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bras à Ferdinand. Castriot Scanderberg était débarqué à la tête de huit cents Albanais, et montra contre des chrétiens une bravoure qu'il aurait mieux employée contre les Turcs. Le duc de Milan était tombé malade. Blanche Visconti, sa femme, lui demanda de rompre avec la maison d'Aragon et d'accorder à Jean, duc de Calabre, Hippolyte, promise à Alphonse, fils de Ferdinand; mais Sforza déclara qu'il serait allié fidèle jusqu'à sa mort. Après six ans de combats, René et son fils retournèrent en France, et quittèrent un pays où ils avaient souvent signalé leur valeur et leur loyauté, mais où tant de courage et de nobles vertus ne les avaient pas préservés d'une foule de calamités. En ce moment, comme on peut le conjecturer, François Sforza, profitant des troubles de Gênes, expulsa les Français et se fit donner la seigneurie de la ville.

PIR II APPELLE A UNE CROISADE LE DUC DE BOURGOGNE ET LE DOGE DE VENISE. REPUGNANCE DU DOGE. MORT DE PIB II. SON ÉLOGE. MORT DE FRANÇOIS SFORZA. -- SON PORTRAIT -GALÉAS SFORZA SUCCÈDE A SON PÈRE FRANÇOIs.

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Pie II voulait commander lui-même une croisade contre les Turcs. Il désirait amener à cette guerre Philippe, duc de Bourgogne, et le doge de Venise, et il disait aux cardinaux assemblés en consistoire : Chaque année les Turcs dévastent une province de la chrétiente, cette fois ils envahiront l'Europe par l'Allemagne; exhorterons-nous tous les rois à marcher au secours des chrétiens? On a peu de crédit, quand on dit aux autres Allez: peut-être le mot Venez aura-t-il plus d'effet sur eux? Je veux le tenter à son tour. Lorsque les rois verront leur père, le pontife romain, le vicaire de J.-C., vieux et malade, partant pour la guerre sacrée, ils rougiront de rester chez eux, ils prendront les armes. Une flotte redoutable de Venise dominera la mer. Le duc de Bourgogne entraînera l'Occident avec lui. » Mais le duc de Bourgogne ne paraissait pas. Le doge Cristoforo Moro

ne voulait pas partir, à cause de son grand âge, quoique Victor Cappello l'un des Dix, lui eût dit : « Sérénissime prince, si votre sérénité ne veut pas s'embarquer de bon gré, nous la ferons bien partir par force, car nous faisons plus de cas du bien et de l'honneur du pays que de votre personne. »

Pie II redoublait ses instances. Il écrivait une autre fois au doge, sourd à ses prières : « Venez donc entreprendre la guerre des vieillards. » Moro partit, parce que l'on allait employer la violence pour le contraindre. A peine arrivé à Ancône, il y trouva le pontife souffrant. Le mal empira, et Pie II mourut quelques jours après.

Ce pontife avait une singulière justesse d'esprit, une connaissance particulière des hommes, des lieux, des révolutions et des gouvernements. Il était le souverain de son temps qui possédât le plus d'instruction, et qui montrât dans ses actions le plus de bonne foi, et d'opinions généreuses.

Galéas Sforza, fils du duc de Milan, se trouvait en France à la tête d'une armée qui combattait pour Louis XI dans la guerre dite du bien public. I ravageait le Dauphiné, qui appartenait au duc de Bourbon, lorsqu'un courrier apporta la nouvelle de la mort de François Sforza, son père.

L'Italie regrettait ce prince. Sa figure était noble et spirituelle, sa taille grande et majestueuse. Peu d'hommes pouvaient le surpasser à la course, à la lutte. Il marchait la tête nue devant son armée, bravant le chaud et le froid. Il supportait avec patience la faim, la soif, la douleur. Il ne fut presque jamais blessé. Sobre à table, il n'avait pas la même retenue avec les femmes cependant il traita toujours avec égards et respect Blanche Visconti. Généreux, peut-être prodigue, un jour il repoussa un conseil assez raisonnable de Pierre de Médicis, en disant qu'il ne se sentait pas fait pour être marchand. Il avait un grand empire sur lui-même, et ne manifestait que rarement sa joie, ses inquiétudes, son chagrin et sa colère. Il s'informait avec beaucoup de soin

de ce qu'on disait de lui. Il expliquait celles de ses actions que le public accusait. Il servait les Français en France, il les tenait éloignés de l'Italie. On a vu à quel point il était fidèle à sa parole. En général, il rendit la Lombardie heureuse. Elle oublia une partie des malheurs éprouvés sous les Visconti. François Sforza fut un grand prince.

Galéas Sforza avait quelques précautions à prendre pour retourner à Milan, s'il ne voulait pas emmener son armée. Louis, duc de Savoie, fils d'Amédée VIII, était mort à Lyon en 1465. Son fils, Amédée IX, qu'on a surnommé le bienheureux, étant malade et incapable de gouverner, ses conseillers voulurent faire arrêter Galéas, au mépris d'un sauf- conduit qu'ils avaient accordé mais il échappa à leurs ruses, et fit son entrée à Milan le 20 mars 1466. Il envoya sur-lechamp, à Pierre de Médicis, des ambassadeurs chargés de demander son appui. Pierre répondit qu'il n'oublierait jamais l'amitié de Cosme pour François Sforza et son fils, mais que lui-même il défendait avec quelque peine son influence en Toscane contre celle de Luca Pitti. En effet, Cosme et Luca se partageaient presque l'autorité à Florence. Le parti de Luca était appelé il Poggio, la montagne, parce que le palais Pitti était bâti sur une petite colline, et le parti de Cosme s'appelait il Piano, la plaine, parce que ce palais, depuis, le palais Riccardi, était bâti plus bas dans la ville.

Le 6 juillet 1468, Galéas Sforza, à qui nous ne donnerons plus que le nom de Galéas, qu'il affectionnait, ce nom rappelant la famille Visconti, à laquelle il n'appartenait cependant que par sa mère, Galéas épousa Bonne de Savoie, sœur d'Amédée IX et de Charlotte, mariée à Louis XI. Enorgueilli par cette alliance, il commença à maltraiter sa mère, Blanche Visconti, et on l'accuse de l'avoir empoisonnée, parce qu'il apprit, de sang-froid, que l'illustre épouse du grand Sforza venait de mourir au milieu des plus vives douleurs.

L'IMPRIMERIE PERFECTIONNÉE A SUBIACO ET A VENISE.- GALÉAS, DUC DE MILAN, VA VISITER LES FLORENTINS. - IL EST REÇU PAR LAURENT ET JULIEN, FILS DE PIERRE 1er DE MEDICIS. LE PAPE SIXTE IV. CONSPIRATIONS A FERRARE, A GÊNES ET A MILAN. -- ASSASSINAT DE GALLAS.

A cette époque, on perfectionna en Italie une découverte qui devait avoir tant de conséquences pour le bien de l'humanité, des sciences et des arts, la découverte de l'imprimerie. Les Italiens, que nous avons vus et que nous verrons tant de fois inventeurs, doivent en cette circonstance céder l'honneur de l'invention aux Allemands mais les Italiens ne tardèrent pas à se distinguer dans cet art, et il devint bientôt, surtout pour les Vénitiens, une nouvelle source de gloire et de richesses. Il s'était à peine écoulé huit années depuis que l'immortel Guttemberg avait publié en Allemagne le Psautier, daté de 1457, lorsque le grand conseil attira à Venise Wendelin de Spire, d'après les instances de Paul II, qui lui-même venait de faire faire des essais d'imprimerie à Subiaco. Ces essais datent de 1465. Ils sont dus à Conrad Sweynheim et à Arnold Pannartz, AHemands; l'ouvrage qu'ils publièrent dans cette abbaye porte cette date. C'est le traité de Lactance, « De divinis institutionibus adversus gentes. >> Sur cette édition, la première de Lactance, on lit à la fin ces mots : In venerabili monasterio sublacensi sub anno domini MCCCCLXV. Aussi, dit M. d'Agincourt, ce lieu recommandable par tant de faits relatifs à la religion (voy. p. 77, note), à l'état politique de l'Italie, dans le moyen âge, aux lettres et aux arts, mériterait d'être connu par une histoire particulière. A Venise, Wendelin publia ses premières éditions en 1469, l'année même où le grand Machiavel, ce génie si universel, recevait le jour à Florence. Jean de Cologne et Nicolas Janson vinrent en même temps former dans Venise et à Padoue des établissements qu'autorisa un privilége. On vit sortir des presses vénitiennes Cicéron, César, Quinte

Curce, Plaute, Virgile, des extraits de Tacite, Pline, Plutarque, et quelques autres auteurs moins renommés. Ces premières éditions étaient déja très-belles. Vingt ans après, le célebre Alde Manuce commença ses grands travaux, expliqua Homère et Horace, et fut la tige de plusieurs générations d'imprimeurs laborieux, désintéressés et savants.

Ces hommes habiles, perfectionnant les procédés de leur art, formèrent des établissements, dont on imita successivement l'organisation dans tout le reste de l'Italie et de l'Europe. Ainsi, Subiaco d'abord, et Venise ensuite, furent les premières villes de l'Italie d'où sortirent des livres imprimés. Cette justice est due au saint-siége, et au gouvernement des Vénitiens, et le principal moteur fut un des pontifes romains, né sujet de Venise.

En 1471, Galéas, duc de Milan, voulut visiter les Florentins, ces courageux ennemis des Visconti, et ces anciens amis de son père. Le duc, déja odieux à ses peuples, entreprit d'aller montrer son luxe et ses trésors à des peuples étrangers. Il partit accompagné de sa femme, Bonne de Savoie, qu'il faisait traiter partout en sœur de la reine de France. Douze chars, couverts de drap d'or, furent transportés à dos de mulets, au travers de l'Apennin; cinquante haquenées pour la duchesse, cinquante chevaux pour le duc, tout caparaçonnés d'or, cent hommes d'armes, et cinq cents fantassins pour la garde, cinquante estafiers, revêtus d'habits de drap d'argent et de soie, cent piqueurs conduisant cinq cents couples de chiens pour la chasse, et un nombre infini de fauconniers avec leur oiseau sur le poing, précédaient le duc de Milan. Il comptait dépenser en voyage 200,000 florins d'or. Il n'en aurait pas fallu tant pour défendre Négrepont contre les Turcs.

Pierre de Médicis était mort laissant deux fils, Laurent et Julien. Laurent reçut dans sa maison le duc de Milan, et il déploya en cette occasion un autre genre de magnificence.

On voyait sur ses habits moins d'or et de diamants, mais la pompe des arts remplaçait celle de l'opulence. Les monuments antiques, les tableaux, les statues, les pierres gravées, étonnèrent Galéas. La république aussi ordonna des fêtes pour honorer son nouvel hôte. Les Toscans offrirent aux Lombards des représentations de mystères religieux, l'Annonciation de la Vierge, l'Ascension du Christ, la Descente de l'Esprit saint sur les apôtres.

A Paul II avait succédé Sixte IV de la Rovère; il éleva injustement à des dignités son neveu, à qui il fit épouser Jeanne de Montefeltro, fille de Frédéric, comte d'Urbin, l'un des plus distingués parmi les feudataires du saint-siége. A cette occasion, Frédéric fut nommé duc d'Urbin.

Nous allons entrer dans une ère effroyable de conjurations. En trois ans, on en compta une à Ferrare, deux à Gênes, une à Milan, et une à Florence. Il y avait à Venise trois hommes qui l'en préservaient.

La première fut celle de Ferrare. Nicolas d'Este vivait dans le bannissement, à Mantoue, pendant qu'Hercule Ier, son oncle, retenait l'autorité. Nicolas osa se montrer dans la ville pendant l'absence d'Hercule, et il appela les Ferrarois aux armes. Personne ne soutint ses efforts. Il fut pris et décapité.

Les Génois payaient à Galéas cinquante mille ducats de tribut: cependant ils désiraient le fêter à son retour de Florence. Il avait repoussé les hommages de la ville, et affecté de ne se montrer que revêtu d'habits misérables: Gênes se révolta, mais pour un temps, et rentra sous l'autorité du tyran. Une nouvelle révolte fut encore comprimée, et cette fois, on vit le conspirateur Gentile vouloir se faire rembourser les frais de sa conjuration. Galéas permit qu'on les payât, parce qu'il disait ironiquement qu'à Gênes on se révoltait,comme on prenait des aliments dans les autres pays. Cependant les deux dernières révoltes des Génois étaient raisonnables et justes. On avait voulu elever

des forteresses, des murailles, des retranchements, pour opprimer la ville au besoin ce projet pouvait être sage, mais il était contraire aux capitulations. Le courroux du peuple étant légitime, Galéas dévora son dépit.

Il se moquait insolemment des conspirations génoises; une conspiration milanaise vint l'attaquer luimême dans sa capitale. Infidèle à Bonne de Savoie, princesse très-vertueuse, il se plaisait à braver les mœurs et les lois de la pudeur. Il savourait le désespoir des pères et des maris, dont il avait déshonoré les filles et les épouses. Ensuite il exigeait que ses gardes prissent part à ses infames plaisirs. C'est ainsi qu'il avait insulté deux jeunes Milanais, Charles Visconti, parent des derniers princes, et Jérôme Olgiati. Il avait dépouillé d'un héritage Jean-André Lampognani. Tous trois suivaient précédemment le cours d'un professeur d'éloquence, Colà de Montani, célèbre à Milan. Celui-ci avait donné à Galéas, presque toujours indocile dans son enfance, des leçons, accompagnées sans doute de trop de sévérité magistrale, puisqu'il l'avait fait un jour punir du fouet. Galéas, devenu souverain, sous un vain prétexte, fit à son tour fouetter son maître sur la place publique. Montani n'attendait pas cet affront pour mépriser et détester Galéas. Comme Rienzo, nourri des traits les plus héroïques de l'antiquité, il ne perdait pas l'occasion de faire remarquer à ses élèves que toutes les révolutions qu'ils admiraient dans la Grèce, avaient été développées par la haine de la tyrannie d'un seul; qu'un tyran était l'ennemi des talents, des célébrités, des hauts caractères. Cependant Galéas, qui ne méritait plus absolument d'autre nom, parce qu'il ne paraissait pas avoir conservé les généreuses pensées du paysan de Cotignola, et qu'il n'était plus que le digne héritier des Barnabò, de Jean Galéas, et de Philippe-Marie, venait d'ordonner d'enterrer vivantes quelques-unes des victimes de ses débauches, entre autres une fille de Jérôme Olgiati. Celui

ci entretint de sa douleur Charles Visconti et Lampognani, et tous trois résolurent de tuer le tyran.

Le lendemain de Noël, 26 décembre 1476, ils étaient cachés dans la maison de l'archi-prêtre de la cathédrale. Un bruit confus les avertit de l'arrivée de Galéas qui venait entendre l'office. Le duc s'avançait dans l'église entre l'ambassadeur de Ferrare et celui de Mantoue. Lampognani fendit la foule; et quand il fut près du prince, il porta la main gauche, comme par respect, à la toque que tenait Galéas, qui venait de se découvrir. Il mit un genou en terre, dans l'attitude d'un sujet qui présente une requête, et en même temps, de la main droite, dans laquelle il tenait un court poignard caché, il frappa le prince au ventre de bas en haut. Olgiati le frappa à la gorge et à la poitrine; Charles Visconti à l'épaule et au milieu du dos. Sforza tomba entre les bras des deux ambassadeurs en criant : « Ah Dieu!» et il expira.

Les gardes du duc s'animèrent à la vue de ce crime. Lampognani, en fuyant, s'embarrassa dans les vêtements des femmes qui étaient agenouillées, fut atteint par un Maure, écuyer du duc, et tué sur la place. Visconti fut aussi poursuivi et tué par un des gardes. Olgiati, qui était parvenu à s'enfuir, fut arrêté, mis à la torture, et condamné à être tenaillé et coupé vivant en morceaux. Les bourreaux lui ayant arraché la peau de la poitrine, il jeta un eri, mais il se reprit aussitôt, et dit : « La mort est dure, la renommée perpétuelle; il restera un souvenir éternel de ce fait. »

Jean Galéas Sforza, fils aîné de Galéas, qui n'était âgé que de huit ans, fut reconnu duc sans aucun obstacle, et Bonne de Savoie déclarée régente. Galéas laissait cinq frères, Sforza, duc de Bari, Louis, surnommé le Maure, à cause de son teint noir, Octavien, Ascagne et Philippe. Gênes, à l'instant même, essaya de secouer le joug; mais elle fut retenue dans l'obéissance: ce que la régence de Milan appelait le devoir.

Voici les réflexions de Machiavel sur la conjuration de Milan :

« Cette entreprise fut ourdie seule ment par ces malheureux jeunes gens, et exécutée courageusement. Ils périrent, parce que ceux qu'ils espéraient voir venir à leur suite, pour les défendre, ne les suivirent pas, et ne les défendirent pas. Que les princes apprennent à vivre de manière que personne, après les avoir tués, ne puisse espérer se sauver ! Que les autres connaissent combien est vaine la pensée qu'une multitude, même mécontente, les suivra et les accompagnera dans le péril! Cette catastrophe épouvanta toute l'Italie; mais elle fut bien plus effrayée des catastrophes qui suivirent et qui rompirent une paix de douze ans. »

CONJURATION DES PAZZI CONTRE LES MÉDICIS.

Machiavel ici veut parler de la conspiration des Pazzi. Ils résolurent alors de renverser violemment les Médicis. Le pape Sixte IV promit d'appuyer la conspiration. L'archevêque de Pise, Salviati, s'engagea à y concourir.

Le chef de la famille Pazzi, Jacques, devait au peuple le titre de chevalier. Il n'avait qu'une fille; mais ses frères, Antoine et Pierre, lui avaient laissé sept neveux, Guillaume, François, René, Jean, André, Nicolas et Galéotto. Jacques de' Pazzi et ses neveux, outre les motifs de mécontentement qu'ils nourrissaient dans leur esprit, n'obtenaient pas le rang qu'ils ambitionnaient. Toujours ces Médicis, ces heureux Médicis, passaient avant les Pazzi. François fut le premier à manifester sa haine. Il était plus courageux, plus impressionnable (sensitivo), que les autres. Il s'unit au comte Girolamo, seigneur de Forli, neveu du pape Sixte IV, et qui avait épousé une fille naturelle de François Sforza. L'audace des conjurés augmenta lorsque le roi de Naples, Ferdinand, promit d'appuyer leurs projets. François de' Pazzi attira aussi dans la conspiration deux Salviati, parents de l'ar

chevêque, nommés tous deux Jacques, messer Poggio, jeune ambitieux, désireux de choses nouvelles, Napoléon Franzesi, et Bernard Bandini, homme audacieux, et attaché par reconnaissance aux Pazzi. Parmi les étrangers, on admiț Antoine de Volterre, et le prêtre Étienne, qui, dans la maison de Jacques de' Pazzi, enseignait le latin à sa fille. Cependant René de' Pazzi, homme grave et prudent, qui connaissait très-bien les maux qu'occasionaient de semblables entreprises, ne consentit pas à entrer dans la conspiration. Loin de là, il la détesta, et la contraria par tous les moyens honnêtes qu'il put employer sans nuire à ses parents.

Alors le pape nomma cardinal Raphaël, neveu de Girolamo Riario, et il sembla utile aux Pazzi d'appeler ce cardinal auprès d'eux. Parti de Pise, il se rendit à Florence, où il reçut une pleine connaissance du plan des conjurés. Ensuite il fut décidé qu'on inviterait les deux Médicis, Laurent et Julien, à un banquet, le dimanche 26 avril 1478, et qu'on les tuerait au milieu du repas. Le matin venu, Laurent fit dire à François que Julien ne pourrait assister à ce banquet. Les conjurés pensèrent qu'on ne devait pas différer plus long-temps l'exécution d'un projet connu de tant de monde ; il fut arrêté qu'ils l'exécuteraient le jour même du dimanche 26, dans l'église de Santa-Reparata (le dôme : voy. pl. 33), où se rendraient nécessairement les deux frères, parce que le cardinal Riario serait présent. On voulait que Jean-Baptiste de Montesecco, condottiero du pape, se chargeât de frapper Laurent. François de' Pazzi et Bernard Bandini devaient attaquer Julien. Jean-Baptiste refusa à cause de l'intimité qu'il avait eue avec Laurent; il ajouta qu'il ne se connaissait pas le courage de commettre un si grand crime dans une église, et de joindre la trahison au sacrilége. Il promettait d'aider, si on réussissait. Ce refus devint la ruine de leur projet. Le temps les pressant, ils furent obligés de désigner messer Antoine de

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