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Loin de lui, seule avec moi-même,
Je crois et l'entendre et le voir;
La nuit, son fantôme que j'aime,
Près de ma couche vient s'asseoir;
Par sa présence consolée,
Peut-être un instant je m'endors;
Puis je me réveille accablée
Et de desirs et de remords.

Mais quoi! déjà la nuit s'achève ;
Tout passe, excepté mon tourment;
Les rayons du jour qui se lève
Frappent les yeux de mon enfant.
Ah! cachons-lui ma peine amère !
N'effrayons point son jeune cœur
Et qu'un sourire de sa mère

Le trompe encor sur mon malheur.

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LE PORTRAIT DE FANTAISIE RECONNU POUR VRAL

A madame D...

J'AI voulu peindre une femme accomplie,
Voici les traits de mon tableau :
Aimable sans coquetterie,

Vertueuse sans pruderie,

Elle attirait l'Amour et foulait son flambeau.

Le devoir dirigeait ses traces,

Le vice seul éprouvait sa fierté,

La contradiction excitait sa bonté ;

Et ses refus étaient des grâces.

Lisant les bons Auteurs, et sachant les juger,
Son esprit des Amours avait les gentillesses,
Et sans jamais les partager,

Elle pardonnait nos faiblesses.

Sa politique, ses finesses,

Tendaient à découvrir les moyens d'obliger,
Toujours prête à servir, sans vouloir protéger.
De ses enfans, respectée et chérie,
Elle en était l'oracle aussi bien que l'amie.
Fixant le juste prix des objets différens,
Au solides vertus elle donnait la pomme,

Elle pouvait par l'accord des talens,
Sentir en femme et raisonner en homme.

L'objet de sa tendresse, heureux et complaisant,
Des premiers jours d'hymen sentait encor la flamme,
Elle savait renouveler son ame,

Et d'un époux faire un amant.

Mon Portrait fait, je dis : ce n'est qu'un vain délire,
Il est de fantaisie, et voilà son défaut,

Quand la vérité dit tout haut :

C'est un Portrait fidèle, il est celui d'Elmire.

SABATIER (de Cavaillon), professeur de lelles-lettres - à l'Ecole centrale de Vaucluse.

SPECTACLES.

Théâtre National des Arts.

Les mystères d'Isis, opéra en quatre actes.

Il y a long-tems que cet opéra était annoncé sur l'affiche, et par les admirateurs de Mozart.

attendu

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Sans cette longue attente qui fatigue toujours un peuple naturellement impatient, ce chef-d'œuvre de musique accom-, pagné de décorations enchanteresses et de ballets ingénieux, aurait fait peut-être une fois plus d'effet.

Tout le monde sait que la pièce allemande sur laquelle Mozart a fait cette musique, s'appelle La flûte enchantée. Tout le monde sait aussi qu'en Allemague, comme en Italie, les poëmes. d'opéras se passent très-bien de plan, de style, et même de sens commun. L'auteur des mystères d'Isis avait donc un travail ingrat et pénible à faire pour ramener ce sujet à des formes dramatiques à peu près raisonnables, sans lesquelles toute la sublimité de cette musique serait venue expirer dans nos oreilles blessées.

Mais je pense qu'il a mal fait de vouloir adapter aux Mystères d'Isis les épreuves de la Flûte enchantée. Les bouffonneries d'un valet poltron, très-plaisantes dans, une féerie d'imagination, s'allient assez mal avec l'idée que nous nous faisons de celles

qu'on nous a transmises sur ces mystères sacrés où se firent initier tous les grands philosophes de l'antiquité, tous les grands hommes de la Grèce et de l'Italie, et qui n'avaient rien de commun, quoi qu'en dise un journaliste, avec nos momeries franc-maçoniques et nos loges d'illuminés, qui n'en sont que la plus ridicule parodie. On peut en prendre une idée plus juste et plus religieuse dans un roman trop peu lu, intitulé : Séthos, et dans celui plus amusant encore des Voyages d'Anténor. Encore la description n'approche-t-elle pas de l'idée que nous en ont laissé prendre quelques écrivains anciens.

Les mystères d'Isis, traités avec art et présentés sous un aspect vraiment religieux et solemnel, pourraient avoir quelqu'empire sur les imaginations sensibles et mobiles, élever les ames, et vaudraient bien peut-être des jongleries beaucoup moins nobles dans leur but, beaucoup moins ingénieuses et tout aussi mystiques, pour lesquelles ont voulait autrefois nous commander le respect.

La musique a produit l'effet qu'on devait en attendre ; elle a fait admirer et regretter le talent réel de Mozart. Point de tours de féeries, point de faux brillans; des chants simples et purs, de la finesse et de la grâce, de la mélancolie et de la gaîté; des accompagnemens toujours d'accord avec le caractère de la mélodie et du chant. L'air de Boccaris, pour attendrir les monstres noirs, a produit une sensation délicieuse la voix de Lays et son chant pur, accompagné par une harpe et par un fortepiano à cordes d'acier, que tout le monde a pris pour un harmonica, a transporté les spectateurs jusqu'au point de les engager à faire recommencer le morceau.

:

Il serait à souhaiter sans doute que la partie du chant fût enfin plus soignée à ce théâtre, où les yeux sont mieux traités que les oreilles mais le conservatoire de musique est là pour nous empêcher de nous désespérer à cet égard, et le tems de la restauration générale arrivera pour ce spectacle comme pour d'autres. L. C.

Théâtre-Français de la République.

La petite pièce qu'on vient de donner sous le titre du Confident par hasard, n'est qu'une de ces bluettes que le jeu des acteurs fait valoir. Des applications beaucoup trop fréquentes, beaucoup trop évidemment concertées pour la personne du C. Molé, fatiguent jusqu'aux plus zélés admirateurs de ce grand comédien. C'est le rôle de l'Aimable Vieillard, sous une autre forme. De la facilité dans le style, mais voisine de la négligence; des imitations trop peu déguisées, mais agréables par le jeu des acteurs, ont procuré à l'Ouvrage une sorte de succès. L'Auteur est le C. Faur, déjà donnu dans la carrière dramatique par le drame d'Amélie et Montrose, et par quelques opéra-comiques.

Les débuts de mademoiselle Gros, élève de Dugazon, âgée de quinze ans et demi, continuent et laissent l'observateur impartial dans un état de scepticisme très-naturel sur le mérite intrinsèque de son jeu. Dans le rôle d'Andromaque, pour son second début, elle a montré les mêmes défauts et donné lieu aux mêmes espérances. Le rôle est difficile. On s'attendait à la voir plutôt dans celui d'Hermione, qui ne l'est pas moins, mais qui semble mieux assorti à ses moyens.

Un journaliste très-connu lui a donné sur ce rôle d'Andromaque, des leçons qui me paraissent devoir égarer les jeunes débutantes. Il leur conseille une coquetterie qui donnerait au personnage une physionomie plus comique que tragique, et s'il est vrai que Racine, encore jeune, ait imprimé cette teinte sur le caractère de la veuve d'Hector, il serait trèsdifficile pour une actrice qui voudrait faire ressortir cette nuancé, d'en saisir avec goût la limite exacte. J'ose même croire que Racine plus âgé, c'est à-dire, le Racine de Phèdre, de Mithridate, de Britannicus et d'Athalie, eût sacrifié dans le personnage d'Andromaque cette couleur un peu trop française, que le journaliste n'eût pas manqué de reprocher à Voltaire, si la pièce eût été de lui; et la preuve de cette conjecture trouve dans l'article même de son journal, où dans son

se

acharnement risible contre l'Auteur de Mérope, de Zaïre et d'Alzire, il lui reproche d'avoir toujours donné à ses personnages de femmes des physionomies de Viragos, c'est son expression. Oubliant apparemment que dans la pièce même qu'il opposait à Voltaire, se trouve un rôle d'Hermione, qu'on n'accusera pas de manquer d'énergie, et à qui personne ne s'avisera de la reprocher. Et voilà l'équité des jugemens de nos coryphées périodiques!

Avec de l'étude, de bons conseils, et de l'émulation sans jalousie, dans quelques années, mademoiselle Gros, âgée de quinze ans et demi, peut obtenir des applaudissemens et des suffrages qui ne sont encore donnés qn'à ses dispositions, et par l'espérance de les voir se développer. L. C.

VARIÉTÉ S.

LE Ministre de l'intérieur a distribué des prix aux élèves des divers établissemens publics. Ces cérémonies, quoique répétées tous les ans, offrent toujours un nouvel intérêt, parce qu'elles rappellent celle époque mémorable de l'enfance vers laquelle on tourne ses regards avec délices dans toutes les saisons de la vie. Ce sont là les expressions du Ministre, lorsqu'il couronnait les jeunes élèves du Collège de Saint-Cyr. Le Gouvernement, leur a-t-il dit encore, veut que son Ministre s'assure de vos progrès et lui en rende compte ; il veut que je remette moimême dans vos mains le juste prix de vos succès, comme pour vous apprendre que, dans un pays libre toutes les récompenses viennent de l'Etat, parce que tous les talens sont une propriété publique. ",

Dans cette cérémonie, le C. Deguerles, connu par des poësies pleines de facilité et de grâces, prononça un discours sur la Grammaire, lequel contient plus de choses utiles que maints gros volumes sur le même sujet. Nous nous proposons de faire connaître ce discours dans le N°. prochain.

Des jeunes élèves recitèrent un Dialogue en vers du C. Crouzet, directeur de ce Collége. Cet Ouvrage offre des idées ingénieuses

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