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lui de saint Grégoire comprenait les huit tons ou les quinze cordes de l'ancienne musique. Plusieurs auteurs croient aussi reconnaître dans la Préface et dans le chant de l'Oraison dominicale, la véritable mélopée des anciens Grecs. Il détermina la division des paroisses, l'ordre des processions, le service des prêtres et des diacres, la variété et les changements des habits sacerdotaux. L'expérience, dit Gibbon, avait appris au pontife l'efficacité des cérémonies pompeuses et solennelles, pour soulager les détresses, pour affermir la foi, adoucir la férocité et dissiper le sombre enthousiasme du vulgaire. A Grégoire, à lui seul on doit l'introduction franche et non contestée du christianisme dans la Grande-Bretagne. On a vu que le projet de civiliser ce pays avait été une de ses premières pensées religieuses. Pape, il voulut remplir ce haut devoir. La Bretagne conquise n'a pas entouré d'autant de gloire le nom de César, que la Bretagne chrétienne en a attaché au nom de Grégoire-leGrand. Il avait fallu six légions pour l'œuvre de la conquête ; quarante moines accomplirent l'œuvre de la conversion. Ils s'embarquèrent pour cette île, et en deux ans ces missionnaires avaient baptisé le roi de Kent et dix mille Anglo-Saxons. Saint Grégoire affranchit publiquement des esclaves qui appartenaient à sa famille; il disait qu'il fallait toucher doucement les plaies avec la main, avant d'y porter le fer. 11 recommandait à ses missionnaires qui auraient pu être trop zélés, de ne pas détruire les temples païens et de se contenter de les purifier. Cette simple invitation d'un homme sage, éclairé et tolérant, nous a conservé *partout beaucoup de monuments remarquables.

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« bards, par leurs factions domesti«ques, sans y laisser un roi, un duc « ou un comte qui pût soustraire cette « nation à la vengeance de ses enne« mis; en qualité d'évêque chrétien, <«< il aima mieux travailler à la paix: il «< connaissait trop bien l'artifice des « Grecs, et les passions des Lombards, « pour garantir l'exécution des trèves qu'ils concluaient entre eux. » Aussi l'éloquence, la générosité du pontife, ces deux vertus, les plus grandes que puisse posséder un prince, détournèrent le glaive des Lombards suspendu sur Rome, et empêchèrent ce retour éphémère de la puissance des Byzantins qui était odieuse à toute l'Italie. Ce fut par des reproches et des insultes que plusieurs empereurs reconnurent ces succès, qui d'ailleurs assuraient également l'indépendance de Ravenne: mais le pape trouva, dans l'affection d'un peuple reconnaissant, qui ne savait plus combattre, et qui savait encore aimer, la plus douce récompense et le meilleur titre de l'autorité d'un souverain.

Cependant le royaume des Lombards agrandi, Rome et l'exarchat de Ravenne affaiblis se partageaient encore inégalement la péninsule. Cet état dura près de deux siècles. Justinien avait réuni les offices et les professions que la jalousie de Constantin avait séparés, et dix-huit exarques furent successivement revêtus de toute l'autorité civile et militaire que pouvait conserver le prince qui régnait à Byzance. Le pays soumis à leur juridiction immédiate (car ils abandonnaient au pontife presque toute celle de Rome et des environs) comprenait la Romagne actuelle, ce qui depuis a été appelé le patrimoine de Saint Pierre, les marais ou les vallées de Ferrare et de Comacchio, les villes maritimes depuis Rimini jusqu'à Ancône, cinq villes intérieures entre la mer Adriatique et les hauteurs de l'Apennin. Les provinces de Venise et de Naples, séparées de Rome par des usurpations ennemies, reconnaissaient encore l'exarque; les trois îles de Corse, de Sardaigne et de Sicile, et Malte, continuaient d'obéir à l'empire,

dont elles recevaient directement des ordres.

Quel spectable deplorable! s'écriait, au commencement de ce siècle, un savant de la Toscane. Dans cette Italie qui semblait ne plus figurer qu'une toge de pourpre oblongue, flétrie, décolorée, lacérée et tailladée en plusieurs parties; dans cette Italie, les Lombards possédaient une grande partie du territoire, et depuis Pavie, qui était souvent la résidence du prince, honneur qu'elle partagea ensuite avec Milan, leur royaume se prolongeait à l'orient, au nord et à l'occident. Ce royaume forme aujourd'hui l'ancienne terre ferme de la république de Venise, devenue partie du royaume lombard - vénitien, l'extrémité méridionale du Tyrol, le Milanais, le Piémont, la côte de Gènes, Mantoue, les duchés de Parme et de Modène, le grand-duché de Toscane, une portion considérable de l'État de l'église, depuis Pérugia jusqu'à la mer Adriatique. Les ducs et enfin les princes de Bénévent survécurent à la monarchie, et ils donnèrent des lois pendant plus de 500 ans à la plus grande partie du royaume actuel de Naples.

Nous arrivons peu à peu au développement des explications nécessaires pour connaître plus tard la situation de l'Italie des temps modernes. L'esprit sera accoutumé d'avance aux noms nouveaux et aux diverses contigurations de ses démembrements.

Nous devons attendre encore pour reparler des mœurs. Quand une armée même nombreuse envahit un état, si elle est réduite à elle seule, elle ne forme qu'une petite nation. C'est de l'agglomération des vainqueurs et du peuple vaincu que se compose dorénavant la nation nouvelle: alors les habitudes se modifient de part et d'autre; les langages se heurtent, se confondent, mais finissent cependant par s'entendre. Dans le spectacle du commencement de cette élaboration universelle et de cette confusion d'usages, l'observateur n'a sous les yeux rien d'assez précis pour appuyer une opinion ferme. Il faut avoir vu cesser le

premier choc pour parvenir à connaître à fond le grand travail de recomposition qu'on est appelé à juger.

A Tibère II Constantin avait succédé Maurice, né à Arabisse en Cappadoce, d'une ancienne famille romaine. Après un règne de dix ans, une guerre malheureuse fut l'occasion d'une révolte de l'armée, qui proclama le centenier Phocas, que l'on couronna empereur le 23 novembre 602. C'était alors la coutume d'envoyer les images des nouveaux empereurs et de leurs femmes dans toute l'étendue de l'empire. Les habitants des villes portant des cierges allumés, brûlant des parfums, allaient recevoir ces images avec une grande démonstration de joie. On les plaçait dans les églises. On leur rendait les mêmes honneurs qu'on aurait rendus à la personne des souverains : c'était la forme la plus auguste sous laquelle les sujets reconnaissaient leur nouveau maître. Les images de Phocas et de Léontie, sa femme, arrivèrent à Rome, le 25 avril 603. Le clergé, le sénat et le peuple les reçurent avec acclamation, et elles furent déposées dans l'église de SaintCésaire. Gibbon loue de la manière la plus flatteuse la conduite que tint alors Grégoire-le-Grand. Phocas envoyait à l'Italie, pour exarque, Smaragdus qui l'avait déja gouvernée, et qui y était haï. Mais Grégoire, ami de la paix, et toujours investi par les Lombards, ne voulut pas contester les droits du centenier : Smaragdus put librement témoigner toute sa reconnaissance à Phocas. Laissons parler ici un monument de l'antiquité, qui nous a été conservé et qui va expliquer un fait historique peu connu.

Des colonnes honoraires, placées dans le forum romain, la seule qui soit restée debout, mais après avoir perdu sa statue, est celle que Smaragdus, exarque de Ravenne, fit élever, l'an 608, et qu'il dédia, le 1a août, à l'empereur Phocas (*), auquel appartenait la

(*) Nous devons le dessin de cette planche à M. Landon fils, pensionnaire du roi à Rome. On n'a pas, je crois, publié cette

statue dorée placée au sommet, suivant l'inscription qu'on lit sur la partie du piédestal quí regarde la voie Sacrée et l'église Saint-Adrien. Nous ne connaissons cette inscription que depuis le 13 mars 1813, époque où elle a été découverte, pendant le séjour des Français à Rome. Smaragdus annonce qu'il à consacré cette colonne, pour remercier Phocas d'avoir assuré le repos de l'Italie, et de lui avoir conservé la liberté. Il déclare, en même temps, que la statue, dédiée à Sa Majesté (Malestatis eius), est brillante de l'éclat de l'or. Cette colonne, d'ordre corinthien, a quarante-trois pieds romains de haut; le piédestal en a onze. En continuant, en 1818, les excavations, dont les frais furent payés en partie par Élisabeth, duchesse de Devonshire, on a trouvé que le piedestal était encore élevé sur onze marches d'escalier, en marbre, portant sur le sol du Forum pavé en travertin. Que de conjectures n'avait-on pas faites pour expliquer la situation de cette colonne, comme jetée à travers le Forum! I est certain aujourd'hui que c'est la colonne honoraire de Phocas. Ce fut assurément un lâche flatteur qui l'éleva; car Phocas était un homme méchant, qui faisait tuer et précipiter dans la mer tous ceux qu'il soupçonnait de ne pas l'aimer. Cette colonne ne peut nous aider en rien à connaître l'état de l'architecture et de la sculpture de ce temps: elle est d'un beau travail, mais, probablement, elle était elle-même une colonne honoraire d'un règne antérieur, et qui remontait au moins à l'époque d'Adrien.

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A Phocas, qui, même sur le trône. n'avait été qu'un soldat féroce et brutal, succéda Héraclius. Les exarques, qui élevaient des statues aux empereurs, croyaient justifier ainsi les violences et les rapines. Agilulf commandait aux Lombards: le chef du pouvoir pour l'empire était réduit à la nécessité d'acheter la paix de ce roi, tous les ans, par des redevances et des contributions. Lémigius, successeur de Smaragdus, s'était rendu encore plus odieux que ce dernier. Après cinq ans d'une servitude intolérable, les habitants de Ravenne se révoltèrent prirent les armes, forcèrent l'exarque dans son palais, et le massacrèrent avec sa femme et les magistrats qu'il avait amenés de Constantinople.

Héraclius, qui avait à soutenir une guerre terrible contre Chosroès, roi de Perse, ne pouvait faire respecter sur-le-champ son autorité en Italie, et les Ravennates ne furent pas immédiatement punis, parce que Chosroès occupa la Palestine et saccagea Jérusalem. L'apocrisiaire écrivait à Rome que, comme on reprochait à ce conquérant ses cruautés envers les vaincus, il s'écria: « Dites aux Ro<< mains que je les épargnerai, quand « ils auront abjuré leur crucifié, pour « adorer le soleil. >>

La religion ne trouvait pas, sur tous les points, d'aussi impies détracteurs. Agilulf venait d'embrasser ouvertement la foi catholique. Ce prince était humain il désirait la paix, mais les peuples d'Italie se déchiraient entre eux, quand la Providence paraissait avoir enchaîné leurs ennemis. Jean de Compsa, homme puissant à Naples, essaya de se révolter: l'exarque Eleuthérius, successeur de Lémigius, marcha sur cette ville, tua Jean de Compsa, et cette révolte finit, comme tant d'autres révoltes ont fini depuis à Naples. En ce moment, le même Eleuthérius, regardant l'Italie comme un membre détaché de l'empire, auquel elle ne tenait plus que par les exarques, entreprit de s'ériger en souverain. Ses soldats, dont il ne s'était pas assuré, fondirent sur lui et lui ôtèrent la vie.

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L'empereur envoya, pour le remplacer, Isaac, né en Arménie, d'une famille illustre, et qui garda l'exarchat dixhuit ans. Alors la méchanceté des hommes sembla ne pas suffire pour désoler l'Italie; elle souffrit de furieux tremblements de terre, et Pavie, ensuite Ravenne, Rome et Naples furent tourmentées par une lèpre inconnue, qui dura plusieurs années et fit périr un grand nombre d'habitants.

Tandis que l'empire grec et le royaume de Perse, les deux puissances les plus étendues de l'Orient, cherchaient à s'entre-détruire, un homme, caché au fond des déserts de l'Arabie, forgeait, dans l'obscurité, des ressorts dont luimême ignorait la force, et dont les efforts prodigieux devaient abattre l'autorité de ces deux colosses politiques, et changer la face du monde. L'Italie devait elle-même voir débarquer sur ses rives les audacieux sectaires de Mahomet. Il pouvait encore compter ses prosélytes, lorsqu'il fut obligé de s'enfuir de sa patrie. Cette fuite fut plus fameuse que les plus célèbres victoires, et sert d'époque aux peuples musulmans pour mettre de l'ordre dans leurs annales.

Boniface V, Napolitain, le soixantedixième pontife depuis saint Pierre, se faisait chérir alors à Rome par ses vertus, et suivait avec habileté la direction de sagesse, de fermeté et de condescendance, qu'avait fondée Grégoire-le-Grand. Il avait continué de faire orner de peintures religieuses les catacombes de Rome (*), à l'exemple

(*) Les catacombes étaient appelées originairement catatombes, de deux mots grecs qui signifient près des tombeaux; dans la suite, le nom de catacombes a prévalu. Ces souterrains ont été évidemment d'abord les arenaria, ou carrières, dont on tirait la pouzzolane qui servait à la construction des premiers édifices de Rome. On continua d'en extraire pour le même usage ce sable, produit volcanique, et d'un grain assez gros, qui se trouve communément autour de Rome, à Cività Vecchia et à Pouzzoles, d'où il tire son nom. On commence à le découvrir à une profondeur de dix à douze pieds; il a des parties calcaires dissolubles

de Célestin Ier, pape en 422. Boniface était loin de prévoir les maux

dans l'eau, et il forme un ciment d'une extrême dureté. Souvent le gouvernement français en fait venir à Toulon pour la réparation du port. Ces cavités, sans communication avec l'air extérieur, excepté par des ouvertures placées quelquefois à trois cents pas l'une de l'autre, ou plus éloignées, sont de la largeur de trois à quatre pieds, rarement de cinq et de six, de la hauteur de huit à douze, souvent de trois et de quatre, en forme d'allées et de galeries, rentrant les unes dans les autres par des carrefours assez frequents. Il n'y a, en général, ni maçonnerie, ni voûte, la pouzzolane se soutenant d'elle-même de temps en temps on rencontre des espaces plus grands appelés cubicula, ou chambres. Il n'y a pas de doute que ces cavités n'aient servi de cimetières. On creusait dans les parois de ces deux côtés d'allées toute la longueur nécessaire pour introduire les corps; c'était à peu près une longueur de six pieds dans l'intérieur, sur deux pieds de hauteur. L'ouverture n'était que de quatre pieds, et on la fermait d'une seule brique d'un pied et demi ou de deux pieds de haut, sur quatre de large, assu jétie avec du ciment. On plaçait ainsi quelquefois jusqu'à cinq ou six corps les uns au-dessus des autres : les cavités sont plus petites lorsqu'on y a déposé des enfants ou des femmes. Il y a des cimetières où il existe deux ou trois étages de ces allées; on descend dans les premières par les foramina (ouvertures), ensuite on trouve d'autres ouvertures qui conduisent aux allées inférieures, où l'on voit régner une autre suite de tombeaux. Quelques écrivains pensent que les catacombes sont les sépultures originaires des anciens Romains. Il est certain que la première manière d'enterrer a été de mettre les corps dans des caves; la coutume de les brûler est venue ensuite, parce qu'on a désiré rapporter les cendres des guerriers morts loin de la patrie. Les catacombes ont donc pu servir de cimetière anciennement; car, vers la fin de la république, l'usage de brûler les corps était depuis long-temps en vigueur à Rome et dans toute la Grèce, puisque les lois des douze tables, empruntées de celles des Grecs, et qui datent de 450 ans avant J.-C., défendaient d'oindre les corps de la potion myrrhine, ou myrrhée, avant de les brûler; ensuite les arenaria récentes, creusées pour

que ses successeurs souffriraient de l'ennemi nouveau qui levait la tête en Arabie. La doctrine de Mahomet, si fatale depuis si long-temps à celle de Jésus-Christ, a suscité trop de maux au saint-siége, pour ne pas mériter ici une attention particulière.

Mahomet, dès l'âge de douze ans, s'était entretenu, à Bosra, avec un moine nestorien, nommé, d'après quelques auteurs orientaux, Félix, fils d'Abd-Absalibi, chassé de Constantinople à cause de ses erreurs. Ce moine partageait les opinions du patriarche Nestorius, le plus ardent persécuteur qu'on ait vu sur le siége de Byzance. Ce patriarche avait fait brûler vifs des ariens, imposé, des deux côtés de l'Hellespont, un rigoureux formulaire de foi et de discipline, puni, comme une offense contre l'Église et l'État, une erreur chrono

la construction des nouveaux édifices de Rome, n'auront plus servi qu'à fournir de la pouzzolane.

il est probable que les chrétiens, sous les persécutions des premiers siècles de notre ère, ont trouvé les arenaria, ou catacombes, dans cet état, c'est-à-dire contenant d'anciens tombeaux, et vides dans les autres parties. Il n'y a pas de doute que pour celebrer leurs mystères, ils ne s'y soient réfugiés souvent. L'empereur Dioclétien ordonna un jour que quand une société de chrétiens qui fréquentait les catacombes de la voie Salaria y aurait été réunie, on élevât un mur horizontal à l'entrée de l'ouverture, pour y enfermer ceux qui y seraient rassemblés. Après Constantin, les papes auront béni ces lieux de douleur, et on aura commencé à y peindre divers sujets de l'Ancien et du Nouveau Testament. Bosio, qui a écrit avec discernement sur cette matiere, dit aussi que vers les VIII et X siecles on enterrait, dans la partie des arenariæ qui était restée vide, les corps des Romains indigents. Nous aurons occasion d'examiner quel a pu être le talent des artistes chargés des peintures des catacombes. Le tableau d'après lequel on a gravé la planche 9 est de M. Granet; il y a représenté plusieurs voyageurs français occupés à lire les inscriptions d'un tombeau de la voie Aurelia, à la lucur d'une torche que tient le custode de la villa Pamphili.

logique sur la fête de Pâques : on peut dire cependant qu'il professait une sorte d'arianisme réformé. Appelé nouveau Judas, il avait été censuré et dégradé du rang d'évêque. Félix, hérétique et ignorant, mais ardent et enthousiaste, avait donné à Mahomet une idée grossière, et telle qu'il l'avait lui-même, de la religion chrétienne. Le siége de Rome avait plusieurs fois condamné les prétentions des nestoriens, mais il n'avait pas pu parvenir à en extirper les débris. Ces fatales semences germèrent dans l'esprit de Mahomet. Il éprouva d'abord de l'horreur pour l'idolâtrie dans laquelle il était né, et, l'ambition venant encore après de tels sentiments, il conçut le hardi dessein de réformer le culte et de se rendre maître du pays. Nul titre ne lui parut plus flatteur que celui de fondateur d'une religion et d'un empire.

C'est aux communications de Félix que Mahomet, qui ne savait ni lire ni écrire, dut plusieurs passages qu'on voit dans le Koran ou la lecture, qui prouvent une connaissance indirecte des dogmes du christianisme. Il paraît même que Félix craignit d'être entièrement parjure, et que c'est à des ménagements qu'il avait sollicités, que l'imposteur voulut bien accorder que Jésus-Christ serait un prophète, et le fils de Dieu.

Ce fut pendant les dernières années de la vie de Mahomet que s'alluma cette guerre cruelle, qui dura plus de huit cents ans, entre les musulmans et l'empire, occasiona les croisades, et qui, n'étant interrompue que par de courts intervalles, couvrit de carnage l'Asie, l'Afrique, et particulièrement 'Italie, où les Sarrasins (*) devaient débarquer, en 846, et s'avancer jusque sous les remparts de Rome.

Mais nous n'aurons que trop tôt à gémir de ces malheurs. Constatons qu'en ce moment la Péninsule était

(*) Le nom des Sarrasins ne vient pas de Sara, avec laquelle leur origine n'a aucun rapport, mais du mot arabe schark, qui signifie orient. De schark, on a fait scharkiin, c'est-à-dire orientaux.

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