitif, imité du grec, quoique ces sortes de génitifs soient extrêmement rares en latin. Au ch. xvm, il est dit, au sujet de accipere se quæ liberis inviolata reddat, que quæ se rapporte grammaticalement à boves, equos, arma, mais que logiquement il ne peut convenir qu'à arma. Je pense qu'il s'agit ici de transmettre aux enfants et aux brus les sentiments que les présents doivent inspirer et dont il vient d'être ques tion. Au ch. xxvm, il dit avec Zeuss que les Trévires sont des Gaulois, mais il se tait sur les Nerviens, et n'explique pas non plus comment Tacite peut affirmer que ces peuples sont fiers de leur origine germanique. Dans la même phrase, le mot ultro est pris dans le sens de même, qui me paraît moins convenir que celui de très ou excessivement.

Ces petites observations ne nous empêchent pas d'avoir une haute estime pour l'édition de M. Prammer. Nous serions heureux qu'il en trouvât quelques-unes assez fondées pour les mettre à profit dans une seconde édition.

J. GANTRELLE.

24. Histoire des persécutions de l'Église.

fin du Ir siècle.

La polémique païenne à la Fronton, Lucien, Celse, Philostrate, par B. AUBÉ. Paris, Didier

et Cie, 1878, in-8° p. xv-516. Prix : 7 fr. 50.

Au premier volume de son Histoire des premières persécutions de l'Eglise chrétienne, M. Aubé vient d'en ajouter un second qui traite de la polémique païenne à la fin du ir siècle. Qu'il nous permette, tout d'abord, une observation préliminaire et de pure forme. Quel est le lien de ces deux volumes? Comment et pourquoi faire rentrer, sous ce titre général de persécutions, la polémique littéraire et philosophique de Fronton, de Lucien, de Celse, ou de Philostrate? L'excuse qu'en donne l'historien dans son avant-propos, que réfuter les chrétiens et leur doctrine c'était alors les dénoncer, ne paraît pas suffisante. Les chrétiens euxmêmes, sauf dans les temps de la plus violente intolérance, n'ont pas regardé une réfutation comme une persécution. Ce n'est pas que M. A. ne reconnaisse la légitimité de la polémique païenne. Je constate seulement l'impropriété et l'abus du titre principal de son livre qui s'applique mal à la matière traitée. Pour trouver le vrai rapport entre les écrits polémiques des philosophes et les édits de persécution des empereurs, il fallait se placer à un point de vue plus large que celui des persécutions de l'Eglise. Ce que nous offrent les trois premiers siècles, c'est la lutte tragique de la société nouvelle et de la société antique. Cette lutte se produit sous deux formes à l'extérieur, c'est le conflit sanglant de l'Eglise et de l'empire; à l'intérieur, c'est la lutte philosophique de l'esprit chrétien et de la pensée païenne. A ce point de vue seulement on peut réunir dans un même tableau les faits de persécution et les polémiques littéraires qui sont en effet parallèles et restent dans une correspondance intime. Nous regrettons que M. A. n'ait pas eu, dès le principe, une idée plus nette de l'ensemble de son œuvre historique et ne l'ait pas exprimée dans un titre moins étroit et plus juste.

Ce second volume n'est pas seulement digne du premier; il lui est, à mon avis, supérieur. On y retrouve la même étude minutieuse et patiente des textes, la même sagacité et ingéniosité critique, avec plus de rigueur et de sûreté dans l'emploi de la méthode historique. On n'y rencontre pas une de ces hypothèses aventureuses comme celle qui lui faisait mettre en doute, dans le premier volume, l'authenticité des lettres de Pline et de Trajan sur les chrétiens et qu'il a dû retirer depuis. En revanche, toutes celles qu'il fait sur les rapports de l'Octavius de

Minucius Félix et de l'Oratio de Fronton, sur la forme primitive du Discours véritable de Celse, bien que prêtant à la discussion par plu. sieurs côtés, sont des plus heureuses et ont grande chance de se faire accepter.

M. A. a cru devoir mettre en tête de ce volume, en guise d'introduction, un tableau du mouvement des idées chrétiennes au 11° siècle. Je ne sais si ce tableau était nécessaire; mais il est insuffisant; il est insuffisant surtout en ce qui concerne les hérésies. Ce qu'il dit du gnosticisme surtout laisse à désirer. Il considère cette philosophie comme un système particulier, né un beau jour dans un lieu déterminé, dans la Syrie ou la Palestine, et propagé successivement dans le reste du monde (pag. 20). De là, une confusion de tous les divers systèmes gnostiques dont M. A. croit nous donner un résumé général (pag. 16) qui n'est à peu près exact que pour celui de Valentin, mais qui ne l'est pas du tout pour les Ophites, pour les Pérates, pour Bardezane, ni pour Marcion. Le gnosticisme est bien moins une doctrine spéculative particulière et originale qu'une méthode philosophique dont le fond est l'allégorie : c'est une interprétation philosophique de toutes les religions. Chaque culte et chaque pays a eu son gnosticisme particulier. Il n'est donc pas né dans un endroit spécial, mais il a paru spontanément partout à la fois dans une époque de crise religieuse et de fermentation dont il est la marque caractéristique la plus frappante. Plus loin (pag. 43), M. A. confond également les Nazaréens et les Ebionites en leur attribuant la même doctrine et la même position dans l'Eglise. Les textes, vus de près, nous apprennent à les distinguer. Il oppose comme deux partis extrêmes dans l'Eglise les Ebionites et les Gnostiques. Cela aurait encore besoin d'explication, car les Ebionites avaient aussi leur gnosticisme, témoin le roman des Homélies Clémentines, qui est tout autant gnostique qu'ébionite. Ailleurs (p. 23), parlant de Cerdon, de Marcion, de Bardezane, M. A. dit que nous n'avons aucun de leurs écrits. Il n'y a pas à le contester pour les deux premiers. Mais, pour le troisième, M. Cureton a publié le texte syriaque et une traduction d'un livre intitulé Des lois des nations, qui pourrait bien être de lui, car on y retrouve le passage qu'Eusèbe nous a conservé en grec du repì eiμapuévns de ce gnostique (1). Toutes ces questions, obscures et délicates, ne peuvent être tranchées aussi sommairement que l'a fait notre auteur dans cette introduction.

Suivant l'ordre chronologique, M. A. rencontre d'abord le discours de Cornélius Fronton, le précepteur et l'ami de Marc-Aurèle que nous ne connaissons que par deux allusions très-vagues de l'Octavius. Néanmoins il en reconstruit très-vraisemblablement le fond et la forme qu'il retrouve approximativement dans le plaidoyer ou mieux le réquisitoire mis par Minucius Félix dans la bouche de son païen Coecilius. Cette hypothèse séduisante serait presque démontrée, si le dialogue de Minu

1. Voy. Spicilegium syriacum, by the W. Cureton. London, 1855, préface.

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