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courut au pape pour apaiser la colère de ce duc, qui croyait avoir à venger des injures, et il consentit à rentrer dans Benévent.

Cependant Justinien, qu'on avait surnommé Rhinotmète (nez coupé), s'était fait faire un nez d'or, et toutes les fois qu'il le détachait pour se moucher, et qu'il voyait sa mutilation, il entrait dans de nouvelles fureurs et de nouveaux projets de vengeance. Tous les conjurés avaient péri, et il leur restait des parents qui devaient périr à leur tour. Des mois entiers de supplices n'épuisaient pas la cruauté de cet abominable empereur. Terbélis, apprenant ces horreurs, s'étonnait que les Romains traitassent de barbare sa nation: il lui semblait, au contraire, que l'humanité s'était réfugiée chez les Bulgares.

Justinien était toujours indigné de voir que les canons de son concile n'étaient pas reçus à Rome: mais il ne voulut plus recourir à la perfidie et à la ruse, et il supplia par des lettres le pape Constantin, qui avait été autrefois son ami, et qui régnait en 718, de se rendre à Byzance. L'empereur déclarait qu'il voulait entretenir amicalement le pontife sur des affaires ecclésiastiques; il faisait même entrevoir qu'il allait commencer à changer de conduite et à expier ses fautes: il engageait le pape à venir l'affermir dans ce dessein de clémence et de repentir.

Constantin, rempli de courage et de zèle, ne crut pas devoir balancer à

pelle le Liris un fleuve taciturne, et comment Silius Italicus dit que le même Liris dissi mule son cours. Ce fleuve est très-abondant

en poissons; ses truites ont un goût exquis; les écrevisses y abondent, et Apicius préférait les locustes du Liris à celles de Smyrne, d'Alexandrie et de toute l'Afrique. Dans l'aneien couvent de Santa-Maria delle Forme, on a établi la plus grande manufacture de papiers du royaume de Naples, construite sur des plans nouveaux, avec tous les perfectionnements dont l'Angleterre donnait les modèles. Le célebre Camille Corona, médecin distingué, qui est mort à Paris au commencement de ce siècle, était né dans l'ile de Sora en 1747.

les

entreprendre ce voyage, dans l'intérêt de la religion et du saint-siége. Il fit le sacrifice de ses jours, partit de Rome, le 5 octobre 710, et prit la route de la mer. Il était accompagné d'un cortége assez nombreux, composé de diacres, de prêtres et d'évêques. Il continua son voyage par la Sicile. A l'accueil qu'on lui faisait de la part de l'empereur, il eut lieu de penser que le prince n'avait pas encore d'intention malfaisante. Un diplôme impérial ordonna à tous ses officiers de rendre au pape les mêmes honneurs qu'à l'empereur lui-même. Tibère, fils de Justinien, accompagné des patrices et de la principale noblesse grecque, et le patriarche Cyrus, suivi de son clergé et d'une foule de peuple poussant des cris de joie, vinrent à la rencontre du pontife, jusqu'à sept mille pas de Byzance. Le pape, revêtu des mêmes ornements qu'il portait à Rome, jours de cérémonie, dit Lebeau, et les premiers du clergé, montés sur des chevaux des écuries impériales, dont les selles, les brides et les housses étaient enrichies de broderies d'or, entrèrent comme en triomphe. Jus qu'ici le courage de Constantin était pleinement récompensé. L'empereur étant absent, on conduisit le pape au palais préparé pour le recevoir. Le prince, qui était à Nicée, dès qu'il sut l'arrivée du pontife, lui adressa une lettre de félicitations, et le pria de venir à Nicomédie, où il se rendait lui-même. A leur première entrevue, l'empereur, la couronne sur la tête, se prosterna devant le pape et lui baisa les pieds. Ils s'embrassèrent ensuite, au milieu des acclamations du peuple. Ce fut dans un entretien particulier qu'ils parlèrent des canons du concile. Constantin en rejeta une partie, et il accepta l'autre. La conférence se termina au contentement du prince, qui se montra heureux d'avoir obtenu quelques avantages des condescendances de Constantin, et qui, pour donner un témoignage public de sa joie, assista, le dimanche suivant, à la messe célébrée par le pape, et voulut recevoir la communion de sa main. Il le con

jura de demander à Dieu la rémission de ses péchés; il renouvela les priviléges accordés par ses prédécesseurs à l'église Latine, et permit le retour en Italie du pape, qui rentra à Rome, en 711, après un an d'absence, plus fort, plus puissant, plus souverain que jamais.

Les sentiments de piété que la présence du pape avait inspirés à Justinien semblaient promettre quelque adoucissement de son humeur violente et sanguinaire; mais on ne fut pas long-temps à s'apercevoir que la religion n'avait pas sur lui assez d'empire pour éteindre cette soif insatiable de vengeance dont il fut la dernière victime. Il avait ordonné d'aller détruire Cherson, qui le voyait de mauvais œil pendant son exil; mais ses troupes y furent repoussées. Ravenne, qu'il avait soumise à de fortes contributions, parce qu'il l'accusait d'avoir applaudi à sa chute, et de s'être réjouie de sa mutilation, s'était révoltée, et il avait ordonné de faire verser le sang de presque tous les habitants, en n'épargnant qu'un petit nombre de personnes dont il se croyait aimé. Ces diverses séditions, quand elles furent connues dans l'armée principale, à Damatrys, disposèrent les esprits à une révolté générale. Elie, un de ses écuyers, dont il avait lui-même tué les deux fils, s'élança sur lui, au milieu d'une émeute militaire, le saisit par les cheveux, et lui coupa la tête. Après avoir donné cette tête, avec son nez d'or, en spectacle à Constantinople, on l'envoya à Rome, pour y annoncer le commencement d'un nouveau règne : le pape venait à peine d'arriver. Tibère, fils de Justinien, et associé à l'empire, quoique n'étant âgé que de dix ans, avait été assassiné avant son père. Cet enfant se trouvait à Constantinople lorsque Bardane Philippique, élu empereur par les soldats, se présenta dans le port. Le timide enfant se réfugia dans l'église de la Sainte-Vierge, au quartier de Blaquernes; il suspendit à son cou les reliques les plus respectées, il s'appuya d'une main sur l'autel, et de l'autre il serrait fortement la vraie

croix. Son aïeule, la généreuse Anastasie (car il avait perdu sa mère, Théodora, sœur de Busérus, roi des Chazares) se tenait à la porte du sanctuaire, comme pour en défendre l'entrée. Le patrice Maurus et Jean le Passereau avaient ordre de le massacrer. A l'arrivée des assassins, elle se jette aux pieds de Maurus, les baigne de larmes, et demande la grace de son enfant. Pendant qu'elle retenait le patrice, Jean s'élance dans le sanctuaire, détache de l'autel le jeune prince, lui arrache le bois de la vraie croix, lui enlève les reliquaires, se les passe lui-même au cou, et traînant l'enfant à la porte de l'église, le dépouille de ses vêtements impériaux, l'étend sur les degrés, et lui plonge un glaive dans le cœur. Tibère fut le huitième et le dernier prince de la famille d'Héraclius, qui avait eu le titre d'empereur.

Philippique voulut faire adopter à Rome toute la doctrine des monothélites, et il écrivit au pape Constantin une lettre remplie d'invectives. Ce pontife, en cette circonstance, plus soutenu et plus courageux, rétracta les promesses faites à Justinien. Le peuple romain se révolta avec fureur, et déclara qu'il ne recevrait ni les lettres ni les monnaies d'un tel empereur, que son portrait ne serait pas placé dans l'église, selon l'usage, et que son nom ne serait pas prononcé à la messe.

Christophe était alors le duc de Rome, nommé par les exarques. On prit les armes, on se battit sur la voie Sacrée, et il périt quelques personnes de part et d'autre. Rome craignait la vengeance de Bardane: mais il n'eut pas le temps de punir. Ce prince ne s'occupait que de ses plaisirs. Oisif au fond de son palais, il se livrait à la débauche. Il enlevait les femmes à leurs maris, il arrachait des monastères les religieuses dont on louait la beauté. En vain ses flatteurs allaient publiant que l'empereur avait un extérieur brillant qui devait imposer, qu'il était éloquent qu'il haranguait avec grace, qu'il distribuait les trésors, produit des confiscations ordonnées par Justinien : le peuple et les grands n'étaient pas sa

tisfaits. Il voulut célébrer, dit Nicéphore, l'anniversaire de la fondation de Constantinople par des courses de chars dans le cirque. Il traversa la ville à la tête d'une nombreuse cavalerie, puis alla se mettre à table avec les premiers de sa cour, et but avec excès. Alors le protostator Rufus a l'audace de se présenter au palais, où tout était dans le désordre d'une fête tumultueuse. Personne ne pensait au prince, qui dormait. Rufus pénètre jusqu'à sa chambre, et le trouvant seul, encore ivre, l'enveloppe d'un manteau, le transporte, tout enseveli dans le sommeil, jusqu'à l'hippodrome. Bardane n'est pas encore réveillé lorsqu'on lui crève les yeux. Il recouvre un moment ses sens, pour entendre qu'on lui fait grace de la vie, et qu'on va lui nommer un

successeur.

Son proto-secrétaire Artémius est proclamé empereur, et prend le nom d'Anastase II. Cette fois, le crime ne profita pas aux conjurés. Au milieu des soins qui occupaient le nouvel empereur, il crut devoir à sa propre sûreté, et à celle des souverains en général, la punition de l'attentat commis contre Bardane, son ancien maître; il condamna au supplice de perdre la vue, les patrices George et Théodore, complices de Rufus, et fit ôter la vie à ce dernier. Ensuite il se déclara pour les opinions que professait le pape Constantín, déposa le duc Christophe, qui avait ensanglanté les rues de Rome, et qu'il exila à Arpino (*) (planche 14),

(*) Nous avons donné ici une vue de la ville d'Arpinum, appelée aujourd'hui Arpino, près de laquelle coule le Liris. Cette ville, bâtie irrégulièrement, s'élève sur plusieurs collines. Vers le levant, on voit les substructions de la ville ancienne. La tradition rapporte que cette ville ancienne fut élevée par un prince appelé Saturne. Xénophon nous apprend que plusieurs souverains qui avaient bâti des villes et civilisé des pays, ajoutaient à leur nom celui de Saturne. Cette tradition pourrait donc n'être pas une fable et s'expliquer ainsi tout naturellement. Au temps de Marius et de Cicéron, qui sont nés dans cette ville, elle était grande et peuplée, el par sa situation sur plusieurs collines, une

rappela l'exarque Eutychius, ami de Christophe; enfin il envoya au pontife,

sorte de petite Rome. Arpinum, comme nous le dit Cicéron, avait des rentes (vectigalia) dans les Gaules, et elle envoya une fois des chevaliers romains pour en recevoir les intérêts. Ces rentes, provenant probablement de la portion qui lui avait été attribuée dans le partage fait en vertu de la loi Agraria, qui avait distribué les terres conquises entre plusieurs villes de l'Italie, paraissent avoir été considérables: elles formaient une partie du revenu municipal qui servait à la construction et à l'entretien des édifices publics. Vers le milieu du quinzième siècle, Arpinum allait être saccagé à la suite d'une rencontre entre les Français et Ferdinand d'Aragon; mais alors, de même que la mémoire de Pindare sauva Thèbes de la colère d'Alexandre, et que la mémoire d'Alexandre sauva Alexandrie de la colère de César, Arpinum fut épargné, sur les sollicitations du pape Pie II, en honneur de Marius et de Cicéron. Alors on remarqua que dans la ville une foule d'habitants portaient les noms du consul pour la septième fois, et de l'auteur des Devoirs. Les personnes distinguées de cette ville parlent des deux grands Romains qui sont la gloire de cette cité, avec des détails de localité dignes d'intérêt. Marius était fils d'un paysan qui sortait de la ville tous les jours pour aller labourer la terre. On ne croit plus à la fable des sept aiglons qu'une aigle avait déposés dans son berceau suspendu par sa mère Fulcinia à une branche de chêne; car il est certain, suivant les ornithologues anciens et modernes, qu'une aigle ne porte jamais plus de trois aiglons à la fois. aiglons à la fois. Quand Marius s'enfuit de Rome, il se dirigea, appelé par une sorte d'attrait qu'il ne put surmonter, vers les lieux qui l'avaient vu naîtro et qu'il avait peu fréquentés pendant tant d'années de victoires. Il courut à Ostie, s'embarqua pour Terracine; bientôt il se vit abandonné par la lâcheté de ceux à qui il s'était confié, vers l'embouchure du Liris (Garigliano), de ce même Liris sur les bords duquel il avait cultivé la terre.

Cicéron, né aussi à Arpinum, a parlé souvent de sa patrie dans ses ouvrages : en les prenant pour guide, on découvre quelle était la maison où il voulait faire inhumer sa fille Tullia. Selon Paul Alexandre Maffei (il Volaterrano), le corps de Tullia embaumé fut trouvé près de la voie Appia sous le règne d'Alexandre VI, mais on ne croit plus à

par le nouvel exarque Scholastique, des lettres qui ne respiraient que l'amour de l'ordre et de la paix.

Les Lombards n'avaient pris aucune part aux désastres de Rome. Ils commençaient à la redouter davantage; ils en convoitaient toujours la possession, mais ils ne pouvaient accomplir leurs projets d'invasion à une époque où Byzance et le saint-siége vivaient dans une telle intimité.

Anastase méritait de régner long temps: mais l'esprit des peuples avait contracté des maladies incurables, et se livrait sans cesse à un amour de la nouveauté qui ne leur permettait pas d'apprécier un bon prince. L'armée de terre avait élu un empereur; la flotte voulut avoir cet honneur. Elle rencontra à Adamyte, en Mysie, un homme, né dans cette ville, nommé Théodose, caissier des impôts, et qui jusqu'alors ne savait que recevoir les deniers du fisc et les envoyer au grandtrésorier; du reste probe, constant dans ses vues, d'un sens remarquable, et sans ambition. Les marins, déterminés à ne plus obéir à Anastase, offrent la couronne à Théodose. Il refuse, et se sauve dans les montagnes, pour n'être pas obligé d'accepter. On le suit, on le découvre, on le crée empereur malgré lui. Après quelques combats entre les deux rivaux, l'empereur de la flotte est vainqueur. Anastase cède à la fortune; il se fait conduire à lui, après avoir revêtu l'habit monastique, et il obtient la vie. L'autorité

cette supposition. L'éloquent orateur mourut dans le voisinage du lieu de sa naissance, vers Mola di Gaéta. Les Arpinates honorent Cicéron avec d'autant plus de raison, disentils, que le cardinal Baronius, né aussi dans les environs, a prouvé que Dioclétien a fait brûler avec la Bible des chrétiens, les livres de Cicéron, parce qu'il y avait reconnu des dogmes entièrement opposés à la religion païenne.

Marcus Agrippa, qui a fait construire le Panthéon, est né aussi à Arpinum, et mourut près de cette ville. Elle est encore la patrie du chevalier Joseph Césare dit le cavalier d'Arpin, rival de Michel-Ange de Caravage.

de Théodose avait été à peine reconnue en Italie.

Bientôt Léon, ancien général de Justinien II, attire l'attention générale: on fait courir le bruit qu'il mérite la couronne; et Théodose, doué d'un caractère modéré, se connaissant luimême hors d'état de soutenir le poids du sceptre impérial et d'une guerre de concurrence, signe une abdication et l'envoie à Léon, en demandant seulement la vie, comme il l'avait accordée à Anastase. Léon permet à Théodose d'aller mourir en exil à Ephèse.

Léon dit l'Isaurien a trop tourmenté l'Italie, où il a allumé la guerre des images, qui a duré 118 ans, pour qu'il soit permis de ne pas le faire connaître avec quelques détails. Ce fondateur d'une nouvelle dynastie s'éleva du dernier rang au premier rang de la société. Il naquit en Isaurie, suivant quelques auteurs, mais, suivant d'autres mieux instruits, il était Syrien d'origine, et natif de Germanicia, ville située au milieu des montagnes qui séparent la Cilicie de la Syrie. Il porta dans sa jeunesse le nom de son père Conon, qui était cordonnier, et il fit le commerce de la mercerie et des bestiaux. Ayant abandonné ces deux états, parce que des Juifs lui avaient prédit qu'il deviendrait empereur, il s'engagea comme soldat, et servit dans la garde de Justinien II. Ce prince, lui ayant reconnu du talent pour la guerre, le promut aux principaux grades de la milice. Le nom de Conon lui ayant ensuite paru indigne de lui, il prit celui de Léon. Il était bien fait, d'une taille avantageuse. Nommé par Anastase II commandant des troupes, il obtint de glorieux succès à la guerre. Désigné pour devenir empereur, et fort de l'abdication du receveur d'Adramyte, il se fit couronner à Constantinople, le 25 mars 717. Ce qui fut extraordinaire, c'est que les Sarrasins eux-mêmes contribuèrent à son élévation, et que leur suffrage entraîna la soumission de l'empire d'Orient. L'on fit signifier son avénement à Rome, qui le reconnut comme empereur. Les Lombards renouvelèrent avec lui les

traités anciens. Luitprand, leur roi, ce prince prudent, ami de la paix, et plein de valeur à la guerre, vivait en bonne intelligence avec saint Grégoire II, successeur de Constantin, et il avait confirmé la restitution des Alpes Cottiennes (partie du Piémont), qui avaient appartenu au saint-siége avant l'arrivée des Lombards, et dont ils s'étaient emparés. Cette possession procura de nouvelles richesses à Grégoire II. Léon, satisfait d'avoir été reconnu empereur sans aucune résistance, envoya au pape une profession de foi telle qu'il la pouvait désirer. Le pape fit répondre, par l'apocrisiaire, qu'il embrassait Léon comme fils de l'Eglise, qu'il le recevait avec tendresse dans sa communion, et qu'il travaillerait à lui assurer l'alliance des princes de l'Occident. Les images de Léon furent reçues à Rome avec le respect dú au souverain. Le pape les envoya même aux princes chrétiens, et aux Français, qui, à la recommandation du chef de l'Église, les accueillirent avec honneur.

Dans le printemps de cette année 717, le Tibre se déborda et causa beaucoup de ravages. Il rentra dans son lit au bout de neuf jours. La piété et la charité de Grégoire cherchèrent à adoucir les maux du peuple romain, et il arriva des aumônes et des secours de toutes les villes qui reconnaissaient l'autorité spirituelle du saint-père.

Léon régnait depuis 10 ans; il repoussait de Constantinople les Sarrasins, les Bulgares, il se défendait, armé du feu grégeois qu'il faisait lancer plus sûrement avec des tubes de bronze, il délivrait l'empire des tyrans Basile et Cosmas, qui s'étaient fait déclarer Augustes, l'un dans la Sicile, l'autre dans les Cyclades. Nous remarquerons ici que le sort des deux empereurs dépossédés avant Léon fut bien loin d'être le même. Anastase, tout revêtu qu'il était de l'habit monastique, s'était adressé à Terbélis, le libé rateur intéressé de Justinien, et qui avait promis de le servir: mais le Bulgare trahit le moine parjure et le livra à Léon, qui le fit décapiter. Théodose,

au contraire, toujours fidèle à sa promesse, ne pensa jamais à recouvrer le pouvoir. En mourant au milieu des bénédictions du peuple d'Ephèse, il ordonna de graver sur son tombeaù ce seul mot, santé, comme voulant dire que la mort était le terme des maladies de l'ame.

Léon, persuadé qu'après tous ses succès, rien ne pouvait lui résister, résolut d'abolir le culte extérieur que les fidèles rendaient aux images des saints. Affermi sur son trône, par le supplice d'Anastase et la résignation philosophique de Théodose, l'empereur se fia trop à sa gloire, et voulut être réformateur, entreprise délicate et périlleuse en fait de religion. La religion, dit un savant écrivain, redoute la main du prince: elle lui demande la protection, et non pas la réforme, qu'elle n'attend de que ses ministres. Ce caprice étouffa tous les talents de Léon. Un tel homme, parti d'une condition si basse, qui avait porté sur le dos des ballots de marchandises dans les marchés publics, et avait nourri et vendu des bestiaux; qui, Syrien, pauvre, sans éducation, sans aucune science, était arrivé à ce haut point d'élévation, à la plus éminente dignité politique de l'univers, ne pouvait pas être un homme ordinaire. Ses conceptions militaires avaient été habiles et profondes. Un instinct naturel le guidaît dans les négociations; il avait réprimé tous les ennemis de l'Orient, il était le plus brave soldat et le plus vaillant général de tout l'empire: il avait su être modéré, pacifique, religieux. Comment devint-il un farouche persécuteur, ce guerrier généreux. ce héros que la nature et la fortune avaient formé pour être bienfaisant et sensible? Par quel travers d'esprit embrassa -t-il une doctrine pernicieuse aux arts, qui abandonne l'homme dans un temple nu, et qui lui demande des prières, des émotions et du repentir, sans parler à ses yeux. à son esprit, à son cœur, à son imagination, à ses sens? Nous tâcherons d'expliquer ce caractère. Reconnaissons d'abord que ce prince avait été le père

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