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On appela à Naples des architectes de toute l'Italie, de Rome, de Gênes, de Venise, et surtout des Piémontais, pour leur demander leur avis sur les moyens de soutenir et de réparer les édifices de la Calabre qui avaient échappé au désastre, mais qui se trouvaient trop voisins des décombres. Les architectes napolitains montrèrent aussi un grand désintéressement, et des talents fort distingués. La raison pour laquelle des Piémontais furent comme de préférence appelés à Naples, fait trop d'honneur à cette partie de l'Italie pour que nous ne rapportions pas ici le fait qui, en 1776, avait rempli la Péninsule tout entière de surprise et d'admiration. Près de la ville de Crescentino, au confluent du Pô, on avait érigé anciennement une chapelle dite Notre-Dame du Palais, sur les ruines de l'ancien palais de la reine Placidie,

observateurs veulent qu'il soit hypètre, c'està-dire découvert. Mais, en regardant attentivement, on aperçoit des murs et des colonnes intermédiaires, qui devaient soutenir un toit. Le troisième temple, dans le fond, à gauche, s'appelait temple de Cérès. Il est hexastyle-périptère, mais seulement avec treize colonnes sur les côtés. Nous avons vu, pag. 74, que Robert Guiscard, l'aîné des enfants du second lit de Tancrède, occupa Salerne; alors, il fit transporter dans cette ville beaucoup de restes précieux qu'il trouva à Pæstum; on les voit encore dans la cathédrale: ce sont des colonnes et des chapiteaux de marbre, des tasses de porphyre, des mosaïques, deux urnes sculptées. Une de ces urues représente l'expédition d'Alexandre dans les Indes; l'autre, les plaisirs de la vendange, et des sectaires de Bacchus enivrés, revêtus des costumes les plus extraordinaires. Tous les poètes ont chanté les rosiers de Pæstum, qui fleurissaient deux fois par an: mais on n'y trouve plus que quelques églantiers, des opuntias (cactus), et quelques plantes palustrales qui épanouissent leurs Larges robes sur la surface d'eaux saumâtres et dormantes.

fille de Théodose-le-Grand, et qui était venue s'établir dans les environs de Milan à la fin de l'année 394.

En 1774 l'administration locale conçut le projet de prolonger l'ancienne église au moyen d'une rotonde. Il en résultait l'inconvénient d'être forcé d'abattre un clocher qui se trouvait dans la périphérie du cercle, et les habitants tenaient beaucoup à ce clocher.

Serra Crescentino, simple maçon, mais homme de génie, quoique absolument illettré, conçut le projet de conserver le clocher, en le transportant, sans le démolir, quelques pas plus loin, limite nécessaire pour la nouvelle construction de la rotonde. Les savants qui avaient étudié dans les livres, les hommes de traditions repoussèrent cette idée comme extravagante mais Serra expliqua son plan, et il en fit l'année suivante l'application à un autel menacé de perdre toute solidité, à la suite d'un éboulement de terres : ce grand autel, surmonté d'un immense tableau, fut reculé vers le lieu où il devait être appuyé sans danger. Le succès persuada les adversaires du projet, et l'on consentit au transport du clocher, moyennant le prix de la main-d'œuvre, évalué à cent cinquante livres.

Serra fit d'abord disposer les fondations du clocher à la place qu'il devait occuper; ensuite, il construisit la charpente telle qu'on la voit dans la planche 83 (*), ainsi que le plan incliné sur lequel des rouleaux devaient jouer.

(*) Je tire ce fait si extraordinaire, de l'excellente histoire de Verceil, 3 vol. in-4°, Turin, 1819, fig. M. le président de Grégori, auteur de cette histoire de sa patrie, président d'une cour royale en France, s'est fixé parmi nous: on peut, avec raison, le regarder comme un des meilleurs criminalistes qui existent aujourd'hui, et ses travaux sur les différentes dispositions du code pénal de toutes les nations, offrent des recherches et des solutions très-savantes. M. de Grégori n'excelle pas moins dans la connaissance des arts, des sciences, de l'histoire, et il est permis de dire que parmi nos académies, il y en a trois, sans doute, qui feraient une acquisition utile et iuste en l'appelant dans leur sein.

Dans la journée du 25 mars 1776, des ouvriers maçons coupèrent les quatre angles du clocher, qui se trouva soutenu en équilibre sur les poutres, ainsi qu'on peut l'observer sur ladite planche. Le 26, en présence d'une foule de curieux attirés de toutes parts, et après avoir fait monter son fils dans le clocher pour qu'il tînt les cloches en branle, Serra fit jouer les cabestans, et en moins d'une heure le clocher fut amené sur ses nouvelles fondations. Les quatre angles y furent reconstruits, et l'édifice reçut même une élévation de six mètres, qui lui a été donnée, afin qu'il surpassât de beaucoup en hauteur la fastueuse rotonde de la nouvelle église. Ce fait si remarquable parce que le Pô coule rapidement à peu de distance, et que les alluvions rendaient le terrain peu solide, est prouvé par un procès-verbal des administrateurs de la ville. Le roi Amédée III fit appeler à Turin le maçon Serra, et lui accorda une pension. Les procédés employés par Serra, qui a le premier conçu et exécuté la translation d'une masse aussi pesante, furent imités en Calabre, et l'on dut à cette pensée de l'illustre Piémontais, la conservation de quelques monuments que des éboulements trop voisins mettaient en danger d'une ruine prochaine.

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Mais reprenons le récit des événements politiques, qui vont amener plus tard la guerre, autre fléau destiné à ravager l'Italie dans toute son étendue.

La révolution de France est commencée. Elle doit saper d'abord le pouvoir du roi Louis XVI, puis élever des accusations menaçantes, et finir par faire tomber, sur un échafaud, la tête de ce vertueux monarque.

Une république est établie, par le petit nombre, dans ce beau pays si sage, où la doctrine monarchique est en si grand honneur; mais la catastrophe politique ne doit ébranler et renverser les fondements des trônes de l'Italie

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Une foule de combinaisons étrangè res à cette histoire, portent ce jeune homme au commandement d'une armée française en Italie: Bonaparte est chargé par le directoire de France, successeur de l'autorité sanglante de la Convention, d'offrir à la Peninsule ce qu'il appelait le présent de la liberté.

En Piémont, le roi Emmanuel III, mort en 1775, avait laissé le trône à son fils Victor-Amédée III. Les premiers avantages remportés sur ses troupes abattirent son courage : il succomba à une apoplexie, en 1796, et l'on proclama roi son fils, VictorEmmanuel IV, pour qui les Piémontais témoignaient une affection particulière. La république de Gênes, sous le gouvernement dogal, maintenait avec assez de sagesse ses relations de commerce, que la probité des négociants avait singulièrement fait rechercher. Parme était passée sous l'autorité de Ferdinand, fils de l'infant don Philippe. Il avait supprimé l'inquisition en 1769, et il méritait la reconnaissance de ses sujets.

Rome voyait sur la chaire de saint Pierre, Pie VI, élevé sous l'administration bienfaisante de Clément XIII et de Clément XIV, de celui-là même qui avait accordé aux instances des couronnes de Portugal,d'Espagne et de France, la destruction de l'ordre des jésuites, si différemment jugés, même dans les temps d'aujourd'hui. Pie VI opposait une courageuse résistance aux attaques contre la religion, dont la France donnait le signal. Venise, qui venait d'agrandir la puissance de ses doges, et de diminuer celle des inquisiteurs d'état, avait, il faut le dire, s'il y a opportunité de juger cette question plutôt sous le rapport de la politique,

que sous le rapport de l'humanité, laissé pénétrer dans les environs des lagunes, et même dans quelques-uns de ses palais, l'esprit d'innovation. Ferdinand IV, après avoir si bien mérité de la Calabre, ne paraissait pas opposé aux principes de Caraccioli, vice-roi de Sicile, qui demandait des améliorations dans l'administration, sans penser à détruire l'édifice de fond en comble sous prétexte de le reconstruire à neuf. En Toscane, Ferdinand III, second fils de Pierre-Léopold, et l'un des meilleurs princes qui aient gouverné en Italie, gardait les bonnes institutions de son père, et repoussait avec constance les odieux moyens de surveillance dont Léopold lui-même avait fini par se dégoûter avant de monter sur le trône impérial, auquel il s'était vu appelé par la mort de son frère, Joseph II. Lucques se montrait fidèle à son antique organisation d'une aristocratie modérée. Saint-Marin, sans progrès, mais aussi sans danger, jouissait de son entière indépendance, que le protecteur Pie VI ne cherchait pas à altérer. Monaco, car il doit être fait mention de toute autorité distincte et reconnue, Monaco, sous l'appui d'une petite garnison étrangère, conservait ses droits de souveraineté. Le duché de Milan, avec ses habitudes d'obéissance, recevait les lois de François II, fils aîné de Pierre-Léopold, prince d'un caractère doux, facile, bienveillant, l'un des plus instruits parmi les puissants souverains de l'époque. Hercule III, duc de Modène, gouvernait ses fertiles provinces sous la protection de l'empereur.

Ces divers pays se voyant à la fois menacés et attaqués, s'étaient coalisés avec plus ou moins de sacrifices, pour s'opposer à l'invasion des Français. Le but secret du Directoire était de forcer le roi de Sardaigne à se détacher de la coalition, et d'amener l'Autriche, attaquée dans ses états de Lombardi, à conclure avec la république française la paix valeureusement contestée, en Allemagne, par le frère de l'empereur. Ainsi, la liberté des peuples ne venait dans l'esprit du Directoire qu'après

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une entière satisfaction des exigences de son orgueil.

VICTOIRES DU GÉNÉRAL BONAPARTE. L'ITALIZ SOUMISE TOUT ENTIÈRE. TRAITÉ DE TOLENTINO.

TRAITÉ DE CAMPO-FORMIO. BONAPARTE PART POUR L L'ÉGYPTE. -RETOUR DU GÉNÉRAL. IL EST DÉCLARÉ PREMIER CONSUL. — BATAILLE DE MARENGO.

Bonaparte, parti de Paris le 21 mars 1796, arriva à Nice le 27. Il n'y trouva, au lieu de 60,000 combattants bien organisés qu'on lui avait promis, qu'une armée de trente mille hommes, mal approvisionnés et à peine vêtus, mais braves et, disaient-ils, assurés de vaincre. L'armée coalisée austrosarde est repoussée : en quinze jours, le général remporte six victoires, prend vingt et un drapeaux, cinquante pièces de canon, dix-sept mille prisonniers, et il s'empare de la plus grande partie du Piémont. Une proclamation annonce qu'on est venu rompre les fers de l'Italie. Le gouvernement de Turin sollicite la paix. Le 15 mai, le général entre à Milan en triomphateur; le château seul résiste encore. Le 3 juin, il occupe Vérone; le 4, il investit Mantoue. Le 5 juin, il conclut un armistice avec Naples. Le général apprend la reddition du château de Milan, à Florence, au moment où il traite de la paix dans une entrevue avec le grand-duc de Toscane, Ferdinand III. Le 5 novembre, le duc de Parme signe un traité qu'il achète par des sommes considérables, et par la cession d'un chef-d'œuvre du Corrège. Le combat de Caldiero, la bataille d'Arcole, ajoutaient prodiges à prodiges. En 1797, à son entrée sur les états de l'Église, Bonaparte envoya un député à la république de Saint-Marin, pour lui proposer d'agrandir son territoire; mais le conseil général, sans assembler l'arringo, répondit que la république, contente de sa médiocrité, aurait craint, en acceptant ses offres généreuses, de compromettre, pour l'avenir, sa liberté. Au bout de quelque temps, excitée par des novateurs, la république essaya de changer la forme de son gouvernement, et d'imiter la constitution des Français; mais elle ne

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tarda pas à revenir, autant qu'elle put, aux institutions qui lui avaient été si profitables pendant tant de siècles.

Le 2 février, Mantoue se rendit. Le 19, le pape, tourmenté au sein de sa propre capitale par des mécontents qui s'assemblaient secrètement à la villa Médicis (voy. pl. 84) (*), fit signer le traité de Tolentino: ce traité, im

(*) La villa Médicis, représentée sur la pl. 84, est la même que Galilée eut la permission d'habiter, quand il fut jugé à Rome (voyez pag. 290): elle est bâtie sur le mont Pincius, et domine toute la ville de Rome. Ses jardins s'étendent jusque vers la magnifique promenade publique qui a été entreprise par les Français, et continuée par le cardinal Consalvi. Cette villa fut construite en 1550, par le cardinal Jean Ricci de Montepulciano, sur les dessins d'Annibal Lippi. Ferdinand II, grand-duc de Toscane, qui la posséda ensuite, y fit faire de notables embellissements, et la remplit de statues précieuses. L'Académie des beaux-arts à Rome, fondée par Louis XIV, était reléguée d'abord dans un palais assez obscur, voisin du théâtre Argentina. De là, elle fut transportée dans un palais de la rue du Cours, situé en face du palais Doria, et qui provenait de la succession Mancini. J'ai été témoin de la négociation du traité qui a donné la villa Médicis à la France, en échange du palais du Cours. M. Cacault, ministre plénipotentiaire à Rome, a dû combattre longtemps la prévention de quelques artistes, qui assuraient avec colère que tous les pensionnaires qui entreraient dans la villa pour y coucher quelques jours, mourraient en peu de temps. Ce fatal et injuste pronostic ne s'est pas vérifié, et les artistes d'aujourd'hui ne retourneraient pas sans le plus vif mécontentement au palais du Cours.

M. Girodet a été un moment d'avis de supprimer cet établissement, et de laisser les pensionnaires voyager à leur gré, avec la pension qui leur est accordée. D'autres artistes ont partagé cette idée. « Mais, dit couvageusement M. Valery, il serait à jamais déplorable de supprimer un moyen si puissant d'émulation pour les élèves, qui les attache pendant plusieurs années à l'étude du beau, au lieu de les jeter dans le gain du métier; il serait odieux de détruire l'un des plus admirables encouragements que l'on ait accordés aux arts... Au lieu de renverser le monument du grand siècle, je voudrais qu'il

posé par la force, ne devait avoir qu'une courte durée. Le Directoire ne renversait pas le pouvoir de celui qu'il appelait le prince de Rome, parce qu'il fallait encore quelque temps pour le frapper à mort, et mieux assurer les coups.

Le 18 avril 1797, toute l'Italie était conquise ou soumise à l'influence de la France. Le 7 octobre, l'empereur d'Allemagne consentit à faire souscrire le traité de Campo-Formio.

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Lorsque le projet du traité, tel que l'avaient rédigé les plénipotentiaires, fut communiqué, dit M. A. Hugo, au général en chef de l'armée d'Italie, celui-ci, à la lecture du 1er article, ainsi conçu, « L'empereur d'Allemagne reconnaît la république française,» interrompit avec vivacité le lecteur, et s'écria : Rayez cet article la république est comme le soleil aveugle qui ne la voit pas ! >> Puis il ajouta d'un ton plus calme : « Le peuple français est maître chez lui. Il a fait une république, peut-être demain fera-t-il une aristocratie, après demain, une monarchie; car son droit est imprescriptible: la forme de son gouvernement n'est qu'une affaire de loi intérieure. »

Combien ces paroles auraient dů prémunir cette spirituelle nation italienne que l'on précipitait dans les principes fantastiques de la république,

reçût un accroissement convenable et nouveau.» Le directeur actuel, M. Ingres, fera certainement fleurir cet établissement par ses sages leçons, par la douceur et l'aménité de son caractère.

Depuis que nous possédons cette villa, nous y avons fait construire une salle trèsétendue, où l'on a réuni les plâtres des plus belles statues de tous les musées du monde. C'est la plus riche collection en ce genre qui existe en Europe. On a donné, dans la villa Médicis, des fêtes de la plus imposante magnificence. La façade du côté du jardin, celle que l'on voit ici, est revêtue, dans toute sa hauteur, de bas-reliefs antiques fort précieux. C'est dans cette villa que se trouvaient auparavant les statues de la famille de Niobé, et les six prêtresses de Romulus, qui ornent la loge des Lanzi, à Florence (voyez pag. 245).

c'est-à-dire, dans un état politique de choses que les partisans de ce système si temporaire, et si peu enraciné, pouvaient repousser, à leur caprice, si on en croyait leur propre général! Apparemment ces paroles prophétiques ne furent pas alors assez entendues.

Gênes, Rome, Milan, Florence, Parme, Modène, Saint-Marin, Lucques, Monaco, Turin, Naples, avaient subi le gouvernement démocratique. Venise, après avoir été quelque temps livrée à ce bienfait qu'elle n'avait pas su apprécier, était passée au pouvoir de l'Autriche. Aucune des souverainetés de l'Italie, dont nous avons fait mention plus haut, n'existait plus dans sa forme antique. Mais le général, le vainqueur, le héros qui avait amassé tant de trophées militaires, venait d'être envoyé en Egypte, Là, où le Directoire espérait qu'il perdrait la puissance de son talent, ou la vie, il se trouva que le général acquit plus de consistance et de santé. En 1799, l'Italie fut perdue en quelques mois par le Directoire, qui ne sut pas la défendre. Bonaparte, au bruit de l'anéantissement de ses conquêtes, se retourna vers l'Occident, comme Robert Guiscard (voyez pag. 74). Voyant les désastres de ses compagnons, il accourut du Caire. Une armée, dite armée de réserve, mais qui devait être la principale armée d'exécution, fut organisée par des moyens qui paraissaient tenir de l'enchantement un matériel considérable se trouva réuni et transporté au-delà des montagnes, avec des prodiges d'intelligence et de célérité. Marengo (*) rendit l'Italie à son ancien vainqueur, honoré du titre de premier consul de la république française. Sous ce nom, en 1801, il gouvernait, avec une autorité absolue, la France et la partie septentrionale de l'Italie, qu'il avait reconquise avec tant de rapídité.

(*) C'est à Marengo que l'illustre général Desaix fut tué. Il avait comme un pressentiment de sa fin prochaine, et disait à ses aides-decamp: «Voilà long-temps que je ne me bats plus en Europe. Les boulets ne nous connaissent plus ; il nous arrivera quelque chose. »

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE..

L'ITALIE SCINDER EN DEUX PORTIONS AR LES RÉ. LI SULTATS DE LA BATAILLE DE MARENGO. CONCORDAT.-BONAPARTE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE. PUIS DÉCLARÉ EMPEREUR DES FRANÇAIS. SACRÉ EMPEREUR PAR LE PAPE PIB VII. SACRÉ AOI D'ITALIE.- RÉUNION DE PLUSIEURS ÉTATS DE L'ITALIE A LA FRANCE, ‹

L'Italie était scindée en deux portions par les résultats de la bataille de Marengo, gagnée sur les Autrichiens. En 1801, Ferdinand IV se voyait rétabli à Naples. Son retour avait été signalé par des violences qu'un amiral étranger ordonnait, ou permettait avec une indigne barbarie. A Rome, le pape Pie VII, nouvellement élu à Venise, gouvernait le patrimoine de Saint-Pierre et l'Ombrie dans des sentiments de ménagement et de douceur qui attestaient la bonté de son carac tère; mais il avait perdu les trois Légations. La Toscane se réjouissait du vain espoir de rester long-temps sous l'autorité de Ferdinand III; mais elle devait subir d'autres destinées avant que le souverain bien aimé revît le ponte di Santissima Trinità (voyez pl. 85) (*). Les Français occupaient le Piémont, Gênes, la Toscane, Lucques et la Lombardie. Les Autrichiens restaient toujours maîtres de Venise.

(*) Cette planche représente le magnifique pont di Santissima Trinità. Cosme I le fit construire sur les dessins de l'Ammanato, lorsque la grande inondation de 1557 eut renversé l'ancien pont. Le nouveau a trois cent-dix-neuf pieds de longueur, et il est composé de trois arches. Celle du milieu a quatre-vingt-dix pieds d'ouverture et quinze pieds de flèche. Ces arcs surbaissés ont beaucoup de grace. Nous en retrouvons l'idée dans le pont de Neuilly. Le pont di Santissima Trinità est un des plus beaux que l'on connaisse. Sa légèreté et sa hardiesse charment et étonnent le voyageur. On l'a orné de quatre statues représentant les quatre saisons de l'année. Il y a sur ce pont des bancs où l'on peut s'asseoir pour prendre le frais. L'air est si pur pendant l'été, qu'on y demeurerait toute la nuit sans redouter la fièvre, comme sur les ponts de beaucoup d'autres villes.

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