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condamnations. Personne n'osait encore le toucher: il allait prendre la parole et essayer l'effet de son éloquence ordinaire, qui ne l'avait trahi qu'une fois, lorsqu'un artisan lui enfonça un estoc dans le ventre. Aussitôt il tomba frappé de plus de vingt coups: on lui coupa la tête; le tronc fut traîné dans

mier plan, l'escalier du capitole actuel. On voit d'abord deux lions égyptiens, de basalte, qui jettent de l'eau par la gueule dans une tasse. Ils ont été transportés de l'église de Saint-Étienne del Cacco, et placés par ordre de Pie IV, en 1560. Il est probable que du temps de Rienzo, il y avait à cet endroit un lion de porphyre égyptien, puis que tous les auteurs s'accordent à dire que c'est au pied de la statue de ce lion que le tribun a été conduit par le peuple révolté. L'escalier d'Araceli, qui est à gauche, a été construit en 1348, un an après la catastrophe de Rienzo. La rampe du milieu a été faite en 1536, par le pape Paul III, à l'occasion du passage solennel de Charles-Quint. Le chemin à droite, par lequel on monte en voiture, a été ouvert, en 1692, par Innocent XII.

Le moderne capitole a sa façade entre le septentrion et l'occident. Quand on a monté la rampe du milieu, on arrive sur une place au centre de laquelle s'élève la célèbre statue équestre de Marc-Aurèle, présenté comme pacificateur. C'est la plus belle des statues de bronze que nous ait laissées l'antiquité. Elle était auparavant en face du palais de Saint-Jean-de-Latran, et on l'appelait la statue de Constantin (voyez page 69). Transportée par ordre de Paul III, elle a été élevée, d'après les dessins de MichelAnge, en 1538, sur un piedestal formé d'un bloc de marbre tiré des ruines du forum de Trajan. La figure de l'empereur est naturelle et majestueuse; le cheval animé et vivant. La tête de l'animal tient un peu de celle du bœuf, comme toutes les races de chevaux arabes.

Le palais sénatorial fut érigé, en 1390, par Boniface IX, sur l'ancien Tabularium. La statue de porphyre, représentant Rome, assise dans la niche du milieu, a été trouvée à Cori.

Le palais à gauche renferme le musée capitolin. Le palais à droite est appelé palais des conservateurs du sénat. Ces palais ont été aussi construits sur les dessins de MichelAnge.

les rues, et pendu ensuite à l'étal d'un boucher, près de l'église SaintMarcel.

Ainsi mourut un homme qui, deux fois, essaya de ramener l'ordre et le règne des lois dans la capitale du peuple romain, et qui, deux fois, fut abandonné par ce peuple auquel il avait sacrifié son existence.

Albornoz chercha alors à rétablir l'autorité du pape dans Rome et dans les villes données par la fille du duc Boniface III, la célèbre comtesse Mathilde (*). (Voyez pl. 33. )

(*) La planche 33 représente à gauche le duc Boniface III, qui porta d'abord le titre de marquis, et ensuite celui de duc de Toscane; il mourut en 1052, assassiné avec des flèches empoisonnées. L'habit du duc est bleu-clair, la chlamyde est verte; un rubis orne la partie antérieure du bonnet. De sa seconde femme Béatrix, fille de Frédéric, duc de la Lorraine supérieure, il eut la comtesse Mathilde, qui est représentée à droite de cette planche. La comtesse est coiffée d'un bonnet d'or de forme conique, orné de pierres précieuses dans la partie inférieure. La chlamyde est couleur de laque, et la robe bleu ciel. Ces costumes, copiés par M. Bonnard, font partie des miniatures du poëme de Donizon, conservé au Vatican, n° 4922. L'ouvrage de M. Bonnard, que j'ai encore consulté plusieurs fois, se recommande par une grande exactitude de dessin, et des notices fort instructives. Nous avons vu M. Bonnard, à Rome, recueillir avec une rare intelligence les matériaux que cette ville pouvait lui procurer pour l'achèvement de son bel ouvrage.

Au milieu de la même planche 33, on voit le pape Alexandre III donnant lo stocco, ou l'épée de commandement, au doge Sébastien Ziani. La peinture originale est à Sienne, et on la doit à Spinello Aretino.

Le peintre a commis une erreur, en donnant le trirègne à Alexandre III, qui mourut en 1181. Ce fut, selon la plupart des auteurs, Boniface VIII qui, en 1300, ajouta à la tiare la seconde couronne, Benoît XII, en 1334, ajouta la troisième couronne. Spinello Aretino, mort en 1351, savait que les papes français de son temps plaçaient sur leur tête un trirègne; il ne s'attacha pas à étudier l'histoire, et donna à Alexandre III la tiare telle qu'on la portait de son temps à Avignon. Après Benoit XII, Ur

Visconti, archevêque de Milan, était mort en laissant pour lui succéder trois neveux, fils de son frère Étienne Visconti. Comme ils étaient entourés de soldats bien payés, ils réussirent facilement à se faire proclamer seigneurs par toutes les villes de la ligue lombarde et par d'autres qui avaient été soumises à leur oncle. Sur ce point de la Péninsule, on put se croire au temps du testament de Constantin. Mathieu, l'aîné des neveux, eut pour sa part Plaisance, Parme, Bologne, arrachée aux légats du pape absent, Lodi et Bobbio. Barnabò, le second, obtint en partage Crémone, qui avait perdu son indépendance, Crème, Brescia et Bergame. Galéas, le troisième, reçut pour apanage Côme, Novare, Verceil, Asti, Tortone et Alexandrie. La ville de Milan fut déclarée centre de gouvernement, et capitale d'une sorte de confédération des trois frères. En même temps ils se crurent assez forts pour ne pas refuser à Charles IV, roi de Bohême, et élu empereur, le titre de roi d'Italie, et pour lui laisser prendre à Monza la couronne de fer.

Mathieu Villani a rapporté ce fait avec une naïveté et une grace particulières; je citerai ses propres paroles: quand l'histoire est si bien faite, il ne faut pas la recommencer.

« L'empereur élu se mit en chemin vers Milan, avec moins de huit cents cavaliers. Messer Galéas vint au-devant de lui à la tête de quinze cents hommes à cheval, lui fit la révérence et l'accompagna jusqu'à Lodi, où il le fit garder la nuit par des hommes armés, après avoir ordonné de fermer les portes de la ville. Le lendemain. près de Chiaravalle, Messer Barnabò se présenta à la rencontre du roi élu des Romains, avec une suite considérable, et lui offrit, de la part de ses bain V, autre pape français, continua de porter le trirègne. Urbain VI, Napolitain, fut couronné à Rome avec le trirègne, en 1398, et tous les papes l'ont porté depuis. Le costume du doge Sébastien Ziani, qui est aux genoux du pape, est, en général, plus fidèle. Le bonnet ducal est écarlate, et orné d'hermine.

frères et de la sienne, trente palefrois. Messer Barnabò demanda à l'élu s'il lui plaisait entrer dans Milan; l'élu répondit qu'il n'y entrerait pas, parce qu'il avait promis de n'y pas entrer. Barnabò répliqua qu'on avait exigé cette condition, parce qu'on croyait que le prince s'y présenterait à la tête de la ligue gibeline, mais que pour sa personne seule, il n'en était pas ainsi, et il fut contraint d'entrer à Milan. On le reçut avec plus de tumulte que de fête; il ne vit que cavaliers armés, il n'entendit que trompettes, clairons, flûtes et cornemuses; il y avait tant de tambours, qu'on n'aurait pas ouï des coups de tonnerre. A Milan encore les portes furent fermées. Le roi fut conduit au palais des princes et on lui assigna des salles magnifiquement ornées et des appartements somptueux. Là, Mathieu et les deux autres frères allèrent lui faire la révérence, lui disant avec de belles paroles que tout ce qu'ils possédaient, ils reconnaissaient le tenir du saint Empire, et qu'ils le gardaient à son service. Le jour d'après, ils lui donnèrent le spectacle d'une revue générale des hommes à pied et à cheval qu'ils avaient réunis dans Milan; ils firent armer tous les citoyens qui pouvaient monter à cheval, et forcèrent l'empereur à les voir passer d'une fenêtre du palais. Avectant de bruit, ils donnèrent à comprendre que ces troupes formaient un corps de six mille hommes à cheval et de dix mille à pied. Ensuite les trois frères se prirent à dire : « O notre seigneur, ces

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cavaliers, ces fantassins et nos « personnes mêmes, sont à votre « commandement. » Ils ajoutèrent : « Avec cela, nous avons garni nos vil«les et nos châteaux d'autres cavaliers « et d'autres fantassins »; et ainsi ils exaltèrent (magnificarono) leur grandeur, en la présence impériale, tenant les portes fermées la nuit et le jour, et tant de troupes de garde, que l'empereur élu finit par concevoir des craintes et des soupçons. Celui-ci se voyant donc dans l'ennui d'une surveillance si inquiète, il n'y eut heure

où il ne voulût se trouver autre part, avec moins d'honneurs. Enfin, pour tout, l'esprit impérial fut en continuel servage à la volonté des tyrans, et l'aigle soumise à la couleuvre (armes des Visconti). Charles, qui était sage, supporta, avec un visage gai et serein, la prison courtoise, et par beaucoup de condescendance gagna ce qu'il n'aurait pu obtenir par la force. Après quelques jours, quand il plut aux seigneurs tyrans, ils le conduisirent à Monza. Là, le jour de l'Epiphanie, 6 janvier, il fut couronné de la sainte couronne de fer, avec la solennité que les seigneurs Visconti voulurent bien permettre; enfin, il retourna à Milan, où il créa quelques chevaliers. Ensuite il demanda à partir pour recouvrer sa liberté. On l'accompagna, comme il était venu, de ville en ville avec des hommes armés, et les portes fermées chaque soir. La nuit et le jour on le tenait dans une garde continuelle, et lui, hâtant sa marche, non comme un empereur, mais comme un marchand qui court précipitamment à une foire, se laissa conduire hors des possessions des tyrans. Là il resta libre de leur surveillance avec au plus quatre cents de ses compagnons, la plupart sur des mauvais bidets, et sans armes. »

Certes, on ne peut pas rapporter d'une manière plus piquante cet insolent hommagelige. Que sont devenues les générosités de Charlemagne, les tentes écarlates d'Othon, les housses d'or de Frédéric 1, et tant de magnificences impériales jusqu'à Frédéric II?

Charles, après diverses tentatives pour relever son parti à Florence, à Sienne et à Rome, retourna en Allemagne, laissant Milan sous le despotisme odieux des Visconti.

Un d'eux, Mathieu, était, non pas plus méchant, mais plus adonné à la débauche que les deux autres. Ceux-ci craignirent que l'indignité des violences qu'il faisait aux femmes n'armât contre eux tous leurs sujets, ils lui firent servir un plat de cailles empoisonnées. Barnabò, le plus cruel des deux qui survivaient. voulait

réduire Pavie, révoltée à l'aide du marquis de Montferrat, Jean II Paléologue, fils de Théodore Ier, neveu et successeur de Jean I. Jean II possédait Turin, Suze, Alexandrie Trino, et d'allié des Visconti, il était devenu leur ennemi le plus violent. Barnabò amène une armée devant la ville en révolte. En vain elle résiste, il s'en empare. Les horreurs qu'il commet sur les personnes des vaincus doivent être signalées, pour que ce fatal récit voue à jamais la mémoire de ce tyran à l'exécration des hommes.

Ce scélérat cherchant à épouvanter ses ennemis par des supplices dont, avant lui, personne n'avait eu la pensée, ordonna, par un édit que rapporte textuellement Pierre Azario, notaire de Novare, que le supplice des criminels d'état durerait quarante et un jours. Les tourments ne pouvaient être infligés que les jours impairs. Le premier, le troisième, le cinquième et le septième jour, les condamnés devaient recevoir cinq tours d'estrapade; les jours pairs, ils étaient laissés dans un affreux repos; le neuvième et le onzième jour, on leur faisait boire par force de l'eau mêlée de chaux et de vinaigre; le treizième et le quinzième jour, on leur enlevait la peau de la plante des pieds; le dix-septième et le dix-neuvième, on arrachait un œil, et successivement on coupait un pied, l'un après l'autre; enfin, après d'autres abominables atrocités, le quarante-unième jour, le tronc des infortunés était tenaillé, et ils terminaient leurs souffrances sur la roue.

Tel fut l'infernal arrêt qui aurait dû armer l'Église, l'Empire, tous les gouvernements de l'Italie, et les propres ministres de Milan, contre des férocités aussi inouïes.

L'excommunication contre Barnabò fut prononcée; il n'y eut pas une voix dans toute l'Europe qui réclamât contre la sentence.

Ces cruautés ne sont pas dignes de mémoire, dit Mathieu Villani, et elles exigent le silence de la plume; mais on doit être excusé d'en rapporter quelques-unes, pour montrer

le danger que l'on court sous une tyrannie effrénée.

Cependant Galéas Visconti, frère de Barnabò, avait voulu s'allier à une maison royale de l'Europe, et profitant de l'état de détresse où une longue guerre avait réduit Jean, roi de France, il proposa six cent mille florins d'or, à condition que l'on marierait Jean Galéas, son fils, âgé de onze ans, avec Isabelle de Valois, fille de Jean. Les Visconti, qui n'étaient connus en Italie que sous le nom de tyrans, ne jouissaient en France d'aucune considération; cependant la proposition fut acceptée: mais comme ces tyrans, quoique nobles d'origine, étaient méprisés en France, et traités de parvenus, le roi tint à voir porter un titre à sa fille, et il investit son gendre du petit comté de Vertus, situé à six lieues de Châlons, en Champagne; c'est enfin sous le titre de comte de Vertus que Jean Galéas, premier duc de Milan, fut connu pendant trente-quatre ans.

Ce mariage fut célébré avec une pompe extraordinaire. On compta dans le banquet, après un tournoi (voy. pl. 34) (*), jusqu'à six cents dames et mille chevaliers. De riches présents furent offerts par les officiers de Galéas à tous les conviés.

On ne pouvait s'attendre à voir un tel honneur accordé à une famille qui s'était signalée par tant de crimes: d'ailleurs, tous les jours d'autres crimes succédaient aux premiers. Barnabò surtout devint encore plus impitoyable sous prétexte de fuir la peste, il se retira dans une maison de chasse, au milieu des forêts les plus sauvages; à deux milles à la ronde, il fit planter des piliers et des potences, et il menaça, par des écriteaux placés tout autour, de faire pendre sans rémission quiconque oserait franchir l'enceinte qu'il s'était réservée.

Il ne suffisait pas aux Visconti de

(*) Nous donnons ici une planche représentant un tournoi italien : un des chevaliers a sa lance brisée et va être renversé. A droite, on remarque les juges du combat

tyranniser les états qu'ils gouvernaient. Les deux frères vivaient ensemble dans une union difficile à comprendre, parce qu'ils étaient tous deux méchants, défiants et ambitieux; mais aucun soupçon n'altérait leur accord funeste. On annonça un jour qu'il pouvait leur être utile de susciter des troubles à Pise, ville gibeline, célèbre par sa puissance, son commerce en Egypte, ses monuments, sa cathédrale, sa tour, son baptistère, son Campo-Santo. (Voy. pl. 35 et 36) (*).

(*) La planche 35 représente le dome, la tour, et le baptistère de Pise. Le dôme fut commencé dans les premiers mois de l'année 1064, sous le pontificat d'Alexandre II. Il fut tout-à-fait terminé 39 ans après, et consacré en 1118, par le pape Gélase II, de Gaète.

Exiger des artistes du onzième siècle, de la sobriété dans les ornements, et une simplicité majestueuse, ce serait la même chose que vouloir exiger l'inversion des temps. Cinquante-quatre colonnes, distribuées en cinq ordres, forment la division totale de la façade. Buschetto, l'architecte, employa uue quantité de marbres, de colonnes, de sculptures qui avaient appartenu à d'autres édi fices, et que les Pisans avaient transportés de la Sicile, de la Grèce et de l'Asie. Les trois portes de bronze qui donnent entrée à l'église, sont d'un travail estimé et moderne, qui fut confié en partie à Grégoire Pagani, sous la direction de Jean de Bologue. L'intérieur offre une croix à cinq nefs. Vingt-quatre colonnes corinthiennes ornent la nef principale. L'artiste a dissimulé l'inégalité de leur hauteur par de faux attiques, et une foule de ruses ingénieuses qui cachent ce défaut.

On jeta la fondation du baptistère en 1152, sur le dessin de Diotisalvi. L'édifice est rond, et il se termine au dehors par une grande statue de bronze, représentant saint Jean-Baptiste.

La tour de Pise est fameuse par le grand nombre de colonnes dont elle est décorée, mais plus encore par l'inclinaison considérable qu'elle présente sur le plan de l'horizon. Elle fut élevée en 1174, et toutes les chroniques, ainsi que les auteurs, s'accordent à lui donner pour architecte Bonanno, l'isan, auquel on associe aussi Guillaume, Allemand, que Dempster désigne sous le nom de Guillaume d'Inspruck. Cet élégant édifice,

Alors Barnabò gagna un marchand de cette ville, nommé dell' Agnello, et l'engagea à s'emparer du pouvoir. Dell' Agnello organisa une conspiration et se fit nommer doge. Il parcourut ensuite la ville avec une pompe ducale, et il exigea un serment de fidélité de ceux à qui il obéissait la veille.

Pour consolider son pouvoir, il établit sur-le-champ une sorte d'aristo

pre

quoique peu décoré d'ornements de sculpture, ne laisse pas de mériter une place distinguée parmi les productions singulières de l'art à cette époque. Il présente huit galeries construites les unes au-dessus des autres, et soutenues par 207 colonnes surmontées de chapiteaux, appartenant à des époques différentes, comme les colonnes elles-mêmes, dont la plus grande partie a été réparée, et adaptée à la nature de cette construction. La tour a 51 pieds 8 pouces environ de diamètre, y compris les colonnes, et 174 pieds 5 pouces de hauteur. Les colonnes de la mière galerie sont beaucoup plus grosses, et chaque arc correspond à deux colonnes dans les six galeries supérieures. Les chapiteaux de ces dernières semblent, par leurs formes et leurs ornements, avoir appartenu à quel que temple de Bacchus. Quant à l'inclinaiзon de cette tour, qui est de 12 pieds et 9 pouces environ (je l'ai mesurée moi-même deux fois), M. Cicognara rapporte diverses opinions qui peuvent intéresser la curiosité des artistes et des savants. Ce serait une idée étrange, dit M. Ferrario, à qui j'emprunte la plupart de ces détails, de considé rer cette inclinaison comme le résultat d'un plan de l'architecte, tandis qu'elle s'explique naturellement par la supposition que l'édifice était bâti sur un fond marécageux et mobile, et que le sol ayant cédé d'un côté sous le poids, l'édifice entier se sera incliné du même côté. Si l'architecte avait eu réellement le dessein de lui donner cette inclinaison, satisfait de cette apparence, il aurait suivi la ligne d'aplomb dans la construction de l'intérieur et dans celle de l'escalier, et les pierres posées parallèlement à l'horizon, ne tendraient pas, par l'effet même de cette inclinaison, à s'ensevelir dans la terre, comme cela se voit du côté qui a cédé. Il est néanmoins bien possible que, s'étant aperçu de l'inclinaison de l'édifice, lorsqu'il était déjà à plus de moitié de sa hauteur, et ayant jugé qu'elle ne pouvait plus faire de progrès, l'architecte ait pris le parti de continuer la tour

cratie. Il réunit seize familles en une seule, leur ordonna de se regarder tous comme parents, distribua les degrés de la consanguinité qu'il inventait, et se déclara le chef de cette famille. Les membres qui la composaient devaient porter le titre de comte et les mêmes armoiries. Bientôt il se dégoûta de ce nom de doge, usité à Gênes et à Venise, pour s'attribuer le dans la même direction: car sa hauteur étant déterminée, il aura calculé qu'ayant environ treize pieds d'inclinaison, sur 51 pieds à peu près de diamètre, il lui restait environ 38 pieds pour continuer sa construction dans la ligne d'aplomb, en donnant également au côté opposé, à peu près 13 pieds de talus : réflexion qui prouve un raisonnement profond, dont la justesse est confirmée par la solidité de l'édifice depuis six siècles et demi. La moitié supérieure aurait donc été continuée sur le plan de l'inclinaison, pour éviter l'effet désagréable qu'eût produit un changement de direction vers le centre aussi voit-on que les trous des échafauds qui y sont encore, et qui deviennent, dans cette question, des autorités respectables, ont été pratiqués parallèlement à l'horizon, et tendent plutôt vers la ligne d'aplomb, que vers le plan incliné.

Comme au bas de la tour de la Gari. sende à Bologne, si l'on s'approche de la tour de Pise du côté où elle penche, et si on regarde, par un temps d'orage, les nuages qui passent rapidement en l'air dans un sens opposé, on croit qu'ils vont abattre la tour.

La planche 36 représente le Campo santo. C'est un grand monument de la piété et de l'opulence des anciens Pisans. Il fut élevé, en 1278, sur les dessins de Jean de Pise. La cour destinée à servir de cimetière pour les hommes distingués du pays, a 450 pieds de longueur, et est environnée d'un vaste portique. Il y a 60 croisées ou arcades. Les murs sont ornés de peintures anciennes; on les attribue à Simon Memmi, à Giotto, à l'Orcagua, à Benozzo Gozzoli. La terre qui remplit la cour a été apportée des environs de Jérusalem. Sous le portique on remarque beaucoup de tombeaux, entre autres le tombeau de Béatrix, mère de la comtesse Mathilde; le tombeau élevé à Algarotti par Frédéric II; celui de Pignotti, poète et historien, homme de mœurs douces et polies, et enfin celui de l'illustre chirurgion Vacca, ouvrage de Thorwaldsen.

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