Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

rite, l'ouvrage participait de ce mérite. Si l'on copiait un modèle défectueux, la copie offrait toutes les difformités du modèle. Nous avons des preuves authentiques de l'état de la sculpture dans des temps si éloignés de nous. Le sarcophage de Junius Bassus trouvé en 1595, sous Clément VIII, appartient évidemment à l'an 359 époque de la mort de ce préfet de Rome. Ce monument en marbre de Paros, sculpté probablement à Constantinople, est partagé sur la partie de devant en dix divisions, dont cinq sont en haut, et cinq au dessous: chaque division est séparée par une colonne qui a encore quelques formes de bon style. Les différentes divisions retracent, entre autres sujets, Abraham qui sacrifie son fils Isaac; saint Pierre qui renie Notre Seigneur; Jésus-Christ conduit devant Pilate; Job assis sur son fumier; Adam et Eve, autour de l'arbre défendu; Daniel dans la fosse aux lions, et divers autres traits de l'ancien et du nouveau Testament. Puisqu'un préfet de Rome, à cette époque, était déposé dans un tel sarcophage, on conjecture aisément en quel honneur était déja la religion chrétienne. Plus tard, le tombeau de Probus et de Proba (*), qu'on voit en

(*) Junius Bassus, dont il a été parlé plus haut, était præfectus urbis, préfet de Rome. Il mourut en 359. Les fonctions dont il était revêtu répondaient à celles de gouverneur. Il exerçait non-seulement l'autorité militaire, mais même l'autorité civile. Sur ce monument la perspective linéaire est mal observée. Les femmes ne peuvent visiter l'église souterraine de Saint-Pierre, où il est placé, qu'une fois par an, le jour de la seconde fête de la Pentecôte, jour où l'entrée est défendue aux hommes, et où cette église souterraine est éclairée somptueusement.Aux autres époques de l'année, les femmes y peuvent entrer avec des permissions spéciales.

Le sarcophage de Probus, préfet du prétoire, et de Proba, sa femme, représente, sur la partie postérieure, ces deux époux se donnant la main: on voit, sur la partie antérieure, J.-C. entouré de ses apôtres, et élevé sur un petit monticule d'où quatre fleuves s'échappent à la fois. Bosio croit que ces fleuves sont le Nil, l'Euphrate, le

core dans une chapelle de Saint-Pierre, qui a servi long-temps de fonts baptismaux, et qui appartient à une époque postérieure de près d'un siècle, représente Jésus-Christ entouré de ses apôtres. Ce tombeau était celui d'un préfet du prétoire à Rome, c'est-àdire d'un des magistrats militaires les plus élevés. L'art s'y montre encore dans un état de décadence plus marqué. Comme on n'avait commencé que tard, à cause des persécutions, à composer ainsi des monuments chrétiens, les types offraient constamment quelque chose de la médiocrité du talent de l'époque. Il semblait aussi que les autorités voulaient s'affranchir des dépenses qu'exige nécessairement la protection accordée aux arts, et que les artistes se montraient peu jaloux de composer des ouvrages d'imagination. Ce fut chez les uns cette détestable avarice, et chez les autres ce manque, si peu naturel et si rare depuis, d'amour-propre personnel, et cette absence de passion pour la gloire, qui nous expliqueront peut-être pourquoi on éleva un arc à Constantin, en employant les bas-reliefs et les colonnes qui avaient orné un monument dédié à Trajan. La basilique de Saint-Paul, 24 colonnes de marbre violet qui, dans le même temps, s'enrichit des dans ce qu'on appelle aujourd'hui le château Saint-Ange, avaient soutenu le temple rond, périptère (*), que l'empereur Adrien s'était dédié à lui-même vers l'an 130.

Si la sculpture gémissait dans cet état d'avilissement, au point de ne plus savoir que déplacer le beau pour former de nouveaux monuments, la peinture n'était pas cultivée avec plus d'enthousiasme; c'était à peine si l'on voyait de loin en loin, dans les maisemblables à celles de Pompéi, qui ont sons des particuliers, des fresques

Tigre et le Phison, qu'il appelle les quatre fleuves du Paradis. (V. les deux sarcophages, pl. 3.)

(*) Édifice qui a des colonnes isolées dans tout son pourtour extérieur.

se

le même âge que celles des thermes de Titus (l'an 79). Le christianisme, arrivé tard pour les arts, se contentaitil de ce qu'il trouvait? Après avoir substitué des sujets sévères tirés des saintes écritures aux scènes voluptueuses empruntées à la Fable, bornait-il à répéter ces sujets nouveaux avec fidélité, sans s'attacher à poursuivre un progrès? On a dit que l'autorité des premiers pères prescrivait ce respect traditionnel, que cette sorte d'immobilité était commandée par la discipline des arcanes de la religion qui était encore toute mystérieuse; et en effet, même aujourd'hui, il est resté quelque chose de cet usage dans les habitudes des peintres d'églises de la Russie. Les popes ne veulent dans les temples que des sujets donnés, exprimés de la même manière, revêtus des mêmes couleurs, des mêmes glacis, des mêmes ombres, et tellement ressemblants entre eux, que le talent des artistes différents est difficile à retrouver, et qu'il n'y a qu'une légère teinte d'indécision qui apprenne si on voit l'ouvrage d'un maître ou celui d'un élève.

La mosaïque du grand arc de la principale nef de Saint-Paul, endommagée par l'incendie de 1823, fut composée vers 440, sous le même Léon que nous venons de voir rendre de si éminents services à l'église et à l'empire d'Occident. Cette mosaïque produit un effet solennel. Jésus-Christ y est représenté environné des 24 vieillards de l'Apocalypse. On y remarque aussi saint Pierre et saint Paul. Ils étaient là bien ingénieusement placés, ces deux apôtres protecteurs, dont les temples avaient recueilli tant de victimes qui redoutaient les violences des soldats d'Alaric. L'ensemble de cette composition est d'un travail peut-être inégal, mais encore aujourd'hui digne d'être observé. Léon XII, Pie VIII et Grégoire XVI ont ordonné les réparations qui étaient nécessaires.

Toutes les branches des arts suivaient une semblable direction sur tous les points de l'Italie, à Naples, à Ravenne, à Milan et à Pavie. Partout même sys

tème, même froideur, même médiocrité. Le christianisme devait, dix siécles après, à Rome même, sous le grand Raphaël et sous Michel-Ange, faire pardonner d'une manière bien éclatante ces premiers temps d'une sorte d'indifférence pour les arts.

Les mœurs étaient souvent celles des anciens Romains. D'un côté, de riches personnages consulaires répandus dans les villes les plus opulentes, se voyaient entourés de leurs clients et de parasites flatteurs, ainsi qu'au temps de Martial. D'un autre côté, on devait souvent louer plus de pudeur chez les femmes: car déja avaient apparu quelques-unes de ces chastes vierges chrétiennes, bien plus honorables que les vestales, puisque leur sacrifice était plus étendu et plus volontaire. A trente-six ans, une vestale était libre de rentrer dans la maison de ses parents: chez les vierges chrétiennes, le sacrifice durait toute la vie. Aucun sentiment d'orgueil patricien n'était venu prescrire des devoirs pénibles qui, chez les vestales, furent quelquefois interrompus par de coupables faiblesses. L'institution du sacerdoce de Vesta durait encore sous Théodose-le-Grand, car Symmaque, en 384, ordonna d'enterrer vive une vestale qui avait violé ses vœux, tandis qu'aucun évêque n'avait eu à punir la vierge chrétienne, qu'une loi morale seule retenait dans le devoir imposé par ses serments. Enfin les derniers actes de la vie de la mère de Constantin avaient excité à une vie plus austère d'autres Cornélies. Mais généralement les mœurs du reste de la nation étaient empreintes de ce goût de dissipation, de spectacles et de débauches, encore augmenté, s'il était possible, par la dépravation de beaucoup de Barbares, déserteurs effrontés des vertus sauvages qu'ils avaient apportées de leur pays, et qu'ils ne savaient souvent ní conserver, ni reprendre, au sein de tant de corruption et de mauvais exemples. On regrettait hautement les combats de gladiateurs, qui s'étaient maintenus malgré une loi de Constantin. Honorius les avait abo

lis en 408, parce qu'un anachorète, nommé Télémaque, venu exprès d'Orient pour en arrêter l'abus, s'étant jeté dans l'arène au milieu des combattants, avait été tué à coups de pierres par les spectateurs.

On a blâmé Constantin transportant Rome à Byzance, et voulant défendre la gloire de la ville de Mars, là où elle n'était pas attaquée; on a blâmé encore plus vivement Valentinien III quittant Rome, pour transférer le siége de l'empire occidental à Ravenne. De telles fautes, si ce sont là des fautes, ce que je ne suis pas porté à croire, ne prouvent-elles pas seulement que le système absolu et tyrannique de centralisation qui avait si efficacement aidé le sénat et le peuple romain, et, depuis, les autres empereurs prédécesseurs de Constantin, à gouverner le monde, d'un seul signe parti du haut du Capitole, que ce système n'était plus praticable, par suite de circonstances difficiles à deviner? En effet, nous trouvons bien dans Rome de hauts modèles de vertu qui appartiennent au culte nouveau, mais une juxta-position déplorable les jetait pêle-mêle à côté de vices invétérés, obstinés, et devenus populaires. C'est le propre des vertus nobles et fortes de se montrer quelquefois absorbées dans l'accomplissement de leurs devoirs, et sans indulgence pour les égarements des autres. C'est aussi le propre des ames corrompues de rapporter tout à ellesmêmes, de haïr ceux dont la conduite est un reproche vivant et animé, prêt à accuser les crimes d'autrui. Dès lors, il n'y a plus d'accord dans une ville ainsí habitée, il n'y a plus de conformité de vues; il n'y a plus de dévouements réciproques. Tout ce commandement central, qui tirait son énergie de l'union, d'un assentiment général, invariable, à des désirs de gloire, de grandeur et de suprématie nationale, ce commandement qui semblait attaché au sol, y vivre, n'en sortir jamais, et comme enraciné dans le Forum, cette autorité une et décidée a perdu sa puissance. Rome apprenait tous les matins, ou dans les

temples dédiés au Christ, ou dans les thermes consacrés aux agréments de la vie, que les Barbares s'apprêtaient à n'être plus aussi indulgents qu'Attila, et à renouveler les scènes horribles des funestes temps d'Alaric: Rome, qui avait facilement réparé ses désastres, désormais tout entière à ses prières et à ses plaisirs, ne s'imposait ni sacrifice d'argent, ni élan de patriotisme. Le peu d'hommes politiques qui restaient, purent donc croire qu'il fallait aller défendre sur la lisière de l'Italie cette Rome trop livrée peut-être à ses extases, et certainement trop abandonnée à ses voluptés.

Rome n'était plus dans Rome; elle n'avait jamais été à Byzance, elle devait encore moins se retrouver à Ravenne. Mais il devait résulter un bien de cette détermination stratégique.

Genséric, roi des Vandales et maître de l'Afrique, est appelé secrètement en Italie, par Eudoxie, veuve de Valentinien, indignée que son successeur, Pétrone Maxime, l'eût forcée à lui donner sa main, Genséric accourut avec la rapidité de l'épervier, tant était irrésistible le charme qui attirait les Barbares en Italie. Il trouva Rome réduite à invoquer les faibles défenseurs que nous venons de signaler. Il la saccagea de fond en comble, la dépouilla de l'or qui lui restait, et après quatorze jours, se rembarqua pour l'Afrique. Les Romains, pour la plupart, avaient fui dans les montagnes voisines. Revenus dans leurs foyers, ils reconnurent comme empereur Avitus, né en Auvergne, d'une famille illustre; et lorsqu'il fit son entrée par la voie Flaminienne, ils accueillirent le nouveau maître avec les plus vives acclamations, lui recommandant surtout de ne jamais les quitter. Celui-ci confia sur-le-champ le soin de venger Rome à Ricimer, qui battit les flottes de Genséric et rétablit l'autorité romaine dans toutes les îles de la Méditerranée. Mais comme on ne savait alors répondre aux marques de confiance d'un prince que par la trahison, effet inévitable des fortunes subites,

des avénements imprévus, de jalousies peut-être raisonnables, et du concours de tant d'hommes nouveaux, Ricimer, que ses victoires avaient rendu célèbre, se révolta contre Avitus, le surprit dans Plaisance et lui fit abdiquer l'empire. Avitus chercha des consolations dans les fonctions de l'épiscopat de cette ville, s'y fit sacrer; mais bientôt, craignant d'être assassiné par ordre de Ricimer, il voulut aller finir ses jours dans sa patrie, où la mort, qui le surprit en chemin, l'empêcha d'arriver. On peut observer que cet empereur ne crut pas déroger en acceptant l'épiscopat.

Léon, soldat obscur, né dans la Thrace, se fit alors sacrer empereur à Constantinople, par Anatole; patriarche de cette ville. Ce fut la première fois qu'un ministre de l'église posa la couronne sur la tête d'un prince, et cet exemple fut, depuis, imité dans l'empire d'Occident.

Cet empire, après des malheurs de toute nature, avait à recevoir le dernier, le plus grand affront. Ce notaire, ce secrétaire, cet ambassadeur d'Attila, ce Romain parjure, cet Oreste qui, d'ailleurs (car il ne faut pas croire que les hommes les plus coupables n'aient pas à s'honorer de quelques vertus), avait peut-être secondé saint Léon détournant Attila de son expédition de Rome, Oreste devint maître de l'empire. Envoyé par l'empereur Népos dans les Gaules contre Euric, roi des Visigoths, et se voyant à la tête d'une armée, il lui vint dans la pensée qu'il valait mieux être maître que général de l'empire, et il marcha sur Ravenne. Pour dépouiller de si faibles souverains, il suffisait de l'entreprendre. Népos prit la fuite. Quelle fut la pudeur qui empêcha Oreste de ceindre le diadème ? Craignait-il de compromettre plus tôt sur le trône une existence méprisée ? Voulait - il sacrifier sa propre ambition pour assurer à l'avance l'autorité d'un des siens? Nous ignorons les motifs qui déterminèrent Oreste. Ce qui est certain, c'est que le nouvel usurpateur, celui qui avait la couronne dans ses

mains, en orna le front d'un autre et déclara empereur d'Occident son fils nommé Romulus, et surnommé Auguste, avant même de parvenir à l'empire; en sorte qu'étant empereur, il portait deux fois ce nom, comme nom propre et comme titre de souveraineté. Les Romains, qui avaient toujours été moqueurs et malins, ainsi qu'ils le sont encore aujourd'hui, l'appelèrent communément Augustule, à cause de sa grande jeunesse. Rcmulus-Auguste, par ordre de son père, fut proclamé empereur le 29 août 475. L'histoire ne dit de ce prince que ce qu'Homère a dit de Nirée, qu'il était parfaitement beau sans lui attribuer aucune qualité, ni même aucune action: Oreste gouverna sous son nom. Romulus-Auguste ne tarda pas à être renversé par Odoacre, Goth de naissance, l'un de ses gardes, et qui se mit à la tête des Barbares nommés Squires, Hérules et Turcilinges, alors au service des empereurs, et qu'on appelait en général Goths. Odoacre, ayant déclaré la guerre à Romulus, ainsi qu'à Oreste, régent, celui-ci se retira à Pavie. Les soldats des rebelles l'ayant poursuivi, le firent prisonnier et brûlèrent ensuite cette ville. En 476 le vainqueur Odoacre se fit couronner à Rome roi d'Italie.

?

On a vu jusqu'ici commettre tant de crimes et immoler tant de victimes à ce qu'on appelle les calculs de la sûreté et de la politique, qu'on sera étonné qu'Odoacre se soit contenté de la mort d'Oreste et de son frère Paul, et qu'il ait fait grace à Romulus-Auguste. Il est prouvé qu'Odoacre lui laissa la vie: cet enfant se dépouilla luimême de ses ornements impériaux, comme s'il avait été acteur dans une scène de théâtre, et il lui fut permis de se retirer près de Naples, où ce dernier empereur de Rome mourut en simple particulier, jouissant d'un revenu considérable que lui avait assigné Odoacre. Un roi, né Barbare, se montra ici plus humain que beaucoup de Romains, ses prédécesseurs, qui auraient été incapables d'une aussi longue magnanimité, et il commença à gouver

ner l'Italie avec une sorte de modération qu'elle n'avait pas toujours trouvée dans ses maîtres précédents.

Telle fut la révolution si mémorable par laquelle l'empire romain, qui comptait alors 1229 ans de la fondation de Rome, et dont la ruine avait déja commencé à se manifester sous Honorius, fils de Théodose, prit fin en Occident, là où ce même empire, proprement dit, était né 506 ans auparavant, lorsque la victoire d'Actium, gagnée l'an 723 de l'avénement de Romulus, en avait assuré la paisible possession entre les mains d'Auguste. Cet empire, qui avait rassemblé en lui presque tous les royaumes connus, à la suite de plus de quatre cents batailles, et dont la puissance semblait devoir égaler la durée du monde, ne put résister long-temps aux embarras de sa vaste étendue. Des barbares qui n'avaient que du fer, des barbares que repoussait leur patrie, des barbares que Rome elle-même avait en partie civilisés, se précipitèrent sur des provinces défendues par des soldats gorgés d'or, et y établirent les états qui subsistent à présent. L'on peut remarquer encore que cet empire, qui naquit sous un Auguste, périt, par une sorte de rencontre bizarre, sous un autre Auguste, à qui son père Oreste (nom sinistre) avait encore attribué, par un orgueil qui devait être sévèrement puni, le nom de Romulus.

Nous dirons ici quels étaient les peuples qui occupaient les débris du reste de l'empire romain. Ces peuples, destinés à revenir souvent en Italie, où quelques-uns d'entre eux possèdent aujourd'hui des places fortes avec ou sans la souveraineté du pays, ne peuvent pas être perdus de vue.

Alors Zénon, de retour à Byzance, étendait son sceptre sur tout l'Orient. Cet homme, qui souillait le trône de Constantinople d'autant de crimes que Néron en avait commis sur celui de Rome, était mal fait, et extrêmement laid. Couvert de poils depuis la tête jusqu'aux pieds, il avait la figure d'un satyre, et, sous cette figure dégoû

tante, une ame abominable. Lâche, timide, ivrogne et impudique jusqu'aux excès les plus odieux, d'un caractère féroce et brutal, ce prince manquait de parole autant de fois qu'il croyait pouvoir le faire avec avantage. Attaqué par Théodoric l'Amale, roi des Ostrogoths, il s'en délivra en lui conseillant d'aller à Rome détrôner Odoacre, et en lui promettant de ne pas l'inquiéter dans la jouissance de sa conquête. Zonare, historien grec du XII siècle, assure que les crimes de Zénon devinrent si horribles, qu'Ariadne sa femme, qui souhaitait de faire régner Anastase, fit enfermer son époux dans un sépulcre où il expira en appelant à son secours, et en dévorant ses bras. Ainsi la partie occidentale de l'empire, administrée assez régulièrement par le Goth Odoacre, avait été plus heureuse, sans doute, que la partie orientale scumise à Zénon, de l'une des familles les plus distinguées de l'Isaurie. Nous achèverons de dire comment était gouverné le reste de l'empire. Les Ostrogoths occupaient la Mésie et la Pannonie; les Suèves et les Alains tyrannisaient la Gascogne et l'Espagne; les Vandales n'avaient pas quitté l'Afrique; les Francs et les Bourguignons s'étaient affermis dans la partie septentrionale des Gaules.

Cet autre Théodoric, roi des Ostrogoths, dont nous venons de parler, différent de celui qui étant roi des Goths, avait perdu la vie en aidant Mérovée et Aétius à repousser Attila; cet autre Théodoric, à qui Zénon avait cédé des droits contestés sur l'Italie, flatté de l'espérance de régner dans Rome à la suite de cette multitude de Césars qui avaient vu l'univers soumis à leur sceptre, fit de formidables préparatifs dans Noves, en Mésie. A la tête d'une puissante armée, dans laquelle se voyaient un assez grand nombre de vétérans des troupes d'Attila, il se mit en mouvement, en 488, pour aller attaquer Odoacre, le joignit bientôt, et le vainquit une première fois près d'Aquilée, le poursuivit avec acharnement, et le battit encore sur l'Adda, l'assiégea

« ZurückWeiter »