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fils, Arcadius et Honorius, héritiers du trône et non pas du courage et du bonheur de leur père. Théodose, moins imprudent que Constantin, n'avait partagé l'empire qu'en trois parts, remises aux soins de trois gouverneurs. La partie orientale était confiée à Rufin, l'odieux conseiller du massacre de Thessalonique; la partie occidentale à Stilicon, la partie africaine à Gildon. Ceux-ci, à la mort du maître, ne pensèrent plus à gouverner seulement ces provinces, mais à s'en emparer. Rufin et Gildon, valeureusement attaqués à la suite d'une révolte, furent vaincus Stilicon, qui résidait en Italie, plus adroit, cacha ses desseins. Il promit obéissance aux nouveaux empereurs, et d'un autre côté, il suscita des troubles pour parvenir lui-même au pouvoir. Cherchant à rendre les Visigoths ennemis des fils de Théodose, il engagea ces derniers à ne plus accorder la paie que la sagesse de leur père avait allouée à ces Barbares; ensuite ce même Stilicon, dans sa méchanceté perfide, ne pensant pas que ce désordre suffit pour agiter l'empire, invita secrètement les Bourguignons, les Francs, les Vandales et les Alains, autres peuples septentrionaux, qui ambitionnaient aussi de nouvelles terres, à se saisir de quelques provinces romaines.

Les Visigoths, trompés dans leurs droits acquis, et frustrés de leurs subsides, créèrent roi l'un d'entre eux, Alaric, et remirent entre ses mains l'autorité la plus absolue. Aussitôt Alaric pense à chercher des royaumes, et il envahit l'Italie, pille Aquilée, force Honorius à abandonner Milan. Stilicon, désormais fidèle à son prince, mais traître à Alaric qu'il avait appelé, l'attaqua un jour de Pâques près de Plaisance. Les Visigoths, nouvellement convertis à l'arianisme, qui admettait à toute rigueur qu'un jour de Pâques était un jour sacré, crurent commettre un sacrilége en acceptant le combat, qu'ils voulaient remettre au lendemain. Stilicon profite de leur indécision, les repousse et leur enlève la femme du roi et une partie de ses

trésors: mais Alaric rallie ses troupes, fait un détour et marche sur Rome, par l'Etrurie. Il épargna la ville une première fois et se contenta d'exiger qu'on lui rendît son épouse et qu'on payât une forte rançon, qui fut acquittée avec les mêmes trésors qu'on fui-avait enlevés. Mais bientôt se répentant de cette magnanimité, il reparaît aux environs de Narni, et n'a plus que quelques milles à parcourir pour entrer dans Rome, qu'il veut piller. On rapporte qu'un pieux solitaire s'étant présenté devant lui dans sa route et le suppliant, en larmes, de se désister d'une entreprise qui allait occasioner tant de meurtres et d'horreurs, il lui répondit : « Mon père, « ce n'est pas ma volonté qui me cona duit; j'entends sans cesse à mes a oreilles une voix mystérieuse qui « me dit: Marche et va saccager « Rome. » Cette voix n'était pas si mystérieuse; c'était celle de ses généraux, de ses soldats, de la fatalité et du destin de Rome.

Alaric se rend maître de la navigation du Tibre; il arrête même les bateaux légers qui pouvaient descendre le fleuve. Bientôt la famine ravage la ville. Une contagion suit la famine; il faut capituler. Le négociateur envoyé au camp des Visigoths annonce que le peuple romain acceptera la paix, mais à des conditions raisonnables, et que si sa gloire est compromise, il ne demandera qu'à sortir pour livrer bataille. « Tant mieux, répond le roi a victorieux; jamais il n'est plus aisé de « faucher le foin que quand l'herbe est a épaisse. Il exigea tout ce qu'il y avait dans la ville d'or, d'argent et d'esclaves étrangers; sur quoi le député ayant dit : « Que laissez-vous donc aux Romains?» La vie, répondit-il. Après de longs débats, on convint que Rome donnerait cinq mille livres d'or, trente mille livres d'argent, quatre mille tuniques de soie, trois mille peaux teintes en écarlate, trois mille livres de poivre (*), et qu'elle mettrait en ôtage entre les mains d'Alaric les enfans des

(*) Le poivre, dit Gibbon, d'après Pline,

plus nobles citoyens. A ces conditions il promettait non-seulement de vivre en paix avec les Romains mais encore d'employer ses armes pour la défense de l'empire contre quelque ennemi que ce fut. Pour payer ces effrayantes contributions, on dépouilla les temples, il fallut fondre une statue d'or de la Valeur militaire; et les devins, qui cette fois étaient véridiques, prononcèrent que dans ce fatal instant la bravoure romaine périssait pour jamais. Ce terrible Alaric donnait cependant ici un témoignage éclatant de son respect pour la profession de foi des chrétiens, qui avait prescrit d'abolir la servitude. Il exigeait qu'on lui rendit les Goths prisonniers réduits en esclavage. Plus de quarante mille furent ainsi déclarés libres et partirent avec son armée.

Le 24 août, à la suite d'une nouvelle guerre, Alaric s'empara une seconde fois de Rome. Ce prince, naturellement porté à une sorte de douceur, permit å ses soldats de prendre ce qu'ils trouveraient à leur gré, mais leur recommanda expressément d'épargner le sang des hommes et l'honneur des femmes. Long-temps après, cet exemple ne fut pas imité par les généraux d'un prince qui commandait à deux des nations les plus civilisées du 16 siècle. Alaric défendit sous des peines sévères de brûler les édifices consacrés à la religion, et comme Romulus, pour peupler Rome, y avait établi un asile, le Visigoth, constant dans ses idées d'humanité et de clémence, en saccageant la même ville, y ouvrit deux asiles pour soustraire à la fureur du soldat qui aurait pu désobéir, les déplorables restes des habitants. Il déclara que l'église de St.-Pierre et l'église de St.-Paul seraient respectées comme un refuge inviolable. A cet effet, il plaça à la porte de ces temples ses gardes les plus fidèles et les plus disciplinés. Il avait choisi ces deux églises non-seulement par vénération

était l'ingrédient favori de la cuisine la plus recherchée des Romains; la meilleure espèce se vendait alors 12 fr. la livre.

pour les deux fondateurs de Rome chrétienne, mais aussi parce qu'étant les plus spacieuses, elles pourraient sauver un plus grand nombre d'infortunés.

Hâtons-nous de le dire, pour oublier rapidement une indigne bassesse, plusieurs Romains fugitifs eurent le temps de s'embarquer et de se sauver à Carthage, où leur premier soin fut de courir au théâtre et de prendre part dans les factions des spectateurs.

Pour réfuter les païens qui attribuaient tant de malheurs au christianisme, saint Augustin écrivit son livre de la Cité de Dieu. Orose composa son histoire universelle dans le même but, et Salvien les imita. Dans leurs écrits ils représentent les calamités romaines comme la punition des crimes.

Rome avait donc vu fuir, ou périr de misère, ou retourner à la liberté, le plus grand nombre de ses habitants. Elle avait perdu son or, ses richesses, mais elle avait conservé la plupart de ses églises, et surtout les principaux monuments élevés par ses premiers empereurs, le Colysée ou amphithéâtre Flavien, ses arcs, ses thermes, le Panthéon. Les Barbares avaient cependant enlevé les bronzes qui les décoraient, ou qui pouvaient en assurer la solidité. Le Forum (*) aussi présentait encore intacts presque tous ses monuments dont nous ne voyons plus aujourd'hui que les ruines. (Voy. pl. 2.)

I

(*) Fidèle à notre principe, nous donnons ici une idée du Forum tel qu'on le voit à peu près aujourd'hui. On distingue, en commençant par la gauche, l'arc de Septime-Sévère; le temple d'Antonin et Faustine; 3 le temple de la Paix, que divers auteurs veulent appeler la basilique de Constantin; 4 le temple de Rémus; une vue du Colysée; 6 le temple de Vénus et de Rome; 7 Meta Sudans; 8 la colonne de Phocas (nous la donnerons à part telle qu'on peut la voir aujourd'hui); 9 l'arc de Titus (depuis il a été mis à terre pièce par pièce, et chaque pièce a été replacée, à son rang, dans une construction moderne qui assure la solidité de l'arc ancien); to le temple de Castor et Pollux;

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le temple de Jupiter tonnant; 12 le Curia Hostilia; 13 le temple de la Concorde ou de Junon Moreta; 14 débris du palais des Césars.

Ataulphe, élu successeur d'Alaric, épousa Placidie, sœur des empereurs Arcadius et Honorius, et consentit à aller, de concert avec les troupes romaines, secourir l'Espagne et la Gaule, que les Bourguignons, les Francs, les Vandales et les Alains avaient envahies déja, à la sollicitation de Stilicon. Il conspirait contre ses princes au dehors, quand il était forcé de les secourir en Italie.

Les Vandales s'étaient jetés d'abord sur la partie de l'Espagne appelée Bétique attaqués valeureusement par Ataulphe et ses Visigoths, qui combattaient alors pour Constantinople qu'ils méprisaient, et pour Rome qu'ils venaient de saccager, Boniface, gouverneur de l'Afrique au nom de l'empire, se révolta, y appela divers corps de Vandales récemment repoussés, et avec leur appui, essaya de s'emparer de l'autorité. Ces Vandales s'établirent en Afrique, sous la conduite de leur roi Genséric.

En ce moment l'empire échut à Théodose II, fils d'Arcadius, et comme il pensa rarement aux intérêts de l'Occident, les populations accourues de tous les points du nord de l'Europe cherchèrent à conserver la puissance qu'elles avaient conquise.

Ainsi, les Vandales en Afrique, les Alains et les Visigoths en Espagne, asservissaient le pays. Les Francs et les Bourguignons occupaient la Gaule, dont ils nommaient déja une partie, France, et l'autre, Bourgogne. L'empire se bouleversait dans toutes ses parties. Les Huns se déclaraient maîtres de la Pannonie et lui imposaient le nom de Hongrie. Les Bretons, voyant que l'empereur concluait des accords honteux tantôt avec les Vandales, tantôt avec les Francs, et pouvant lui reprocher de proclamer hautement son alliance avec les Visigoths, circonstances qui augmentaient la puissance de tous ces conquérants de tant de nations, et diminuaient celle de l'empire, redoutèrent le sort de la Gaule, et ils appelèrent à leur secours les Angles, autres peuples du Nord, qui, suivant les conditions du droit des gens de presque tous

les temps, protégèrent d'abord leurs alliés, ensuite les soumirent à leurs lois et ne tardèrent pas à les chasser. Les Bretons qui n'avaient pas défendu leur pays, parce qu'ils obéissaient à des princes que des factions divisaient entre eux, se réunirent cependant sur un des rivages de la Gaule et ils y fondèrent la province qu'on appelle aujourd'hui la Bretagne, l'une des plus importantes parties de la France actuelle.

Au milieu de ces vicissitudes, les Huns, maîtres de la Pannonie, virent leur population s'augmenter à un tel point, qu'il fallut penser à la loi du départ et organiser une nombreuse émigration. S'étant associé les Gépides, les Hérules, les Thuringiens et les Goths orientaux, ils poussèrent leurs conquêtes vers l'Orient, en soumirent une partie, puis, des frontières de la Chine, revenant sur leurs pas, ils se répandirent dans la Gaule, où un puissant attrait sembla d'abord les appeler, et ils commirent des excès qui jetèrent l'épouvante. Ils étaient commandés par leur roi Attila, qui, pour être seul le maître, et des peuples qu'il laissait, et de ceux qu'il emmenait avec lui, avait, nouveau Romulus, assassiné son frère Bléda. Victorieux partout où il portait ses pas, il ne voulut plus pour compagnons Andaric, roi des Gépides, et Vélamir. roi des Ostrogoths; mais il consentit à les agréer pour sujets, en leur laissant le vain titre de roi. Attila était d'une haute taille, il avait le regard et la voix formidables, l'aspect farouche, et tous les traits d'un Kalmouck; cependant il savait modérer sa fougue, écouter les conseils, et garder sa foi, tout en répandant des idées superstitieuses parmi ses peuples. Un jour, un berger voyant boiter une de ses génisses qui était blessée, et ne sachant pas là cause de cet accident, suivit la trace du sang qui était sorti de la plaie et trouva un glaive que la génisse imprudente avait heurté en marchant. Il apporta ce glaive à Attila, qui publia que cette épée était celle de Mars, et qu'il allait devenir le conquérant du monde. Ce

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prince, plein de ces idées de gloire et de grandeur, ne balança pas à attaquer, près de Châlons-sur-Marne, Mérovée, roi des Francs, combattant de concert avec Aétius, général des Romains, et Théodoric, roi des Visigoths, petit-fils du grand Alaric. Attila occupa de sa personne le centre de son armée, où il rangea ses soldats les plus courageux; sur les ailes il plaça les troupes des divers peuples qu'il avait soumis à sa puissance, parmi lesquels se distinguaient les Ostrogoths, sous les ordres de leur roi Vélamir. Il y avait entre les armées une hauteur que les deux chefs voulaient occuper. Aétius arriva le premier; alors Attila harangua ainsi ses troupes « Après tant de victoires, « leur dit-il, après avoir vu le monde « soumis à vos armes, il serait absurde « de vous exciter par des paroles, comme « des hommes qui ne connaîtraient pas a les batailles. Je laisse ces soins à un « autre général, à une armée sans « expérience. Il n'est pas permis à ⚫ moi de rien dire de vulgaire, à vous « de l'entendre. A quel autre exercice que la guerre êtes-vous accoutumés? Quoi de plus doux pour le brave que a d'armer son bras pour punir l'ina sulte! C'est un grand don que nous fait la nature, de rassasier le cœur « avec la vengeance. Attaquons viveament l'ennemi. Ils sont toujours • plus audacieux ceux qui apportent ⚫ la guerre. Vous voyez rassemblées « contre vous des nations dissem« blables: c'est un indice de peur, de s'être associés pour se défendre. Déja avant la mêlée ils sont en proie « aux terreurs; voyez ils cherchent a les lieux élevés, ils ont trouvé leurs tombeaux. Nous savons combien ◄ sont légères les armes des Romains, accablés, non pas à la première bles<< sure, mais à la première poussière. • Pendant qu'ils prennent mal leurs ◄ rangs, courez sur les Alains, précipitez-vous sur les Visigoths. « Allons, livrez-vous à votre fureur ◄ ordinaire. Aucun trait ne peut percer ceux qui doivent être vainqueurs: ◄ les destins frappent dans l'inaction

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« ceux qui doivent mourir. Enfin, pourquoi la Fortune aurait-elle ren« du les Huns vainqueurs de tant de << nations, si elle n'avait voulu les préparer aux joies de ce combat? » (Expression sublime dans un Scythe!) «Ce ramas d'hommes ne pourra sup« porter les regards des Huns. Le pre«mier, je tirerai mon javelot: si, quand « Attila combattra, un seul de vous reste oisif, il est mort. »

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Tel fut son discours : la bataille fut sanglante. Mérovée fit des prodiges de valeur. Les Romains ne voulurent pas cette fois encourir le reproche d'être le peuple le plus avili. Les Visigoths voulant venger la mort de Théodoric, tombé de cheval et écrasé dans le combat, s'élancent sur les Huns, et ils auraient renversé Attila lui-même, si, voyant ses lignes entamées de toutes parts, il n'eût pensé à se retirer dans un camp retranché que sa prévoyance avait fait entourer de mille moyens de défense.

Le lion, disent les historiens, ne tarda pas à frémir dans l'antre qu'il avait pris pour refuge. Attila dégage le reste de son armée, prend le chemin de l'Italie, et s'empare de Milan. Rejoint par des renforts considérables que sa prudence s'était ménagés dans ses états du nord, il assiégea Aquilée, qu'il bloqua pendant près de deux ans, en ravageant les environs. Ce fut l'occasion de la première fondation de Venise, que commencèrent à bâtir des pêcheurs fuyant dans des marais la fureur d'Attila. Ayant pris Aquilée, il la rasa, courut à Pavie, et il s'avan çait pour assiéger Rome.

Le pontife qui alors gouvernait le saint-siége, où il rappelait l'éloquence de saint Ambroise, et l'érudition de saint Augustin, fut invité par l'empereur d'Occident, Valentinien III, à faire tous ses efforts pour désarmer Attila. Le saint pape Léon, accompagné de peu de personnages de sa cour, alla au-devant du formidable roi des Huns, qu'il rencontra dans un bourg près du Mincio. L'aspect du vénérable pontife, la dignité de ses traits, ses paroles nobles et conciliantes, adouci

rent le vainqueur, qui consentit à retourner en Pannonie, où, avant de partir, il avait eu soin, comme on l'a vu et contre le vœu des lois, de conserver l'autorité et jusqu'aux biens qu'il avait possédés.

Attila, de retour dans ses états, continua d'inquiéter les Romains par des demandes de subsides, et surtout par l'insistance généreuse qu'il mit à réclamer tous les esclaves barbares qui étaient à Constantinople, et qui même pouvaient encore se trouver en Italie. Il montrait en cela cette bienveillance pour son peuple, dont Alaric avait donné l'exemple dans ses irruptions à Rome. Un des hommes qui jouissait d'une grande considération auprès du roi des Huns, était Oreste, notaire et homme de cour, suivant ce que dit Priscus, et qui, quoique Romain d'origine, remplit long-temps les fonctions de secrétaire et d'ambassadeur d'Attila. Nous verrons cet Oreste reparaître et jouer un rôle important. Il n'avait pas perdu de vue sa patrie, et les desseins qu'il développa depuis, prouvent que ces transfuges, pour arriver à la puissance dans leur pays, se servaient du crédit que donnaient des emplois auprès des princes barbares. Après diverses autres tentatives dans les Gaules, Attila avait rassemblé une armée formidable; il allait entreprendre de nouvelles attaques, lorsqu'il mourut étouffé par une hémorrhagie, l'an 453. Les Romains et les empereurs de Constantinople ne purent s'empêcher de lui accorder leur estime: il avait sauvé du pillage la ville des premiers, et sa grande ame avait pardonné à des assassins envoyés par les autres pour le faire périr.

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Cependant cette estime n'a-t-elle dû être mille fois accompagnée de sentiments de crainte, quand ce prince réclamait Honoria, sœur de Valentinien III, qui avait demandé au roi barbare l'honneur d'être une de ses épouses, et quand il voulait pour dot la moitié des provinces de l'empire; quand ce prince, à la vue d'un tableau où un empereur des Romains était représenté sur un trône, recevant des

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Le Fléau de Dieu ayant disparu de la terre, il resta dans l'Italie un sentiment de confiance plus marqué dans la protection que l'on devait désormais attendre des papes.

Les écrits des pères de l'église avaient porté au loin la réputation du saint-siége: quelques pères de l'église grecque témoignaient à leurs frères de Rome des égards et leur envoyaient des marques constantes d'attachement. Saint Ambroise, l'un des principaux ornements du christianisme de l'Occident, avait hautement établi que les évêques étaient les régulateurs de la morale. Saint Léon, en sachant prouver à Attila que les rois ne devaient pas abuser de leurs conquêtes ; que Dieu châtiait quelquefois les vainqueurs qu'il avait le plus favorisés, ce qu'Attila avait éprouvé lui-même dans les plaines de Châlons-sur-Marne, faisait à son tour reconnaître que les évêques commençaient à être les arbitres de la politique, et surtout de celle qui devait tendre à empêcher les Barbares de régner en tyrans dans l'Italie.

A cette époque les arts florissaient à Rome moins qu'à Constantinople, mais plus que dans aucune autre ville de la péninsule. C'étaient malheureusement déja les arts dégradés. On n'étudiait plus la nature, comme les anciens Grecs l'avaient enseigné les premiers. Tout avait un type que l'on suivait avec une exactitude scrupuleuse. L'amour du beau, le tact qui sait le chercher et le découvrir, avaient cédé à un système d'imitation sans choix et sans intelligence. Si le dessin qu'on avait sous les yeux offrait quelqué mé

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