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3.

Les amours d'Olivier de Magny, Texte original avec notice par E. COURBET. Paris, Alphonse Lemerre, 1878. in-12 écu de XLVII-177 P. · Prix : 5 fr.

On a si souvent parlé, dans la Revue critique, d'Olivier de Magny et de M. E. Courbet, à l'occasion des Gayetez, des Souspirs et des Odes, que je ne vois plus trop ce que l'on pourrait en dire. Le poète, dans les Amours, est toujours le même, plus facile qu'élevé, plus spirituel qu'inspiré, mais charmant au bout du compte. Quant à l'éditeur, il est aussi toujours le même Dieu merci, ce qui signifie un des plus attentifs, des plus soigneux, des plus habiles de nos éditeurs.

Les Amours sont le seul ouvrage d'O. de Magny qui ait eu les honneurs de deux éditions pendant le xvi siècle. Ce recueil parut pour la première fois à Paris, chez Estienne Groulleau, en 1553, in-8° de 83 ff., plus 8 ff. liminaires non chiffrés et titre compris, et il reparut à Lyon, chez Benoist Rigaud, en 1573, in-12 de 85 ff. numérotés, plus 8 ff. liminaires non chiffrés. Les deux éditions sont également rares. Des deux textes, M. C. a naturellement choisi le plus ancien, celui dont l'exécution typographique a, selon toute probabilité, été surveillée par l'auteur. Toutefois, dit M. C. (p. vш), « comme l'exemplaire existant à la Bibliothèque nationale est incomplet des ff. 9 et 40, il nous a fallu tenter de combler cette lacune, afin d'éviter tout emploi de la leçon posthume. Grâce à l'obligeance d'un bibliophile bien connu, M. le comte de Lignerolles, qui nous a permis de relever, sur l'édition originale en sa possession, les passages dont nous étions privé, nous nous trouvons aujourd'hui en mesure d'offrir aux lecteurs d'Olivier de Magny, une reproduction absolument exacte du premier ouvrage du poète Quercinois. Le portrait de Castianire, entièrement conforme à la gravure en bois qui décore les Amours de 1553, et placé, comme elle, au recto du second feuillet, complète la ressemblance de notre volume avec un livre rare. »

Magny avait joint à ses Amours le Recueil d'aucunes œuvres de Monsieur Salel, abbé de Saint-Cheron, non encore imprimées. Aucune place ne pouvait être réservée aux poésies du maître d'hôtel du roi et aumônier ordinaire de la reine dans une réimpression uniquement consacrée aux ouvrages d'Olivier de Magny. Mais M. C. (et il faut lui en savoir gré) a cru devoir nous dire d'une façon détaillée pourquoi le poète

1. Les pièces de vers dont se composent les Amours étaient déjà écrites en 1552, comme le prouve le privilège daté du 18 mars 1552. M. C., qui sait demander aux rapprochements toute la lumière qu'ils peuvent fournir, a rappelé (Notice, p. x1) que ce petit poême est contemporain des premières Amours de Baif (achevé d'imprimer du to décembre 1552) et des premières Amours de Ronsard (achevé d'imprimer du 30 septembre 1552), qu'il précédait de deux ans la traduction des Odes d'Anacréon de Remy Belleau (1555), et qu'il avait seulement devant lui l'Olive de J. du Bellay (1549) et les Erreurs amoureuses de Pontus de Thyard (achevé d'imprimer du 5 novembre 1549).

a grossi ses Amours des vers inédits de son compatriote. Cela nous a valu de fort intéressantes pages que tout le monde voudra lire (Notice, p. x1 et suiv.). M. C. y démontre très-bien, après avoir retracé un piquant portrait de Hugues Salel, en qui il reconnaît une sorte d'aïeul de Philippe Desportes, que Magny a voulu plaire au personnage très-influent dont il était le secrétaire. Quel plus puissant moyen de séduire un protecteur que de caresser en lui la vanité du poète ? Et quel trait de courtisan raffiné que la flatterie de la mise en lumière de vers auxquels l'abbé de Saint-Chéron avait la faiblesse de tenir comme on tient à des péchés de jeunesse! Comme, de plus, ces vers étaient remplis des louanges de Henri II et des principaux favoris de ce prince, leur publication, même dans le cas où Hugues Salel n'aurait pas la volonté ou le temps de se montrer reconnaissant, devait assurer au rusé secrétaire- éditeur l'appui des grands personnages célébrés par son patron. Ce fut sans doute aussi pour complaire à ces mêmes personnages que tant de poètes, presque tous des plus renommés, adressèrent 2 de pompeux éloges, soit à Monseigneur de Saint-Cheron, soit à l'auteur des Amours. En outre, comme l'explique à merveille M. C., il y avait dans les odes, stances ou sonnets congratulatoires d'Etienne Jodelle, de Pierre de Ronsard, de Jean-Antoine de Baïf, de Marc-Antoine de Muret, du comte d'Alsinois, de Remy Belleau, de Claude Gruget, du Champenois Claude Colet, du Bordelais Jean de Castaigne, un hommage rendu à un des jeunes maîtres de l'école nouvelle, à un des enfants les plus aimés de la maison de Marguerite d'Angoulême, en un mot à une des plus précieuses recrues dont put s'enorgueillir le cercle poétique formé autour de l'auteur de la Franciade 3.

Je viens de nommer Marguerite. M. C., à l'aide d'inductions et de déductions fort ingénieuses, cherche à établir (p. xvi et xvi) que, sur ses dernières années, cette princesse « avait ouvert sa maison aux poètes de la Renaissance, comme longtemps auparavant elle en avait fait l'asile des philosophes », que la « protectrice de la libre pensée était devenue, vers la fin de sa vie, la patronne des libres poètes, de ceux qui, délaissant les formes d'une versification surannée, allaient à la fois, par l'étude de l'antiquité et par leur inspiration personnelle, renouveler le Parnasse fran

1. Le traducteur en vers des dix premiers livres de l'Iliade mourut dans l'année même où furent publiés ses chants d'amour et ses chants en l'honneur du roi Henri II. Voir (p. XXXIII-XLVI) la fine appréciation que fait M. C. des poésies de Hugues Salel.

2. Pièces liminaires, p. 7-17. Ces pièces sont précédées d'une épitre dédicatoire des Amours à l'abbé de Saint-Cheron, datée du 27 mars 1553.

3. M. C., (p. xxIII) constate qu'au «< grand concert d'éloges qui s'étalent aux premières pages des Amours, se joignirent les témoignages de l'admiration des poètes de l'école opposée, tels que Charles Fontaine et Jean de la Péruse. L'excellent éditeur a bien fait de citer (p. XXIII-XXIV) les vers remarquables par la vivacité et la couleur dans lesquelles l'auteur de Médée exalta le mérite du premier livre de Magny.

D

çais; ajoutant que « l'alliance des poètes, ébauchée par la reine avant sa mort, s'est expressément affirmée dans les hommages rendus à la grande défunte, » que « le tombeau de la reine Marguerite a groupé autour de lui, dans une touchante union, les vieux serviteurs de la reine de Navarre et les poètes qu'elle avait à peine eu le loisir d'entrevoir et de protéger, du Bellay, Ronsard et Baïf. » Cette thèse demanderait, pour être soutenue avec solidité, de plus profondes recherches, et M. C. ne me démentira pas, car lui-même a prudemment reconnu la nécessité d'une nouvelle enquête à cet égard.

Après avoir signalé une petite étude fort curieuse sur Lancelot de Carle (p. XVII-XXII), je signalerai ce que dit M. C. (p. xxIx-xxvn) des femmes aimées et chantées par Olivier de Magny. Les relations du poète de Cahors avec Louise Labé sont incontestables, mais elles n'ont pu commencer qu'après 1553, et dès lors, on le voit, le volume des Amours ne contient aucune pièce concernant la Belle Cordière. La femme qui semble avoir eu le plus de douce influence sur O. de Magny est Marguerite de Cardaillac, vicomtesse de Gordon, qui, étant demoiselle d'honneur de Marguerite de France, a été célébrée par Hugues Salel sous le titre de l'Admirée, et dont Magny nous a révélé le nom en tête d'un sonnet d'une grave et frappante beauté inspiré par elle :

Vous avez l'esprit plain d'une ardeur éternelle 2.

A côté de cette passion qui paraît avoir été sérieuse et durable, M. C. ne fait qu'indiquer les fugitives impressions produites dans le faible cœur du poète par une fille de Brandelis de Gironde 3 et par Marie de Launay, l'émule et l'amie de cette Marie de la Haye que chanta Joachim du Bellay 4.

Les Amours de Magny, dit M. C. dès les premières lignes de son Avertissement, « devaient former le dernier volume de cette édition et se terminer par un index général où se seraient trouvés les éclaircissements.

1. Paris, Michel Fezandat, 1551, in-8o de 104 ft. non chiffrés.

2. Odes. Edition Lemerre, t. II, p. 13. Cf. (Ibid., p. 47) l'Ode au petit enfant de sa dame. M. C. renvoie, pour ce dernier morceau, à la page 63. On ne trouvera guère de plus grosse erreur dans tout le volume.

3. C'était une gasconne. Brandelis de Gironde, chevalier, seigneur de Montclera, eut deux fils et deux filles de son mariage (9 mars :534) avec Marie de Touyouse. Les deux filles s'appelèrent Jeanne et Marquise. Reste à savoir pour laquelle des deux furent composés les gracieux vers intitulés : Aux Muses, pour celebrer sa Gironde (Voir Les Gayetez, édition Lemerre, p. 92). Nous apprenons du poète qu'entre les

Mile et mile beautez

Et mile dont elle abonde,

on distinguait « sa perruque blonde. » Si, par grand hasard, un portrait de Mil de Gironde était venu jusqu'à nous, ce détail pourrait aider à la faire reconnaître.

4. Euvres poétiques, édition Marty-Laveaux, t. II, r. 56. L'imprimerie Perrin a changé le nom du savant éditeur en celui de Marty-Lureaux (p. xxxvi, note 1).

historiques et philologiques nécessaires pour l'intelligence de l'auteur. Mais l'examen du livret qu'Olivier de Magny a fait imprimer, en août 1553, chez Arnoul l'Angelier, avec le titre de Hymne sur la naissance de Madame Marguerite de France, a modifié nos prévisions. Cet opuscule rarissime est accompagné de poésies qui lui donnent l'importance d'un livre. Il devient, pour cette raison, le complément indispensable de l'œuvre du poète quercinois, et il en sera le tome final. » J'ai le plaisir d'apprendre à nos lecteurs une bonne nouvelle que M. C. ne connaissait pas encore, à l'époque où il écrivait son Avertissement. Ce dernier volume contiendra dix-neuf sonnets inédits d'Olivier de Magny, sonnets que je ne veux pas vanter, puisque j'ai eu la bonne fortune de les trouver et que l'on me soupçonnerait peut-être d'exagérer la valeur de ma trouvaille, mais que M. Courbet jugeait ainsi dans une lettre dont je lui demande la permission de citer quelques lignes : « Votre découverte me paraît fort intéressante et d'une valeur considérable. Ne voyez aucun excès d'enthousiasme dans mes expressions. J'ai lu avec bonheur ces vers où le poète a gardé toute sa souplesse habituelle en montrant une hauteur de sentiment qui ne lui est pas ordinaire. Au point de vue de l'histoire personnelle du poète, votre exquise trouvaille a beaucoup d'importance. Elle nous montre Magny dans ses derniers jours d'inspiration, en pleine maturité, la maturité du talent et de la pensée. Je suis, je le répète, séduit et ravi... » Puissent tous les lecteurs du dernier volume des œuvres complètes d'Olivier de Magny juger les nouveaux sonnets aussi favorablement !

T. de L.

4.

Geschichte der orientalischen Frage von ihrer Entwicke lung, dem Frieden von Rutschuk - Kaïnardji 1774, bis zur Kriegserklærung Russlands an die Pforte 24 avril 1877, von Fr. von HAGEN. Frankfurt a. M., Sauerlænder. 1877, in-8°, 172 p. — Prix : 2 mark (2 fr. 50).

Il n'y a rien de plus compliqué que l'histoire de la question d'Orient et un fil est nécessaire pour se diriger dans ce dédale. M. de Hagen a composé un précis succinct des principaux faits et son ouvrage est fort utile sous ce rapport. Il a eu raison de prendre pour point de départ le traité de Kaïnardji en 1774; cette première partie n'est guère qu'une table des matières; l'ouvrage se détaille davantage en avançant. M. de H. n'a guère employé que des sources allemandes et l'on ne trouvera point de bibliographie du sujet dans son travail. Les sources auxquelles a puisé l'auteur et sa qualité de major dans l'armée prussienne indiquent suffisamment le point de vue auquel il s'est placé. La partie militaire du sujet, plus obscur et plus mal connue encore peut-être que la partie diplomatique, a

été traitée avec un soin et une compétence particulière. Il y a beaucoup de dates, de faits et de citations. C'est un livre court et aussi facile que profitable à consulter, à titre de répertoire.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 27 décembre 1878.

L'Académie procède au scrutin pour la nomination des membres de la commission du prix Gobert. Sont élus MM. Deloche, Gaston Paris, Schefer et Barbier de Meynard.

L'Académie désigne M. Hauréau pour faire une lecture en son nom à la prochaine séance trimestrielle de l'Institut; il lira son mémoire sur Arnaud de Villeneuve.

L'Académie se forme en comité secret.

Julien HAVET.

CHRONIQUE

FRANCE.

Nous avons appris avec regret la mort de M. Alexis Pierron. Cet érudit, membre de la société de linguistique et un des professeurs les plus distingués de notre Université, avait traduit Eschyle, Marc-Aurèle, Plutarque, la Métaphysique d'Aristote, etc. Son Histoire de la littérature grecque et son Histoire de la littérature latine, qui parurent dans la collection Duruy, sont de bons manuels pour les écoliers. Son édition sur l'Iliade a été appréciée ici même (Revue critique, 1869, n° 40, art. 193 et n° 47, art. 231). Il était aussi l'auteur de Mgr Darboy (1872) et de « Voltaire et ses écrits (1866).

M. Barthélemy Saint-Hilaire a donné à l'impression les trois volumes de sa traduction de la Métaphysique 'd'Aristote. (Paris, Germer-Baillière.)

La Société de l'Histoire de France entreprend de reproduire les textes grecs, qui se rapportent à nos origines nationales, en'y joignant une traduc

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