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ses Discorsi, n'ose déclarer ce qui a le plus contribué à l'agrandissement de Rome, ou de l'épée de Romulus, ou du lituus de Numa : tant il est vrai, Sire, que ces deux moyens doivent être unis. Si les pontifes ne se sont pas signalés dans les armes, ce qui a été à sa place, ils nous ont fait des choses si belles, qu'elles exciteront une admiration universelle. Ils nous ont fait le pont de Civita-Castellana, qui a quelque affinité avec celui du Gard, et qui est plus beau que le pont des Romains à Ivrée, cette ville du Piémont, votre premier quartier général avant Marengo (l'empereur salua Canova de la tête): oui, l'Italie n'a pas de ponts des Romains bien véritables, autres que le pont de Rimini, et le pont di Nona, sur la route de Gabie, je crois, et puis encore celui qu'on voit à Ivrée (voy. pl. 91) (*). Monsieur Canova, ce fut un grand peuple que le peuple romain. Il fut grand jusqu'à la seconde guerre punique. César, César! celui-là fut l'homme grand. Non pas César seul, Sire, mais quelques autres, comme Titus, Trajan, Marc-Aurèle.- Non, monsieur, les Romains furent toujours grands jusqu'à Constantin. Les papes firent mal de maintenir la discorde en Italie, et d'être toujours les premiers à appeler les Français ou les Allemands. Les pontifes n'étaient pas capables d'être soldats par eux-mêmes, et voilà pour quoi ils ont tout perdu. Enfin, Sire, puisque vous êtes arrivé à cette grandeur par l'épée, ne permettez pas à présent que nos maux s'accroissent. Je vous le dis, si vous ne soutenez Rome, elle deviendra ce qu'elle était lorsque les papes habitaient Avignon. Malgré l'incroyable quantité de ses aqueducs et de ses fontaines, on man

(*) La planche 91 présente une vue trèsexacte d'Ivrée. J'ai eu communication, à ce sujet, d'un voyage en Italie, de Roscoë, traduit en français par M. le marquis de Châteaugiron, et qui n'est pas encore publié. Il serait à désirer que cette publication ne fût pas différée la traduction est écrite d'un style franc et facile, et elle obtiendrait un grand succès.

qua d'eau; les conduits se rompirent, il fallut boire le limon jaune du Tibre: la ville était un désert. » L'empereur parut vivement ému, et, frappé de ce fait, il dit avec force: « Mais on m'oppose des résistances! Hé quoi? je suis le maître de la France, de toute l'Italie et de trois grandes parties de l'Allemagne; je suis le successeur de Charlemagne : si les papes d'aujourd'hui avaient été comme les papes d'autrefois, tout serait accommodé. Vos Vénitiens, à vousmême, se sont brouillés avec les pa

pes.

Non pas au point où en est V. M. Elle est si grande qu'elle peut bien rendre au pontife le lieu convenable où il doit vivre indépendant, et exercer librement son ministère. Mais, en Italie, le pape est tout Allemand. » Et en disant ces mots Napoléon regarda l'impératrice. « Je puis assurer, dit-elle, que lorsque j'étais en Allemagne, on disait que le pape était tout Français. - Il n'a pas voulu chasser ni les Russes, ni les Anglais, ni les Suédois, de ses états, voilà pourquoi nous l'avons brisé. »

Canova insistait pour un raccommodement, et finit ainsi : «< Faitesvous adorer plutôt que craindre. « Nous ne voulons que cela, reprit l'empereur; mais, tout d'un coup, il rompit l'entretien.

Un autre jour, Canova se borne à parler des Venitiens, de leur situation déplorable, et il présente une pétition Est-ce de quelques-uns d'entre eux. « court?» dit Napoléon, puis voyant que le mémoire n'avait que peu de lignes, il le lut, et le mit dans sa poche, en promettant d'y avoir égard."

L'ouvrage n'avançait que lentement, parce que l'artiste voulait lui donner toute la perfection qu'on devait désirer; de là de nouveaux entretiens. Canova fut amené à parler avec assurance de l'ancien gouvernement de Venise. Il expliqua la forme et l'esprit de cette autorité. Napoléon écoutait avec attention et intérêt, surtout chaque fois que l'on prononçait le mot aristocratie. a Après la publication des œuvres de Machiavel, dit Canova, je ne croyais pas que Venise dût

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tomber. Ce grand politique disait : « Il me parait que les Vénitiens en« tendent leur affaire, car ils ont fait peindre saint Marc avec l'épée : le << livre seul ne suffit pas. » Pourquoi les Vénitiens ont-ils agí comme ils l'ont fait souvent? Ces aristocrates défiants ont craint de voir naître parmi eux un César; aussi, pour cela, ils n'ont pas voulu un seul général national sur la terre ferme. S'ils l'avaient eu, seulement avec le soin de ne pas trop prolonger l'autorité, ils auraient obtenu plus de succès de guerre. Vous avez raison maintenant, reprit gravement Napoléon; la prolongation des commandements est d'un grand danger. Moi, je disais aux membres du Directoire que s'ils continuaient toujours la guerre, il arriverait quelque général qui leur commanderait à eux-mêmes. >>

Ces conversations si remplies de verve, de faits, de courage, d'aveux, de récriminations et de révélations politiques, devaient finir par embrasser tous les intérêts divers de l'Italie, et ici Napoléon lui-même va être amené insensiblement à raconter de haut les principaux faits de l'époque. Le gentilhomme d'Ajaccio était en quelque sorte, à lui seul, l'Italie tout entière. Il aimait passionnément l'Italie, et dans cette circonstance, il laissera même surprendre au fond de son esprit quelques-uns des replis de sa vanité nobiliaire.

Un jour Napoléon interrogea Canova sur Alfiéri, et Canova trouva occasion de rendre un important service à Fiorence. « Où est le tombeau d'Alfieri?

Sire, dans l'église de Sainte-Croix (voy. pl. 24), près des tombeaux de Michel-Ange et de Machiavel.

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Qui

l'a payé? La comtesse d'Albany. Qui a payé le monument de Machiavel? Une société de souscripteurs, je crois. Et celui de Galilée? Ses parents, si je ne me trompe. Hé bien, cette admirable église de Sainte-Croix est actuellement en mauvais état. Il y pleut, et de tous côtés elle demande des réparations. Il est de la gloire de V. M. de conserver les beaux monuments, et

si le gouvernement a pris les revenus, il est bien juste qu'il entretienne les fabriques. Le beau dôme de Florence aussi se dégrade, Sire, parce qu'on n'a affecté aucuns fonds aux réparations. A propos de ces chefs-d'œuvre, je supplie V. M. de ne pas permettre que tant d'objets d'art, que nous possédons, soient vendus aux juifs. Comment, vendus? nous ferons tout porter ici! Mais non, laissez-les à Florence, où, à côté des fresques qu'on ne peut emporter, ils font un si convenable accompagnement. Autorisez, Sire, le président de l'académie de Florence à prendre soin des fresques et des tableaux. Je le veux bien. Cela fera d'autant plus d'honneur à V. M., qu'on m'assure qu'elle est d'une famille noble florentine. » A ces mots, l'impératrice se tourna vers son époux, et dit : « Comment, vous n'êtes pas Corse? Si, répondit Napoléon, mais d'origine florentine. » Canova reprit ainsi : « Le président de l'académie de Florence, le sénateur Alessandri, est d'une des plus illustres maisons du pays, qui a eu une de ses dames mariée à un Bonaparte; ainsi vous êtes Italien, et nous nous en vantons. Je le suis certainement,

ajouta Napoléon.

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La conversation tomba sur les improvisateurs; les deux interlocuteurs furent d'accord pour les louer; elle tomba ensuite sur les peintres. « Vous avez de mauvais peintres en Italie; nous en avons de meilleurs en France. - Il y a quelque temps, répondit Canova, que je n'ai vu des œuvres des peintres français; mais nous possédons en Italie des hommes habiles: à Rome, Camuncini, Landi; à Florence, Benvenuti; à Milan, Appiani et Bossi.-Les Français manquent un peu de coloris; mais ils dessinent mieux que vous. »> Canova défendit les Italiens. «< Vos peintres travaillent mieux à fresque, mais non pas à l'huile : avez-vous vu la colonne de bronze? - Elle est belle. - Ces aigles aux angles ne me plaisent pas. --Cependant, Sire, la colonne Trajane, dont celle de Paris est imitée, a de semblables ornements. Cet arc que

l'on construit au bois de Boulogne sera beau!-Très-beau. Tant de travaux font honneur à V. M.: vos routes surtout sont plus belles que celles des Romains. -L'année prochaine, la route de la corniche sera terminée; on pourra aller de Paris à Gênes sans neige. J'en veux faire une autre de Parme au golfe de la Spezzia, où j'entends former un immense port (*); de là j'aurai une ligne de batteries à fleur d'eau, jusqu'aux batteries en terrasse que Pommereul a élevées près de Castellamare (voy. pl. 92) (**).· Ce sont là des projets dignes de vous: il faut penser aussi à conserver les anciens monuments.

Vous avez raison. »

Le 5 novembre, on devait découvrir le buste; mais Napoléon dit : « Pas actuellement; il faut que je déjeune. Je suis fatigué : j'ai dicté toute la nuit, jusqu'à ce moment. Comment V. M. peut-elle suffire à tant d'occupations si pénibles? - Moi, monsieur, j'ai soixante millions de sujets, huit à neuf cent mille soldats, cent mille chevaux; les Romains eux-mêmes n'ont jamais eu tant de forces. J'ai livré quarante batailles : à celle de Wagram, j'ai tiré cent mille coups de canon, et cette dame-là, ajouta-t-il, en se tournant vers l'impératrice, cette dame-là, qui était alors archiduchesse d'Autriche, voulait ma mort. C'est bien vrai dit Marie-Louise.» Canova reprit: Remercions le ciel, les choses vont bien autrement aujourd'hui. » Ce jourlà, on ne découvrit pas le buste. Quelque temps après, en le voyant, Napoléon applaudit de nouveau et de très-bonne grace à l'idée de faire la statue de l'impératrice sous la figure de la Concorde.

(*) Il est heureux que Napoléon n'ait pas formé ce port et dépouillé Toulon. Lors de l'occupation, on ne nous aurait presque rien rendu, et Toulon aujourd'hui serait ruiné.

(**) On trouve pl. 92 une vue de Castellamare, lieu de délices auprès de Naples, où une foule d'étrangers vont passer la saison des chaleurs. Cette ville est voisine de Stabie, que M. Valery nomme la troisième vietime du Vésuve, après Herculanum et Pompeï. Le palais du roi s'appelle Quì si sana, Ici on se guérit. »

COALITIONS NOUVELLES CONTRE NAPOLÉON. - Di SASTRES DE Moscou. CovRAGE DES ITALIENS EN RUSSIE. -RESTAURATIONS PARTIELLES EN ITALIE. CONCLUSION.

Mais est-il bien possible que devant de tels succès, un si formidable pouvoir, un génie si actif, une audace si entreprenante, des talents comme surnaturels, et une conscience si bien convaincue de ses forces, la concorde puisse subsister, non pas entre le vainqueur téméraire et le vaincu découragé, mais même entre le gendre et le beau-père? Deux îles voisines de la France, qui semblent n'être que le pied-à-terre, en Europe, d'une puissance de géant, dont les bras étreignent notre globe, et commandent sur toutes les communications maritimes, ces deux îles ne voulaient pas consentir à la paix universelle. Contraintes d'abandonner au principal maître du continent européen, les états qu'il pouvait facilement dévorer, elles excitaient à l'indépendance les royaumes les plus éloignés du sceptre de Napoléon. Le dénombrement qu'il faisait souvent de ses ressources, et dans lequel il parlait aussi de 400 millions gardés dans les caves des Tuileries, la confiance naturelle qu'il paraissait devoir accorder à tant de trésors en argent et en hommes dévoués, laissèrent pénétrer dans cet esprit, d'ailleurs si juste et si sensé, des idées d'orgueil sans bornes. « Il faut vaincre la Russie, dit-il un jour, et, par la Russie, conquérir la paix dans les Indes; » mais, après d'heureuses batailles, après des victoires non moins miraculeuses que les premières, il arriva que des temporisations, dont il ne voulut pas voir la portée, amenèrent la saison où les éléments se déchaînent quelquefois avec furie. En vain la plus brillante armée opposa-t-elle le courage le plus magnanime. A côté des Français, on voyait des milliers de Napolitains, de Romains, de Vénitiens, de Milanais, de Génois et de Piémontais, tous généreux et déterminés, combattre avec ardeur. On remarqua même que leur santé parut moins souffrir que celle des peuples plus septentrionaux, et que

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l'armée italienne conserva un caractère de dignité, de résignation et de gaîté qui mérite une sincère admiration, quoique les hommes qui la composaient, arrachés naguère aux loisirs de l'amour et aux habitudes des plaisirs du théâtre, ne fussent pas ces vétérans de nos brigades, familiarisés avec la douleur, la faim, les maladies et les dangers.

L'Italie attendait en silence que la lutte fût décidée. On prononçait loin d'elle sur ses destinées. Elle ne se refusait à aucun sacrifice; mais tout pour elle ne reposait que sur la vie et l'étoile d'un seul homme. Cet homme avait été immense, comblé des faveurs de la fortune et de la gloire. Les ambitions renversées, les droits anciens méprisés, les espérances déçues, les sentiments religieux offensés, et, il faut le dire, cet auxiliaire éternel et infaillible de toute révolution, c'est-à-dire cet amour implacable de la nouveauté, qui conspire le lendemain même du succès d'un parti, et qui ensuite ne dort jamais; enfin, les esprits agités par tant de circonstances diverses, étaient prêts à profiter des revers. LaPéninsule ne recevait l'existence que du roi d'Italie; il semblait avoir dit : « Avec moi, tout vivra, << tant que je le permettrai; sans moi, « tout doit mourir. » En effet, il survint de nouveaux désastres; ils furent réparés par le génie qui veillait, encore plein de vigueur, à la conservation de son ouvrage. Les désastres se renouvelèrent des défections, faciles à prévoir, affaiblirent ses bataillons. Quand on a forcé une nationalité vivante à passer sous le joug, il ne faut pas s'étonner de voir cette nationalité, dans des occasions favorables, retourner à son origine, à ses préjugés, à ses intérêts. L'Allemagne tout entière est reconquise, et déja une partie de la France est envahie. Le lieutenant de Napoléon, qu'il avait appelé souverain du royaume de Naples, de ce royaume qu'il avait oublié, suivant ses premiers projets, de réunir à l'empire, devient l'allié des ennemis. Tous les ports d'Italie sont bloqués. On prépare une descente près d'Ancône (voy. pl.93) (*).

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(*) La planche 93 représenté l'ancien arc

Cependant le prince vice-roi, adopté par Napoléon, occupait encore le nouveau royaume au nom de son père. Il commandait une armée aguerrie qui gardait sa foi et ses rangs; mais la tempête a mugi plus loin avec toute sa fureur : le colosse est tombé au milieu du fracas des armes de l'Europe acharnée à sa poursuite.

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Quel spectacle offrait alors l'Italie! Son roi était rélégué dans une petite île voisine du littoral de la Péninsule. Ce monarque avait assurément transplanté au-delà des Alpes quelques institutions sages que le caractère docile du peuple avait adoptées, et que son esprit d'intelligence et de sagacité avait applaudies mais le génie italien, en beaucoup de circonstances, n'était-il pas blessé et insulté? Les parties détachées des précédentes administrations gouvernementales, étaient comme restées debout dans l'attente du retour de l'ordre ancien. Excepté à Milan, où la populace commit un assassinat ignoble sur la personne d'un des ministres, partout les choses se réordonnèrent, sans violence, presque telles qu'elles étaient auparavant. De toutes les cachettes de l'Europe sortirent les souverains dépossédés, ou leurs héritiers.

de Trajan, qu'on admire sur le port d'Ancône. Cet arc, en marbre blanc, exposé à la furie des vents, a résisté jusqu'ici par deux causes que le savant abbé Antoine Léoni explique dans son histoire de cette ville, ouvrage dédié à Charles X en 1832. La première cause est la solidité des masses composant le monument, chef-d'œuvre d'Apollodore; elles sont unies ensemble par la juxtaposition, sans chaux ni sable, et semblent ne former qu'un seul morceau taillé comme un arc: la seconde cause est le soin qu'avaient pris les anciens Anconitains de construire près de l'arc une tour qui l'abritait du côté de la mer. Cette tour fut détruite par le colonel Jean-Baptiste Borghese, en 1532. Lorsqu'on l'a abattue, on a trouvé dans les fondations une jambe du cheval de bronze sur lequel la statue de Trajan était placée au-dessus de l'arc. On voit ce reste précieux dans la grande salle du palais de la Commune. M. Albertini, habitant de la ville, possède un doigt de la main droite de la statue de l'empereur.

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Napoléon lui-même, comme subjugué par la nécessité, ou plutôt pour se venger de Joachim, qui occupait Rome, venait de rendre l'état de l'église à son légitime possesseur, Pie VII. De toutes parts, les événements marchaient à une restauration : Ferdinand IV n'avait qu'un an à attendre pour rentrer à Naples; le grand-duc de Toscane, réfugié à Wurtzbourg, quittait les rives du Mein, si souvent glacé, pour les rives presque toujours fleuries de l'Arno. Ce prince était demandé courageusement à Arezzo, qui s'était montré fidèle à son souverain, au point de s'exposer aux plus terribles violences de la guerre (voy. pl. 94) (*). L'Autriche s'avançait vers Milan, après avoir placé une garnison dans Venise, évacuée par les Français, et qui ne devait plus recouvrer son indépendance. Le duc d'Aoste, devenu depuis longtemps roi de Sardaigne, par l'abdication de son frère, était unanimement rappelé à Turin, et déja même il ambitionnait Gênes, à qui l'Angleterre avait donné une parole, dont elle ne s'est pas souvenue, Gênes qui, pas plus que Venise, ne devait recouvrer son pouvoir aristocratique. Parme n'était pas rendue à l'Espagne on se proposait de donner cette principauté à l'épouse de Napoléon, sauf la réversibilité à la branche d'Espagne, privée de son héritage, et qui, en attendant, posséderait Lucques, réversible à son tour à la Toscane, après la mort de l'impératrice. Lucques était la troisième république sacrifiée à l'horreur qu'inspirait cette dénomination politique. Saint-Marin, toujours sage, réorganisait son établissement de l'Arringo (").Il n'y avait pas jusqu'à Monaco, dont un secrétaire anglais, arrivé

(*) On voit, planche 94, la place d'Arezzo, patrie de Mécène, de Pétrarque, de Michel-Ange, né à Caprèse, dans les environs. Ce grand homme disait à Vasari : « George, si j'ai quelque chose de bon dans l'esprit, cela est venu de ce que je suis né dans l'air si pur de votre pays d'Arezzo. »

(**)Je n'oublierai jamais que j'ai l'honneur d'être inscrit, par ordre des capitaines de la république, sur le livre d'or des patriciens de Saint-Marin.

en calèche de poste, ne reprît possession pour le rendre au duc de Valentinois.

Mais que devient l'armée française au milieu de tant de recompositions si subites? cette armée si courageuse, si forte, si respectable, qui n'avait pas été vaincue, qui, seule, pouvait recommencer la guerre! Napoléon, pour n'avoir pas voulu perdre quelques fragments d'autorité à Châtillon, Napoléon qui avait osé risquer sur un seul coup de dé toutes les portions de l'Europe qu'il possédait, avait perdu bien plus que l'Italie, puisqu'il était éloigné de la France. Les princes, frères de l'ancien souverain si abominablement condamné, reparaissaient. La nation, reconnaissant la voix de ces Français, ne leur disputait pas le pouvoir. Le commandant en chef de l'armée d'Italie licencia les régiments italiens, et ordonna la retraite de nos guerriers sur la France. Cette retraite ne fut pas certainement celle de Pavie, sous les ordres du traître d'Alençon (voy. pag. 242). Ce ne fut pas non plus la fuite, victorieuse si l'on veut, de Charles VIII, disant : « Ne vous chaille, France nous recevra » (voy. pag. 213); ce fut, en quelque sorte, le retour paisible des Pepin, des Charlemagne (voy. pag. 64, 65 et 66). Ce fut très-certainement une marche non interrompue, non contestée, comme celle des soldats de Catinat, sous Louis XIV, sortant de l'Italie à leur aise, pour être dirigés sur un autre point, par les ordres du maître. L'armée jette un dernier regard sur l'arc du Simplon qui décore une des entrées de Milan (voy. pl. 95) (*); elle revoit Ivrée, où on avait rédigé les plans qui devaient, quatorze ans auparavant, assurer en un seul jour la possession de l'Italie. L'armée traverse le mont Cenis. adresse ses derniers adieux à cet hos

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(*) « La porte du Simplon, dit M. Valery, sera achevée dans dix ans, et aux frais de la ville. La statue de la Paix remplacera celle de l'empereur Napoléon. Plusieurs des dix chevaux de bronze qui orneront ce monument sont terminés, et honoreront singulièrement le ciseau italien.» (Voy. pl. 95).

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