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moins affligée. Après la mort d'Agilulf, sa veuve Théodélinde avait maintenu la paix pendant la minorité de son fils Adolaad. La faiblesse de l'exarchat et la circonspection de Rome ne devaient pas troubler les Lombards dans la possession de leurs conquêtes. L'an 625, Théodélinde mourut, et ce malheur laissa sans conseil un roi de 23 ans qui, jusqu'alors, s'était laissé gouverner, il est vrai, par une mère prudente et habile. Arioald, duc de Turin, beau-frère du roi, conspira contre lui et le fit déposer. Adolaad s'enfuit à Ravenne, auprès de l'exarque Isaac, qui l'accueillit avec affection, et lui promit même de le rétablir sur le trône. Isaac était sollicité à cet égard par le pape Honorius, qui venait de monter sur la chaire de saint Pierre, et qui se proposait de punir, suivant toute la rigueur des canons, les évêques partisans du duc de Turin. Mais, avant qu'il eût été possible de rassembler beaucoup de troupes à Ravenne, un poison à temps, qu'Arioald avait fait prendre au jeune prince, au moment où il avait été déposé, produisit son effet. Le roi légitime étant mort, Isaac, voyant l'usurpateur paisible possesseur de la couronne, prit le parti de renouveler avec lui le traité de paix conclu auparavant avec Agilulf.

Arioald ne pouvait cependant réduire à l'obéissance les frères Tason et Caccon, tous deux conjointement ducs de Frioul, qui se rendaient redoutables par leur alliance avec les rois français. Voulant se débarrasser de ces ennemis, sans se compromettre avec ces rois, il pria l'exarque de lui prêter son appui, et promit de remettre cent livres d'or sur les trois cents livres que les Impériaux payaient aux Lombards pour en obtenir la paix. Le tributaire byzantin, croyant dissimuler sa faiblesse et montrer son importance, en payant cette fois un subside moins considérable, médita en même temps un crime, et chargea son général, le patrice Grégoire, de chercher à servir la politique criminelle d'Arioald. Grégoire invite Tason et Caccon à une en

trevue, sous prétexte de les adopter pour ses fils. Les deux princes se rendent à Opitergium, lieu où devait se faire la cérémonie; mais à peine sontils entrés, qu'on ferme les portes de la ville, et qu'ils voient fondre sur eux une foule de soldats qui attaquent leur cortége. Les deux frères s'embrassent pour se dire adieu, et se défendent avec courage. On les poursuit de rue en rue, de place en place. Ils renversent, avant de périr, un grand nombre de leurs assassins; enfin, accablés par la multitude des gardes, ils tombent percés de coups. Grégoire, joignant la dérision à la perfidie, se fait apporter leurs têtes sanglantes, et, leur coupant la barbe, dit : « On ne « m'accusera pas de manquer de pa« role. » Cette raillerie était fondée sur la forme d'adoption alors en usage; le père adoptif coupait la barbe de celui qu'il adoptait, voulant dire qu'il le chérirait comme s'il l'avait connu dans sa première enfance. Grimuald, frère des ducs assassinés, devenu roi de Lombardie, vengea leur mort dans la suite, en détruisant Opitergium de fond en comble. Nous nous rappellerons ce crime du patrice Grégoire, quand nous serons arrivés aux scènes de Sinigaglia, ordonnées par César Borgia.

Arioald mourut en 636. Le pape Honorius, qui avait à se louer des sentiments de religion de Gondeberge, veuve du roi, engagea les Lombards à lui accorder le même honneur qu'ils avaient fait à Théodélinde, mère de cette princesse, et à déclarer qu'ils recevraient pour maître celui qu'elle prendrait pour son second époux. La reine se recueillit quelque temps, et, croyant avoir fait un choix heureux, elle nomma roi Rotaris, duc de Brescia, qui fut ingrat, et la retint prisonnière dans son palais. Rotaris, époux cruel, se montra roi vaillant. Il s'attacha à agrandir le royaume et ordonna que l'on préparât la rédaction des lois lombardes, dont nous parlerons plus tard.

Le pape Honorius était mort. Isaac refusa quelque temps de reconnaître

son successeur, Séverin, et, pour s'enrichir, plus que pour marquer le droit de son autorité, il eut la pensée de piller, à Rome, le trésor de SaintJean-de-Latran, qui était rempli de vases précieux, de magnifiques ornements et de sommes considérables, que la piété des empereurs, des consuls et des patrices, et de beaucoup de souverains de l'Europe, avait accumulés dans ce dépôt sacré.

Maurice, cartulaire de l'église romaine, avait dénoncé Séverin comme voulant abuser de ces richesses; Isaac avait déclaré sur-le-champ que le prétendu crime de Séverin était prouvé, et qu'il fallait punir l'avarice du pontife. Maurice, encouragé par la complicité de l'exarque, se présente pour enfoncer les portes du trésor de l'église de Latran. Severin, accompagné des officiers et des domestiques du palais, avait soutenu une sorte de siége pendant trois jours. Mais Maurice ne tarda pas ensuite à pénétrer dans les salles même où était placé le trésor; il y mit les scellés, et fit prévenir Isaac qu'il n'avait plus qu'à venir chercher sa proie.

Un premier succès en fait bientôt désirer un second. Maurice, mécontent d'Isaac, qui l'avait mal payé, chercha à renverser son autorité et le représenta comme voulant usurper la souveraineté dans la partie restée à l'empire en Italie. En croyant mentir, il dévoilait peut-être les vrais sentiments d'Isaac: mais celui-ci, prévenu de cette conjuration, donna l'ordre d'arrêter Maurice, et le fit condamner à mort.

Après Séverin, Jean IV rendit sa mémoire précieuse, par sa charité vraiment pastorale.

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Dans l'Orient, les apocrisiaires. toujours soigneux d'expliquer à l'autorité de Rome la situation de l'empire, annonçaient qu'il perdait Alexandrie, et qu'Omar, l'un des successeurs de Mahomet, avait ordonné à Amrou, général de ses armées, de brûler la bibliothèque de cette ville.

Les pertes que l'empire faisait en Italie n'étaient ni si rapides, ni si

étendues, mais elles n'étaient pas moins irréparables.

Rotaris, n'ayant plus besoin de la perfidie complaisante d'un exarque, et regrettant peut-être les cent livres d'or abandonnées à Isaac, ne voulut plus renouveler le traité qui avait été constamment confirmé depuis 36 ans. Il s'empara de Gênes, de Savone et d'Albenga. Il battit Platon, successeur d'Isaac. Le grand travail, que le roi avait ordonné pour la rédaction des lois des Lombards, étant terminé, il le fit publier, pour en imposer à la fois par la gloire de ses armes et la prévoyance de son administration. Rome, Ravenne, Naples, Fiésole, les cabanes des marais de Venise étaient gouvernées suivant les lois de Justinien. Les Lombards, absolument illettrés, n'avaient encore ni lois écrites, ni même d'autre histoire que des traditions, qui passaient de bouche en bouche, et que les vieillards apprenaient et répétaient souvent aux jeunes gens. C'était une dignité et une sorte de magistrature que d'avoir. dans de tels états, une mémoire ornée, présente et facile. Les peuples de Rotaris ne se gouvernaient que par leurs usages. Le roi, voyant en outre que les empereurs dominaient quelquefois tacitement dans ses provinces, par l'application indirecte qu'on faisait de leurs règlements, à défaut de lois précises, déclara donc qu'il établissait un nouveau corps de droit, et il le fit reconnaître, le 22 novembre 643. Il y fut encore peut-être engagé par l'exemple de Dagobert, qui avait compilé les lois des Francs, des Allemands et des Bavarois, en respectant quelque chose des usages des Gaulois.

Dans son code, Rotaris ne fait pas mention du droit romain, que les Goths avaient adopté. Ceux-ci avaient eu raison d'en agir ainsi, puisqu'ils avaient confondu leurs intérêts avec ceux de la nation italienne. Rotaris qui, en attendant qu'il eût conquis toute la Péninsule (il se flattait de cet espoir), devait demeurer isolé, n'envisage que les coutumes de sa nation; il casse toutes les lois précédentes. Grimuald en

ajouta plusieurs, en 668; presqu'un demi-siècle après, Luitprand recueillit les actes de ses deux prédécesseurs, les soumit à un nouvel examen, et combla les lacunes que lui signalèrent ses conseillers. C'est cet ensemble

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qu'on appelle le Code lombard, qui demeura en vigueur pendant plusieurs siècles, jusqu'au temps où on retrouva les Pandecies, et encore, après cette découverte, le droit des Lombards ne fut pas tout-à-fait abandonné. Montesquieu dit : « Les lois des Bourgui agnons sont assez judicieuses: celles a de Rotaris et des autres rois lombards le sont encore plus. » Ces déclarations furent écrites en latin teutonique, ratifiées par l'approbation du peuple fidèle et de l'armée fortunée des Lombards. Le peuple et l'armée avaient alors des titres, comme en ont eu depuis les rois. « Assurés par leur courage, dit Gibbon, de la possession de leur liberté, de pareils législateurs ne songeaient guère, dans leur prévoyante simplicité, à balancer les pouvoirs d'une constitution, ou à discuter la difficile théorie des gouvernements. Ils condamnaient à des peines capitales les crimes qui menaçaient la vie du roi ou la sûreté de l'état, mais ils s'occupèrent surtout du soin de défendre la personne et la propriété des sujets. Selon l'étrange jurisprudence du temps, le crime du sang pouvait être racheté par une amende. Au reste, le prix de neuf cents pièces d'or, exigées pour le meurtre d'un simple citoyen, est une preuve de l'importance qu'on attachait à la vie d'un homme. On calculait avec des soins scrupuleux et presque ridicules les injures moins graves, une blessure, une fracture, un coup ou un mot insultant, et le législateur favorisait l'ignoble usage de renoncer, pour de l'argent, à l'honneur et à la vengeance. »

Luitprand condamna, en la tolérant, la cruelle mais trop ancienne coutume des duels, et il observait, d'après son expérience, qu'un agresseur injuste et heureux avait souvent triomphé de la cause la plus juste. Les Normands adoptèrent le droit lombard

lorsqu'ils se rendirent maîtres de l'Italie méridionale. L'empereur Frédéric II, qui succéda aux Normands, abolit la loi des Francs, et conserva aux lois lombardes toute leur autorité. C'est de ces lois que dérivent presque toutes les ordonnances de ce prince, qui sont suivies dans le royaume de Naples et de Sicile. Enfin le code lombard est le fondement, dit aussi Gibbon, du droit féodal que plusieurs nations européennes ont encore conservé. La forme de la législation lombarde donnait aux lois une existence ferme et durable. Les rois avaient apporté à la rédaction de ces édits la plus grande précaution, comme à la tâche la plus importante de la souveraineté. Ils convoquaient à Pavie les ordres du royaume, les nobles, les magistrats (les magistrats n'étaient pas nécessairement nobles) et les principaux guerriers, et, en présence du peuple fidèle et de l'armée fortunée, on examinait les proposi tions long-temps et de bonne foi. On discutait avec soin chaque article, on s'écoutait respectivement avec bienveillance, et ce n'était qu'après une mûre délibération qu'on s'en tenait à ce qui paraissait à tous, peuple ou armée, le plus conforme à la justice et à l'utilité publique. Peut-être ensuite les ministres du roi cherchaientils à interpréter la loi dans le sens qui favorisait le plus le despotisme, mais la loi avait été calculée sous toutes les faces, les prévisions avaient été multipliées, et il restait encore assez de liberté raisonnable pour le peuple et pour l'armée.

Cependant l'empereur Constant II, petit-fils d'Héraclius, entêté de monothélisme (doctrine qui, en admettant en Jésus-Christ deux natures, n'admettait qu'une volonté), plus attentif à soutenir cette doctrine qu'à défendre son empire, écoutait les disputes des théologiens sur l'unité d'opération et de volonté, tandis que les musulmans, leurs fouets à la main, comme avait dit Tourxanth, s'avançaient pour détruire la croyance en Jésus-Christ même.

Pyrrhus, patriarche de Constanti

nople, passait pour monothélite. Néanmoins il vint à Rome, en 649, présenter une abjuration au pape Théodore; mais, ayant depuis rétracté cette abjuration, le pape le déposa et le frappa d'anathème. Les papes avaient donc déja la puissance de déposer les patriarches de Constantinople!

Héraclius avait publié une ordonnance qu'il avait appelée Ecthèse ou exposition. Il imposait silence sur la question des deux volontés, et quoique l'hérésie se déguisât avec circonspection, cependant elle se démasquait à la fin, et l'opinion des monothélites s'y trouvait exprimée, comme étant la croyance catholique. Honorius, en se taisant, avait, pour ainsi dire, accepté l'Ecthèse.Jean IV, l'un de ses successeurs, avait déclaré hautement qu'il ne l'acceptait pas. Constant, voyant qu'elle n'avait fait qu'augmenter les froubles de l'Église, se flatta d'être plus heureux, en publiant un nouvel édit qu'il nommait Type, c'est-à-dire Formulaire. Il y défendait toute dispute, ordonnant de s'en rapporter à la doctrine de l'Écriture ou des Pères, sans s'expliquer sur la question en litige. Il menaçait les contrevenants de déposition, de privation de charges, de confiscations, de bannissement, et même de punition corporelle. Le zèle de l'auteur de cet édit, sous le nom de l'empereur, ne trouvait pas de châtiment trop rigoureux pour ceux qui ne pensaient pas comme lui. Nous rapporterons avec fidélité ce qui se passa à Rome, lorsque cet édit y parvint. C'est désormais par la résistance la plus vive que les papes vont manifester leur indépendance. Leur position politique paraissait plus assurée que jamais. Les Lombard's vivaient en paix avec le pontificat plus qu'avec les habitants de Ravenne. Les exarques étaient livrés à la débauche, à des calculs de vols et d'avarice, et généralement méprisés. On trouva, à Rome, que l'Ecthèse, contradictoire dans les termes, en imposant silence à tous, paraissait prononcer cependant en faveur des catholiques, et que c'était pour cette raison peut-être qu'Hono

rius, pape au moment de la publication de cet édit, avait gardé le silence prescrit, au lieu que le pe laissait la question indécise et défendait absolument de s'expliquer sur l'un et l'autre sentiment: le pape Théodore et les évêques catholiques, même les évêques lombards, rejetèrent à l'unanimité cet édit comme dangereux, parce que, dirent-ils, il fermait la bouche aux orthodoxes, confondait la vérité avec l'erreur, et laissait la foi muette et captive.

On ne se contenta pas de cette déclaration. Un synode assemblé dans Saint-Jean-de-Latran, composé de 105 évêques (l'Italie catholique fut presque unanime), condamna l'hérésie du monothélisme, l'Ecthèse et le Type, sous la qualification d'ouvrages dangereux.

Il fallait un appui guerrier à ces déclarations: les rois lombards parurent disposés à ne pas le refuser.

Alors Constant chercha à employer la ruse pour se venger du refus du pontife. La mort de Théodore prévint les mauvais desseins de l'empereur. Martin de Todi, successeur du pontife, déclara, en montant sur le trône, qu'à l'égard des édits de Constantinople, il partageait les sentiments de son prédécesseur et des évêques d'Italie. Constant donna ordre de le faire assassiner. Mais Martin ne sortait que bien accompagné, et l'exarque Olympius, qui avait reçu l'injonction de commettre ce forfait, ne put pas réussir dans son projet. Cependant, empressé d'obéir, il pria le pape de venir, un jour, lui administrer la communion dans l'église de Saint-Jean-de-Latran. On veillait de toutes parts sur les piéges que l'on pouvait tendre au pape. Les évêques n'étaient pas les derniers à témoigner leur zèle et leur empressement à honorer et à servir le pontife. Personne ne put croire qu'Olympius attirât le pape

dans une embûche, et qu'au milieu de l'église (*) on osât commettre

(*) La planche 10 représente l'église de Saint-Jean-de-Latran. Cette célèbre basi

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un sacrilége. Cependant comme alors les fidèles recevaient la communion à la place même où ils priaient, et que le pontife allait la leur porter, ainsi qu'aujourd'hui on la luí porte à lui seul, dans les cérémonies de Rome, Olympius devait se trouver dans un endroit

lique est la première et la plus anciente église du monde catholique, « la mère et le chef des églises de Rome et de l'univers.» Aussi est-elle le siége du souverain pontife qui, en sa qualité d'évêque de Rome, va, après son exaltation, en prendre possession. D'abord elle eut le nom de basilique constantinienne, parce qu'elle fut fondée par Constantin-leGrand. Sa construction date donc précisément de l'époque que, dans cet ouvrage, nous avons prise pour point de départ. On trouve cette église décrite sous cette dénomination dans les régionnaires. Anastase, bibliothécaire, qui florissait dans le IXe siècle, l'appelle Lateranensis, parce qu'elle fut bâtie sur le sol même du palais de la noble famille de Laterani. On l'appela encore basilique du Sauveur, après la dédicace que saint Sylvestre, pape, en fit au Sauveur, l'an 320; puis basilique d'Or, à cause des dons précieux dont elle fut successivement enrichie; et enfin basilique de Saint-Jean, parce qu'elle fut dédiée à saint Jean-Baptiste et à saint Jean l'évangéliste. Les papes ont habité le palais qui tient à l'église, jusqu'au temps où Grégoire XI reporta d'Avignon à Rome le siége pontifical, époque où ils fixèrent leur résidence au Vatican (1377).

Grégoire XI ouvrit la porte de la nef latérale; Martin V y fit faire une façade; Sixte V l'orna d'un double portique; Clément VIII, l'an 1600, renouvela la nef supérieure; Innocent X, à l'occasion du Jubilé de 1650, mit la grande nef dans l'état où elle est aujourd'hui; Clément XII fit, sur les dessins de Galiléi, la principale façade qui regarde la campagne : elle est une des plus remarquables et des plus magnifiques de Rome, ornée de quatre colonnes et de six pilastres d'ordre composite, terminée par onze statues.

L'intérieur de la basilique a cinq nefs, séparées par quatre rangs de piliers.

Dans une salle à l'extrémité du portique, du côté de l'obélisque, on voit une statue pédestre, en bronze, de Henri IV, roi de France, élevée en 1618.

Il s'est tenu dans cette église douze conciles, tant généraux que provinciaux.

plus écarté, entouré de ses gardes, et
son propre écuyer était prêt à poi-
gnarder le pontife, au moment où il
se baisserait pour prononcer les paro-
les de la communion. Le pape s'avance
avec tous ses prélats, Olympius s'a-
genouille, reçoit la communion, mais
l'assassin reste interdit. Martin se re-
tire. Olympius demande à son écuyer
pourquoi il n'a pas tué le pape : l'é-
cuyer lui répond qu'à l'instant où la
communion a commencé, il a été
comme frappé de cécité, et que, dans
son trouble, et un tremblement qu'il
n'a pu vaincre, il lui a semblé que le
pape avait disparu. Olympius, qui
déja éprouvait des remords, ne fait
aucun mauvais traitement à l'écuyer,
et, le lendemain même, se présente au
palais du pape, se jette à ses pieds,
lui avoue ses projets, lui confie les
ordres qu'il a reçus de Constantinople,
lui promet de ne pas les exécuter, et
lui demande pardon. Martin le relève
avec sensibilité, l'embrasse et lui par-
donne. Constant, mécontent d'Olym-
pius, le rappelle et l'envoie en Sicile,
pour combattre les musulmans qui
avaient déja porté leurs armes dans
cette île. Théodore Calliopas est nommé
pour remplacer Olympius dans l'exar-
chat, et il lui est ordonné d'aller rési-
der à Rome, pour exécuter des ordres
importants de l'empereur. Calliopas
arrive, déterminé à obéir sans scrupule
aux ordres les plus rigoureux.

L'Italie, quoique soumise à des maîtres divers, n'avait qu'un même sentiment pour le pape Martin. C'était un pontife d'une piété éminente, patient à supporter les injures et inébranlable dans son désir de défendre la foi. Simple et frugal dans ses dépenses, il n'était somptueux qu'en aumônes. Doué de cette habileté admirable que donnent la raison et la droiture, il apaisait les différends, il entretenait cette union si nécessaire pour que l'Italie ne fût pas livrée à d'inutiles désastres. On ne parlait qu'avec attendrissement de la scène de cet écuyer comme frappé de cécité, des remords d'Olympíus, de l'obstination impie de l'empereur; on épiait

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