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lemagne deux maisons puissantes; l'une était désignée sous le nom de Salique ou de Weiblingen, du nom de Weibling, château du diocèse d'Augsbourg, dans les montagnes de Hertfeld, d'où cette maison était peut-être sortie : les partisans de cette maison, qui avait donné plusieurs empereurs, s'appelaient les Weibling. L'autre maison, originaire d'Altdorf, possédait à cette époque la Bavière, et elle avait vu à sa tête successivement des princes qui portaient le nom de Welf. Les papes avaient toujours été en guerre avec les Weibling, tandis que les Welf s'étaient déclarés leurs protecteurs.

Malheureuse Italie! Comme si ses propres passions n'eussent pas suffi pour la tourmenter, elle devait encore épouser les passions des pays voisins! Il fallait distinguer ses amis de ses ennemis; de tels noms ne pouvaient pas être facilement prononcés par les Italiens chaque parti les accommoda au rhythme de la prononciation nationale. Les partisans des papes en Italie appelèrent leurs amis les Welf, Guelfi, Guelfes; les adversaires du pontificat appelèrent leurs amis les Weibling, Ghibellini, Gibelins.

Nous sommes arrivés à l'époque du règne de Hildebrand, connu sous le nom de Grégoire VII, né à Soano, village de la Toscane; son père, nommé Bonizone, était charpentier. Après avoir fait ses études en France, à l'abbaye de Cluni, il était entré de bonne heure dans l'ordre des bénédictins, et fut nommé pape, à l'âge de soixante ans. On avait déja remarqué en lui un vaste esprit, porté à la domination, et il n'est pas hors de propos de rapporter avec quelque étendue les circonstances de son pontificat, d'abord pour ne pas montrer d'indécision, à la vue d'une tâche difficile, et devant les amis qui professent nos doctrines et devant les ennemis qui les combattent; et ensuite parce que, pendant plus de douze années, seul, de 1073 à 1086, il occupa l'Italie entière de ses réformes, de ses colères, de sa magnanimité, des écarts de son génie

et de ses innombrables bienfaits. Son premier soin, après son exaltation, fut de convoquer à Rome un concile, pour réprimer la simonie et l'incontinence du clergé.

Plusieurs évêques, des clercs allemands et quelques membres du clergé lombard repoussèrent avec indignation la décision de cette assemblée, qui osa les désigner comme se livrant trop habituellement à ces abus. Grégoire répondit qu'à son arrivée en Italie. ayant été préposé à l'administration de plusieurs couvents, il y avait rétabli l'ordre et la régularité, et qu'il était de son devoir, depuis qu'on l'avait nommé pape, de diriger promptement ses conseils partout où il voyait le mal. On assure que plusieurs de ces clercs séditieux demandèrent si on exigeait d'eux qu'ils vécussent comme des anges, et annoncèrent qu'ils aimaient mieux renoncer au sacerdoce qu'à leurs femmes. Jusqu'ici Grégoire VII était dans son droit. Les dissidents des églises allemande et lombarde ne cédèrent pas aux ordres du pape. Il s'éleva des querelles avec le roi Henri, qui eurent des suites funestes pour ce prince. Il appuyait avec vivacité, sans que ces questions le regardassent directement, la résistance du clergé de Milan et de l'Allemagne.

Avant de continuer ce récit, gravons fortement dans l'esprit du lecteur que nous rapportons des scènes du moyen âge, et qu'il ne faut pas un moment séparer des faits actuels, et les circonstances où le saint-siége s'était trouvé depuis huit siècles, et les discordes civiles de Rome où l'on voulait assassiner le pape, et le cynisme odieux des dissidents, et la fidélité encourageante du reste de la chrétienté, et les excitations de ceux qui pouvaient regretter l'autorité impériale, et enfin, le caractère indomptable d'un rétormateur offensé violemment dans ses vues de bon ordre et de discipline régulière. Poursuivons. Grégoire VII envoie des légats au roi pour l'inviter à se rendre à Rome, avec menace d'excommunication, s'il n'y vient pas. Il redouble ses invitations, quand il

apprend qu'il s'est formé, dans Rome même, une conspiration, soutenue par les ambassadeurs du roi. Henri donne des explications satisfaisantes pour ce qui concerne les désordres de son clergé, et promet de détruire les abus de simonie, mais il n'en envoie pas moins aux conspirateurs l'ordre d'achever leur entreprise. Cencius, préfet de Rome, dans la nuit de Noël, en 1075, fond, avec des soldats, sur le pape Grégoire VII, qui célébrait paisiblement la messe au maître-autel de Sainte-Marie-Majeure. Les complices de Henri ramenaient les temps de Constant II et excitaient la rage d'un autre Calliopas. Le pontife, grièvement blessé, est dépouille de ses habits pontificaux et reçoit l'ordre de se rendre en prison. Il suit, sans proférer une parole, et en élevant noblement la tête, les assassins qui marchaient devant lui. Mais il n'en devait pas être de Grégoire comme de Martin. Le peuple, qui ne partageait pas la jalousie des seigneurs, apprend que le pontife est emprisonné dans une tour, il court aux armes et veut le délivrer. Cencius, à la vue du peuple irrité, se jette aux genoux du pape et lui demande son pardon. Grégoire VII le lui accorde et paraît à une fenêtre pour calmer le peuple, qui, dans son émotion, envahit la tour, se livre d'abord à des démonstrations de douleur, en voyant le pape tout ensanglanté, et le reconduit à Sainte-Marie-Majeure, où le magnanime pontife a le courage de recommencer le saint-sacrifice. Comme s'il avait oublié la scène dont il vient d'être la victime, il récite les prières d'une voix calme, au milieu de l'attendrissement général, et donne la bénédiction à ses libérateurs.

Henri, mécontent de n'avoir pas réussi, ordonne que Grégoire soit déposé. Un clerc de Parme, nommé Roland, a l'audace de venir à Rome signifier au pontife l'acte de déposition, qu'il lui remet dans l'enceinte même du concile. Des soldats veulent percer Roland de leur épée; Grégoire se met au-devant de lui, vante son courage et lui sauve la vie.

Dès lors, les évêques assemblés ne mettent plus de bornes à leurs rigueurs; le concile excommunie Henri, l'anathématise, et l'appelle à Rome pour qu'il y subisse sa condamnation. Beaucoup d'évêques lombards reçoivent aussi des lettres d'interdiction. A présent, nous ne pouvons nier que la conjuration fomentée par Henri n'ait été sacrilége, que l'acte de déposition n'ait été un acte de démence et un crime; mais qu'est devenu cet homme si grand, si généreux, qui suit si intrépidement le soldat par lequel il est conduit en prison, qui pardonne à des meurtriers, qui reprend avec tant d'héroïsme le sacrifice interrompu? partage-t-il toutes les opinions du concile? ne peut-il les modifier par son autorité, par ses conseils, par la force de son caractère? ne doit-elle pas répugner à un souverain pontife, cette doctrine subversive qui semble permettre de bouleverser les empires en détruisant les puissances séculières? Mais ce sont là des raisons du temps d'aujourd'hui; dans le temps d'alors on n'imitait plus la patience des anciens pontifes. La rapidité de ce récit n'a pas permis d'oublier sitôt tout ce que ces hommes admirables avaient souffert de persécutions, d'attaques, de violences et de perfidies, plutôt que de cesser de rendre à César ce qui était à César. Et voilà que les pontifes, leurs successeurs, devenus eux-mêmes César, c'est-à-dire souverains et maîtres d'un pays soumis par un conquérant qui le feur avait donné avec le droit de le donner, sur le point de devenir encore plus puissants par le don que préparait en silence la piété de la comtesse Mathilde, voilà que ces pontifes, après une conspiration qui n'a pas réussi, et qui au contraire a augmenté leur puissance, se portent à de telles extrémités, et confondent les censures du saint-siége avec la dégradation politique ! N'eût-il pas été plus chrétien de pardonner? et l'expé rience a prouvé que les temps le permettaient encore. N'était-il pas plus profitable aux vrais intérêts du saintsiége d'attendre que le bon sens de beaucoup d'évêques allemands pût s'in

terposer, mettre fin à tous les différends, flétrir l'assassin, et venger le chef de l'Église?

Si Grégoire mérite d'être blâmé pour s'être exagéré l'extension de sa puissance, ou pour l'avoir mal comprise, on ne peut pas dire que, mauvais politique, il n'ait pas bien connu le caractère de son adversaire, qui ne tarda pas à se repentir et à solliciter le retour de la bienveillance pontificale. Grégoire, qui faisait toujours succéder à ses mépris impérieux le spectacle de vertus nobles et surnaturelles, s'apprétait à aller se mettre entre les mains des évêques allemands, qui auraient jugé entre lui et le roi, lorsque Henri apparut tout-à-coup en Italie. Grégoire se rend à Canosse, en Lombardie, auprès de la comtesse Mathilde, et il se disposait à continuer ce voyage généreux, mais imprudent. Henri s'est déja présenté à Canosse; il laisse sa suite en dehors, et il entre seul dans la forteresse, qui a trois enceintes de murailles. On le fait rester dans la première enceinte, les pieds nus, sans aucune marque de dignité, vêtu de laine sur la chair; il attend jusqu'au soir sans manger, ainsi qu'il était prescrit par les usages de la primitive église, pour les condamnés à une pénitence publique. Le quatrième jour, il est reçu à l'audience du pape, qui lui impose de se présenter aux seigneurs allemands pour répondre aux accusations qu'on pourra porter contre sa conduite à cette condition le pape lui accorda l'absolution; ensuite il le fit dîner avec lui.

Les Lombards ayant témoigné au roi le mépris que leur inspirait le traitement humiliant auquel il s'était soumis pour se réhabiliter, ce prince faible crut recouvrer son honneur en manquant à sa parole. Il chercha une autre fois, avec une obstination bien coupable, à se saisir de la personne du pape, qui fut heureusement protégé par la comtesse Mathilde: ce fut dans une de ces conférences, où elle cherchait avec Grégoire les moyens de le soustraire à la poursuite d'Henri, qu'elle se décida à laisser tous ses

états au saint-siége, projet qu'elle effectua plus tard.

Cependant les armées d'Henri, obligé de renoncer à ses conspirations et à la ruse, s'avancaient pour appuyer sa querelle. Il assiége Rome, et il force à se renfermer dans le château Saint-Ange, Grégoire qui appelle à son secours Robert Guiscard, duc de Calabre.

Pour ne pas arrêter cette sorte de torrent, qui jusqu'ici, malgré nous, a entraîné les faits, nous n'avons pas encore parlé avec détail des Normands, que nous avons signalés seulement comme étant descendus dans la Pouille en 1016.

Les Normands ou Danois, après avoir ravagé les côtes de France, y avaient obtenu, vers l'an 900, un établissement dans la Neustrie, qui de leur nom fut appelée Normandie. Ces peuples, devenus chrétiens, manifestèrent bientôt une passion ardente pour des voyages à la Terre-Sainte. Pélerins armés, ils traversaient l'Italie, et reprenaient la même route, quand ils avaient visité le tombeau du Christ. Un jour que quarante-deux de ces chevaliers étaient à Salerne, la ville fut attaquée par des Sarrasins. Les Normands, presque sans l'aide des Salernitains, chassèrent ces ennemis. Le prince Guaimar III, qui gouvernait cette ville, voulut retenir près de lui ces braves défenseurs, mais l'amour de la patrie les rappelait en Neustrie. Ils ne s'éloignèrent pas cependant sans promettre au prínce de lui envoyer quelques-uns de leurs compatriotes qui, comme eux, cherchaient les combats et consentiraient peutêtre à se fixer dans une contrée plus belle que la leur. Un des Normands à qui les pélerins montrèrent des figues, des oranges, désira tenter les mêmes aventures; il partit avec ses quatre frères, leurs fils et leurs petits-fils, sur des bateaux non pontés. ce qui sera toujours une merveille, traversa le détroit de Gibraltar, et arriva dans la Pouille. Mélo, habitant de Bari, voulait chasser les Grecs, Il prit à sa solde les Normands, mais il fut battu. Les Normands qui échap

pèrent à la bataille ne perdirent pas courage, et s'emparèrent d'Aversa, où ils se fortifièrent. Plus tard, les trois fils aînés de Tancrède de Hauteville débarquèrent entre Naples et Gaëta. Robert Guiscard, l'aîné des enfants du second lit de Tancrède, commença à se faire redouter de ses voisins. Il attaqua les Grecs dans la Pouille et les dispersa. Puis il réduisit Salerne et la Calabre; il marcha contre les Lombards qui occupaient Bénévent, les mit en fuite, et rendit cette ville au saint-siége. Tel est le second titre de possession qui justifie les droits du pontificat sur cette principauté, possession qui dure encore aujourd'hui. C'est ainsi que fut détruite la dernière des dynasties lombardes, cinq siècles après l'arrivée d'Alboïn. Le frère de Robert, nommé Roger, avait soumis la Sicile, et Robert se trouva souverain d'un grand état qu'il avait conquis avec les forces d'un simple particulier. En 1081, il avait battu l'empereur Alexis Comnène en personne devant Durazzo. Tout-à-coup il se retourne vers l'Occident, où il entendait la voix de Grégoire qui implorait son appui. Robert accourt avec ses Normands, et pour que rien ne manque à la gloire d'un aussi hardi capitaine, il bat les armées de l'autre empire, et rétablit le pape dans l'église de Latran.

Ces vicissitudes avaient altéré la santé de Grégoire. Il mourut en 1085. Ce pontife fut le premier qui parla de croisades armées; il est encore le premier qui ait ordonné que le nom de pape ne serait attribué qu'à l'évêque de Rome. Sa mémoire a trouvé des détracteurs et des apologistes. Parmi les détracteurs, il y a aussi des Italiens; mais ils ne se souviennent pas qu'il est résulté de l'ensemble des événements du règne de Grégoire qui a demandé tant, et trop sans doute pour Rome, que l'Italie elle-même, dans ses fractions de principautés, a obtenu des concessions ultérieures des empereurs; qu'il est résulté de ces mêmes événements, que des successeurs de Grégoire, sans fracas, sans aucune incitation de vengeance per

sonnelle, ont pu faire connaître la vérité à ces empereurs, et amener cette heureuse paix de Constance, qui, comme nous le verrons, avec l'aide du courage des Milanais, assura une noble indépendance à l'Italie.

L'Église n'a eu qu'un seul pontife tel qu'Hildebrand. Une fureur de suprématie absolue qui tendrait à arracher la fidélité du cœur des sujets, pourrait précipiter l'Église dans un abîme de malheurs. Que feraient d'un droit semblable ces modestes et vertueux vieillards, et, comme disait Grégoire III, ces médiateurs de la paix, ces murs mitoyens entre l'Orient et l'Occident? Ne sont-elles pas d'ailleurs un code admirable de sagesse, un exposé lumineux de principes sains, avec lequel il n'y a aucun risque pour les dogmes, et aucun danger à redouter, ces autres paroles du même Grégoire III que nous avons déja rapportées? Les princes catholiques

n'ont pas plus de pouvoir dans l'administration des choses spirituelles, « que l'Eglise ne s'en attribue dans le ⚫ gouvernement des choses tempo« relles. >>

Nous avons parlé de l'excommunication, il est indispensable de dire en quoi elle consistait: l'excommunication était en usage chez les Grecs, les Romains et les Gaulois. César décrit en termes précis les châtiments de l'interdiction lancée par les druides. Dans la primitive église, les évêques dénonçaient aux fidèles les noms d'un excommunié, et leur défendaient tout commerce avec lui. Vers le neuvième siècle, on accompagna la fulmination de l'excommunication, d'un appareil propre à inspirer la terreur. Douze prêtres tenaient chacun à la main un flambeau allumé, qu'ils jetaient à terre pour l'éteindre, et qu'ils foulaient aux pieds après que l'évêque avait prononcé la formule de l'excommunication. Ensuite l'évêque et les prêtres proféraient des malédictions et des anathèmes. Le mot anathème signifiait auparavant, consacré, dévoilé, offrande mise à part, chose séparée, dévouée, puis il a signifié seulement séparé. L'a

ITALIE.

nathème retranchait du corps des fidèles et même de leur commerce. On a cherché à comprendre dans un seul vers latin tout ce que défendait l'excommunication:

Os, orare, vale, communio, mensa negatur; c'est-à-dire on refuse la conversation, la prière, le salut, la communion, la table.

La prudence du pape Pie VII a bien fait voir de nos jours ce que la cour romaine sait apporter de circonspection à cet égard, et de connaissance de l'état des esprits, même lorsqu'elle est le plus indignement outragée.

Le 12 mars 1088, Eudes, fils du comte de Lagny, près Châtillon-surMarne, monta sur la chaire de saint Pierre sous le nom d'Urbain III. Au moment de son élection, il se décida à une généreuse entreprise, dit Machiavel; il se rendit en France avec tout son clergé, rassembla à Anvers un grand nombre d'habitants du pays, leur adressa un discours, et les engagea à aller porter la guerre en Asie contre les Sarrasins. Les chefs de cette première croisade furent Godefroy de Bouillon, Eustache, Baudouin et Pierre l'Hermite. Urbain vécut assez pour apprendre la prise de Jérusalem."

Si l'on considère les croisades sous le rapport politique, on peut dire qu'alors il devait arriver ou que les Sarrasins reviendraient en France et en Italie, ou que les peuples occidentaux iraient les attaquer en Asie. On blâme, à de grands intervalles de temps, des entreprises dont on ne sait pas la cause, parce qu'elles seraient aujourd'hui intempestives; on est disposé à croire qu'elles l'ont été à l'époque où on les à exécutées; mais le chemin de Tours et de Rome était connu des Sarrasins; ils avaient couvert la France de sang et de carnage; ils avaient pillé les églises de Saint-Pierre et de SaintPaul: du reste, les conséquences des croisades furent l'affranchissement de beaucoup de communes, furent des institutions, des coutumes, des importations précieuses répandues dans tout l'Occident, et surtout en Italie, qui de

vint comme un autre Orient : nous de-
vons aussi aux croisades l'assurance
que nous avons eue jusqu'ici que les
mahométans ne viendront pas, de long-
temps au moins, détruire notre civili-
sation.

En 1125 mourut la comtesse Ma-
thilde, qui, par un acte conservé dans
la forteresse de Canosse, avait laissé
tous ses biens au saint-siége. C'est la
partie de l'État romain qu'on appelle
aujourd'hui le patrimoine de saint
Pierre, et qui s'étend de Aquapen-
dente à Ronciglione. Le pape Hono-
rius fit occuper les villes qui dépen-
daient de cette succession. On a dit
que cette princesse ne pouvait pas
ainsi laisser ses biens : elle les a laissés
en vertu du titre auquel elle les pos-
sédait depuis 1056 (pendant plus des
deux tiers d'un siècle), par elle-même
ou par l'administration de sa mère
Béatrix; ils lui avaient été donnés par
Boniface III, duc de Toscane, son
père, qui les tenait de la générosité
des empereurs. Ceux-ci devaient ces
biens à l'épée, source de tant de
droits. Avant la fin de sa vie, la com-
tesse avait perdu, par les révoltes,
une partie de ses possessions. Le saint-
siége ne recueillit que peu de pro-
vinces restées fidèles, et dont la con-
venance, à cause du voisinage, était
de conserver la protection de Rome.

Frédéric I, surnommé Barberousse, 22 empereur d'Allemagne, fils de Frédéric duc de Souabe, avait été couronné à Aix-la-Chapelle le 9 mars 1132, sous le pontificat d'Innocent II. II passa plus tard en Italie, et se fit couronner roi de Lombardie. Il députa ensuite vers Adrien IV, pour le prier de le couronner empereur à Rome. Le pape ne voulut y consentir qu'autant que l'empereur se soumettrait au cérémonial établi. Il refusa d'abord, puis il accepta les conditions. Ce cérémonial consistait à tenir l'étrier du pape et à l'aider à descendre de sa mule. Le pape, descendu, donnait à l'empereur le baiser de paix.

Milan s'étant révolté, Frédéric ordonna que les biens des habitants seraient confisqués, et que leurs per

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