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HISTOIRE LITTÉRAIRE.

LES SIÈCLES LITTÉRAIRES DE LA FRANCE, ou nouveau Dictionnaire historique, critique et bibliographi que, de tous les écrivains français, morts et vivaus, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. CONTENANT 1° Les principaux traits de la vie des Auteurs morts, avec des jugemens sur leurs Ouvrages; 2o Des Notices bibliographiques sur les Auteurs vivans; 39 Lindication des différentes éditions qui ont paru de tous les livres français, de l'année où ils ont été publiés et du lieu où ils ont été imprimés. Par N.-L.-M. Desessarts, et plusieurs autres Biographes.

ON connaît les trois Siècles littéraires Ouvrage dans lequel un abhé Sabathier attaquait avec fureur quiconque lui paraissait entaché de philosophie. Injures grossières, calomnies, c'étaient là les armes de l'abbé; armes qu'il a léguées à ses successeurs, et dont encore aujourd'hui ils font usage contre les philosophes. Mais l'abbé savait quelquefois aiguiser assez bien une épigramme. Il a oublié de leur apprendre son secret. Ils ont hérité de sa méchanceté et non de son talent.

Les nouveaux Siècles littéraires, du C. Desessarts, n'ont rien de commun avec ceux-là. Le plus souvent ils ne contiennent que des détails bibliographiques. On y trouve la liste des Ouvrages de tel ou tel Auteur, l'époque où ils ont été publiés, les éditions qu'on en a données, etc. 'Quelquefois on y énonce un jugement sur ces Ouvrages ; rarement on y cite des anecdotes de la vie des Auteurs. L'Ouvrage ne paraîtra pas si piquant à quelques lecteurs ; mais on le placera toujours au nombre des livres utiles. N'est-ce rien que de trouver après le nom d'un Auteur, Le titre de ses Ouvrages, rangés, antant que possible, dans leur ordre chronologique? Tel écrit anonyme que

l'on avait lu dans le teins, sans deviner de quelle plume sortait, se trouve casé là au nombre des Ouvrages de quelque Auteur bien connu. Il retrouve un père.

On imprime en Allemagne un Dictionnaire, sous le nom de France littéraire, lequel présente aussi la nomenclature des Ouvrages d'un nombre incroyable d'Auteurs. On devait manquer en ce pays de facilités pour composer un pareil Ouvrage; et pourtant c'est l'un des Dictionnaires de ce genre où l'on trouve le plus d'articles. On en trouve même trop. L'écrit le plus éphémère y est relaté comme un Ouvrage important. On y voit aussi 'des noms d'Auteurs absolument inconnus, non seulement du public, mais de tous les véritables gens de lettres; et tel, pour avoir fait une fable ou une chanson, a été bien scrupuleusement enregistré dans la France littéraire. Ajoutez que ce livre contient et devait nécessairement contenir un assez grand nombre d'erreurs. Ce n'est pas en Allemagne que l'on peut exécuter une entreprise de cette espèce; et c'est encore une espèce de prodige que les éditeurs aient aussi bien rempli la tâche difficile qu'ils s'étaient imposée.

Le C. Desessarts avait moins d'obstacles à surmonter pour la composition de ses Siecles littéraires. Il vivait pour ainsi dire au milieu des Auteurs. Il les a invités à lyi envoyer la liste de leurs productions. Un assez grand nombre a répondu à cet appel; et cependant on pect lui reprocher de nombreuses omissions, et encore plus d'erreurs, soit dans l'orthographe des noms, soit dans les titres des Ouvrages cités. Il faut convenir aussi qu'une parfaite exactitude est peut-être impossible dans une compilation si variée. Au reste cet éditeur pourra, dans la suite, rectifier ces fautes.

Concluons que, bien que les Siècles littéraires pussent être faits avec plus de soin et même de goût, ce n'en est pas moins un Ouvrage à placer dans sa bibliothèque, et qui sera recherché des gens de lettres.

LITTÉRATURE.

LE HAMEAU DE L'AGNELAS, suivi de diverses Idylles, par un habitant des Alpes, avec cette épigraphe:

Rien n'est si beau

Que mon Hameau. G. BERNARD.

2 vol. in-12, ornés de figures. Prix, 3 fr., et 4 fr. franc de port. A Paris, chez Lavillette et Compagnie, libraires, rue André-des-Arcs, N° 46.

(EXTRAIT.)"

VOICI la simple et naïve peinture d'un hameau des Alpes, d'un asyle de paix et d'innocence.

Habitant de ce hameau, l'Auteur trouve autour de lui tous les sujets de ses descriptions; il peint les scènes variées de la nature, les travaux et les plaisirs de la campagne ; dans ses heures de méditation, il parcourt tantôt les rians bocages des vallons, tantôt les bois silencieux des montagnes. Mais soit qu'attiré par de doux murmures, il suive le ruisseau qui s'échappe dans la plaine, soit qu'il contemple avec effroi le torrent qui roule du haut des rochers, sa dernière pensée est pour l'homme: au milieu des plus riches paysages, il laisse toujours apercevoir, ou la ferme du laboureur, ou la cabane du berger. Luimême n'a pour toute habitation qu'une chaumière. Telles, dit-il, qu'on rencontre au sortir de l'hiver la primevère et la violette sur la simple mousse, et le chevrefeuille dans les anfractuosités des rochers, ainsi se présente au passant mon modeste asyle. Qu'il serve de refuge aux amans malheureux et aux amis infortunés, et surtout de retraite à l'indigent! Que le républicain et le monarchiste y entrent en paix ! Que l'étranger, quels que soient le souverain qu'il serve et le culte qu'il professe, ne craigue pas de s'y reposer! Egaux aux yeux de l'hospitalité, ils seront

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tous bien reçus. » Lecteurs à préjugés, n'oubliez pas que celui qui parle ainsi, est un prêtre.

Le hameau de l'Agnelas est situé dans le Voironnais, au-dessous de la Grande-Chartreuse, et environné des plus romantiques paysages. Là, tout doit porter à la méditation, tout doit exalter une ame aimaute. « Aimables bois, s'écrie l'Auteur, frais bocages, quand je vous pȧrcourais, vous me présentiez les pensées de ma jeunesse et celles de mes premières études. Je croyais voir tous les dieux et les déesses de l'antique paganismne s'asseoir sous vos berceaux....... Le Pinde aussi se montrait à mes yeux, et les muses parcouraient d'un pied léger le sacré vallon. Virgile, Horace, Tibulle et Catulle, soupiraient leurs tendres vers, et les bergers de Mantoue conduisaient les moutons de Deshoullières. J'entrevoyais Sévigné assise entre Chaulieu et le Gentil-Bernard, qui prit naissance non loin de ces champêtres demeures. Je m'imaginais contempler tous les héros de l'antiquité, les sages qui ont orné la terre et les philosophes qui l'ont éclairée de leurs écrits.... Dans un songe enchanteur, je me flattais d'embrasser l'ombre de Fénélon et je me voyais pasteur de ces bocages, et immortel comme ceux que je révérais. »

L'Auteur est aussi l'historien de son canton, il tient note des jours heureux et malheureux; il en est de plus l'ange tutélaire et le conciliateur, il préside aux assemblées du hameau, et décrit le vieux tilleul sous lequel les anciens tiennent leurs assemblées, fixent le jour des moissons, et donnent le signal des vendanges. Enfin, il termine par un entretien philosophique dans lequel, à l'exemple du bon vicaire Savoyard, il épanche les sentimens de son cœur et fait sa profession de foi, profession qui n'est en elle-même que l'espoir de l'homme juste.

Le Hameau de l'Agnelas est suivi de plusieurs pièces de différens genres ; les unes sont de petits tableaux champêtres où l'on trouve des détails naifs et gracieux, des leçons de bienfaisance et d'humanité, quelquefois des idées bizarres et mal assorties, mais une manière toujours ori

ginale. Voici quelques traits de celle que l'Auteur intitule toiseleur, et qu'il qualifie d'idylle.

Être malfaisant, tu dévastes les campagnes, sans remords; tu foules aux pieds les récoltes du paisible laboureur; tu dépeuples les bocages de leurs habitans; tu éteins l'allégresse; tu portes dans ton ardeur furieuse la mort et l'épouvante dans les retraites les plus cachées..... Vas te plaindre à présent au ciel, que les insectes dévorent tes ognons et mangent les pêches de tes espalliers ; allume ton cierge béni, répands l'eau lustrale... Insensé, tu es puni par où tu as péché ; c'est la leçon vivanté de la nature. »

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Apprends de ton expérience et de ton malheur, que tu dois partager ta subsistance avec les bêtes; que c'est à toi d'ensemencer et de planter pour elles ; que la terre en friche était leur ancien domaine et leur antique patrimoine; et que toi seul as tout usurpé sur les animaux...

> Chasseur obstiné!.... Dresse tes gluaux ; place sur l'arbre fatal l'oiseau de nuit; qu'il appelle en foule tous ceux du jour. Cache-toi dans l'épaisseur du feuillage comme l'assassin. Infâme bourreau! achève le carnage, tord le cou à toutes ces faibles créatures, dont les yeux tournés au ciel se ferment en mourant. »

« Scélérat! que la foudre t'écrâse en ce moment 1 » Les autres pièces qui composent ce recueil, sont des scènes domestiques, des caractères, des soliloques, etc., qui, pour la plupart, se distinguent par une touche philosophique. Nous citerous celle qui a pour titre Le silence.

«

J'adopte cette école de l'antiquité dans laquelle lés disciples gardaient le silence. J'aime la statue qui le représentait, tenant un doigt sur la bouche. On ne se repent jamais de ce qu'on n'a pas dit, nous apprend un ancien. Fais attention à tes paroles, homme indiscret ; comme la flèche traversant l'espace, elles peuvent donner la mort. A quoi aboutissent les longs discours? ils fatiguent, si toutefois ils n'égarent pas. Je préfère le laconisme et la briéveté du Spartiate.

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