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sérieusement à aller au-devant d'un traité avec la France.

LES PROGRES DE LUTHER.-LA PUISSANCE OTTOMANE. LA DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE. CONDUITE DES VENITIENS RELATIVEMENT AUX LUTHÉRIENS.

La paix ayant été rendue à l'Italie en 1540, toute l'attention de l'Europe se porta sur trois objets dignes de la plus haute attention: les progrès de Luther, ceux de la puissance ottomane, et la colonisation de l'Amérique. Parmi les Italiens, les Vénitiens, après Rome, furent ceux qui s'occupèrent le plus de ces questions. Nous ne devons pas parler de Charles, le dominateur du reste de l'Italie. II avait désiré une sorte de monarchie universelle, il en subissait les embarras, en même temps qu'il en recueillait les avantages. Les flottes envoyées assidûment, et il faut l'avouer, généreusement contre les Turcs, étaient alimentées par les trésors apportés d'Amérique; et quant aux Luthériens qu'il tâchait de contenir en Allemagne, par la ruse et par la fraude, il n'aimait pas qu'on en parlât en Italie, où d'ailleurs il avait donné beaucoup de puissance à Clément VII, en amende honorable de leurs excès à Rome.

Les Vénitiens, suivant M. Daru, étrangers aux troubles de l'Allemagne, sans les voir d'un ceil indifférent, n'auraient pas souffert que le schisme s’introduisit chez eux; mais ils ne se crurent pas obligés d'employer leurs armes pour l'extirper chez les autres. Ils résistaient invariablement à toutes les demandes des papes qui avaient voulu prêcher des croisades contre les luthériens, et refusèrent de prendre, par leur ambassadeur, la moindre part aux conférences qui eurent lieu à Bologne sur ce sujet.

S'ils agissaient ainsi, ce n'était pas pour favoriser le lutheranisme, qu'ils détestaient, mais ils craignaient, en se distrayant de leurs hauts intérêts politiques, que les Turcs, alors en guerre avec l'Autriche, ne se crussent menacés par cette union de plusieurs puissances, et ne fissent tomber le poids du cime

terre sur les possessions de la république. Ainsi, le système suivi par Venise à l'égard des prétendus réformés, s'explique par les appréhensions qu'elle avait de la colère du grand Solyman. Quant aux nouvelles contrées du monde récemment découvertes, Venise qui perdait par les sublimes calculs de l'audace d'un Génois, une partie des avantages du commerce de l'Orient, devait employer tous ses soins pour conserver les débris de sa gloire et de ses richesses.

Les autres puissances de l'Italie s'étaient partagées en trois camps: dans l'un, à Rome, on haïssait, on maudissait les prétendus réformés; dans l'autre, à Florence, on faisait des voeux pour que leurs attaques occupassent Charles à des discussions pénibles, et Charles lui-même paraissait toujours, en ce qui concernait l'administration de ses provinces d'Italie, ne penser à la querelle de Luther qu'avec froideur.

FRANÇOIS Ier FROTÉGE LES ARTS EN ITALIE. - SA LETTRE A MICHEL-ANGE.

François Ier s'efforçait de protéger les arts, plus que ne le faisait CharlesQuint. Les Italiens aiment et chérissent les princes qui se rapprochent ainsi de leurs gouts. Les armes des Français ne pénétraient plus facilement dans la péninsule; mais d'habiles correspondances, des offres de services généreux, faites à des artistes illustres, entretenaient, à défaut de victoires, les bonnes dispositions pour la France. Les Alpes étaient fermées à ses chevaliers; mais une feuille de papier élégant, scellée d'un tissu de soie blanche et verte, franchissait facilement les plus hautes montagnes.

Rome était comme sortie de ses désastres: on avait réparé les palais; on avait encouragé de nouveau ceux qui cultivaient les arts. Michel-Ange, dont la gloire devait être séculaire, continuait ses glorieux travaux lorsqu'il reçut de François 1er une lettre que les lecteurs italiens et français ne seront pas fâchés de trouver ici.

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S. Michel-Angelo, parce que j'ai

grant désir d'avoir quelques besongnes de votre ouvraige, j'ai donné charge à l'abbé de Saint-Martin de Troyes (*), présent porteur, que j'envoie par delà, d'en recouvrer, vous priant, si vous avez quelques choses excellentes faites à son arrivée, les lui vouloir bailler, en les vous bien payant, ainsi que je lui ai donné charge et davantaige vouloir estre contant pour l'amour de moi, qu'il molle (moule) le Christ de la Minerve (**) et la Notre-Dame de la fèbre (***) afin que j'en puisse aorner l'une de mes chapelles, comme de choses que l'on m'a asseuré estre des plus exquises et excellentes en votre art, priant Dieu, S. Michel-Angelo, qu'il vous ayt en sa garde.

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Escript à Saint-Germain-en-Laye, le 6 jour de février mil cinq cent et quarante-six (1547) (****); signé Francoys, et, plus bas, signé l'Aubespine. Au Sr. Michel-Angelo. »

HAL II a01 DB FRANCE. IL YAIT UN TRAITÉ AVEC SIENNE. COSME S'EMPARE DE SIENNE.

A François 1o, mort le 31 mars 1547,

(*) L'abbé de Saint-Martin, de Troyes, est François Primatice, artiste très-célèbre à qui l'on doit beaucoup de peintures de la fameuse galerie de Fontainebleau. Primatice est mort à Paris, octogénaire, en 1570.

(**) Le Christ qui existe encore à droite du maître-autel de l'église de la Minerve, à Rome : c'est un des beaux ouvrages de Michel-Ange. Notre Seigneur y est représenté debout, tenant en main la croix et quelques instruments de la Passion, le roseau, l'éponge et les cordes. Le caractère de la tête a peut-être quelque chose de trop irrité.

(***) La Notre-Dame de la fèbre (de la fièvre) est le beau groupe qui existe en ce moment sur l'autel de la première chapelle à droite en entrant dans la basilique de SaintPierre. Michel-Ange a composé ce groupe à l'âge de vingt-quatre ans : il représente la Vierge tenant sur ses genoux son fils des cendu de la croix. C'est un admirable morceau de sculpture; on l'appelle aujourd'hui la Piété.

(****) Alors en France, ce n'était qu'à dater du jour de Pâques que l'on comptait l'année nouvelle. Chez les Florentins, l'année rommençait toujours le 25 mars.

17 Livraison. (Italie.)

après avoir perdu son fils aîné, succéda son second fils, qui avait épousé Catherine de Médicis, et qui prit le nom de Henri II. Ce prince saisit promptement l'occasion de faire pénétrer ses armes dans la moyenne Italie, et de profiter du mécontentement universel pour appeler les peuples à repousser le joug de la cour d'Espagne. Les Siennois s'étaient révoltés contre leur gouverneur Mendoza; Henri leur envoya des gentilshommes français pour les diriger, quelques soldats pour les défendre, et bientôt un traité d'alliance fut conclu entre la république de Sienne et la France.

Cosme, de la branche cadette des Médicis, et qui n'avait d'autre illustration que celle de Jean aux bandes noires, son père, n'était pas aimé de la reine Catherine de Médicis, seul rejeton de la branche aînée. D'ailleurs cette reine n'avait pas sur son époux, qui cependant la traitait avec respect, l'influence qu'elle acquit depuis sur ses enfants.

Cosme eut donc plusieurs raisons Français à ses portes; cependant il pour n'être pas satisfait de voir les n'était pas assez fortement établi leur déclarer la guerre.

pour

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Charles-Quint, qui signait, le 2 août, la paix de la Religion à Passau, résolut, puisqu'il en avait le temps de punir les Siennois. Il envoya contre Pédro de Tolède, beau-père de Cosme, eux une armée commandée par don qui promit de le seconder. Mais une flotte des Turcs, alliés de la France, ayant paru dans les eaux de Naples l'armée espagnole se retira pour défendre cette ville, et Cosme seul continua le siége. Il survint alors un ennemi redoutable pour Cosme. Pierre Strozzi, Florentin, maréchal de France, fils de Philippe Strozzi, qui avait péri dans les cachots de Cosme, arrivait en se promettant de venger son père; il donna à Sienne le secours de sa valeur. Néanmoins la ville, étroitement assiégée, capitula, et fut remise à quelques soldats de l'empereur.

Cosme avait conquis, par ses propres moyens, la ville de Sienne; il

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la demandait comme une possession qui lui était due; mais Philippe II, en faveur de qui Charles avait abdiqué, voulait conserver cet état pour assurer plus solidement sa domination en Toscane et dans le centre de l'Italie: cependant il le remit au duc de Florence en 1557, en réservant à la monarchie espagnole les ports de cette république, Orbetello, PortoErcole, Telamone, San-Stefano, et les dépendances de Monte Argentaro, qui a été, jusqu'à nos jours, le refuge des corsaires et des pirates de la mer Méditerranée.

FRANÇOIS, DUG da Gursu, — Instructions DU VIRDINAL DE LORAINE A SON FARAN. — TRAHISON D'UN DES TROIS DE VENISE

La même année, les Français, qui avaient conservé toujours, depuis Charles VIII, la pensée de rentrer à Naples, reparurent en Italie sous la conduite de François, duc de Guise, petit-fils de René II, duc de Lorraine, né de Ferry, comte de Vaudemont, et d'Yolande, fille du vieux roi René. (Voy. pag. 204.).

Il existe une pièce très-importante pour constater ce fait historique, c'est l'instruction donnée à François, duc de Guise, par Charles, cardinal de Lorraine, son frère; elle est écrite avec une habileté remarquable; toute la route de Lyon à Naples est tracée comme par un véritable homme de guerre on y observe aussi les prévisions d'un politique.

Dans cette pièce, qui n'est pas encore connue, nous avons remarqué les passages suivants :

« Vous devez penser d'avance aux propos et offres que vous aurez à tenir aux républiques, princes et potentats en Italie. Le vray moyen d'avoir crédit aux lieux où vous allez, est que les debtes du passé y soient satisfaites. Les marchands étrangers de Lyon vous vouldront honorer, parce qu'ils entrent en espérance de voir la liberté rendue à leur patrie. Vous donnerez bon espoir aux Florentins de leur liberté, aux Lucquois, du gracieux passaige,

si vous divertissez vers eux, aux Allemands, la naissance que vous et vos prédécesseurs ont prise en leur patrie, et à tous, le contentement que le roy a dû trouver qu'ils lui ont fait en ses affaires. »

Le cardinal indique la route par le Piémont, le Plaisantin, le Parmesan; là, le duc doit faire une feinte sur la Pouille, puis se diriger sur Spolète, et l'état voisin de Rome.

Plus loin sont esquissés, avec une sagacité tout-à-fait spirituelle, les portraits des cardinaux alors les plus influents à Rome. Charles termine ainsi :

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Ici, y mettrai fin par la même prière que j'ai faite à Dieu au commencement, de vous vouloir faire bon exécuteur de ses saintes volontés, et moi si heureux de vous pouvoir revoir bientôt avec la louange qui de tous vous sera due, le contentement du roy, la satisfaction des princes et peuples vers lesquels vous allez; de vous revoir chargé des dépouilles de vos ennemis, et orné d'infinis trophées avec bonne santé, et telle que de tout son cœur la veut, avec vos bons grands désirs, votre très-humble et obéissant frère, Charles, cardinal de Lorraine. »

L'expédition ne réussit pas à s'emparer de Naples; mais le duc montra des talents surnaturels dans la conduite de son armée, et sans avoir été entamé par le fameux duc d'Albe, le général le plus habile qu'eussent alors les Espagnols, il revint sain et sauf, d'un pays qu'on appelait le tombeau des Français.

On ne doit pas douter que si le duc de Guise avait réussi, il n'eût cherché à faire revivre en sa faveur, pour la couronne de Naples, les droits qu'il aurait prétendu tenir de sa trisaïeule Yolande, fille du roi René 1". Dans ce cas, il fallait qu'il se révoltât contre les rois de France, successeurs naturels des droits laissés à Louis XI par le comte du Maine; mais une telle détermination n'aurait pas effrayé un prince de la maison de Guise.

Les Vénitiens se gardèrent bien d'aider François de Lorraine. S'il a

été nécessaire de parler avec douleur de la rigueur du gouvernement des Dix, il est juste de dire ici qu'une surveillance si sévère n'empêcha pas un crime qu'on n'aurait pos cru possible à Venise. On avait appris en 1542, par des rapports de courtisanes, que Constantin et Nicolas Cavazza, l'un secrétaire des Dix, et l'autre secrétaire du Sénat, corrompus à force d'argent par l'évêque de Montpellier, ambassadeur de France, trahissaient les secrets de l'état. Bien plus, Mathieu Léoni, qui avait été un des trois, s'était laissé gagner par les Turcs. Nicolas Cavazza ayant été dénoncé, il s'était retiré chez l'ambassadeur, qui avait été contraint de le livrer. Léoni, réfugié en France, y était mort de honte et de misère, abandonné, suivant l'usage, par ceux en faveur desquels il avait trahi sa patrie. Quelle fin pour un des trois de Venise, qui pouvait avoir fait périr plus d'un innocent, accusé de conspirer contre la république !

NOUVEAUX PROGRÈS DES LUTHERIENS.-CONCILE DE TRENTE. COSME NOMMÉ PAR PIE V GRAND-DUC DE TOSCANE. — PROTESTATION DE PHILIPph II.

Les progrès des novateurs inquiétaient les papes et les rois. Les luthériens invoquaient cet esprit de liberté que le cardinal de Lorraine lui-même engageait son frère à proclamer pour obtenir des succès en Italie. Ce fut cet esprit remuant qui donna au concile de Trente un caractère différent de celui des conciles précédents. D'après les instantes sollicitations de Charles-Quint, qui s'était repenti trop tard de l'impunité accordée aux lutheriens, dont l'exemple et la fureur purent engager même des Espagnols à saccager Rome, le concile avait été convoqué par Paul III, pour décider les questions de for et de discipline que les troubles religieux faisaient naître en Allemagne. Ouvert à Trente le 15 décembre 1545, il avait été transporté à Bologne par le même pontife, qui voulait le rapprocher des états du saintsiége. En 1551, Jules II consentit à laisser retourner le concile à Trente.

Les succès militaires de Maurice de Saxe, et l'approche de l'armée protestante, dont les dispositions étaient assez connues, dispersèrent l'auguste assemblée en 1552. Le concile fut ouvert de nouveau dans la même ville de Trente, le jour de Pâques 1561, par le pape Pie IV, et il dura jusqu'au 4 décembre 1563. Il y eut alors de vives explications entre plusieurs des Pères et le cardinal de Lorraine : nous croyons inutile de nous arrêter sur ces explications, étrangères à la pureté du dogme, et qui ne doivent pas altérer le principe de l'unité. Il faut en revenir sans doute à ce que l'immortel Bossuet dit à cet égard, et ne pas oublier combien il serait dangereux de franchir les limites qu'il a respectées lui-même.

En 1570, Cosme, duc de Florence, avait obtenu du pape Pie V le titre de grand-duc de Toscane; mais Philippe II faisait remettre une protestation énergique par son ambassadeur, qui exposait que l'Etrurie appartenait de droit à César (Maximilien II) et au roi catholique; que le duc de Florence ne possédait aussi Sienne que comme feudataire de Charles-Quint. L'ambassadeur protestait directement contre la remise du sceptre et des ornements royaux donnés à Cosme, et il demandait que la réclamation fût lue devant les cardinaux assemblés; mais depuis, cette affaire fut arrangée à la satisfaction complète de Cosme.

L'ILE DE CHYPRE ASSIÉGER PAR LES TURCS.-LES DUCS DE SAVOIE DEPUIS AMEDER IX JUSQU'A EMMANUEL PHILIBERT. BATAILLE DE LIPANTI.

Les Vénitiens demandaient de toutes parts des secours pour la défense de l'île de Chypre contre les Turcs. On remarqua qu'Emmanuel Philibert, duc de Savoie, envoya aux Vénitiens trois galères, malgré les prétentions qu'il avait à la souveraineté de cette île. Charles I, duc de Savoie, dit le guerrier, successeur de Philibert I, dit le chasseur, comme lui fils d'Amédée IX, avait acquis, en 1487, le titre de roi de Chypre, à la mort de Charlotte de Lusignan, fille légitime

du dernier roi Jean III, et veuve sans enfants de Louis de Savoie (la république de Venise ne tenait ses prétentions que de Jacques de Lusignan, fils bâtard de Jean III, et qui s'était fait déclarer roi, malgré les droits de sa sœur Charlotte). Charles Ier tenait ces droits par acte du 27 février 1485. Charles II, fils de Charles I, les avait conservés en vertu d'autres actes ordonnés par Blanche de Montferrat, sa mère, régente du duché. A Charles II succéda son grand-oncle, Philippe II, né d'Anne de Chypre et de Louis de Savoie, époux de Charlotte de Lusignan: il laissa ses états à Philibert II, son fils. Charles III, fils de Philibert II, est le duc de Savoie qui entra dans la ligue de Cambray, pour recouvrer l'île de Chypre et débloquer Famagouste (voy, page 223). Ce fut aussi lui qui, ayant voulu exercer imprudemment des droits de souveraineté sur la ville de Genève, fut cause que la ville se révolta, et embrassa la réforme.

Les galères d'Emmanuel Philibert, fils de Charles III, furent au nombre de celles qui se distinguèrent à la bataille de Lépante, gagnée sur les Turcs par don Juan, fils naturel de Charles-Quint. Malheureusement, cette bataille fut livrée trop tard pour sauver Famagouste, qui avait capitulé le 1 août 1571. Mustapha, commandant des Turcs, venait de traiter Bragadino, général des Vénitiens avec une barbarie dont il n'y a pas d'exemple. Malgré une capitulation, i l'avait fait écorcher vif, et, par une dérision plus lâche que sa barbarie, il avait ordonné de remplir de paille la peau du malheureux général, et l'avait fait promener, monté sur une vache, et suivi de deux Turcs qui tenaient un parasol rouge, comme pour lui faire honneur. Nous lisons dans les annales latines d'Octave Baronio tous ces traits d'une cruauté si féroce. L'auteur ajoute, pour plaire aux superstitions du peuple vénitien, que la tête de Bragadino ayant été attachée à un pal, elle exhalait une odeur suave et parfumée, et que les yeux lançaient des flammes.

Il fallait venger de tels affronts. Ils furent punis à Lépante.

C'était la plus grande bataille qui se fût donnée depuis celle qui, seize siècles auparavant, et à vingt-cinq lieues de distance, à Actium, près de Missolonghi, avait décidé de l'empire du monde. Le succès était dû sans doute à la bravoure des combattants, parmi lesquels on distinguait JeanAndré Doria, le prince de Parme, amiral de Savoie, le duc d'Urbin, amiral de Gênes, Quérini, amiral des Vénitiens, et un grand nombre de chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et de l'ordre de Saint-Étienne de Toscane, fondé par Cosme en 1554, mais on remarqua que les galéasses vénitiennes, quoique en petit nombre, puisqu'il n'y en avait que six, contribuèrent puissamment à mettre le désordre dans l'armée turque, par la supériorité de leur artillerie, et parce que placées, comme six redoutes, en avant du corps de bataille, elles forcèrent les Turcs de rompre leurs lignes;autrement ils ne pouvaient parvenir jusqu'aux alliés. Les Ottomans qui n'avaient qu'une très-faible mousqueterie, se servaient d'arcs et de flèches : cette manière de combattre, beaucoup plus fatigante que le combat à l'arquebuse, était moins meurtrière. Enfin, on reconnut dans la construction des galères vénitiennes un avantage notable, en ce qu'ayant une proue moins élevée au-dessus de l'eau, leurs coups atteignaient plus sûrement le corps des bâtiments ennemis, qui ne savaient pas se mouvoir avec assez de célérité.

Cette victoire, due aux efforts combinés par une coalition, n'eut aucun résultat favorable pour les Vénitiens. L'armée alliée se retira, et laissa ces derniers exposés à la vengeance des Turcs.

Ce fut à cette époque que le Tasse, qui avait déja commencé son poëme de la Jérusalem délivrée, alla en France pour y voir probablement de plus près les modèles des figures héroïques de Godefroy et de Baudouin. Le poète persista dans son entreprise, quoique les princes qui portaient alors

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