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Nous avons dit dans quel état se trouvaient les institutions, les coutumes, les sciences et les arts d'Italie, à la fin du douzième siècle; nous devons reprendre le récit historique des événements qui ont suivi le bienfait de l'affranchissement accordé par la paix de Constance.

Si ce traité, préparé aussi; il faut le dire, par le gouvernement de condescendance et de paternité de la race carlovingienne, assura la paix et une sorte de liberté à l'Italie, il ne mit pas fin à toutes les contestations qui existaient entre l'empereur et le saintsiége. En 1184, Frédéric vint en Italie où il eut une entrevue avec le pape Lucius III, qui se rendit à Vérone exprès pour voir l'empereur. N'ayant pu s'entendre, ils se séparèrent mécontents l'un de l'autre. Frédéric alors traita le mariage de son fils Henri avec Constance, fille posthume du neveu de Robert Guiscard, Roger II, qui, le premier, avait pris le titre de roi de Sicile. En 1186, ce mariage fut célébré à Milan, et les deux époux recurent en même temps la couronne d'Italie.

Venise ne cessait d'attirer les regards de tous les princes de la Péninsule, par les développements d'une puissance maritime qui commençait à devenir formidable. C'était sous le doge Vital Michieli, en 1098, que la république avait fait son premier armement. Il consistait en 200 bâtiments de guerre ou de transport, dont la moitié avait été fournie par des villes soumises de la Dalmatie: de leur côté, les Pisans organisaient aussi des flottes. Près de Rhodes, ces derniers avaient été défaits par les Vénitiens, sous un vain prétexte, et quoique les deux armements fus

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sent en mer pour le même but; ensuite les Vénitiens avaient aidé Godefroy de Bouillon à prendre Jaffa. En 1104, Baudouin, roi de Jérusalem, leur avait abandonné un quartier de Ptolémaïs (Saint-Jean-d'Acre): les Génois ayant réclamé les mêmes avantages, il en était résulté des rivalités, des haines qui devaient donner naissance à des guerres sanglantes. Quant aux révolutions que souffrit Venise après le règne d'Anafeste, qui laissa la ville tranquille, florissante et respectable, il suffit de rappeler que sur les 50 premiers doges, cinq abdiquèrent, neuf furent exilés ou déposés, cinq bannis avec les yeux crevés (supplice horrible et lâche, emprunté de Byzance), et cinq massacrés dans des séditions.

Après avoir considéré Venise sous le rapport de sa puissance, on ne sera pas étonné de voir qu'en 1201, des seigneurs français demandèrent à la république que sa flotte transportât une armée de croisés dans la terre sainte. Cette armée consistait en vingt mille hommes d'infanterie, et près de dix mille hommes de cavalerie; c'était, dit M. Daru, plutôt le sujet d'un marché que d'un traité. Mais la république ne pouvait fournir un si grand nombre de vaisseaux, sans devenir l'auxiliaire, l'alliée des croisés : ceux-ci, dans l'impatience d'accomplir leur væu, acceptérent toutes les conditions.

Henri Dandolo, âgé de 94 ans et presque aveugle, était doge de Venise. Il ne voulut pas risquer, sans l'aveu de ses concitoyens, une expédition incertaine. Il assembla le peuple, fit célébrer l'office divin, et les seigneurs députés par les croisés de France, parurent devant la foule immense qui remplissait la place et l'église SaintMarc. (*) (Planches 21 et 22.)

(*) Les planches 21 et 22 représentent la place Saint-Mare et l'intérieur de l'église de ce nom. La place Saint-Marc est le premier objet de la curiosité des étrangers arrivant à Venise, et elle mérite bien cet empressement, tant par sa beauté que par la singu

Geoffroy de Ville- Hardouin, maréchal de Champagne, qui a écrit l'histoire de cette expédition, haran

larité et la diversité des objets qu'elle peut leur offrir. Elle est beaucoup plus longue que large, et formée par trois corps de bâtiments. Ceux qu'on voit ici à gauche, sont les Procuratie anciennes, qui commencent à l'horloge; leur décoration extérieure est d'un seul ordre, l'ordre toscan; l'édifice est soutenu par des piliers formant des arcades. Tout ce corps de bâtiments est occupé par des particuliers qui y vivent de leur revenu ou de leur industrie. Le corps opposé qu'on voit à droite après le clocher, les Procuratie nouvelles, offrent une architecture plus moderne; on doit cette construction à Sansovino, qui l'a décorée en y adaptant les ordres dorique, ionique, et corinthien. C'est de ce côté qu'est le fameux café Florian. L'intérieur de la place est pavé de grandes dalles d'une pierre graniteuse piquetée, entremêlée de feldspath et de quartz provenant des collines Euganéennes, avec des intervalles remplis de pierre d'Istrie d'un grain très-dur, en usage dans les assises, pour soutenir les briques dont sont construites la plupart des maisons.

La tour du campanile ou clocher est si haute, qu'an rapport des voyageurs, elle surpasse en élévation les tours de Bologne, de Vienne, et de Strasbourg (cette hauteur est de 334 pieds, y compris l'ange qui surmonte la tour, et qui a 10 pieds de haut). Ce qui donne lieu à la surprise, c'est que cet édifice n'ait jamais dévié de sa perpendiculaire, quoiqu'il ait sa fondation dans un sol vaseux, et affermi seulement par des pilotis. Il fut commencé en 888, sous le dogat de Tribuno; mais la bâtisse hors du sol ne fut commencée que sous Morosino, en 1148. Toute cette construction est en briques recouvertes en pierres; la tour est cannelée dans toute sa hauteur, et finit en arcades soutenues par des colonnettes de marbre. Au-dessus de cette partie est un balcon qui règne à l'entour. Là, s'élève une pyramide dont la base est ornée de sculptures sur ses quatre faces. Arrivé à ce balcon, on jouit de la vue la plus délicieuse, surtout lorsque le ciel est serein; alors une nuance de bleu barbeau, souvent teinte de nuages argentins, se marie agréablement à l'horizon avec le vert céladon de la mer. Nous verrons que ce balcon jouera un rôle dans la conspiration de 1618, si singulièrement ra

gua l'assemblée; il dit que les barons de France, les plus hauts et les plus puissants, conjuraient les Vénitiens

contée par Saint-Réal. De ce point, on a sous ses pieds toute la ville, les places, les canaux, les palais, les barques, les gondoles, les vaisseaux qui font route de tous côtés; on aperçoit les lagunes qui forment le cadre du premier tableau; puis les montagnes du Tyrol, celles de la Dalmatie, de l'Istrie, les plaines du Padouan, celles de la Lombardie; enfin la vue se perd à l'orient sur ces provinces salées, dit un auteur vénitien, qui étaient la dot de l'épouse du doge.

Sur une place voisine, appelée la Piazzetta, se voient deux colonnes de granit, très-hautes, distantes entre elles d'une tren. taine de pas environ. Au sommet d'une de ces colonnes, le lion de Saint-Marc a repris sa place. «Il n'aurait jamais dû la quitter, dit judicieusement M. Valery; ce lion insignifiant sous le rapport de l'art, était à Venise un emblème national et public de son ancienne puissance. Sacré près de la place Saint-Marc, il n'était, à l'esplanade des Invalides, qu'une marque superflue du courage de nos guerriers, moins noble que tous ces drapeaux pris sur le champ de bataille, et suspendus aux voûtes de l'église. C'était d'ailleurs une chose maladroite et odieuse, de la part d'une république naissante, que d'humilier et de dépouiller des souvenirs de sa gloire passée, une vieille république comme Venise. »

Au milieu de la gravure on voit la façade de l'église Saint- Marc; elle fut bâtie pour recevoir le corps de saint Marc l'évangéliste, fondateur de l'église d'Alexandrie.

La masse du bâtiment est calquée sur le modèle de toutes les églises anciennes, mais sur une bien plus grande échelle que SaintClément (planche 15). On voit ici d'abord un portique ou vestibule, séparé de l'église, ayant deux cents pieds de long; ce portique a pour décoration une façade qui indique par un mélange gothique et grec ce que sera l'intérieur. Cinq arcs formant voûte, et ornés de deux rangs de colonnettes, dont huit de porphyre, frappent d'abord les regards. Au-dessus règne une galerie avec balustrade; puis s'élevent cinq autres arcs mais à plein cintre, soutenus par d'autres colonnettes de porphyre. Sur ces arcs on distingue des mosaïques, des guirlandes, des sculptures, et des statues de prophètes.

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Au plus haut de l'arc du milieu est un Saint-Marc accompagné d'un lion en bronze doré. Au bas, les fameux chevaux, ouvrage romain du temps de Néron, suivant M. le comte Cicognara, ouvrage grec de l'île de Chio, suivant M. Mustoxidi, transportés à Byzance sous Théodose, conquis à Constantinople par les Vénitiens, amenés à Paris pour orner l'arc de triomphe du Carrousel, ont repris leur dernière place à la tribune extérieure de l'église, où on les voit à peine.

Sur la cime de tout l'édifice se prolongent cinq dômes couronnés de croix grecques; ils répondent aux coupoles de l'intérieur revêtues de mosaïques sur un fond d'or.

La seconde partie de l'église est la nef, le grembo. On y entre par cinq portes d'airain offrant des bas-reliefs dont les sujets

sont tirés des livres saints. Sur les côtés est un lieu réservé pour les femmes, ainsi que dans l'église Saint-Clément; à droite comme à gauche, est une aile divisée par des arcs et des piliers. La tribune est une partie entourée d'un petit mur, et exhaussée, en sorte qu'on n'y peut parvenir qu'en montant quelques degrés (planche 22). On voit de chaque côté une chaire octangulaire, soutenue par quinze colonnes hautes de six pieds environ. La chaire opposée est également octogone; on l'appelle bigonzo (voy. à droite, planche 22). Le doge y parait pour se montrer au peuple, après son élection. La dernière partie est le sanctuaire, précédé d'un parapet qui, avec huit colonnes, soutient une architrave large de trois pieds, en porphyre, et en serpentin. Au milieu de l'architrave est une croix en argent massif; aux côtés sont des figures de marbre, de grandeur naturelle, représentant la Vierge, saint Marc, et les douze apôtres.

C'est dans cette chapelle intérieure que se plaçaient le doge, les ambassadeurs et le sénat, le primicier et les chanoines, lorsqu'on devait célébrer quelque fête solennelle. On voit dans la sacristie, dit la Lande, le tombeau du fameux Law, mort à Venise

en 1729.

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pitié de la Terre-Sainte d'outre-mer. » Alors les députés s'agenouillèrent en pleurant, et le doge et tous les autres s'écrièrent à la fois, en levant les mains au ciel: « Nous vous l'octroyons! Nous vous l'octroyons! Le traité fut signé, et il demeura convenu que dans un an, on partirait et que l'on se dirigerait sur l'Égypte. On commença par le siége de Zara, ville du golfe Adriatique, qui fut prise et pillée.

A Byzance, Isaac Lange avait été détrôně par son frère Alexis. Un autre Alexis, fils d'Isaac, avait échappé à la fureur de son oncle, et parcourait l'Europe en cherchant des vengeurs à son père. Les Vénitiens et les Français, de concert avec l'empereur Philippe de Souabe, roi des Romains et beau-frère du jeune Alexis, pensèrent à rétablir Isaac sur le trône de Constantinople. Le fils de ce dernier promit pour un tel service, 1° de placer l'église d'Orient sous la dépendance absolue de l'église latine, 2o de payer deux cent mille marcs d'argent. Il ne s'agissait plus d'aller dans la Terre-Sainte; on voulait marcher contre un prince chrétien. Le pape Innocent II ordonnait que l'on dédaignât tous les trésors d'argent, et que l'on partît pour Jérusalem. Les croisés désobéirent et mirent à la voile le 7 avril 1203. Les détails du siége de Constantinople appartiennent à un autre ouvrage. La ville fut prise d'assaut. Le jeune Alexis y fit son entrée le 8 juillet, et il n'y obtint, ainsi que son père Isaac, qu'une autorité éphémère. Il put payer une partie de la somme d'argent promise, mais il lui fut impossible de soumettre l'église d'Orient à l'autorité de l'église latine. Un usurpateur, Murtzuphle, détrôna Isaac et Alexis. Les croisés chassèrent l'usurpateur et se déterminèrent à se partager l'empire grec. Au refus de Dandolo, le comte de Flandre fut élu empereur. Voici les villes qui tombèrent en partage aux Vénitiens. On leur abandonna Lazi, Nicopolis, Héraclée, Adrianopolis (Andrinople), Patras, Égine, et toutes

les îles depuis Zanthe jusqu'à Corfou, enfin l'île de Candie, et presque le quart des maisons de Constantinople. Déja l'on assurait que le pape Alexandre III, réfugié peu de temps auparavant à Venise, avait donné au doge, pour le récompenser, un anneau, en lui disant : « Recevez-le comme une marque de l'empire de la mer, afin que la postérité sache que la mer Vous appartient par la puissance de la victoire, et doit être soumise à la république, comme l'épouse à l'époux. › Si ce fait est vrai, le pape semblait avoir pressenti toute la gloire des Vénitiens. Quoi qu'il en soit, ce fut, en quelque sorte à bon droit que le doge après avoir chaussé les brodequins rouges qui font partie des insignes de la dignité impériale, ajouta à ses titres de duc de Dalmatie et à d'autres, celui de seigneur du quart et demi de l'empire romain.

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L'empereur Henri VI, fils de Frédéric I, et le pape Célestin III, dont les démêlés avaient duré plusieurs années, étaient morts presque en même temps, à la fin du XIIe siècle.

En 1198, le comte de Signa, noble romain, fut élu pape, et prit le nom d'Innocent III; il n'était âgé que de

37 ans.

« Il apportait dans l'administration, dit M. de Sismondi, une profonde connaissance des intérêts de sa patrie et du saint-siége, le courage et l'ambition d'un patricien jeune encore, enfin la réputation de sainteté et de savoir, qu'il devait à une vie régulière et à des ouvrages estimés. Il avait écrit un livre sur le mépris du monde, sur la misère de la condition humaine, et sur des points de discipline. »

En Allemagne, Frédéric II, de la maison de Souabe, le successeur de Henri VI, était un enfant de deux ans, et sa mère Constance, que nous avons vu couronner reine d'Italie en 1186, et qui mourut en 1198, avait déclaré Innocent III tuteur de son fils et administrateur de son royaume.

Déja Frédéric II, quoique encore dans les langes, avait été déclaré roi des Romains avant la mort de son

père; mais la couronne impériale avait été disputée à cet enfant par Philippe, duc de Souabe, son propre oncle, puisqu'il était l'aîné des frères d'Henri VI, et par Othon, alors duc d'Aquitaine fils de Henri-le-Lion, qui avait été duc de Bavière et de Saxe.

Les plus puissants princes de l'Europe prenaient parti dans cette dissidence. Philippe-Auguste, en France, se déclarait pour le duc Philippe, et Richard-Coeur-de-Lion, en Angleterre, se déclarait pour Othon. Le premier compétiteur représentait la maison Weibling, Gibeline; le second, la maison Welf, Guelfe. L'Italie divisée allait continuer de marcher à la suite de ces fatales contestations, et de dépenser ses trésors et son sang pour des querelles de la Germanie.

Toutefois Innocent III devait aussi se prononcer dans un si terrible différend, et sans perdre de vue sa position à Rome.

Sous Célestin III, l'autorité du sénat avait été définitivement reconnue par les papes, et la constitution d'un corps ainsi nommé se trouvait réglée par une charte. Mais les Romains n'eurent pas plus tôt obtenu le privilége pour lequel ils combattaient depuis longtemps, qu'ils ne voulurent plus se contenter de cette institution, et qu'à l'exemple d'autres villes de la Péninsule, ils supprimèrent cette autorité mal affermie, pour lui substituer un magistrat étranger et militaire qui d'une main plus ferme, chercherait à réprimer les ambitions des nobles du pays. Ils nommèrent ce magistrat sénateur. Les Romains l'établirent dans le palais même qu'occupait le sénat au Capitole, et lui attribuèrent tous les pouvoirs concédés à ce corps. Benoît Carissimo fut le premier sénateur; Jean Capoccio lui succéda. Sous cette administration, les Romains s'emparèrent de Tusculum qu'ils détruisirent. Les habitants se réfugièrent à mi-côte, sous des branches d'arbres, frasche, et ils y formèrent un bourg qui, de ce mot frasche, fut appelé Frascati.

Innocent, homme habile, ne tarda

pas à s'apercevoir que les Romains concevaient de la jalousie en voyant un étranger exercer une sorte d'autorité législative, et comme souveraine. Ensuite il remarqua que, conformé ment à un ancien usage, le peuple avait demandé, à l'avénement du pontife, une distribution d'argent. Il chercha à tirer parti, pour ses intérêts, de ces deux circonstances importantes. Souvent le peuple qui a élu une autorité, se croit en droit de l'inquiéter, de la punir et de la déposer, mais le peuple qui voit devant ses yeux une autorité choisie sans lui, la respecte davantage et croit encore témoigner son respect en acceptant des libéralités. Innocent III, dans un seul jour, jeta de l'argent à la multitude, cassa le sénateur qu'elle avait élu et en nomma un nouveau pris parmi les partisans du pontificat. Il obligea le préfet de la ville, officier de l'empereur, c'està-dire d'un prince qui n'existait pas, à lui prêter l'hommage lige (celui qui

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s'il payait volontiers, s'il pensait à susciter ou à voir avec plaisir naître des circonstances nouvelles. Pour les hommes de fisc de l'empire, demander l'argent avec importunité, le recevoir avec hauteur, l'expédier avec minutie, paraissait le seul devoir à remplir dans cette partie de la Péninsule, soumise à la puissance de leur maître. Les villes toscanes avaient ressenti de l'indignation plus que les autres; elles consentirent à former une assemblée de leurs députés à San - Ginnasio bourgade située près du mont de SanMiniato. Là elles s'associèrent pour une ligue qui fut appelée la ligue guelfe. Les alliés, de concert avec le pape, prenaient l'engagement de ne reconnaître aucun empereur, aucun roi, duc ou marquis, sans l'approbation expresse de la cour romaine; ils promettaient de se défendre les uns les autres, et de défendre l'Église toutes les fois qu'ils en seraient requis par elle. De plus, ils s'engageaient à l'aider dans le but de ressaisir toutes

T'hommage lige est tenu, envers eseigneur, d'une obligation plus étroite les parties de ses possessions, excepté

que celle du simple vassal) et à recevoir de ses mains une nouvelle investiture de sa place; enfin, il expulsa des villes et du patrimoine de saint Pierre, des juges et des podestats (sorte de gouverneurs inférieurs) nommés par le peuple.

Ce fut encore alors que le pape raffermit sa puissance dans les villes d'Ancône, de Fermo, d'Osimo, de Camerino, de Sinigaglia, de Pésaro, de Riéti, de Spolete, d'Assise, de Fuligno, de Todi et de Città di Castello.

Les villes de Toscane avaient eu à se plaindre, sous le règne de Henri VI, de l'augmentation des impôts et des exactions des ministres allemands que l'empereur envoyait pour recouvrer ces tributs. Ces hommes de fisc, chargés de ramasser les contributions, et qui, par leur situation, étaient plus à portée que d'autres de connaître les dispositions des Toscans, n'avaient pas ou ne voulaient pas avoir ce degré d'intelligence clairvoyante, propre à deviner si le peuple était heureux,

celles qui seraient actuellement occupées par quelqu'un des alliés.

La ville de Pise refusa d'entrer dans cette ligue. Ses habitants n'avaient rien à obtenir d'une telle association; ils tenaient en fief d'Henri VI la Corse et l'ile d'Elbe, et ce prince avait affranchi le territoire pisan de contributions et de logement de gens de guerre. Aussi les Pisans persistèrentils jusqu'à la destruction de leur république, à se déclarer les chefs de la faction gibeline en Toscane. Cependant ce sentiment si absolu ne les anima pas au point de les faire consentir à une paix avec les Génois, qui étaient aussi d'ardents Gibelins, mais en même temps des rivaux de leur commerce et de leur gloire en Orient.

Innocent III, malgré sa puissance, n'employa, pour gagner les Pisans, aucun moyen indigne de son caractère. Il répétait que son premier devoir était celui de pontife, qu'il avait refusé la couronne, qu'on l'avait élu malgré ses supplications, ses cris et ses larmes, et qu'il remplirait digne

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