Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

portoit dans les maisons habitées par les français. Celle du général Cafarelli, chez qui l'on avoit déposé depuis quelques jours tous les instrumens de physique, fut entièrement pillée, sa garde et ses gens égorgés. Heureusement il n'étoit pas chez lui.

Le 2 brumaire, il y eut encore quelques ressentimens de la veille; mais le soir tout fut calme. On évalua la perte des séditieux à deux ou trois mille, et celle des français à deux cents hommes tués, parmi lesquels on compta l'aide-de-camp Sulkowski et plusieurs ingénieurs des ponts-et-chaussées.

Dans cette affaire, les grecs domiciliés au Caire, donnèrent les plus grandes preuves de courage et de leur attachement pour les français. Un d'eux, nommé Barthelemi, se distingua particulièrement, et reçut de Bonaparte des marques de bienveillance. Ils ne se bornèrent pas à défendre notre cause, ils déclarèrent encore ceux qui, ayant pris les armes, avoient échappé par la fuite. Ils firent un grand nombre de prisonniers; et tout ce qui fut reconnu coupable ne put éviter la

mort.

On présumoit à juste titre, que les chefs

Tome IV.

H

de la religion étoient de concert avec les mamelouks, les instigateurs de la révolte. On en fut convaincu par des preuves non équivoques, et on s'assura de quelques-uns. Dans les recherches qu'on fit, on trouva plusieurs mamelouks cachés dans des maisons de turcs. Tous ceux qu'on découvrit furent arrêtés et punis, en conséquence d'un arrêté du général en chef, antérieur à cette époque.

Tous les obstacles semblent déja avoir été vaincus par l'armée française, qui a été jusqu'au Caire. Il ont disparu devant cet esprit d'audace et de célérité, qui a si peu d'exemples dans l'histoire. Il a fallu cependant livrer encore de nouveaux combats, dont le succès est dû aussi à ce même génie, aussi actif qu'entreprenant, qui caractérise Bonaparte.

Tels ont été les glorieux évènemens de l'an 6 en Egypte. Bonaparte se transporta par le Désert dans la Syrie, et y forma le siège de Saint-Jean-d'Acre. L'amiral anglais Smith vola au secours de cette place. Il ne put empêcher Bonaparte de réduire la ville en cendres, et il se fût emparé du château s'il n'eût été instruit par les prisonniers et les

déserteurs, que la peste régnoit d'une manière effrayante dans Saint-Jean-d'Acre (1). Ce motif, et l'approche de la saison des débarquemens à Alexandrie en Egypte, le décidèrent à quitter la Syrie. Le débarquement a effectivement eu lieu le 23 messidor an 7, dit Bonaparte, dont nous transcrivons ici la lettre par lui adressée au directoire, du quartier général d'Alexandrie, sous la date du 10 thermidor an 7. Cent voiles, dont plusieurs de guerre, se présentèrent devant Alexandrie, et mouillèrent à Alboukir. Le 27, l'ennemi débarque, prend d'assaut, et avec une intrépidité singulière, la redoute et le fort d'Alboukir, met à terre son artillérie de campagne, est renforcé par cinquante

(1) C'est à tort qu'on a prodigué à Londres toutes sortes d'honneurs à Sidney Smith, comme ayant arrêté à SaintJean-d'Acre la fortune de Bonaparte.

On verra ci-après que Bonaparte est arrivé en France presqu'en même tems que ses dépêches. Il se décida à partir d'après la première nouvelle qu'il reçut de nos revers en Italie. Il versa sur cette belle contrée des larmes bien plus généreuses encore que celles qu'Alexandre répandoit au souvenir des exploits d'Achille. Celles-ci étoient des larmes ambitieuses. Les pleurs de Bonaparte sur l'Italie et le sort des républicains de ce pays, étoient des pleurs d'un ami de l'humanité et de la

liberté.

voiles. Il prend position, sa droite appuyée à la mer, sa gauche au lac Maadié, sur de très-belles collines.

le

« Je pars de mon camp des Pyramides,

27. J'arrive le premier thermidor à Rhamanié. Je marche sur Birkat, qui devient le centre de mes opérations, d'où je me porte en présence de l'ennemi, le 7 thermidor, à six heures du matin.

« Le général Murat commande l'avantgarde. Il fait attaquer la droite de l'ennemi par le général d'Estaing. Le général de division Lasnes attaque la gauche; le général Lanusse soutient l'avant-garde. Une belle plaine de 400 toises séparoit les ailes de l'armée ennemie. La cavalerie y pénètre ; elle se porte avec la plus grande rapidité sur les derrières de la droite et de la gauche. L'une et l'autre se trouvent coupées de la seconde ligne. Les ennemis se jettent à l'eau pour tâcher de gagner les barques, qui étoient à trois quarts de lieue en mer; ils se noient tous spectacle le plus horrible que j'aie vu!

<< Nous attaquons la seconde ligne, qui occupoit une position formidable, un village

crénelé en avant, une redoute au centre, et des retranchemens qui la lioient à la mer. Plus de trente chaloupes canonnières le flanquoient. Le général Murat force le village. Le général Lasnes attaque la gauche, en longeant la mer. Le général Fugières se porte en colonnes serrées sur la droite de l'ennemi. L'attaque et la défense deviennent vives. La cavalerie, décide encore la victoire. Elle charge l'ennemi, se porte rapidement sur le derrière de la droite, et en fait une boucherie horrible. Le chef de bataillon de la 69e, et le citoyen Baylle, capitaine des grenadiers de cette demi-brigade, se sont couverts de gloire. La redoute est prise; et les hussards s'étant encore placés entre le fort d'Alboukir et cette seconde ligne, l'ennemi est obligé de se jeter à l'eau. Poursuivi par notre cavalerie, tout se noya. Nous investissons alors le fort où étoit la réserve renforcée par les fuyards les plus lestes. Ne voulant point perdre de monde, je fais placer six mortiers pour le bombarder. Le rivage où les courans ont porté l'année dernière les cadavres anglais et français, est couvert de cadavres ennemis. On en a déja compté plus de six

[ocr errors]
« ZurückWeiter »