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venu avec le consul, s'en chargea. Il dirigea les chaloupes sur la plage du Marabou, où elles débarquèrent heureusement.

La galère sur laquelle étoient Bonaparte et Berthier à la tête de son état-major, éprou voit les plus grandes difficultés et les plus grands dangers à suivre la marche des canots, qu'elle ne tarda ne tarda pas à perdre de vue, à cause de l'obscurité de la nuit; elle ne put approcher de terre qu'à une demi-lieue.

Ils s'embarquèrent tous alors sur des canots; et à une heure du matin, le vainqueur de l'Italie étoit en Afrique, à la plage du Marabou, dans le Désert, à quatre lieues d'Alexandrie. L'armée n'avoit aperçu aucun individu du pays. Bonaparte passa aussitôt la revue. On n'avoit pu débarquer ni artillerie, ni chevaux. Il ordonna aux troupes des divisions Menou, Kleber et Bon, de se mettre en marche sur trois colonnes; la division du général Bon à la droite, celle du général Kleber au centre, et celle du général Menou à la gauche. Le général Regnier eut ordre de garder le point de débarquement, et les bâtimens du convoi reçurent celui d'appareiller à la pointe du jour, pour venir mouiller Tome IV.

C

dans la rade du Marabou. Les convois et les bâtimens de guerre devoient employer tous les moyens possibles pour débarquer le reste des divisions.

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Il étoit environ deux heures et demie du matin, lorsque le corps d'armée se mit en mouvement. Bonaparte marchoit à pied avec les tirailleurs de l'avant-garde, accompagné de son état major, du général Dumas commandant la cavalerie, des généraux Dammartin et Casarelly, commandant l'ar-· tillerie et le génie. Le général Casarelly prouvoit que rien n'est impossible aux français. Ce brave officier suivoit avec sa jambe de bois, le général en chef dans les sables, qui excédoient tout le monde de fatigues.

Lorsque l'armée ne fut plus qu'à une demi-lieue d'Alexandrie, on aperçut environ trois cents hommes de cavalerie, arabes ou mamelouks, qui abandonnèrent les monticules de la ville, et prirent la route du Caire.

Le général Menou, avec les troupes de sa division, cheminoit sur les petites dunes de sable, le long de la mer, à l'ouest de l'enceinte dite de la ville des arabes. La division du

général Kleber étoit dirigée sur la porte de cette enceinte, qui conduit à la colonne (1) de Pompée. Le général Bon, avec ses troupes, tournoit sur l'est de la ville, vers la porte de Rosette. Toutes les divisions s'arrêtèrent à la portée du fusil, et elles attendirent de nouveaux ordres.

Bonaparte se porte rapidement à la célèbre colonne de Pompée, et détache plusieurs officiers pour reconnoître l'enceinte de la ville des arabes, qui couvre la nouvelle ville d'Alexandrie. Toutes les brèches de ces anciens murs paroissoient avoir été réparées : l'enceinte, ainsi que les tours qui la flanquent, étoient occupées par le peuple d'Alexandrie en armes, que les hurlemens de leurs chefs, de leurs femmes et de leurs enfans, excitoient au combat. Il étoit parti de l'enceinte quelques coups de canon, qui annonçoient deux ou trois mauvaises pièces. (2)

(1) Cette colonne est mal nominée. On devroit désormais l'appeler colonne de Sevère), puisque Savary a prouvé qu'elle appartient à cet empereur.

(2) Aussi lit- on dans Volney, en parlant du phare d'Alexandrie, qu'il n'y a pas quatre canons en état.

Bonaparte desiroit parlementer, et éviter un assaut et ses suites. Il ne put se faire écouter; il fallut se décider à attaquer ceux qu'on auroit voulu avoir pour amis : il avoit jugé l'enceinte susceptible d'être escaladée. D'ailleurs, n'ayant point d'artillerie, il ne restoit que ce moyen pour s'emparer de la place. En conséquence, il fit battre la charge; et les trois divisions attaquèrent en même tems, et escaladèrent les remparts.

Les habitans qui les bordoient, faisoient un feu assez vif, mais qui devenoit nul, du moment que les troupes étoient au pied des murailles. Il fut remplacé par une grêle de pierres. Enfin par les traits de courage qui ont si souvent caractérisé les armées françaises, les généraux et les troupes trouvèrent presque en même tems les moyens d'être au haut des murs. Tout ce qui étoit derrière prit la fuite; mais ceux qui étoient dans les tours, quoique abandonnés de leurs camarades, ne cessèrent d'employer le reste de leurs munitions à tirer sur les assaillans. Ce peuple se battoit avec le désespoir du fanatisme.

Le général en chef envoya alors chercher

le capitaine d'un vaisseau de guerre turc, qui étoit dans le port, et lui fit connoître ses intentions et les dispositions de l'armée. Il envoya aussi plusieurs officiers pour parler aux principaux habitans de la ville. Les imans, les cheiks, le schérif (1), vinrent audevant du général, comme amis, en l'assurant qu'ils avoient été trompés sur l'intention des français. Avant la fin de la journée tout fut calme, et les républicains se trouvèrent entièrement maîtres de la ville, du fort et des deux ports d'Alexandrie. Le désarmement s'effectua aussitôt sans résistance; et le vainqueur ne signala son triomphe que par des actes de clémence et de bonté.

C'est ici le cas de dire un mot de la moderne Alexandrie, et des ruines de l'ancienne.

Le voyageur qui, ne connoissant que les villes, les mœurs et les usages des européens, débarque pour la première fois en Egypte, est saisi aussitôt d'un sentiment qu'il ne peut d'abord démêler. Nous ne pouvons mieux

(1) Iman, prêtre desservant les mosquées. Cheik, qui signifie vieillard, se prend ici pour docteur de la loi. Scherif, littéralement, prince descendant de Mahomet, est employ ici pour commandant.

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