Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

chaire, il faut placer au premier rang le P. Granelli, le minime Gherardo Degli Angeli, enfin monsignor Dieudonné Turchi, capucin, évêque de Parme. On ne parle qu'avec les plus grands éloges de ses oraisons funèbres, de ses homélies, de ses lettres pastorales, et surtout de ses sermons à la

cour.

Nous avons à signaler ici des savants qui ont cultivé l'étude de l'antiquité, la philologie, et ce que les Italiens appellent l'érudition. Nous finirons par les arts libéraux. D'abord se présentent à nous Paul-Alexandre Maffei de Volterre et Philippe Buonarroti, de la famille du grand MichelAnge; c'est à Philippe qu'on a appliqué ce passage de Pline: « Il a donné aux choses anciennes la nouveauté, aux nouvelles l'autorité, aux communes l'éclat, aux obscures la lumière, aux ennuyeuses la grace, aux douteuses la foi, et à toutes le naturel et ce qui appartient à leur nature. Monsignor Bianchini, de Vérone; Antoine Boldetti, originaire de Lorraine, mais né à Rome; le marquis Scipion Maffei, dont nous avons deja parlé à propos de sa Mérope, et qui a mérité deux palmes; le chanoine Alexis Mazocchio, interprète des antiquités d'Herculanum, et le cardinal Ange Quérini, Vénitien, tiennent ensuite la place la plus honorable.

[ocr errors]

Nous nommerons aussi Gori, Passeri, Venuti, Paciaudi, Louis Lanzi, né près de Macerata, le même qui a composé une si belle histoire de la peinture italienne, et nous arrivons à Ennius Quirinus Visconti. Ici se présente la même question que pour Lagrange Nous nous contenterons dans ce travail, qui est une œuvre de concorde, de paix, et qui n'est entrepris que dans le but d'inspirer à nos deux belles nations une affection réciproque, nous nous contenterons de dire que l'Iconographie grecque (*), ce magnifique monument qui a

(*) Le duc de Richelieu présentait à Louis XVIII un exemplaire de l'Iconogra phie grecque; le roi lui dit : « Mais, duc de Richelieu, que vous ai-je donc fait ? je m'a

[blocks in formation]

:

Dans les deux autres branches des sciences que nous avons promis d'examiner, honorons Jean Lami, né près de Florence élevé en quelque sorte dans le musée de la société Colombaire, il voyagea ensuite en France. Pauvre et dénué d'argent, il fut obligé d'aller en Belgique pour rejoindre une légion italienne, et y demander du service : mais il n'était pas destiné aux travaux de la guerre. De retour en Toscane, il composa une Vie de Platon, restée, je crois, inédite. On lui dut plus tard les Delicia eruditorum, ouvrage qu'on lit en effet avec délices. A la mort de Lami, Léopold ordonna qu'il fut inhumé dans l'église de Saintedes éloges à donner à l'abbé Isidore BianCroix (voy. pl. 24). — Nous avons aussi chi, de Crémone, d'abord camaldule, qui exerça, avec des dispenses, les fonctions de secrétaire d'ambassade de remarquable avec J.-J. Rousseau. Naples. Il eut, à Paris, une conférence

Nous nommerons encore le chanoine Dionisi, Véronais, commentateur du Dante; le P. Canovai, qui, obtint de l'académie de Cortone le prix fondé par le comte de Durfort, ministre de France à Florence, et le P. Henri SanClémente, numismatiste habile, qui mourut presque au moment où il allait

perçois que mon exemplaire n'est pas complet; il y manque quelque chose. Le duc compte les feuilles, et prouve au roi que rien ne manque. « Nous ne nous entendons pas, reprit le prince. Il y avait une dédicace, un portrait, et je veux tout avoir. Est-ce que le roi parle du portrait de Bonaparte?— C'est vous-même qui venez de le dire; allons, monsieur le duc, il me faut l'ouvrage bien complet, texte et portrait. » Cette anecdote, qui annonce autant d'esprit que de bon goût, fit beaucoup d'amis à Louis XVIII parmi les partisans de l'empereur Napoléon.

ITALIE.

[blocks in formation]

LES BIBIENA.— VANVITELLS. — VALADIER. -
LIZIA. CANOVA. POMPKO BATONI. MENGS.
CANALETTO.
- VERNET. ROSALBA CARAIÁRA. —
BEAUMONT. APPIANI.

Bossi.

La tâche sera bientôt terminée, quand nous aurons jeté un coup d'œil rapide sur l'état des beaux-arts. Dans l'architecture, la renommée des Bibiéna s'était répandue au-delà de l'Italie. Ferdinand Galli, né à Bibiéna, en Toscane, introduisit dans les théâtres ces éclatantes décorations que l'on a encore perfectionnées après lui. Son frère, François, fut architecte de Philippe V. Un autre François, fils de Ferdinand, construisit le théâtre de Bologne. Louis Vanvitelli, né de Gaspard van Witel, d'Utrecht, fut déclaré, à 26 ans, architecte de la fabrique de Saint-Pierre : on lui doit le lazaret d'Ancône et son bastion. Il a élevé l'imposant et admirable château de Caserte. On remarque dans les environs, des aqueducs à trois rangs d'arcades, d'une hauteur effrayante, et dignes de l'audace des anciens Romains. Ce palais de Caserte est l'un des séjours les plus enchantés de l'Italie. Tous les genres de magnificence y sont rassemblés. Vanvitelli paraît un de ces génies qui, autrefois à Rome, eût élevé des monuments tels que le Colysée. Valadier, originaire français, s'est fait un nom très-honorable à Rome. L'Art de voir dans les beaux-arts, le Dictionnaire de François Milizia, sont des ouvrages classiques en Italie. Il fut un des premiers à admirer Canova.

--

L'art de la mosaïque, que l'Italie a conservé seule, reproduisait les plus beaux monuments de la peinture, et i inventait des émaux éblouissants qui multipliaient les illusions et les effets de lumière. Nous nommerons à ce sujet les Aquatti, les Morelli, Raffaelli et les auteurs du beau bouclier d'Achille, long-temps interrompu, mais enfin terminé pour êtra envoyé en présent à Charles X, par Léon XII, et qui se trouve dans les appartements de Saint-Cloud.

Parmi les sculpteurs, le souverain qui s'avance le premier, la couronne sur la tête, est le grand Antoine Canova (voyez pl. 86 et 87).

Au nombre des peintres figure Pompéo Batoni, Lucquois. Raphaël Mengs et le grand Vernet sont allés à Rome; mais il faut à peu près restituer le premier à l'Allemagne, si encore l'Espagne ne veut pas élever un conflit; et bien certainement il faut rendre le second à la France et sans rançon.-Les Vénitiens se glorifient de Rosalba Carriéra, Vénitienne, morte en 1757, qui travaillait en pastel, et qui obtenait quelquefois les mêmes résultats de vigueur de coloris que peut offrir la peinture à l'huile. Rosalba voyagea en France, et elle y a peint des portraits

(*) Sur la planche 86 no 4 on voit le portrait de Canova. On peut dire de lui:

Mira colui

Che vien' d'innanzi...... come Sire. "Vois celui qui s'avance comme souverain. » Dante, rre Cantica, chant IV. Nous aurons beaucoup d'autres occasions de parler de lui à propos de ses entretiens avec Napoléon. Sur la planche 87 on voit l'Hercule jetant Lycas à la mer, par Canova; à droite, son Hébé si gracieuse, si svelte, si divine; à gauche, une de ses danseuses si élégantes. Si nous avions voulu représenter tout ce que Canova a fait de noble, de terrible, de charmant et d'ingénieux, nous aurions dû retracer ses tombeaux, son Thésée, ses nymphes, ses bas-reliefs, et surtout sa Madeleine qu'on peut appeler la statue du christianisme, la composition qui rappelle tout ce que notre religion a de consolant, de tendre, et de propre à conseilier la vertu ou le repentir.

qu'on recherche. Canaletto, invité à se rendre à Rome, y fut traité avec distinction. A Florence il laissa un tableau charmant, représentant le palais du podestat (voyez pl. 88) (*).

Claude Beaumont rappelait à Turin quelques-unes des qualités de l'école d'Augustin et d'Annibal Carrache et du Guide. André Appiani régnait à Milan. Ses fresques dans le palais sont remplies de pensées nobles et généreuses. Son caractère, son charme particulier est un genre tel que celui du Parmesan, une élégance sans affectation, qui n'exclut pas le nerf, la vigueur et la vivacité de Jules Romain. Camuncini dessinait à Rome avec la plus exquise délicatesse. Bossi allait mériter à Milan l'estime et toute l'amitié de Canova.

[ocr errors]

PIRANESI. MORGHEN. GRAVURES DU ROI CHARLES III ET DE LA REINE CAROLINE D'AUTRICHE.

Au nombre des premiers graveurs il faut placer le chevalier Jean-Baptiste Piranesi (**). —Le grand Raphaël Morghen est au-dessus de tous les éloges (voy. ce qui concerne la Cène, pag. 283). La Transfiguration ne lui a pas donné moins de gloire. Nous

voyons dans l'ouvrage d'Antoine Lombardi, auquel nous avons demandé beaucoup de détails que nous venons de rapporter, qu'au nombre des personnes qui s'adonnèrent à l'étude de la gravure, il faut compter le roi Charles III lui-même, qui dessinait agréablement, et qui grava ses dessins. La reine Caroline, épouse de Ferdinand, gravait aussi à l'eau-forte d'une manière

(*) Ce palais est représenté ici sur la planche 88. On remarque sur les murailles les armoiries d'un grand nombre de gonfaloniers.

(**) Il sera possible actuellement de se procurer aisément à Paris tout son œuvre. Les planches qui le composent ont été acquises par MM. Ambroise et Hyacinthe Firmin Didot. Nous allons en voir paraître des collections plus complètes que celles qu'on connaît aujourd'hui, des vues inédites de ruines et de sites de Rome.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Il est un genre d'art particulier à l'Italie, c'est la gravure sur pierres, en camée ou en incise. Les Pikler s'y sont distingués. Pazzaglia est auteur de la Continence de Scipion, camée qui fut envoyé en présent à l'empereur Napoléon par le pape Pie VII. Cadès, originaire français, mais fixé à Rome, Santarelli, qui a travaillé particulièrement à Florence, Réga, célèbre à Naples, Pestrini, Cerbara, Calandrelli, Romains, sont des hommes d'un talent très-recommandable : les musées sont remplis de leurs chefs-d'œuvre ; souvent ils ont eu le bonheur d'égaler l'antique. On découvre tous les jours, à Rome surtout, des pierres gravées d'un beau travail. Cette concurrence excite l'émulation chez ces artistes, leur donne le goût du beau, et leur dicte les pensées les plus spirituelles. Le talent inépuisable de Barthélemi Pinelli, à la fois graveur, peintre et sculpteur, leur fournissait des dessins ingénieux. Malheureusement, le reste de l'Europe ne recherche pas assez ce genre d'ornement, dont l'usage est si répandu dans toutes les classes de la société romaine.

MUSIQUE.

R

--

MARCELLO. DURANTE. PORPORA LEO. JONELLI. PERCOLESE. TANTINI VALLOTTI. -GEMINIANI. — CORELLI. PICCINNI. FARINELLI. PATSIELLO.-CIMAROSA. -JOACHIM ROSSINI.

Ce n'est pas pour assigner des rangs de primauté et d'infériorité que nous ne parlons qu'en ce moment de la musique; nous nous excuserons suffisamment en disant que pour nous, nous ne connaissons pas de délassement, de charme, de satisfaction et de bonheur plus divins que les jouissances dues à cet art: en suivant Antoine Lombardi, nous n'avons trouvé la musique qu'à la suite de sa nomenclature, et nous, peut-être, nous l'aurions placée en tête des arts libéraux.

Mais ne retardons pas davantage les

applaudissements dus à Benoît Marcello.Voici comment il connut sa vocation. Son père, de l'antique famille vénitienne des Marcello (*), et sa mère, qui appartenait aux Capello, devaient nourrir, sans fortune, un grand nombre d'enfants. Marcello, fils aîné, loin de Venise avec sa famille, jouait de la flûte pour de l'argent devant une dame, qui demanda ensuite, en montrant Benoît, resté là taciturne, ce que savait l'autre frère. « Lui, répondit le père, il est bon à porter en voyage l'étui de l'instrument. » Benoît rougit, s'indigna, étudia sur une sorte de guitare, et cultiva la poésie. C'est à cette circonstance que nous devons le premier dieu de la musique en Italie. A 20 ans, il composa secrètement une messe. Comme fit depuis Alfiéri, il alla à Florence apprendre la belle langue toscane. Avant 21 ans, il avait publié un cours d'instruction de son art. Il mit ensuite en musique les cinquante premiers psaumes. François Durante, Napolitain, surpassa Porpora et Léo, qui l'avaient précédé. Ses leçons perfectionnèrent les dispositions de Jomelli et de Pergolèse, auteur du Stabat, dont la pensée lui vint pendant une maladie. - Un des plus grands maîtres du XVIIIe siècle fut Tartini. Né d'un Florentin établi en Istrie, il fit la nouvelle et singulière découverte du troisième son qu'on entend en touchant deux cordes à l'unisson. Appelé à Paris et à Londres, il ne voulut pas sortir de Padoue Les Vercellois eurent plus tard leur Vallotti, qui devait être organiste de la chapelle SaintAntoine de la même ville de Padoue.

[ocr errors]

au

François Geminiani, Lucquois, fut élève de Scarlatti et de Corelli. Nicolas Piccinni, né à Bari, teur de Didon, élève du Durante, à son tour forma Pascal Anfossi. Farinelli, excellent chanteur du temps, devint premier ministre en Espagne. Jean Paisiello naquit à Tarente en 1747. Peut-on oublier sa Nina? non, pas même après avoir entendu le Matrimonio segreto de Cimarosa. A la fin

(*) Il y eut un doge de ce nom en 1473. 24 Livraison. (ITALIE.)

du XVIIIe siècle devait naître à Pésaro Joachim Rossini, l'illustration nouvelle dont la renommée a parcouru toutes les parties du monde. Sa lyre est muette aujourd'hui ! Pour qui garde-t-elle donc ses derniers accents?

CHANTEURS ITALIENS. RÉFLEXIONS SUR LA MÉLOPIE. LUTHIERS DE CREMONE.

Il faut nommer en même temps parmi les chanteurs, les David, les Sénésino, les Mandini, auxquels ont succédé les Rubini, les Tamburrini, les La Blache. Au premier rang des plus admirables talents, on doit placer madame Catalani.

Nous avons ici une grande justice à rendre aux Italiens; il faut constater une de leurs plus nobles gloires, leur gloire musicale. Les poètes commencèrent les premiers à reconnaître qu'on pouvait intéresser le cœur de préférence aux yeux, et les musiciens s'aperçurent ensuite que toute la puissance de leur art, fondée sur les accords et les lois de l'harmo

nie, consiste principalement dans la mélodie.

C'est là, en effet, la seule chose, dit avec raison le célèbre Artéaga, jésuite espagnol, qui fasse de la musique un art imitateur de la nature, à cause de la propriété qu'il a d'exprimer par la succession des tons et des notes les divers accents des passions. La mélodie, disent encore d'autres auteurs, par ses mouvements tantôt rapides, tantôt lents, et tantôt régulièrement interrompus, a le pouvoir de nous arracher des larmes, d'exciter en nous la joie, la mélancolie, la crainte, l'espérance, le courage, et même de nous donner des images des objets qui ont fait quelconseils (*); elle nous rappelle les que impression sur nos sens, toutes les fois qu'elle veut nous peindre ces images, comme, par exemple, le murmure d'un ruisseau, le bruit d'un torrent, l'horreur d'une tempête, le souffle d'un féroces, les fanfares d'une chasse, la vent frais, les hurlements des bêtes

(*) «La musique me donne des conseils, disait. Gustave III; voilà pourquoi je vais travailler dans ma loge à l'Opéra, »

24

mêlée d'un combat, la naissance du jour, le sourire des graces, le silence de la nuit, les frémissements de la colère c'est la seule partie de la musique qui produise des effets nouveaux sur le cœur de l'homme. C'est la mélodie, enfin, qui soumet, pour ainsi dire, l'univers à l'empire de l'oreille, de la même manière que la peinture et la poésie le soumettent, la première, au jugement des yeux, la seconde, au pouvoir de l'imagination.

Telles furent quelques-unes des réflexions que firent d'abord les musiciens italiens. Dès lors le sentiment recouvra ses droits que les sens avaient usurpés, et au lieu de n'être qu'un simple assemblage de sons, la musique devint un art capable d'exprimer toutes les passions, de représenter tous les objets, et elle put même croire qu'elle avait la mission de porter les hommes à la vertu (*).

(*) Quant à ce qui concerne les instruments, nous ne parlerons pas ici des clavecins et des pianos. A cet égard, les Anglais, les Français et les Allemands ont laissé bien en arrière les Italiens. Nous ne parlerons que des violons. La beauté de ceux d'Antoine Stradivari, célèbre luthier de Crémone, qui florissait de 1705 à 1734, les fait considérer par tous les artistes, dit M. Fétis, comme ce qui existe de plus parfait en ce genre. Stradivari fut élève de Nicolas Amati; mais il le surpassa. Ses voûtes sont moins élevées, la capacité est plus grande, et les épaisseurs de la table, qui ne présentent rien de heurté, semblent mieux calculées que tout ce qu'on avait fait auparavant, et que tout ce qu'on a tenté depuis. Les luthiers les plus habiles de nos jours prennent Stradivari pour leur modèle, et cherchent à se rapprocher de ses formes. Pierre André Guarneri, élève de Jérôme Amati, et Joseph Guarneri, qui travailla long-temps sous la direction d'Antoine Stradivari, égalaient quelquefois ce dernier pour le son de leurs instruments (surtout Joseph); mais ils lui sont inférieurs quant à la perfection du travail. Quelques autres luthiers italiens se sont fait une réputation pour l'excellence de leurs violons, de leurs violes et de leurs basses: de ce nombre sont Maggini, Bergonzi, Cappa. Insensiblement l'art des Juthiers italiens a paru dégénérer; mais la gloire des anciens luthiers est bien consta

ENUMERATION DES GÉNIES ET DES TALENTS DE L'ITALIE DANS TOUS LES GENRES, PENDANT LE DIXRUITIÈME SIÈCLE ET AU COMMENCEMENT DU DIXNRUVIÈME.

Nous avons dit quel avait été et quel était l'état des sciences et des arts dans l'Italie, quand elle fut appelée à une organisation tout à fait inattendue, et soumise à la volonté presque absolue d'un seul homme, commandant à des guerriers français, mais né lui-même dans une portion de contrée qui parlait la langue de la Péninsule. C'était dans une situation d'avilissement, disait-on, dans une nuit de ténèbres morales, s'écriait-on avec beaucoup de feuilles publiques, que vivait cette nation italienne. « Elle a pu être grande, elle ne l'est plus : nous voulons bien reconnaître sa suprématie en musique, car dans la querelle qui s'est élevée à Paris, à propos de la musique, il n'y avait que deux rivaux, un Italien et un Allemand; mais sur le reste, nous instruirons l'Italie. Nous allons lui inculquer des préceptes de sagesse; nous lui apporterons des lois, des conseils, des leçons de littérature et d'histoire; nous lui apprendrons la logique, l'astronomie, le dessin, et l'art de chercher de grands exemples dans l'étude des anciens; » et cependant cette Péninsule si désolée, si pauvre, si humiliée, multipliait, sous la protection de ses princes, les éditions de Beccaria, de Filangieri et du code Leopoldiano, lisait avec enthousiasme Muratori et Tiraboschi, honorait Gerdil revêtu de la pourpre, allait offrir cette dignité au modeste Piazzi, assurait une réputation européenne à Galvani et à Volta, comblait de distinctions Appiani, Bossi, Camuncini, Mengs et Morghen, élevait à la porte de tous les théâtres des arcs de triomphe à Rossini. Le souverain pontife, modèle lui-même du courage religieux, appelait Canova pour l'embrasser en public, honneur qui n'est accordé qu'aux souverains. Enfin le gouverne

tée. Aujourd'hui encore, des violons de Stradivari et de Guarneri se sont vendus depuis deux mille jusqu'à dix mille francs.

« ZurückWeiter »