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remplies d'une neige durcie. Ce triste aspect, la violence du vent, les sourdes détonations du volcan, semblent augmenter encore la difficulté du chemin. La respiration devient difficile et fréquente; c'est en s'aidant des pieds et des mains et des bâtons ferrés, qu'on arrive au sommet de cette pente; là se trouve une plate-forme toute hérissée de quartiers de laves et de blocs glacés, de neiges et d'éjections volcaniques. Elle entoure de trois côtés seulement le dernier cône de l'Etna, dit la région du feu. Cette plaine effrayante se nomme, on ne sait pourquoi, la Piana del Frumento; jamais nom ne fut moins approprié. On croit que cette vaste et horrible enceinte formait, dans des siècles reculés, l'immense cratère du volcan d'où se sont échappées ses plus terribles éruptions.

En arrivant sur cette terre de deuil et de désolation, on éprouve une vive surprise d'y rencontrer une petite maison, construite exprès pour servir d'abri aux voyageurs, aux naturalistes et aux savants qui veulent faire et consigner leurs observations sur les phénomènes divers du volcan.

C'est à la philanthropie d'un des plus estimables habitants de Nicolosi que cet asile est dû; il n'a cessé de prodiguer aux étrangers ses conseils et ses secours, avec la bienveillance la plus généreuse. La maison conservera longtemps le nom de Gemellaro. On l'appelle aussi la maison des Anglais, parce qu'ils l'ont augmentée pendant leur séjour en Sicile.

A peu de distance, on aperçoit, sur le même plateau, quelques assises des murs antiques d'un bâtiment carré. Cette ruine s'appelle vulgairement la Tour du philosophe. Une tradition, passée de génération en génération, mais sans aucun caractère d'authenticité ni de probabilité historique, rapporte qu'Empédocle avait fait construire là son observatoire, pour y étudier les phénomènes du volcan. Il n'est pas plus certain que le philosophe d'Agrigente se soit précipité volontairement dans le cratère,

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et personne ne croira qu'une explosion de scories et de laves ait rejeté son cothurne. Les antiquaires, sans être d'accord entre eux, ont donné une autre origine à ces débris. Les uns veulent y reconnaître le temple redoutable de Vulcain, dont les pervers et les homicides ne pouvaient approcher sans s'exposer à être dévorés par les chiens nourris dans le sanctuaire, où des prêtres entretenaient un feu perpétuel et sacré. D'autres assurent que ce bâtiment fut construit tout exprès pour recevoir l'empereur Adrien lorsqu'il monta sur l'Etna, pour y admirer le lever du soleil. Au reste, ces débris informes attirent bien peu l'attention, auprès du spectacle qui s'offre de ce point aux yeux du voyageur, et qui le pénètre de crainte et d'étonnement. Au bout de la Piana del Frumento, commence le dernier cône de l'Etna, pente noire et rapide sur laquelle roulent à tout moment les scories, les pierres ponces, les cendres rejetées par le volcan. Ces éjections continuelles salissent et recouvrent des parties de neige qui subsistent encore sur ce terrain agité et brûlant. Des nuages en flocons, composés de gaz et de vapeurs lourdes et méphitiques, glissent aussi sur cette déclivité. On évalue à 1300 pieds la hauteur de la couronne de l'Etna, et sa base à environ deux lieues de tour. Il faut près de deux heures pour arriver au sommet et à l'orle du cratère; et ce n'est qu'avec une extrême fatigue et un courage éprouvé qu'on parvient à surmonter les obstacles que présente cette ascension. L'impossibilité de prendre pied sur un sol mobile où souvent on enfonce jusqu'à mi-jambe, où quelquefois on glisse sur des parties plus solides et humectées par les vapeurs qui viennent d'y passer, la rencontre de ces nuages suffocants, le défaut de respiration causé par la raréfaction de l'air, la terreur secrète qu'inspirent les détonations et les explosions intérieures du cratère, le vent violent qui ajoute encore à la fatigue et au découragement, ont arrêté plus d'un voyageur dans cette entreprise péril

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leuse. On la tente ordinairement vers la gauche, quoique le mont soit plus élevé de ce côté, mais la pente est plus unie, et dans la partie où le bord du cratère s'abaisse sensiblement vers la vallée du Bœuf, les rochers, les ressauts, les éboulements le rendent inaccessible. On consulte aussi la direction du vent, afin d'éviter en montant la rencontre dangereuse des nuages méphitiques et la pluie de cendres et de scories. Enfin on arrive à cette sommité si ardue, et là, le spectacle le plus extraordinaire se développe devant les yeux. Le cratère n'est pas, comme celui du Vésuve, un entonnoir régulier formé par l'éboulement concentrique des cendres et des scories; ici c'est un gouffre immense, escarpé, irrégulier dans sa forme et dans son circuit, dont l'enceinte, qui peut avoir une lieue de développement, est inégale, déchirée, morcelée par de nombreuses crevasses. Tout est désordre, tout est infernal dans l'intérieur du gouffre: des explosions éclatent de tous côtés; d'épais tourbillons de fumée s'échappent des interstices des rochers; des gerbes de feu sortent de plusieurs petits cratères intérieurs, et retombent dans l'abîme à travers les sinuosités des rochers amoncelés dans un désordre effrayant. Ces accidents, ces monticules intérieurs séparent le gouffre en plusieurs parties et en varient les scènes tumultueuses. L'audace de quelques voyageurs leur a inspiré le désir de contempler de plus près encore ce lieu d'épouvante. De profondes scissures formées dans la paroi du cratère leur ont offert un passage pour pénétrer jusqu'aux éboulements amoncelés sur l'abîme. On peut juger, par le dessin que nous en donnons (pl. 5), pris dans l'intérieur même du cratère, du courage et du sang-froid de l'artiste qui, au milieu des détonations et d'une pluie brûlante de produits volcaniques, a osé retracer ce site infernal. D'autres voyageurs l'ont décrit; leurs relations s'accordent à peu de différences près. Mais il est facile de comprendre que l'état intérieur de ce cratère, toujours incandes

cent, toujours tourmenté, doit changer souvent d'aspect. Les guides se refusent ordinairement à descendre dans l'abîme, et on cite quelques victimes d'une pareille témérité.

Du faîte de ce mont formidable, où l'ame et les yeux viennent de se pénétrer de tant de terreurs, un contraste saisissant et admirable appelle aussi l'attention du voyageur, et le console de ses fatigues et de ses dangers. Nous nous servirons, pour décrire ce spectacle ravissant, de la plume d'un voyageur moderne qui a vu la Sicile en observateur instruit et scrupuleux, et qui l'a décrite avec chaleur et avec goût (*).

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« Enfin l'orient s'est enflammé, et « le soleil a paru sur l'horizon. Jamais il ne fut aussi brillant à ma vue; << dans ce moment il était réellement « pour moi le dieu de l'univers. Son globe de feu se balançait pompeuse« ment en sortant du sein des monts « de la Calabre. Bientôt il s'est mon« tré dans toute sa majesté, et ses « rayons ont éclairé le magnifique ta« bleau offert à mes regards: je dé« couvrais la Sicile entière, dont les << rives triangulaires, développées sur « une étendue de 200 lieues, sem<< blaient toutefois, par un merveil« leux effet d'optique, n'être que la base << de l'Etna: ses vastes ports creusés <«< par la nature, fréquentés par tous « les navigateurs; ses cités opulentes « ornées par le génie des arts, embel«lies par les souvenirs de la gloire; « ses fertiles campagnes, peuplées d'in« nombrables troupeaux, tapissées de moissons, de vergers et de pampres; « les fleuves qui les fécondent, et « quelquefois aussi les dévastent; les « mers d'azur qui baignent ses fortu« nés rivages, et qui tant de fois y « portèrent des héros; les îles Eolien« nes s'élevant du sein des ondes, «< comme des roches de turquoises; « Vulcania, antique demeure d'un dieu « puissant; Stromboli, couronnée de << fumées ondoyantes; les montagnes

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(*) Lettres sur la Sicile, écrites en 1805, par le marquis de Foresta. A Paris, chez Ducollet, libraire, quai des Augustins.

a de la Calabre, toujours vertes sous « un ciel toujours pur; les flots écu« meux du phare de Messine, agités « dans les jours les plus calmes; l'é«cueil de Scylla, si funeste aux nochers

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imprudents; enfin, dans le lointain, « l'île de Malte apparaissait à mes regards comme un petit nuage fixé sur l'horizon. Quel magique tableau! quel merveilleux spectacle! Mais il « est peu fait pour nos débiles orga« nes, moins encore pour notre orgueilleuse imagination: la mienne, « Oubliant presque sa nature, s'est « comme élancée vers cet olympe dont « elle était si proche: un instant elle « a osé se croire parmi les dieux, car « l'univers était à mes pieds, et je «< n'en voyais que ce qu'il y a de grand; « tous les petits objets se perdaient << dans l'immensité. C'est ici que le philosophe devrait venir élever ses pensées! sur ce grand trépied, le poète se sentirait inspiré d'un su«blime délire! >>

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Au moment du lever du soleil, l'ombre projetée par l'Etna produit un effet fort extraordinaire, et dont plusieurs voyageurs ont été témoins: la moitié de la Sicile, les mers qui l'entourent sont embrasées des feux du jour, et l'autre moitié, sous l'ombre du gigantesque volcan, semble plongée dans une nuit profonde.

On peut aussi, de la cime du mont, compter avec surprise les nombreux monticules qui surgissent sur ses flancs et qui attestent les éruptions terribles des matières volcaniques. Plusieurs ont été le produit d'une seule éruption; en effet, on compte plus de cent de ces cratères éteints, et. les traditions historiques, assez incomplètes au reste sur ce point, ne font mention que d'environ soixante éruptions, parmi lesquelles onze seulement précèdent l'ère chrétienne. Ces terribles phénomènes sont consignés dans beaucoup d'ouvrages consacrés aux sciences naturelles; car, sous ce rapport, l'Etna est une mine inépuisable d'observations et de systèmes pour les physiciens, les géologues, les botanistes et les minéralogistes. Dolomieu, Spal

lanzzani, Ferrara, Maravigna, etc., et une foule d'autres savants ont publié à ce sujet des mémoires et des dissertations remplies de faits curieux et de remarques intéressantes.

Une autre route au nord-est du mont conduit du bourg de Lingua-Grossa au sommet de l'Etna; c'est sur cette route que se rencontrent ces vieux et monstrueux châtaigniers, dont tous les voyageurs ont parlé, et qu'on a désignés sous les noms des Cent chevaux, des Sept frères, du Roi et du Vaisseau; étonnants de vétusté, de grosseur, et on pourrait dire de caducité, ils n'offrent d'ailleurs rien de bien intéressant à étudier pour le peintre, ni pour le naturaliste.

Les Siciliens modernes ont conservé à l'Etna le nom de Ghibello, qui vient des Arabes, et dont on a fait le mont Ghibel. Ce mot Ghibel signifie montagne en arabe. C'était pour ces peuples le mont par excellence, et sans autre dénomination.

ROUTES ET CHEMINS.

Il y a peu d'années, les communications n'étaient ni faciles, ni sûres, entre les divers cantons de la Sicile. Il partait, à la vérité, de Palerme quelques grands chemins qui se dirigeaient vers les principales villes de l'ile; mais ces routes s'arrêtaient à douze ou quinze lieues de la capitale, et n'étaient pas terminées. Plus loin, des sentiers mal tracés, souvent même des ruisseaux, ou des torrents desséchés, étaient les seules voies; encore fallait-il les parcourir, soit en litière, soit à dos de mulets. Depuis longtemps des projets d'amélioration étaient annoncés, et des impôts étaient perçus pour leur exécution; enfin, depuis la paix, une grande partie de ces routes ont été achevées, et on voyage aujourd'hui en Sicile aussi facilement que dans plusieurs parties de l'Italie. Les voies siciliennes, dans l'antiquité, ne le cédaient pas à celles de l'Italie, l'Itinéraire d'Antonin en fait mention et cite entre autres les voies Valeria, Helorina, etc.

CÔTES ET PORTS.

Une étendue de côtes que Cluvier évalue à six cents milles, sous un ciel si favorable, supposerait une population adonnée à la marine, une puissance navale active et redoutable, un commerce d'échange très-florissant. Tel fut souvent le spectale qu'offrit la Sicile, aux beaux jours de la Grèce, pendant l'occupation des Carthaginois, sous la domination des Romains, au temps des croisades, et sous les rois de la maison d'Aragon. Aujourd'hui, ces beaux ports sont déserts, ces côtes voient rarement des voiles animer les flots qui les baignent; ces rades ne reçoivent pas de navires dans leur enceinte tutélaire, et le Sicilien regarde avec indifférence la lame qui se brise à ses pieds. Rien n'est plus beau, plus vaste, plus sûr que le port de Messine, formé par une jetée naturelle et recourbée qui le sépare du détroit. Les anciens appelaient ce môle la Faulx. Ce fut de lui que Messine tira son premier nom de Zanclée; c'est aujourd'hui le Bras de Saint-Rainier. Le port de Messine est, de tous ceux de Sicile, celui où le commerce et le mouvement maritimes ont conservé encore quelque activité.

C'est dans le détroit, en dehors de la jetée dont nous venons de parler, et à peu de distance de l'ouverture du port, que se trouve le gouffre de Charybde, si célèbre, si redouté dans l'antiquité, et dont les dangers sont facilement évités, et souvent même bravés par les marins modernes. Scylla, non moins fameuse que Charybde, est un rocher situé en Calabre, de l'autre côté du détroit; au bas, sont quelques brisants et des grottes dans lesquelles la mer s'enfonce écumeuse et mugissante. La pêche du corail se fait dans les eaux de Messine, depuis l'entrée du port jusqu'aux bouches du phare. Les Siciliens regardent comme une chose merveilleuse un phénomène assez commun qui se présente fréquemment à la vue de Messine, lorsque le soleil se lève par un temps brumeux: c'est un mirage qui semble faire ap

paraître dans les airs des objets fantastiques. Cet effet est connu en Sicile sous le nom de la fée Morgane.

Catane (pl. 6), au fond d'un beau golfe, eut autrefois un port assez vaste. Une épouvantable coulée de lave, après avoir détruit la moitié de la ville, s'avança au milieu du port, le réduisit à un espace très-rétréci, et forma un môle indestructible et d'une élévation extraordinaire. La mer, arrêtée par cet obstacle, en bat la masse avec fureur, et y occasionne des brisants et des remous qui rendent la passe incommode. Plus au midi, se trouve le port d'Augusta, assez mal défendu par un fort construit sur un rocher; l'entrée en est trop large et trop découverte elle serait facile à forcer. Il ne reste plus rien de la magnificence des ports de Syracuse, si célèbres dans l'histoire grecque et sicilienne. Le grand port, que sillonnèrent tant de flottes puissantes, où se livra ce terrible combat naval si fatal aux Athéniens, n'est plus qu'une rade dont l'ouverture s'est envasée, et laisse à peine un étroit passage aux grands vaisseaux. L'œil y cherche en vain des traces des neocosi, ces darses immenses qui pouvaient, disent les historiens, abriter trois cents galères. Le port de marbre, ou le petit port, est encore aujourd'hui le plus commode et le plus fréquenté; mais il n'est plus entouré de ces beaux édifices qui lui donnèrent son nom. Le port de Trogyle est méconnaissable. Âu midi de la Sicile, près de Girgenti, l'ancienne Agrigente, on a formé, au moyen d'une longue jetée, construite avec les débris des monuments de la ville antique, une espèce de baie où les vaisseaux viennent charger des grains. On nomme ces petits ports de commerce Caricatora, c'est-à-dire lieu de chargement: c'était l'emporium des anciens. On croit reconnaître dans les ruines de Sélinunte l'emplacement ensablé d'un ancien port qui devait se trouver au centre de la ville.

Du reste, il n'existe pas un beau port, ni une rade sûre dans toute l'étendue de la côte méridionale qui fait

face à l'Afrique. Cet obstacle naturel dut nuire à la prépondérance de la puissance carthaginoise en Sicile. Dans leurs premières expéditions, les flottes de Carthage faisaient le tour de l'île pour débarquer à Palerme ou à Drepanum; mais Annibal, fils de Giscon, ayant choisi le promontoire de Lilybée pour y effectuer la descente de son armée, lorsqu'il entreprit la destruction de Sélinunte, cet incident attira sur ce point l'attention des Carthaginois. Diodore dit qu'ils y établirent leur place d'armes après que Denys leur eût enlevé la ville de Motyes, où d'abord ils avaient placé leurs arsenaux. Dès la première guerre punique, Lilybée était devenue un établissement militaire et maritime très-important, et les Romains l'assiégèrent pendant dix années consécutives. L'entrée du port était défendue par des écueils sous-marins, que les pilotes lilybéens savaient seuls éviter. Virgile n'a pas oublié cette circonstance dans ce vers du troisième livre de l'Enéide:

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Et vada dura lego saxis Lilybeia cæcis.
Et vous rochers terribles
Que l'affreux Lilybée en piéges invisibles
Sous sa perfide mer déguise aux matelots.
(Delille.)

Ce fut de ce port que partirent cette fameuse expédition formée par Scipion et la flotte commandée par Lélius, son ami. Il faut lire dans Tite-Live le magnifique récit de cet embarquement, qui fut bientôt suivi de l'humiliation de Carthage et de la ruine de sa puissance. Les Romains, maîtres de Lilybée, n'oublièrent pas l'inquiétude que leur avait causée la puissance maritime de cette ville, et ils encombrérent totalement le port. Cependant à l'époque de l'invasion des Sarrasins, il existait un beau et vaste port qu'on regardait comme celui de Lilybée et auquel ces peuples avaient donné le nom de Marsalla (port de Dieu), qu'il porte encore. Mais pendant le XVI siècle, don Juan d'Autriche le fit aussi encombrer, dans la crainte que les Maures ne parvinssent à s'en emparer. Tout ce rivage est maintenant triste

et désert, bien que Marsalla soit une ville assez considérable.

De Marsalla à Trapani, la côte est plate, aride, marécageuse et infecte. On y recueille beaucoup de sel, dont l'exportation est très-considérable. Le port de Trapani est formé par une langue de terre qui s'avance dans la mer et s'y recourbe en se dirigeant au nord. La pêche est productive sur ce rivage. Elle fournit abondamment aux besoins des habitants, qui, sans elle, manqueraient souvent de subsistances; car les environs de Trapani ne produisent rien, et c'est par mer qu'on y transporte les denrées de première nécessité. Cette situation défavorable ne nuit point au commerce de Trapani, ni à l'industrie de ses habitants. Beaucoup se livrent à la pêche du corail, dont on fabrique des ouvrages précieux. C'est aussi dans cette ville que fut inventé et que s'exerce encore avec activité l'art d'imiter sur des coquilles ces beaux camées antiques à plusieurs couches de diverses teintes. Les coquilles propres à ce genre de travail se trouvent en grande quantité sur ce rivage. On reconnaît encore, à l'extrémité de la langue de terre qui forme le port, ce rocher décrit par Virgile, et qui servait de but et de terme à la course des vaisseaux, si brillamment racontée par le poète latin dans le récit des jeux célébrés par les Troyens, à Drepanum, après la mort d'Anchise.

Au sein profond des mers, à l'aspect du rivage,
S'élève un vaste roc, qui, dans les jours d'orage,
Cache son front battu des vents impétueux.
Quand la mer aplanit ses flots tumultueux,
Il paraît, et, sortant de la vague immobile
Offre aux oiseaux des mers un refuge tranquille.
(DELILLE, Enéïde, liv. V. )

Il existe maintenant sur cet îlot un fort dont les fondations paraissent très-anciennes, et qui se nomme la Columbaria ce nom vient, dit-on, des colombes du mont Érix, qui se rassemblaient sur ce rocher, au moment de leur départ pour l'Afrique. Nous en avons parlé en décrivant ce mont célèbre.

Enfin, la côte septentrionale de la Sicile, en partant du cap San-Vito, au

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