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qu'il parvint à aigrir contre Dioclès. Ce dernier fut exilé; on lui imputa d'avoir mal défendu Himère; mais Hermocrate ne fut pas rappelé. Outré de ce refus, il essaya de s'introduire de force dans Syracuse, et fut tué dans cette entreprise, après avoir pénétré dans la ville. Dioclès revint bientôt après dans sa patrie et continua à y rétablir l'ordre et les lois; celles qu'il proposa furent adoptées par plusieurs villes siciliennes. Une d'elles condamnait à la peine de mort quiconque se présenterait armé dans l'assemblée publique des citoyens. Un jour d'alarme, Dioclès courut vers la place, ceint de son épée; on lui fit remarquer cette infraction aux lois que lui-même avait faites. Il se perça sur-le-champ pour s'en punir.

GUERRE DES CARTHAGINOIS.

AUINE DE SÉLINUNTE.

Le triomphe des Syracusains ne fut pas long-temps sans avoir des suites funestes pour leurs alliés. Les Sélinuntins, n'oubliant pas que les habitants de Ségeste avaient appelé les armes d'Athènes en Sicile, leur imposèrent d'abord de rudes conditions qu'il fallut bien accepter; des demandes plus impérieuses succédèrent aux premières. Les Ségestins, tremblant pour leur existence, invoquèrent le secours des Carthaginois comme naguère ils avaient demandé celui des Athéniens. Carthage saisit avec joie cette occasion d'étendre sa puissance en Sicile; elle envoya d'abord quelques secours aux Ségestins, et bientôt Annibal, petit-fils de cet Amilcar qui périt à la bataille d'Himère, débarqua au promontoire de Lilybée et vint mettre le siége devant Sélinunte. Il fut poussé avec ardeur, et, malgré la défense la plus opiniâtre, cette ville, l'une des plus belles de la Sicile, fut emportée le dixième jour du siége. Seize mille habitants furent passés au fil de l'épée, et leurs corps furent mutilés; les femmes, les enfants, emmenés en esclavage, se virent exposés aux plus indignes traitements; les

temples furent pillés et brûlés; deux ou trois mille combattants se sauvèrent à Agrigente. Jamais ruine ne fut plus complete, et les débris accumulés des temples qui décoraient cette cité somptueuse portent encore le caractère d'une destruction violente et instantanée; toutes ces masses immenses semblent avoir été renversées à dessein et dans un ordre régulier. Les tambours des colonnes précipitées dans la même direction sont encore rangés l'un près de l'autre, d'un côté de la base qu'ils occupaient. Il y atrop de symétrie dans ce bouleversement, pour en induire qu'un tremblement de terre, qui procède par oscillations, ait produit un effet tellement uniforme. D'ailleurs Xénophon rapporte qu'Annibal, après avoir épargné d'abord les temples, de peur de perdre les richesses et les trésors qu'ils renfermaient, refusa ensuite, aux députations qui lui furent envoyées à ce sujet, la conservation de ces monuments.

VILLE ET TEMPLES DE SÉLINUNTE.

Une espèce d'ache ou de persil, commune dans cette contrée, et nommée par les Grecs Sélinos, avait donné son nom à cette ville, dès l'époque de sa fondation. Cette petite plante a reconquis son ancien domaine. Elle recouvre aujourd'hui les gigantesques débris des édifices et des constructions qui sans doute l'en avaient bannie. Comme les colombes du mont Éryx, elle a subsisté malgré les siècles et les révolutions.

La prospérité de Sélinunte et son éclat ne furent pas de longue durée; si, comme il est probable, leur plus grand développement dut avoir lieu à l'époque de la bataille d'Himère, les Sélinuntins n'auraient joui que soixante et dix ans de leurs richesses et de leur puissance. Du reste, il y avait deux cent quarante ans que Sélinunte était fondée lorsqu'elle fut détruite. Si l'histoire n'eftace pas surle-champ son nom, il n'en est mention que de loin en loin et à propos

de quelques réunions d'habitants ou de colons qui essaient inutilement d'y former un établissement. Strabon dit que de son temps ce n'était plus qu'un monceau de ruines : c'est encore en

cet état qu'on la trouve aujourd'hui sur une plage déserte, abandonnée et rendue malsaine par le voisinage des terres basses et des marais qui se trouvent à l'embouchure du Belici. Sélinunte formait un vaste fer à cheval autour d'un port qui la séparait en trois parties. Encombrée par les sables de la mer, qui ont aussi recouvert une partie des ruines de la cité, la cavité de ce port se reconnaît facilement entre deux collines couvertes de ruines. Les murs énormes qui soutenaient les quais, les degrés qui descendaient à la mer, subsistent encore dans quelques parties. Les maisons, les édifices publics devaient occuper le fond du port et la colline à droite en regardant vers le midi. La partie gauche, entourée aussi de fortes murailles, était consacrée aux principaux temples. On en reconnaît trois, dont le plus grand, celui de Jupiter Olympien, paraît avoir été un monument gigantesque. En approchant du plus grand temple, dit un savant et illustre voyageur français, Denon (pl. 9), « on « croit voir l'ouvrage des géants; on « se trouve si petit auprès des plus « petits détails, qu'on ne peut croire « que ce soient des hommes qui aient préparé et mis en place ces masses « énormes que l'oeil même a de la peine à mesurer; chaque colonne est « une tour, chaque chapiteau un ro«cher.» Les tambours des colonnes ont plus de dix pieds de diamètre, et une portion d'architrave encore entière a 24 pieds de longueur d'un seul morceau. Il y avait huit colonnes à chaque face et seize sur la longueur. Le temple était périptère, c'est-à-dire. à doubles rangs de colonnes au pronaos et au posticuin. Dans l'intérieur, on retrouve les traces d'un ordre dorique plus petit, qui sans doute le partageait en plusieurs nefs. Les colonnes sont cannelées, et un homme est à l'aise dans ces renfoncements. Plu

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sieurs tambours sont unis d'où l'on peut conclure que ce gigantesque édifice n'a pas été entièrement achevé. D'ailleurs, à une lieue environ, dans la plaine de Campo-Bello, on reconnaît les carrières où s'élaboraient les matériaux de ce vaste édifice on y voit encore une quantité de fûts de colonnes plus ou moins avancés, et tous conformes pour la mesure à ceux du grand temple. Quelques tambours sont à peine dégrossis dans la roche vive; d'autres sont près d'en être détachés; quelques autres ont été déja transportés hors de la carrière, et on se demande comment de pareilles masses pouvaient être ainsi mobilisées; il semble, après tant de siècles, que l'ouvrage vient d'être interrompu. Personne n'a pensé depuis à remuer ces matériaux énormes. D'autres temples se remarquent encore au milieu des débris qui couvrent les autres quartiers de Sélinunte : on voit des colonnes jusque dans les flots de la mer. Tant de magnificence n'a pas sauvé de l'oubli le nom de cette superbe ville; tous ces débris ne sont connus dans la contrée que sous celui de Piliers des Géants, et l'emplacement s'appelle Terra de Pulci, Terre des Puces. Des antiquaires, indignés de cet avilissement, ont essayé de trouver dans cette expression la corruption du titre plus noble de Terre de Pollux, dont le culte était en honneur en Sicile.

On a de belles médailles de Sélinunte entre autres, Hercule combattant un taureau. Revers, un sacrifice.

Une femme nourrissant un serpent. -Revers, des feuilles de persil. Une tête de Jupiter. -Revers, un porc.

Un jeune homme sacrifiant. Revers, un char et deux jeunes hommes.

DESTRUCTION D'HIMÈRE,

409 ans av. J.-C.

Annibal, en détruisant Sélinunte, avait vengé l'injure de Carthage; une haine personnelle l'animait contre Himère. C'était sous les murs de cette

ville qu'Amilcar, son grand-père, avait été surpris et égorgé dans son camp, et que son armée avait été taillée en pièces ou faite prisonnière par Gélon. A peine Sélinunte eut-elle succombé, que le général carthaginois, traversant la Sicile, parut devant Himère avec des forces supérieures, et l'attaqua avec vigueur. Diocles et les Syracusains firent quelques faibles efforts pour la secourir, et en abandonnèrent bientôt la défense. Après plusieurs combats sanglants, Himère succomba; les habitants furent passés au fil de l'épée, et la ville fut réduite en cendres. Annibal avait fait mettre en réserve trois mille prisonniers, qu'il fit égorger impitoyablement à la place même où son grand-père avait été tué. Une nouvelle ville s'éleva dans la suite à quelque distance des ruines d'Himère, près des eaux thermales, d'où elle prit le nom de Thermæ himerenses. Elle devint florissante sous la domination romaine. C'est aujourd'hui Termini, ville assez peuplée, située dans un golfe riant et pittoresque, à l'est de celui de Palerme. (Pl. 10.)

SIÉGE ET PRISE D'AGRIGENTE.

La destruction de Sélinunte et d'Himère, et la barbarie avec laquelle ces deux villes furent traitées, répandirent la terreur dans toute la Sicile, et le retour d'Annibal à Carthage ne calma pas ces justes craintes, car on apprit bientôt qu'il y faisait d'immenses préparatifs destinés à la conquête entière de l'île. Syracuse s'alarma, chercha des alliés, demanda des secours jusque dans la Grèce, et enfin équipa une flotte nombreuse pour s'opposer à la nouvelle descente qu'allaient faire les Carthaginois. Leur armée était formidable; Annibal, que son grand âge rendait moins actif, ne voulut pas la commander seul, et s'adjoignit Imilcon. La guerre commença sur mer. La flotte de Syracuse battit d'abord celle des Carthaginois; mais ceux-ci ayant reçu des renforts d'Afrique, les Syracusains craignirent de dégarnir leur capitale et rentrèrent dans leurs ports.

Rien ne s'opposa plus à la descente des Africains, et bientôt la molle et superbe Agrigente vit avec effroi leur armée se développer sous ses murs. La population des campagnes s'y était enfermée, et y avait conduit ses denrées, ses troupeaux, ses richesses. Jamais l'opulence, l'amour des arts et des jouissances, n'avaient porté à un plus haut degré la splendeur d'une cité Cependant, rassurés par leur nombre, les Agrigentins repoussèrent les premières attaques avec vigueur; Géla et d'autres villes envoyèrent des secours; une armée syracusaine défit une partie de l'armée carthaginoise près des ruines d'Himère. Mais les Agrigentins ne tirèrent aucun parti de ces premiers succès; la discorde se mit parmi eux. Ils accusèrent leurs généraux de trahison et en massacrèrent

plusieurs. Cependant la famine ravageait le camp des assiégeants, et la ville elle-même en était menacée; un convoi considérable, envoyé par mer par les Syracusains, fut enlevé par les vaisseaux d'Annibal. Privés de cette dernière ressource, les assiégés, désespérant de résister à des attaques qui duraient depuis huit mois, et vaincus par la faim, se décidèrent à abandonner une patrie qui ne pouvait plus être que leur tombeau. Toute la population sortit en silence avec l'armée, et se réfugia à Géla d'abord, ensuite à Léontium, à Syracuse, et jusqu'en Italie. Tout ce qui ne put ou ne voulut pas quitter cette malheureuse ville fut massacré; le pillage fut immense; les temples furent brûlés, les murs renversés. Mais Imilcon conserva la ville pour faire reposer ses troupes. Annibal était mort de la peste pendant la durée du siége.

DENYS.

Au milieu des calamités qui semblaient annoncer la destruction de la Sicile, un homme ambitieux profitait de ces déplorables circonstances pour mener à leur but ses vastes projets. Il irritait le peuple de Syracuse contre ses magistrats, leur imputait les re

vers de la patrie, proposait de lever des troupes étrangères, de rappeler les bannis, sur le secours et le dévouement desquels il comptait pour l'aider dans ses desseins. Les Syracusains crurent trouver dans Denys le libérateur qui pouvait seul conjurer l'orage qui les menaçait; ils lui sacrifièrent les premiers magistrats de la république, opposés à ses vues ambitieuses; lui ouvrirent le trésor public, i accordèrent des gardes, comme si ses jours étaient menacés, et s'aperçurent trop tard qu'ils s'étaient donné un maître. Pour s'assurer des appuis parmi les Syracusains, il épousa la fille d'Hermocrate, dont nous avons parlé, et dont la famille, même après l'exil et la mort de son chef, était toute-puissante dans Syracuse.

Sur ces entrefaites, les Carthaginois avaient ouvert une nouvelle campagne, et assiégeaient Géla. Denys sortit à la tête d'une armée de trente à quarante mille hommes; mais il ne s'en servit que pour escorter les assiégés, auxquels conseilla d'abandonner leur ville, et qu'il traîna à sa suite dans l'état le plus misérable, pour les répartir dans les villes de Syracuse et de Léontium. Camarina éprouva le même sort. A ces tristes nouvelles, l'indignation fut à son comble dans Syracuse; une violente sédition éclata contre le tyran; sa femme fut livrée aux plus cruels outrages et se tua de désespoir. D'un autre côté, une partie de l'armée de Denys l'abandonna. Mais le plus grand nombre des soldats étrangers lui étant restés fidèles, il entra à leur tête dans l'île d'Ortygie, le quartier le plus fort de la capitale, s'y renferma comme dans une citadelle, et de là exerça ses vengeances et dicta ses lois. Il eut encore l'habileté d'acheter la paix des Carthaginois, en leur abandonnant les deux tiers de la Sicile, à condition qu'ils le reconnaîtraient comme roi de Syraeuse et des villes voisines.

A peine délivré de ces adversaires redoutables, Denys ne songea plus qu'à rendre indestructible le joug qu'il venait d'imposer à ses concitoyens, et à y rattacher les villes encore indé

pendantes de la Sicile. Mais il fallut rassembler des troupes pour attaquer ces dernières; et les Syracusains eurent à peine les armes à la main, qu'ils voulurent les tourner contre le tyran. Denys, qui assiégeait Herbesse, n'eut que le temps de se réfugier de nouveau dans l'île d'Ortygie, en abandonnant le reste de la ville aux mutins, qui l'enfermèrent si étroitement, que sa perte paraissait assurée. Déja Denys faisait des offres de capitulation, tout en s'assurant secrètement les secours de divers corps étrangers, et entre autres des Campaniens, cantonnés cà et là dans l'intérieur de la Sicile. Ils entrèrent tout à coup dans Syracuse. Denys fit une sortie au même instant et reprit l'offensive. Les assiégeants furent complétement défaits. Denys usa de la victoire avec assez de modération. Il congédia les Campaniens, qui, en se retirant, s'emparèrent de la ville d'Entelle, en massacrèrent les habitants, et s'y établirent à leur place.

Cependant ces complots sans cesse renaissants avertissaient Denys que ses rigueurs, son adresse, ses immenses précautions, les murs redoutables dont il entourait les divers quartiers de Syracuse, les difficultés sans nombre qu'on trouvait à pénétrer jusqu'à lui, fes appartements retirés, les portes secrètes, ne le mettaient pas à l'abri de la haine des peuples et des complots de ses ennemis. Il espéra donner une autre impulsion à l'esprit public, en l'occupant de conquêtes multipliées, et surtout d'une guerre active contre les Carthaginois, ces vieux et cruels ennemis de la Sicile. Tandis qu'il s'occupait des préparatifs nécessaires à l'accomplissement de ces grands desseins, deux circonstances particulières purent contribuer à tempérer la violence de son caractère et à lui ramener l'attachement des Syracusains. Sa première femme s'était tuée à la suite des outrages qu'elle avait éprouvés dans la première révolte de Syracuse; il en épousa de nouveau deux à la fois, et, chose singulière, il les traita avec une égale tendresse,

et les maintint dans unê union parfaite. L'une était Doris, fille d'un riche habitant de Locres; l'autre, Aristomaque, fille d'Hipparinus, un des plus notables Syracusains, et sœur de Dion, jeune homme d'un mérite éminent, d'une brillante réputation, formé à l'école et par les leçons de Platon. Denys parut céder d'abord à l'ascendant de ce beau caractère; et Platon lui-même s'étant rendu en Sicile pour étudier les merveilles de l'Etna, Dion conçut l'idée de changer le cœur du tyran à l'aide des préceptes et des exemples du philosophe. Mais ce dernier ne sut pas troquer son manteau contre celui d'un courtisan, et la sévérité de ses remontrances excita la violence et l'indignation de Denys, qui, sans respect pour une si grande renommée, fit embarquer Platon, ordonna qu'on le vendît comme esclave dans l'île d'Egine, où il fut promptement racheté, et renvoyé à Athènes. Cet exemple fit penser à Dion qu'il serait difficile de réprimer entièrement les violences de son beau-frère. Quelquefois cependant il se piquait de générosité envers ceux qui provoquaient sa colère; mais, en général, les victimes de ses soupçons, de son avarice et de sa violence, furent nombreuses, et les latomies, qui ne s'étaient ouvertes d'abord que pour les prisonniers que le sort des combats avait livrés aux Syracusains, reçurent sous son règne une foule de citoyens distingués par leurs richesses, par leurs talents, par la fermeté de leur caractère.

LATOMIES.

C'était sous ce nom qu'étaient désignées d'immenses cavités en forme de tranchées, creusées et taillées à pic dans la roche calcaire, jusqu'à la profondeur de 100 à 150 pieds, au sein des collines qui s'élèvent près de la Syracuse moderne et à l'extrémité des principaux quartiers de la ville antique. Il n'est pas douteux qu'elles n'aient été de vastes carrières qui concoururent à la construction des monuments, des murs et des habitations d'une ville

immense on les croit postérieures aux catacombes qui s'enfoncent sous le sol de l'Achradine, et qui égalent en grandeur celles de l'Italie. Ces catacombes durent être consacrées de bonne heure, suivant l'usage des Égyptiens, aux sépultures des citoyens ; devenues sacrées par cette religieuse destination, elles servaient aussi à des initiations à des cérémonies mystérieuses. Le génie des anciens, en arrachant aux entrailles de la terre les matériaux que réclamaient le luxe, les arts et les besoins de la population, imprimaient une décoration noble, simple et frappante, à ces vides souterrains. Les tranchées ouvertes à ciel ouvert n'excitaient pas de si solennelles pensées, et l'ingénieuse cruauté d'un vainqueur irrité ou d'un tyran soupçonneux destina les latomies de Syracuse, d'abord à la prison des vaincus, bientôt à la punition des criminels, et trop souvent aux besoins de la vengeance et de la haine.

Philoxène, dont les poésies faisaient les délices des Siciliens, excita la jalousie de Denys comme poète et comme amant; il trouva mauvais les vers du tyran, plut à sa maîtresse, et fut envoyé aux latomies. L'une d'elles a gardé son nom.

Cette destination des latomies se prolongea long-temps. Cicéron reproche à Verrès d'y avoir entassé de nombreuses victinies. Des aqueducs amenaient l'eau nécessaire aux besoins des prisonniers. Plusieurs y avaient passé leur vie entière. Élien rapporte que leurs enfants, ayant eu la permission d'en sortir, avaient été dans la stupeur de voir une ville, et s'étaient enfuis avec effroi en rencontrant des chevaux.

Comme les catacombes, ces immenses cavités ont bravé le cours des siècles; mais elles n'inspirent plus la crainte, ni l'horreur. L'une d'elles, dominée par un couvent de capucins dont elle forme le singulier jardin, a dû sa transformation au temps et à la longue patience des pieux et paisibles cénobites qui, pendant le cours des

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