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lui succéda dans la chaire de SaintPierre ce cardinal fut couronné le Jour anniversaire de la bataille livrée à Ravenne, où il avait été fait prisonnier par les Français; il est connu sous le nom de Léon X (voy. pl. 45, no 2) (*). Nous avons prononcé le nom de Léon X. Que de pensées diverses, combien d'œuvres mémorables, quelle foule d'intérêts nouveaux, quel ensemble admirable de découvertes utiles, de richesses retrouvées, d'entreprises audacieuses, de conceptions sublimes, vont illustrer son pontificat! Jules II vient de mourir, et c'est un Michel-Ange (voy. pl. 45, no 3) (**) qui

(*) Jean de Médicis, pape sous le nom de Léon X, était second fils de Laurent-leMagnifique. Il fut élu pape le 11 mars 1513, et mourut le 1er décembre 1521. Son tombeau, placé dans l'église de la Minerve, a été esquissé par Michel-Ange, continué par Alphonse Lombardi, et achevé par Baccio Bandinelli. La statue est de Raphaël de Monte Lupo. Le portrait que nous donnons ici est du grand Raphaël d'Urbin.

(**) Michelagniolo Buonarroti (nous copions cette orthographe sur un autographe de Michel-Ange, qui est en notre possession, le seul probablement qui existe en France) naquit au château de Caprèse près d'Arezzo, le 6 mars 1474, et mourut le 17 février 1564, âgé de 90 ans. Il descendait de l'ancienne et illustre maison des comtes de Canosse. Dès ses premières années, il se déclara sculpteur, architecte et peintre. Laurent-le-Magnifique le protégea. Pierre II employa à faire des statues de neige le génie qui devait élever de si nobles tombeaux, suspendre le Panthéon dans les airs, et répandre une terreur salutaire dans sa composition du jugement dernier. Pendant le siége de Florence, en 1529, il fut chargé de défendre cette ville, comme ingénieur militaire. L'autographe, dont nous avons parlé plus haut, prouve qu'il fut alors obligé de vendre son cheval bai, avec le complet harnachement, et qu'il n'en retira qu'un vil prix. A cette époque, il peignit une Léda, vantée par les écrivains du temps, et qui a été perdue. Pour les tombeaux des Médicis, après la prise de la ville, il composa d'admirables sculptures, la Nuit surtout, représentée sous les traits d'une femme

élèvera son tombeau. Léon X, animé de cette haute sagesse des papes, qui proscrivait toute jalousie contre le prédécesseur, va embellir encore le Vatican, et ce sera Raphaël (voy. pl. 45, n° 4) (*) qui continuera de l'orner de ses chefs-d'œuvre.

endormie. A sa mort, le soin de lui élever

un tombeau fut remis à trois artistes. On voulut que les trois arts dans lesquels avait excellé Michel-Ange, y fussent rappelés. La sculpture fut confiée à Valerio Ciuli, l'architecture à Jean dell'Opera, la peinture à Baptiste Lorenzi. Les trois statues qui figurent ces arts sont placées autour du sarcophage, dans l'église de Sainte-Croix (voyez cette église, pl. 24).

Michel-Ange fut aussi poète. Ses vers, qui n'ont pas encore été publiés en totalité, ont quelques rapports avec ceux où Pétrarque abandonne le langage quelquefois trop affecté de l'amour, ou traite quelque noble question politique. Les termes propres aux arts, leur éloge, leurs charmes, leur grandeur, se retrouvent aussi dans les vers de Buonarroti.

Il avait composé des dessins pour chacun des cent chants de la Divine comédie. Ces dessins ont péri dans un naufrage. Que devaient être des compositions d'un autre Dante, faites pour expliquer les pensées d'un autre Michel-Ange!

(*) Raphaël Sanzio naquit à Urbin en 1483, et mourut à Rome à 37 ans, le 7 avril 1520, le jour du vendredi-saint, qui avait été celui de sa naissance. En 1833, on a ouvert sa tombe à Rome, et l'on s'est convaincu que le crâne que l'on montrait à l'académie de Saint-Luc, comme celui de Raphael, ne lui appartenait pas.

Dans les débris du tombeau, on a trouvé des morceaux assez bien conservés de la caisse de bois de pin qui contenait le corps; des fragments de peinture qui avaient orné le couvercle; une stelletta de fer, sorte d'éperon dont Raphaël avait été décoré par Léon X; quelques fibules, beaucoup d'annelli de métal, partie des boutons du vêtement. Voici les observations faites par le chirurgien baron Trasmondi. Le corps, bien proportionné, était haut de cinq pieds, deux pouces, trois lignes. La tête, parfaitement conservée, avait toutes les dents encore très-belles, au nombre de trente et une. La trente-deuxième, de la mâchoire inférieure

ITALIE.

L'Italie se félicitait de la gloire du

à gauche, n'était pas sortie de l'alvéole. On revoyait les linéaments exacts du portrait de l'École d'Athènes (voyez pl. 48 à droite, no 18). Le cou était long, la poitrine et les bras délicats. Le creux marqué par l'apophyse (protubérance pointue d'un os) du bras droit, paraît être une suite du grand exercice dans l'art du dessin. Les jambes et les pieds étaient assez forts. Ce qui a surpris les observateurs, c'est qu'on a trouvé le larynx intact et encore flexible. Il était ample, et cela a fait croire que la voix devait être étendue. Le 18 octobre de la même année 1833, a eu lieu la seconde inhumation des restes de Raphaël, sous la statue de la Madonna del Sasso.

Le portrait que nous offrons ici est gravé d'après un portrait que Raphaël a peint

lui-même.

« Il a été donné (dit M. Quatremèrede-Quincy), il a été donné à quelques génies extraordinaires d'exercer sur leurs contemporains l'empire d'une supériorité inaccessible à l'envie, et qui, loin de blesser l'orgueil, semble, au contraire, flatter la vanité de chacun, parce que chacun y trouve de quoi prendre une haute idée de la nature humaine. De pareils hommes sont dans l'ordre moral, comme ces hardis monuments, merveilles de l'industrie, qu'on l'on désespère de voir se reproduire, et que met un grand intérêt à conserver. La perte d'un semblable génie, surtout si elle est subite et prématurée, cause un deuil universel; on se sent comme frappé soi-même du coup qui l'enlève, et chacun en éprouve au fond de l'ame un vide comparable à celui de la perte d'un ami qu'on ne peut remplacer. Tel fut l'effet de la mort de Raphaël. Les témoignages contemporains déposent de ce sentiment universel de douleur et de regrets.

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Raphaël a possédé, au principal degré, l'invention, qualité première et base de toutes les autres; la composition, où il faut éviter le trop peu d'art et le trop d'art; l'expression, le don le plus rare de tous les dons. Son dessin, toujours pur et naturel, n'est ni aussi savant ni aussi vigoureux que celui de Michel-Ange, mais il a l'avantage de pouvoir être adapté à beaucoup plus de sujets, et on le reconnaît au bel équilibre des lignes, à l'harmonie des contours, à la précision des formes: il manqua à Raphaël, quant au perfectionnement de son coloris.

Dante (voy.pl. 46, no 1) (*), elle entendra les chants harmonieux de l'Arioste (voy. pl. 46, n° 2) (**). Après Boccace (voy. pl. 46, no 3) (***), qui donna, même dans des contes, tant de modèles de toutes les sortes d'éloquen

de n'avoir pas assez vécu pour profiter des leçons et des exemples que l'école vénitienne jeta depuis, et avec tant d'abondance, dans l'Italie.

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Raphaël n'eut pas le temps de s'apercevoir du mauvais effet que produit l'abus de l'emploi du noir d'imprimeur dans les ombres, emploi qui a fait perdre à quelques-uns de ses tableaux, peu d'années après sa mort, l'harmonie qu'on y avait d'abord admirée. Enfin, dit encore M. Quatremère-de-Quincy, sans prétendre que Raphaël eût égalé Titien et Corrège, par la vérité de carnation, la transparence des teintes, le tournant des lignes, le clairobscur et la magie de la couleur, il lui aurait suffi de s'approprier une partie de ces qualités, et surtout d'étudier l'effet de certaines substances colorantes, pour assurer à ses ouvrages le seul avantage qu'on est forcé d'y désirer. »

Les dessins de Raphaël sont très-rares. Milan en possède 8, dont un à la bibliothèque de Bréra, Venise 50, Florence 20, Pérouse 11, Naples 1, Fabriano 1, Vienne (la plus grande partie dans la bibliothèque de l'archiduc Charles) 33, Darmstatt 1, Munich 1, Paris 11, Londres, en différents cabinets, 27, Pétersbourg 1. Modène possède le dessin précieusement fini de la Calomnie.

Je tiens ces derniers détails de M. Quatremère-de-Quincy.

(*) Le Dante, né à Florence en 1265, mourut à Ravenne en 1321, à l'âge de 56 ans. Le Dante n'appellerait plus sa ville natale, qui l'avait banni, parvi Florentia mater amoris. On lui a élevé enfin un monument à Florence dans l'église Sainte-Croix (voyez cette église, planche 24). Il a été livré à la vue du public, le 24 mars 1830.

(**) L'Arioste, né à Reggio de Modène, le 8 septembre 1474, la mème année que Michel-Ange, mourut à Ferrare vers 1555. Nous aurons occasion de parler de l'Orlando furioso.

(***) Boccace naquit à Paris, d'un marchand toscan, en 1313, et mourut à Certaldo en Toscane, le 21 décembre 1375.

15.

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TOMBEAU DE JULES II. - L'ÉCOLE D'ATHÈNES. -L'ÉGLISE DE SAINT-PIERRE.-L'ARCHITECTURE, LA SCULPTURE, LA PEINTURE DANS LE COMMENCEMENT DU XVI SIÈCLE.

Ce n'est pas seulement pour ceux qui sont dignes d'apprécier les dons de l'esprit, que la protection accordée aux arts par Jules II et Léon X brille dans tout son éclat; les hommes les plus vulgaires, ceux qui ne comprennent que par les yeux, peuvent contempler sans effort les plus beaux ouvrages d'art qui existent dans le

(*) Machiavel, né à Florence le 5 mai 1469, y mourut le 22 juin 1527, à l'âge de 58 ans. Nous donnons ici le vrai portrait de Machiavel, tel qu'il a été gravé originairement par M. Toschi, ami de M. Gérard. C'est le seul portrait authentique du grand historien. Les portraits qu'on a publiés jusqu'ici, comme étant ceux du secrétaire florentin, sont les portraits de Laurent-le-Magnifique ou du grand-duc Cosme Ier. Morghen lui-même a contribué à consacrer l'erreur commune. J'ai fait des recherches plus sûres, et j'ai donné en France le vrai portrait de Machiavel, gravé d'après un tableau de Santi Titi; j'extrairai de Machiavel, son génie et ses erreurs, ouvrage que j'ai publié en 1833, les détails suivants:

« M. Rubierre, auteur de la savante gravure de la capitulation d'Ulm, qui a obtenu tant de succès, a exprimé énergiquement l'éclat igné du regard de notre Florentin, et cette sorte d'impassibilité puissante avec laquelle il a l'air de demander ce que lui veulent les siècles d'aujourd'hui, et pourquoi, entre tant d'auteurs anciens et modernes, son nom a été choisi, puis flétri et condamné à devenir une injure ignoble et une insulte sans pitié.

monde, et qui appartiennent à cette époque: d'abord Moïse vivant, sur le tombeau de Jules II (voy. pl. 47) (*), Moïse, ce monument qui, placé en avant du sarcophage d'un pontife romain, semble lier d'une manière indissoluble l'Ancien et le NouveauTestament. Voilà certes le premier monument de sculpture.

(*) Nous avons donné ici une partie du mausolée de Jules II par Michel-Ange. Dans le premier projet, mélange de sculpture et d'architecture, mais où cette fois la seconde était subordonnée à la première, la composition devait offrir un massif quadrangulaire, orné de niches où se seraient vues des Victoires; il était décoré de Termes faisant pilastres, auxquels auraient été adossés des Captifs. Le premier massif devait supporter un second massif plus étroit, autour duquel auraient été disposées des statues colossales de prophètes et de sibylles (le Moïse est la seule des statues qui ait été exécutée; quant aux autres figures, il n'y a eu d'achevé qu'une des Victoires et deux Captifs: la Victoire est à Florence; les deux Captifs, envoyés à François Ier, ont été transférés successivement au château et à l'hôtel de Richelieu, enfin au Musée royal du Louvre). Le tout devait être couronné, par retraites, d'une masse pyramidale, où auraient trouvé place des bronzes et d'autres figures allégoriques. Nous suivons ici, avec M.Quatremèrede-Quincy, les explications un peu diverses de Vasari et de Condivi. Tant de faste, tant de magnificence, attestaient le génie de MichelAnge; mais cette composition aurait coûté d'immenses trésors. Le duc d'Urbin, neveu de Jules II, n'eut pas assez de richesses pour subvenir à ces dépenses. Il fallut réduire les proportions, le nombre des statues, et ce ne fut que sous Paul III, que le mausolée fut achevé, tel qu'on le voit aujourd'hui dans l'église de Saint-Pierre in vincoli. On y cherche en vain Jules II. La vue est absorbée par la statue de Moïse, qu'on a récemment tirée en dehors de la niche où elle était trop resserrée il suffit du premier coup d'œil pour reconnaître le divin législateur des Hébreux. C'est un cardinal français, M. le cardinal d'Isoard, qui est aujourd'hui titu laire de Saint-Pierre in vincoli, et qui conséquemment se trouve, en quelque sorte, le gardien de cet ouvrage de sculpture, un des plus parfaits qui soient sortis de la main des hommes.

ITALIE.

Le premier monument de peinture est l'École d'Athènes (voy. pl. 48) (*),

notre

(*) Nous allons donner, dans le texte, opinion sur cette composition. Ici nous présenterons l'explication des principaux personnages. Le n° 1, en commençant à gauche, représente Alcibiade, casqué; le no 2, Socrate; le no 3, Nicomaque, contemporain d'Apelles (celui-là même qui dit à un homme, qu'il voyait étonné de son enthousiasme pour l'Hélène de Zeuxis, « Prends mes yeux, et tu croiras voir une déesse); le no 4, François-Marie I de la Rovère, duc d'Urbin; le no 5, Terpandre, poète et musicien, né à Lesbos, l'inventeur de la lyre à sept cordes, et qui fut couronné quatre fois aux jeux olympiques; le n° 6, Alexandre-leGrand, encore jeune; le n° 7, Platon; le n° 8, Aristote; le n° 9, Pierre Bembo, auteur de l'Histoire de Venise, et des Asolani (dialogues censés tenus à Asolo, entre six jeunes gens des deux sexes, sur la nature de l'amour), Bembo, secrétaire de Léon X, et depuis cardinal; le n° 10, Averrhoës, philosophe et médecin arabe, né à Cordoue, dans le XIIe siècle, premier traducteur d'Aristote, mort à Maroc en 1198 (il porte un turban ); le n° 11, Aspasie (on n'aperçoit que sa tête entre Averrhoës et le bras du Grec, qui tient le livre que lit Empedocle), Aspasie, femme de Périclès, et l'auteur d'une harangue en l'honneur des Athéniens morts à Léchée, harangue citée par Platon dans son Pythagore dialogue de Ménexène; le n° 12, écrivant; le n° 13, Épictète, un des soutiens de la doctrine stoïcienne, qui a fait plus de charlatans de vertu que de vrais amis de la sagesse; le n° 14, Diogène le cynique, qui est là comme abandonné; le n° 15, Frédéric GonJean zague I**, duc de Mantoue; le n° 16, della Casa, suivant les traditions de quelques savants de Rome, mais cela n'est pas possible: Jean della Casa, né en 1503, avait à peine neuf ans lors de la composition de l'École d'Athènes. J'aime mieux voir dans cette respectable figure de prêtre, ornée d'une longue barbe, suivant l'usage introduit par Jules II, j'aime mieux voir Jacques Sadolet, né en 1477 (six ans avant Raphaël), alors secrétaire du cardinal Olivier Caraffa, et ami de Bembo, Sadolet, depuis secrétaire de Léon X, évêque de Carpentras, où il protégea les malheureux habitants de Mérindol et de Cabrières, et ensuite cardinal. Le n° 17 représente Zoroastre, né à Ourmiagh, dans l'Aderbaïdjan,

composition née encore sous Jules II, la
plus ingénieuse, du style le plus élevé et
le plus poétique, composition qui exci-
terait l'admiration des anciens, s'il leur
était permis de se mêler à notre vie
et de venir nous demander comment
nous les avons étudiés, comment nous
les avons compris, si notre sagacité
a su, avec justice, assigner les rangs
à tant de génies inventeurs, si notre
tact a deviné l'ordre dans lequel il était
sage de les honorer et de fléchir le
genou devant leur grandeur.

ou ancienne Atropatène, en Médie, l'an 564 avant J.-C., vers l'époque de l'avénement de Cyrus au trône de Perse. Raphaël a suivi l'opinion de Justin, qui fait de Zoroastre un roi de la Bactriane, et c'est pour cela qu'il lui a donné la couronne radiéc. Le n° 18 représente Raphaël luimême; le n° 19, son maître, Pierre Pérugin; le n° 20, Bramante, l'architecte; le no 21, Épicure, suivant les uns, et suivant les autres, Épicharme de Cos, poète et pythagoricien; le n° 22, Archytas, qui, très-jeune, fut habile mathématicien, l'inventeur de la vis et de la poulie; le no 23, Empédocle, médecin, partisan de la métempsychose, qui refusa la tyrannie qu'on lui offrait à Agrigente. Quelle attention profonde dans cette tête qui se penche sur l'épaule de Pythagore.

Après les innombrables découvertes, dont le peintre d'Urbin ne put pas même avoir le pressentiment, et qui ont fait reparaître l'antiquité iconographique presque entière; après cette multitude d'originaux recouvrés depuis trois siècles, et qui ont opposé aux inventions de l'école d'Athènes tant et de si périlleux parallèles, le style de cette composition a continué de garder sa place dans l'opinion des artistes.

Oui, les figures de beaucoup de personnages antiques qu'on y voit représentés, ont continué d'être réputées classiques, même à côté de celles que le ciseau contemporain et fidèle des Grecs nous a transmises, tant Raphaël eut le don de deviner l'antique! et avec ces ressemblances, quelquefois prophétiques, quelle justesse quelle expression, quelle vérité dans les attitudes! N'entendons-nous pas les préceptes des plus sages de ces philosophes sortir de leur bouche, et nous instruire, nous qui nous prétendons si habiles?

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Je demande la permission de poursuivre un instant cette supposition. L'imagination a quelquefois sa gravité qui alors excuse ses écarts.

« Et dans quelle contrée, nous diraient sans doute ces hôtes illustres, s'il leur était concédé de s'asseoir à nos foyers, dans quelle ville, les modernes ont-ils déposé les plus recommandables attestations de leur gloire? » - Pleins d'orgueil, nous répondrions : « Dans l'Italie, dans Rome; qui ne va plus demander des lois à la Grèce, dans Rome, qui est par nous la ville éternelle. Nous avons montré à Rome le législateur des Hébreux, palpitant sous le marbre, nous avons rappelé à Rome, dans une peinture, les nobles précepteurs d'Athènes : le premier monument décore un de ces nombreux asiles de la prière dont Rome nouvelle est remplie, un des temples ordinaires dédiés à notre apôtre, saint Pierre in vincoli. » Et l'autre, reprendraient nos hôtes, avides d'admirer nos merveilles, l'autre, qui nous intéresse plus directement, celui où vous prétendez nous avoir si bien dépeints, conduisez-nous, que nous allions nous revoir et nous reconnaître ! » - «Le second orne le palais attenant à un autre temple du même apôtre, mais un temple plus brillant, plus magnifique que le premier, si élevé, si vaste, que vous n'avez jamais entrepris un temple pareil. Vous, vous êtes restés dans la proportion de vos dieux; notre temple est celui des solennités imposantes du culte, des magnificences du christianisme il s'appelle la Basilique de Saint-Pierre. » Voy. pl. 49 (*).

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(*) La place vraiment dite de Saint-Pierre est précédée de celle qu'on appelle place Rusticucci, et qui a 246 pieds romains de long, sur 204 de large (on a déja dit que le pied romain avait un peu plus de onze pouces de France). Vient ensuite la place de Saint-Pierre, de forme elliptique, et qui a dans son plus grand diamètre 738 pieds, et 588 et demi dans son plus petit diamètre. La colonnade qui la circonscrit a 56 pieds et demi de large. Alexandre VII, qui en posa les premières pierres, le 25 goût 1661, la fit élever par le chevalier

Il nous a paru convenable d'offrir ici la vue extérieure de cette basilique, la merveille des siècles modernes. Nous

Bernin. Elle fut achevée sous Clément IX. Les colonnes sont au nombre de 284. On compte en outre 64 pilastres, le tout d'ordre dorique, et en travertin. Les colonnes et les pilastres sont disposés en demi-cercle de chaque côté de la place, et sur quatre rangs formant trois allées : celle du milieu, qui est la plus spacieuse, peut servir de passage à deux voitures de front. Les colonnes avec leur base et leur chapiteau soutiennent un entablement d'ordre ionique ont 39 pieds et 8 pouces de haut. Elles qui en a 9. Il est surmonté d'une balustrade haute de 5 pieds 8 pouces, et ornée de 96 statues en travertin, de 9 pieds et demi chaque.

Au milieu de cette place s'élève un obélisque égyptien de granit rouge, d'un seul morceau et sans hieroglyphes. Caligula l'a fait venir d'Héliopolis. C'est Sixte V qui l'a élevé à la place qu'il occupe aujourd'hui. Cette opération eut lieu le 10 septembre 1586, comme nous le dirons ultérieurement avec plus de détails.

A droite et à gauche de l'obélisque, on admire deux fontaines semblables. De leur sommet sort un faisceau de tuyaux d'où jaillit perpétuellement une quantité de 300 onces d'eau. Celle qui sort du tuyau central s'élève à la hauteur de 64 pieds.

Plusieurs architectes ont travaillé à Saint

Pierre; Bernard Rossellini, Léon-Baptiste Alberti, Bramante, Julien de San Gallo, frère Joconde de Vérone, dominicain, et Raphaël d'Urbin lui-même, Balthazar Peruzzi, Antoine de San Gallo, neveu de Julien, Antoine de Labacco: enfin Paul III en donna la direction à Michel - Ange, en 1546. C'est lui qui a perfectionné le plan de ses prédécesseurs, en donnant à cette église une simplicité majestueuse et régulière. L'étonnante coupole ne fut terminée que sous Sixte V par Jacques de la Porta. Le pape Paul V, de la maison Borghèse, a fixé la forine de l'église, que Charles Maderno a réduite en croix latine. Le portique et la façade ont été achevés en 1612. La nouvelle sacristie construite, en 1784, sous Pie VI, sur les dessins de Charles Marchioni, forme le complément de la basilique. Les anciens Romains ont élevé des édifices plus vastes, tels que les Thermes de Titus et le Colysée, mais il n'y a pas d'exemple d'un

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