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les paroles de Calliopas, on interrogeait ses présents; on redoutait sa fureur ou sa perfidie sur la voie publique, dans les palais, dans les processions, dans le sanctuaire même.

Enfin, Martin venait de se concilier la reconnaissance et la vénération des chrétiens, en envoyant en Sicile des sommes considérables, pour racheter les malheureux habitants professant la foi catholique, que les Sarrasins avaient réduits en esclavage, après une défaite dont Constant était l'auteur, parce qu'il avait enlevé à Olympius les moyens de défendre les villes." N'oublions de remarquer ici que pas la coutume des musulmans de réduire les vaincus en esclavage, força les chrétiens à des représailles, et rétablit, au moins dans les guerres de Turc à chrétien, l'odieux usage de la servitude.

Martin passait donc à Rome pour un ange de paix et pour un digne successeur des apôtres; mais dès qu'il eut encouru la disgrace de l'empereur, ce ne fut plus, à la cour, qu'un méchant, un homme dangereux, un pontife sans vertus, un sujet rebelle: puisqu'il avait envoyé des sommes d'argent aux Sarrasins, pour racheter les esclaves grecs et italiens, il voulait livrer l'Italie aux Sarrasins.

Calliopas ne charge pas un autre du soin de plaire à Constant. Il fortifie les postes de soldats placés le long des deux retranchements qu'Aurélien avait fait construire, en forme de bras, à droite et à gauche du tombeau d'Adrien, placé sur le bord du Tibre, monument appelé aujourd'hui le château Saint-Ange (*). Il se mon

(*) Le mausolée d'Auguste n'étant plus suffisant pour recevoir les cendres des familles impériales, Adrien en prit occasion d'élever un autre tombeau sur la rive droite du Tibre, dans les vastes jardins de Domitia. Comme cet empereur était assez bon architecte, et porté pour les édifices majestueux, il montra dans la construction de ce monument un goût, une grandeur et une magnificence vraiment admirables.

La planche représente d'abord le pont Saint-Ange, anciennement pont Ælius, båti par Adrien: ce pont, emporté par les

tre, en public, entouré de soldats et accompagné de Théodore Pellurius,

eaux en 1450, fut reconstruit par Nicolas V, et enfin orné de statues du Bernin, sous Clément IX. Dans le fond, on aperçoit le dome de Saint-Pierre; à gauche, est le monument que nous allons décrire plus en détail.

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Autrefois, on voyait d'abord un soubassement carré de 233 pieds romains de long revêtu de marbre et surmonté d'une corniche ornée de festons et d'inscriptions de Lucius Vérus et de Commode; on en comptait encore dans le VIIIe siècle onze qui sont rapportées par divers auteurs. Au-dessus de ce soubassement carré s'élevait le grand édifice rond, dont il ne reste plus que l'ossatura, formée d'énormes quartiers de pépérin et de travertin. Elle est dépouillée actuellement des marbres, des corniches et des autres ornements dont elle était recouverte. Sa circonférence est présentement de 576 pieds, et son diamètre de 283 pieds, à peu près. Anciennement, on distinguait un corridor et un mur qui faisaient voir le monument plus en proportion avec sa base.

Au-dessus de cette rotonde gigantesque s'élevait en pyramide un escalier majestueux qui conduisait à un temple rond périptère, dédié aux empereurs qu'on appelait alors dieux, divi, et auquel ont appartenu les 24 colonnes précieuses de marbre violet qui étaient dans l'église Saint-Paul, encore bien conservées jusqu'à l'incendie de 1823. Elles formaient le portique circulaire du temple, dont le sommet, suivant Clément VII, était surmonté d'une pomme de pin en métal, qu'on voit aujourd'hui dans un des jardins du Vatican.

Lorsqu'Aurélien renferma le Champ-deMars dans Rome, et lorsqu'il fit construire des tours sur la rive droite du Tibre, il se servit du tombeau d'Adrien pour y appuyer ses murailles. Au moyen de deux bras qui, partant des angles du mausolée, se prolongeaient jusqu'au fleuve, il forma un fort de six tours qu'il appela Hadrianium, au pied duquel il ouvrit une porte qu'il nomma Cornelia, du nom de la voie qui y aboutissait. C'est par erreur que Procope appelle cette porte Aurelia. Quand Théodose fit enlever les colonnes du mausolée, ou môle, pour les transporter à la basilique de Saint-Paul, l'édifice fut privé de sa partie supérieure, et Procope a raison de dire qu'il resta sans colonnes; mais la

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chambellan (camerarius) de l'empereur, à qui il devait remettre Martin, lorsqu'il se serait emparé de sa personne. Le pape tombe malade; Calliopas envoie un officier qui dit au pontife: « L'exarque apprend que le palais pontifical est devenu une place « de guerre, qu'on y fait des amas « d'armes et de pierres. Il en ignore la cause, et il ne peut s'empêcher << de condamner ces mouvements, << comme des préparatifs de révolte. » Le pape ordonna qu'on fit parcourir le palais à l'officier, qui put s'assurer qu'il ne s'y trouvait ni armes ni pierres. L'exarque avait employé cette ruse pour savoir si l'on était armé dans le palais. Rassuré par son officier, Calliopas ne cache plus ses desseins. Martin fait alors transporter son lit dans l'église même, comme dans un asile inviolable. Calliopas ordonne d'en

grande portion inférieure resta avec ses marbres et ses sculptures, que les troupes de Bélisaire mirent en pièces, en 537, pour les jeter sur les Goths, qui voulaient escalader le môle. Dans le XIIe siècle, on donna à cet édifice le nom de château Saint-Ange, probablement à cause d'une très-petite église placée à son somniet, dédiée à saint Michel, et qui avait la dénomination de Saint-Ange jusques aux cieux. En 1495, le môle fut endommagé par la foudre; Alexandre VI le répara et le fortifia. Paul III l'embellit à l'extérieur; il affectionnait ce séjour, parce que, y ayant été mis en prison, il s'en était enfui dans une corbeille d'osier suspendue à une corde. Pie IV cominença les fortifications intérieures, et Urbain VIII les fit mettre, par le chevalier Bernin, dans l'état où nous les voyons. Le général Miollis appelait le fort Saint-Ange, tel qu'il l'avait fortifié, le tonneau de fer.

Des feux d'artifice qu'on est dans l'usage de tirer, du haut du fort, le soir de la veille de Saint-Pierre, forment un spectacle enchanteur. Les 4500 fusées qui, allumées au même instant, partent en faisceaux du sommet de la tour, s'étendent circulairement en s'élevant, retombent rapidement, produisent, par leur diramation et leur éclat inattendu, une scène qui ressemble à une éruption de volcan. Ce feu s'appelle la grande girandole; il a été inventé par Michel-Ange.

foncer les portes, se précipite avec des soldats qui jetaient de grands cris, en frappant leurs boucliers de leurs armes i brise les chandeliers, les cierges, les siéges, et fait environner par des troupes le lit du pontife. Là il lit au clergé une lettre de l'empereur qui ordonnait d'élire un autre pape, parce que Martin était un intrus. Ensuite, malgré les cris des prêtres, qui se pressaient autour de leur chef, qui voulaient le suivre, qui demandaient à n'être jamais séparés de lui, il s'empara de la personne du pontife, qu'il emmena prisonnier dans son palais. Le lendemain, Martin est remis dans les mains de Pellurius, qui le jette dans une barque sur le Tibre, sans lui laisser emporter autre chose que des habits déchirés et un vase à boire. Pellurius le conduit à Porto, de là à Messine, où un vaisseau l'attendait pour le porter à Constantinople.

Le voyage devait être prolongé pour lasser la constance de Martin. On passa près de trois mois sur les côtes de la Calabre. Tourmenté d'une dyssenterie qui l'avait réduit à une extrême faiblesse et à un dégoût des nourritures les plus saines, il n'avait pour se soutenir que les aliments grossiers des matelots. Si des prêtres et des fidèles des lieux voisins lui apportaient quelque soulagement, on les maltraitait et on leur disait : « Puis« que vous aimez cet homme, vous << êtes donc les ennemis de l'empe<< reur. » Enfin on partit pour l'île de Naxos, où le pontife eut la permission de sortir du vaisseau; mais ce fut pour être prisonnier, une année entière, dans une maison de la ville.

Le 17 septembre 654, Martin arriva devant Constantinople. On avait écrit de Rome au nom du clergé, et de Pavie au nom des Lombards, pour le recommander à l'empereur; mais ces instances n'avaient fait qu'augmenter sa fureur. Il ordonna que Martin restât un jour sur le rivage, couché sur une natte, et exposé aux insultes du peuple. A la fin, enfermé en prison, il fut interrogé ensuite en présence de l'empereur, dépouillé du pallium,

traîné dans les rues et les carrefours, un carcan au cou, enchaîné avec le geôlier, pour montrer qu'il était condamné à mort le bourreau portait devant lui l'épée qui le devait égorger. Chancelant, marquant son passage par des traces de sang, il fut jeté dans une autre prison, où il serait mort de froid, si ses gardes n'avaient eu quelque compassion de ses souffrances. Au bout de trois mois, il fut transporté à Cherson (c'était le lieu d'exil des grands criminels). Enfin il mourut de fatigue et de douleur le 16 septembre 655. Les Romains avaient élu pape Eugène, du vivant de Martin, quì, de sa prison de Cherson, avait approuvé l'élection, pour que la chaire de saint Pierre ne fût pas vacante.

Ainsi finit la vie de Martin, pontife respectable, savant, courageux, constant dans les opinions qu'il avait professées, et dans des príncipes d'ordre que l'Italie tout entière soutenait contre des rhéteurs grecs, même dans l'état de démembrement politique et de capitulation réciproque où elle était réduite. On avait vu le pontife Léon négociateur heureux, le pontife Grégoire politique habile; on vit le pontife Martin, sachant souffrir et mourir sans ostentation, sans colère, ajouter ainsi à la réputation des pontifes, et continuer de consacrer loin de Rome, et par un autre éclat, la puissance du saint-siége.

Constant, satisfait du succès d'une expédition contre les Slaves, autres peuples que nous voyons depuis quelque temps au nombre des ennemis du nom romain, et jaloux de poursuivre l'effet de la terreur que le supplice de Martin avait répandue à Rome, prend la résolution de passer en Italie. Depuis la destruction de l'empire d'Occident, aucun empereur n'avait entrepris ce voyage. Un dessein si extraordinaire devait étonner l'Orient et donner lieu aux plus étranges conjectures. Le bruit se répandit que Théodose, frère de Constant, et assassiné par ses ordres, venait toutes les nuits l'effrayer dans le sommeil, que son ombre sanglante se présentait à lui, en habits de diacre, et que,

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tenant en ses mains une coupe pleine de sang, il lui criait d'une voix terrible: Buvez, mon frère. » On prétend que le même fantôme le suivit en Sicile, en Italie, et ne cessa de le persécuter jusqu'à la mort. D'autres disaient que, s'étant rendu odieux à tout l'Orient par les cruautés exercées sur Martin et sur un grand nombre d'orthodoxes, et plus encore par le meurtre de Théodose, qu'il avait fait mourir dans un accès de jalousie, le croyant plus aimé que lui d'une femme distinguée par sa beauté, il ne se trouvait plus en sûreté à Constantinople. Les Sarrasins lui avaient enlevé l'Égypte, l'île de Chypre et celle de Rhodes, où Moavius, feur chef, avait vendu à un Juif le fameux colosse représentant le soleil (le dieu de Chosroès), que ce vil marchand avait fait fondre, et dont il avait tiré 720,000 livres de métal. Constant, méprisé par ceux des Grecs qui aimaient encore les arts, déshonoré, haï, odieux à tous les ordres de l'État, annonça donc qu'il allait en Italie.

Il voulait abandonner Constantinople, expulser les Lombards, et rétablir à Rome le siége de l'empire, disant que la mère méritait plus de considération que la fille. Il équipa donc une flotte, et, s'étant embarqué, vers la fin de l'anné 662, avec ses trésors, il envoya ordre à l'impératrice, dont jusqu'ici l'histoire ignore le nom, et à ses trois fils, Constantin - Pogonat, Héraclius et Tibère, qu'il avait déclarés Césars en 659, de venir le rejoindre dans le port. Mais André, son chambellan, et Théodore de Colones soulevèrent le peuple, qui crut devoir montrer son exécration pour ce tyran, aussi cruel à lui seul que l'avaient été Néron, Commode et Héliogabale, et les Byzantins empêchèrent la famille d'aller rejoindre Constant. Ce refus ne le retarda pas d'un moment; il monta sur le tillac de son vaisseau, il cracha contre la ville, et fit sur-le-champ mettre à la voile. Ayant été passer à Athènes le reste de l'hiver, dès les premiers jours du printemps il partit pour l'Italie. Il arriva à Rome le 5

dénomination lui convenait à cause de sa

forme en coupole, semblable à la voûte du ciel; mais comme il n'y a pas de preuve que tous les dieux y aient eu leur statue, parce qu'ils n'auraient pu y être tous placés à cause de leur nombre infini, et qu'il y avait d'ailleurs des dieux dont les Romains se moquaient eux-mêmes, on peut dire plutôt que sa forme ronde et en même temps hypèthre (à découvert), configuration différente de celle des temples nouveaux, et dans les rites antiques plus généralement appropliquée au culte de chacun des dieux, duisit la dénomination de Panthéon. On a dit encore que cette exagération dans le titre venait de ce qu'un tel temple était si beau, qu'il eût pu être dédié à tous les dieux.

juillet de l'année 663, et y séjourna main commettre plus de violences, peutpeu de jours. Il se vantait à tout in-être, qu'on n'en pouvait reprocher aux stant de détruire les Lombards, mais il fallut renoncer à cet espoir. Le pape Vitalien alla au-devant de lui à la tête de son clergé, à deux lieues de la ville, et le conduisit à l'église Saint-Pierre, où l'empereur laissa un riche présent. Il visita ensuite Sainte-Marie-Majeure, où il laissa encore une offrande; lé lendemain, il se rendit de nouveau à Saint-Pierre, avec toute son armée, il y entendit la messe, et mit sur l'autel une pièce d'étoffe d'or. Le dimanche suivant, il entendit aussi la messe à Saint-Pierre. Après le sacrifice, l'empereur et le pape s'embrassèrent, et se dirent adieu. C'était le douzième jour de l'arrivée de Constant. Jusquelà il n'avait donné que des marques de dévotion et d'une pieuse libéralité. Mais les Lombards venaient de battre récemment son arrière-garde à Naples; aussi il avait perdu l'idée de se fixer à Rome. Avant de partir, il pilla les églises, reprit les présents qu'il avait donnés, et enleva tout ce qu'il y avait de plus précieux dans la ville. On lui avait proposé d'orner le Panthéon, disposé en église depuis 608, sous Boniface IV, avec la permission de Phocas, mais Constant Ifaima mieux le dépouiller de toutes les tuiles de métal dont il était couvert (*). On vit un empereur ro

(*) Nous avons préféré donner ici une vue intérieure du Panthéon; la vue extérieure est connue de tout le monde, et les gravures l'ont reproduite dans toutes les dimensions: nous n'en donnerons pas moins, d'abord, une description succincte de la partie extérieure. On ne peut révoquer en doute que le Panthéon ne soit, parmi les anciens monuments de Rome antique, le mieux conservé, et en même temps le plus magnifique il fut élevé 25 ans avant l'ère vulgaire, par Marcus Agrippa, gendre d'Auguste, et il fut dédié à Jupiter-Vengeur. Ce temple contenait plusieurs idoles, entre autres celles de Mars et de Vénus, comme protecteurs, l'un de Rome, et l'autre de la famille Julia. César divinisé y eut aussi une statue. On a cru que le nom de Panthéon lui venait de la multiplicité des divinités qu'on y adorait. Dion Cassius a pensé que cette

La façade est octastyle, c'est-à-dire de 8 colonnes de front; elles soutiennent un élégant entablement et un pourtour bien proportionné, orné de bas-reliefs par Diogène, sculpteur athénien. Le portique a 103 pieds de long sur 41 de large; il est formé de 16 colonnes d'ordre corinthien: celles de la façade sont chacune d'un seul morceau de granit oriental blanc et noir, et les autres de granit rouge.

L'intérieur du temple, la cella, est un cercle parfait dont le diamètre a 133 pieds de long; et c'est de cette forme sphérique que l'église actuelle reçoit le nom de Rotonde. La longueur de ce diamètre est égale à la hauteur de l'édifice. La coupole est ouverte dans le milieu par un œil de 27 pieds de circonférence qui éclaire le temple; ce qui le constitue précisément hypèthre ou découvert. On compte tout autour 14 colonnes, dont 8 jaunes et 6 violettes, pour la plu part d'un seul morceau, toutes cannelées, avec des chapiteaux d'ordre corinthien.

Les huit petits autels placés dans le pourtour, à des distances égales, furent anciennement autant de petites ædiculæ pour les idoles.

Toutes les sculptures de Diogène athé nien ont péri, ainsi que les cariatides qui ont appartenu à ce temple, et dont Pline fait mention. Les cariatides représentaient, pour les anciens, le châtiment de la trahison des Cariens; elles l'exprimaient aussi dans le Panthéon dédié à Jupiter-Vengeur, c'est-àdire vengeur de la mort de César. Constant II ayant enlevé, en 663, les tuiles de métal dont le temple était couvert, Grégoire III

Goths et aux Vandales. Incontinent il fit transporter toutes ces richesses à Syracuse. Une telle conduite ne pouvait que fortifier la puissance des papes en Italie. Mais l'Orient et Rome devaient être délivrés de ce tyran fourbe et avare: il se forma plusieurs conjurations contre lui. Le chef d'une de ces conjurations était André, fils du patrice Troile. Un jour, cet homme, ayant accompagné Constant dans un bain, prit un vase avec lequel on versait de l'eau, s'en fit une arme, et en déchargea un coup si violent sur la tête de l'empereur, qu'il en mourut aussitôt.

Constantin IV, Pogonat (le barbu), fils aîné de Constant, vengea la mort de son père en se faisant livrer les conjurés par l'armée de Sicile. Il ne tarda pas aussi à se faire reconnaître à Rome, mais il n'eut aucunes représailles à y exercer, parce que Rome avait souffert sans murmurer les spoliations ordonnées par Constant II. Pogonat, rappelé à Constantinople par un genre de sédition fort extraordinaire que nous allons expliquer, ne tarda pas à se délivrer de ses ennemis. Les soldats dispersés en Asie et qui savaient que Pogonat avait honoré du titre d'Auguste ses deux frères, Héraclius et Tibère, mais qu'il ne leur accordait aucune part dans les affaires, s'avisèrent de s'écrier: « Nous adorons « les trois personnes de la Sainte Tri« nité, nous voulons être gouvernés « sur la terre comme dans le ciel, il « nous faut trois empereurs. » Pogonat s'empara des chefs de ce parti, les

le fit couvrir en plomb; Urbain VIII fit élever les deux clochers.

L'église est appelée Sainte-Marie-desMartyrs, parce que Boniface IV la dédia à la Vierge, et y fit transporter des corps de martyrs.

On a dernièrement fouillé dans une chapelle sous laquelle était enterré Raphaël, et l'on a trouvé son corps dans un état tel, qu'on a pu aisément le reconnaître. Il n'est donc pas vrai que le crâne qu'on a longtemps montré à l'académie de Saint-Luc, comme étant celui de Raphaël, ait appartenu à ce grand homme.

fit condamner à mort, et avertit ses frères de se conduire avec modération et avec sagesse.

La portion de l'Italie qui restait à l'empire pouvait-elle être heureuse, sous la domination des exarques représentant le fils d'un empereur qui avait saccagé la ville qu'il appelait la capitale de ses états en Italie? Oui, Constantin IV allait se montrer un prince pieux, bienfaisant, victorieux; et, sous son règne, les Sarrasins devaient être obligés de suspendre leurs conquêtes.

Quant au royaume des Lombards, Pertharit venait d'être élu roi à l'unanimité, et, sachant commander courageusement à tous les ducs, il maintenait la paix dans ses états, qui, pendant seize ans, ne furent tourmentés par aucun démêlé avec l'empire.

Si l'Occident jouissait de cet intervalle de paix, la guerre ravageait avec violence les contrées de l'Orient. Une circonstance remarquable ralentit les progrès des Sarrasins. Un Syrien nommé Callinicus, de la ville d'Héliopolis, parvint à s'échapper, et vint à Constantinople. Il y porta l'invention du feu grégeois, la plus meurtrière que les hommes aient imaginée pour détruire leurs semblables. On connaissait, chez les anciens Grecs, une composition que l'on appelait l'huile de Mé dée; mais ce n'était pas le feu grégeois. Il devait entrer dans la composition de ce feu, ce que la nature a produit de plus violent; il brûlait dans l'eau, et, contre le mouvement des autres feux, dont la flamme tend en en-haut, il tendait en en-bas. Ni les pierres, ni le fer, ne résistaient à son activité; on ne pouvait l'éteindre qu'avec le vinaigre, le sable ou l'urine (*). Du haut des mu

(*) Le secret de ce feu était perdu. Un Français, nommé Dupré, l'a retrouvé en 1756. Le roi Louis XV donna une pension à Dupré pour qu'il ne divulguât pas son secret, qui est mort avec lui. On était cependant alors en guerre avec l'Angleterre. Les Anglais ont depuis mis en usage les fu sées à la Congrève, que l'on croit être une sorte de feu grégeois. Dans toutes les guerres aujourd'hui on fait usage de ces fusées, qui

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