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agglomérer toutes leurs forces à gauche pour couvrir la plaine et déborder son flanc droit : il a tout combiné pour les écraser s'ils abandonnent les hauteurs auxquelles chacune des deux armées appuie une de ses ailes; et lorsqu'il voit leurs premiers mouvements vers la gauche, il s'écrie « Avant demain soir toute cette armée est à moi. » Aux approches de la nuit, l'empereur visite, sans être annoncé, les bivouacs de ses soldats; ils le reconnaissent, le saluent de leurs acclamations; toute la ligne étincelle de feux : c'est l'anniversaire du couronnement que ses soldats célèbrent, et ce grand jour lui apporte un présage de victoire. Napoléon rentre dans sa tente, et achève ses dispositions pour le lendemain. Bernadotte commandera le centre, Soult la droite, où l'effort doit être décisif; Lannes défendra la gauche et la forte position de Santon, armée d'une batterie de dix-huit pièces; Davoust enfin contiendra l'aile gauche des alliés à Ruygerd. Toute la cavalerie est sous les ordres de Murat; vingt des meilleurs bataillons formeront la réserve. Bataille Le 2 décembre, au moment où le soleil se lève sur cette litz. plaine fameuse où vont se heurter trois cent mille hommes et où doit se décider le sort de la monarchie autrichienne, Napoléon parcourt le front de ses régiments, et dit : « Soldats, il faut finir cette campagne par un coup de tonnerre. » Des cris d'enthousiasme lui répondent, et la bataille s'engage. Les ennemis, toujours résolus à tourner la droite de l'armée française, abandonnent, au centre de leur nouvelle ligne, les hauteurs de Pratzen. Soult reçoit l'ordre de s'en saisir, et s'y porte aussitôt: Kutusoff, général de l'armée russe, comprend sa faute et veut la réparer; mais tous ses efforts sont impuissants : les Français occupent ces hauteurs, qui partagent la ligne

d'Auster

2 déc.

1805.

ennemie; et tandis que Davoust arrête les coalisés à droite dans la plaine, Murat, Lannes et Bernadotte emportent à gauche leurs principales positions. Mais alors la cavalerie de la garde impériale russe s'élance sur le champ de bataille, renverse plusieurs bataillons des plus braves, et rétablit le combat. Napoléon voit le danger; il détache l'intrépide Rapp à la tête de la cavalerie de sa garde après un choc terrible, les Russes sont rompus et dispersés, et Rapp, le sabre brisé, le cheval tout sanglant, accourt au galop annoncer la victoire. Les restes de l'armée ennemie sont acculés au lac, dans un bas-fond, et cernés au milieu d'un cercle de feu; écrasés par la mitraille, ils veulent fuir sur la glace, qui se brise et les engloutit : quinze mille Autrichiens et Russes ont péri, vingt mille demeurent prisonniers, quarante drapeaux et deux cents pièces de canon sont les trophées de cette mémorable victoire. Le surlendemain, l'empereur François II vint trouver le vainqueur sous sa tente, et demanda la paix, qui fut signée le 26 décembre à Presbourg: par ce traité la maison d'Autriche céda les provinces de Dalmatie et d'Albanie au royaume d'Italie, le Tyrol à l'électorat de Bavière et quelques autres de ses possessions à l'électorat de Wurtemberg: ces deux électorats furent transformés en royaumes. L'armée russe avait obtenu de rentrer en Russie sans être inquiétée; et la journée d'Austerlitz, la plus belle peut-être de la vie guerrière de Napoléon, mit fin à la troisième coalition.

L'année 1805, si féconde pour la France en triomphes sur le continent, vit la ruine complète de notre marine. Les flottes combinées d'Espagne et de France, sous le commandement de l'amiral Villeneuve, battues le 22 juillet au cap Finistère, perdirent, le 21 octobre, la célèbre

Paix de bourg.

Pres

26 déc.

1805.,

de Tra

Bataille bataille de Trafalgar. Trente-deux vaisseaux francofalgar. espagnols furent battus par vingt-huit vaisseaux anglais,

Désastre

marine

de la commandés par Nelson: treize vaisseaux seulement échapfrançaise pèrent au désastre de la flotte combinée. Cette immense

gnole.

1805.

Oct. victoire, qui coûta la vie à l'amiral anglais, assura la souveraineté des mers à l'Angleterre, et ce ne fut plus sur cet élément que Napoléon tenta d'ébranler sa puissance.

institu

publi

1803.

Les trophées d'Ulm et d'Austerlitz adoucirent les regrets donnés par la France à sa marine. Napoléon revint Ruine des à Paris après sa brillante campagne de trois mois, et y tions ré- excita un enthousiasme universel. Enivré de sa fortune, caines. il s'occupe d'abattre les derniers vestiges des institutions révolutionnaires. Le calendrier républicain est définitivement remplacé par le calendrier grégorien, qu'un décret dote d'un nouveau saint en ordonnant que le 15 août la Saint-Napoléon sera célébrée dans l'empire; un autre décret destine la basilique de Saint-Denis à la sépulture des empereurs, le Panthéon est rendu au culte catholique, et le Tribunat cesse d'exister. Napoléon, qui vient de créer, par la paix de Presbourg, les royaumes de Lamaison Bavière et de Wurtemberg, déclare que la maison de bon perd Naples a perdu la couronne en châtiment de la part qu'elle a prise dans la dernière coalition, et il transmet le sceptre La napolitain à son frère Joseph : il érige en royaume la rérigée en publique des Provinces-Unies en faveur de son frère Louis, et nomme le prince Murat, son beau-frère, grand-duc de Clèves et de Berg. Une seule république restait encore de toutes celles qui sous le directoire avaient entouré la France; c'était la Suisse, et Napoléon s'en déclare le médiateur. Il cherche à rétablir le régime militaire hiérarchique des temps féodaux, et transforme diverses provinces et principautés en grands fiefs de l'empire, qu'il donne

de Bour

la cou

ronne de

Naples.

Hollande

royaume.

fiefs de

en récompense à ses ministres et à ses généraux les plus Grands illustres. Ainsi furent érigés en duchés : la Dalmatie, l'empire. l'Istrie, le Frioul, Cadore, Bellune, Conegliano, Trévise, Feltre, Bassano, Vicence, Padoue, Rovigo, et en principautés Neufchâtel, Bénévent et Guastalla. Deux ans plus tard Napoléon porte le dernier coup aux institutions républicaines en créant une nouvelle noblesse héréditaire, dans laquelle les anciennes illustrations prirent rang pour la plupart après les célébrités du jour. Un Montmorency fut fait comte en même temps que Fouché, = ministre de la police, devenait duc: c'était se jouer du bon sens public, c'était se poser soi-même comme principe et source d'un nouvel ordre social, revêtu néanmoins de formes anciennes. C'était ne point tenir compte de la consécration que les noms illustres ont reçue du temps et de l'histoire; c'était emprunter en un mot ses institutions au passé, sans respecter ce qui en fait la force; mais alors le blâme était muet : Napoléon n'avait à craindre que ses adulateurs, et les lauriers, en couvrant ses fautes, les faisaient pardonner.

Tout sourit à ses vœux dans l'année 1806: Pitt, son irréconciliable ennemi, était mort, et Fox, chef de l'opposition parlementaire, lui avait succédé. Des négociations

:

Toute liberté de la pensée fut comprimée sous l'empire. Napoléon pour sévir à cet égard n'attendait point les sentences des tribunaux ; les formes judiciaires lui paraissaient trop lentes, et il infligeait, de son autorité privée, la prison ou l'exil aux écrivains qui avaient osé l'offenser les plus célèbres se virent particulièrement en butte à ses ressentiments, et plusieurs, pour s'y soustraire, furent obligés de fuir jusqu'en Russie. De ce nombre était madame de Staël, l'illustre auteur de Corinne, ainsi que le spirituel écrivain qui obtint à cette époque tant de brillants succès sur la scène française, M. Alexandre Duval,

pacifiques furent aussitôt entamées entre les deux puissances, et activement suivies par le ministre Talleyrand. Mais l'orgueil aveuglait déjà Napoléon; une ambition mal entendue pour la grandeur de sa famille lui fit commettre, dès cette époque de son règne, des fautes capitales : il voulut déposséder entièrement du trône napolitain la maison de Bourbon, qui, chassée du continent, régnait encore en Sicile: il exigea que cette île fût réunie aux États de son frère Joseph; et pour que l'Angleterre ne s'opposât point à cette nouvelle conquête, il lui offrit en échange la restitution du Hanovre, cédé à la Prusse. Cette prétention, que rien ne justifiait, était trop contraire aux intérêts commerciaux et à l'honneur de l'Angleterre pour être acceptée. Fox lui-même, malgré son penchant pour la paix, n'aurait pu, en la signant à ce prix, compter sur l'aveu du parlement, et bientot les négociations furent suspendues.

Cependant Napoléon, poursuivant ses projets illimités de domination en Europe, achevait d'organiser son empire militaire en plaçant sous sa dépendance l'ancien corps germanique. Le 12 juillet 1806 quatorze princes du midi et Confédé de l'ouest de l'Allemagne se réunissent en confedération du Rhin. du Rhin, et reconnaissent Napoléon pour protecteur. l'empire L'acte de confédération établissait qu'il y aurait entre

ration

Fin de

germa

nique.

1806.

l'empire français et les États confédérés une alliance en vertu de laquelle toute guerre continentale que l'une des parties contractantes aurait à soutenir deviendrait immédiatement commune à toutes les autres; il conférait aux princes signataires les droits de la souveraineté sur la multitude de princes et de comtes que nourrissait le territoire germanique, et qui, en qualité de membres de la noblesse immédiate, ne relevaient auparavant que

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