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«< cesse de Russie. L'empereur proposoit sa << sœur la grande- duchesse Anne; mais il y avoit quelque difficulté relativement à une chapelle du rit grec, qu'il s'agissoit d'établir aux Tuileries. Le conseil fut pour une princesse d'Autriche. J'autorisai, en consé«quence, le prince Eugène à négocier avec « le prince de Schwartzemberg, et l'on signa « des articles de mariage semblables à ceux qui avoient eu lieu entre Louis XVI et Ma<«<rie-Antoinette. L'empereur Alexandre net << fut pas satisfait; il crut qu'on l'avoit trompé, <«<en entamant deux négociations à la fois. »

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Napoléon ajoute que l'empereur d'Autriche, qui faisoit un grand cas des généalogies, désiroit qu'on en fit une pour Napoléon, et qu'on le fit descendre des anciens tyrans de Trévise, afin que le sang des Césars ne se trouvât pas mêlé avec un sang vulgaire; mais qu'il répondit qu'il aimoit mieux être le fils d'un honnête homme, que l'arrière-petit-fils d'un obscur tyran de l'antique Italie.

La vérité est que la princesse de Saxe ne voulut jamais entendre parler d'une alliance avec Napoléon; que l'impératrice douairière de Russie montra la même répugnance, et que ce fut la principale cause qui décida le conseil à négocier avec l'Autriche. La demande

étant délicate, on chercha parmi les hommes de cour les plus déliés et les plus spirituels, quelqu'un qui pût conduire cette affaire avec beaucoup d'adresse; et l'on donna la préférence au comte de Narbonne, courtisan aimable, d'une rare politesse et d'une extrême. dextérité. Ces qualités lui avoient acquis une grande célébrité sous le règne de Louis XVI. Il eut ordre de se rendre à Vienne, comme s'il eût été conduit par le hasard, dans le cours d'un voyage entrepris pour son plaisir. Ses instructions se bornoient à l'autorisation d'agir, en son propre et privé nom, avec tous les ménagemens que lui suggéreroit son esprit séduisant et délié. Il vit d'abord le comte de Metternich, et fut ensuite admis auprès de l'empereur. Comme la question du mariage. de Napoléon occupoit toute l'Europe, ce fut un sujet de conversation. L'aimable ambassadeur insinua adroitement que déjà de grands souverains aspiroient à l'alliance de Napoléon. L'empereur songea aussitôt à la Russie; et réfléchissant au danger qui résulteroit pour lui d'une alliance trop intime de cette puissance avec l'empire français, il laissa entrevoir assez clairement qu'il n'étoit pas plus éloigné qu'un autre de cette alliance.

Le comte de Narbonne rendit compte de sa

découverte au ministre de la police, qui l'avoit proposé pour cette négociation; et Buonaparte, en apprenant son succès, en témoigna la joie la plus vive. Il sortoit enfin des rangs vulgaires de la société, et répondoit péremptoirement aux illustres du faubourg Saint-Germain, qui, fiers de leurs quartiers, revenoient sans cesse sur l'obscurité de sa naissance. Ils n'en purent cacher leur étonnement et leur dépit, et reversèrent d'abord, sur l'empereur d'Autriche, tout le sel de leurs épigrammes. Mais il n'en fut pas de même de la masse de la nation ceux qui ne considéroient la puissance de Napoléon que comme un colosse aux pieds d'argile, crurent le voir alors avec des pieds d'airain; et le peuple, qui se laisse facilement séduire par les yeux, joignant aux idées de la victoire celles que leur inspiroient encore les grands travaux que Napoléon faisoit exécuter sous ses yeux, le regarda réellement comme un être invincible auquel le destin vouloit qu'on se soumît.

Ces travaux étoient dignes, en effet, d'honorer son règne c'étoient ceux du port de Cherbourg, commencés sous le règne de Louis XVI; des routes magnifiques tracées au milieu des rocs inaccessibles des Alpes, des Apennins, des Pyrénées; des défriche

mens à travers les landes des provinces de l'Ouest; un projet de jonction du Rhin avec le Rhône, au moyen d'un large et magnifique canal; mais c'étoient surtout les routes faciles et superbes qu'il faisoit ouvrir dans tous les sens, pour communiquer de son empire aux Etats qu'il y avoit réunis. Sa tête étoit un vaste dépôt de grandes pensées qui auroient éternisé son règne, s'il eût mieux su régler l'emploi de ses forces et renfermer ses projets dans les bornes prescrites par la nature aux facultés humaines. La nouvelle de son nouveau mariage donna à ses peuples l'espérance qu'enfin il tempéreroit les chaleurs de son ambition, et prendroit quelque repos auprès de sa jeune épouse: ces espérances ne se réalisèrent pas.

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CHAPITRE XII.

Affaires d'Espagne. Bataille de Talaveyra de la Reyna. Bataille d'Ocana. Prise de Gironne. Retraite de Wellington. Entrée de l'armée française à Séville.

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AVANT de nous engager dans la description des fêtes de l'hymen, il faut retourner encore sur les champs de baiaille, revenir sur cette terre de désolation que la plus cruelle et la plus perfide de toutes les guerres a frappée de tous ses fléaux; car telle est la destinée de Napoléon, que, dans le cours entier de son règne, l'Europe ne jouira pas d'une seule année de repos. Auguste, après les désastres des guerres civiles et les horreurs des proscriptions, donna la paix au monde, et ferma les temples de Janus; mais Napoléon se plaît à en tenir les portes ouvertes: les fêtes même lui sont importunes; le bruit de l'artillerie, le fracas des tours et des villes tombant en ruines, l'incendie des campagnes, sont les jeux qui plaisent le plus à son imagination brûlante.

Depuis qu'il a abandonné l'Espagne et fait

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