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rine accoucha d'un fils dans le palais de Fontainebleau. Cet événement inespéré causa à la famille royale et à la France une grande joie, à laquelle se mêlèrent bientôt les plus vives craintes: l'enfant était si frêle, il promettait si peu de jours, qu'on se hâta de le baptiser. Cependant, cet enfant essaya la couronne; elle était trop lourde pour son front débile; au bout de quelques mois de règne elle l'écrasa : c'était François II.

Le baptême fut célébré à Fontainebleau, dans l'église des Mathurins, dite de la Sainte-Trinité, le dimanche 10 février 1543. Le roi François Ier avait ordonné cette cérémonie; elle commença ainsi, dit un vieil historien:

<< Trois cents torches furent données à autant de personnes des gardes du corps du roy et de monseigneur le dauphin et des Suisses du corps, lesquels furent rangez depuis la chambre de Sa Majesté jusques en l'église des Mathurins, passans par la petite galerie, où la clarté estoit si grande de ces lumières, qu'il sembloit que l'on fust en plein jour. Marchoient en après les deux cents gentils hommes de la maison du roy. Puis, les chevaliers de l'ordre. Là se trouvèrent aussi le roy de Navarre, messeigneurs les ducs d'Or

'Guillaume Paradin.

léans, de Vendosme, d'Estouteville, de Guise, de Nevers, de Longueville, d'Estampes, et le comte d'Aumale'; comme aussi l'ambassadeur de Venise. Là parut encore monseigneur le légat', avec plusieurs cardinaux et autres prélats.

<«< Ensuite, venoient la reyne et toutes les princesses qui estoient pour lors en cour, scavoir : madame Marguerite, fille du roy, qui fut mariée au duc de Savoye, madame la princesse de Navarre, madame de Sainct-Pol, mesdames les deux duchesses de Nevers, madame de Montpensier, madame de Guise, madame la duchesse d'Estampes, et plusieurs autres dames qui estoient toutes revestues très-somptueusement de toile d'or et d'argent, avec une infinité de pierreries qui rendoient un merveilleux éclat; et parmy cette foule estoit l'enfant qu'on portoit baptiser.

<< Dans cet appareil et magnificence, l'on alla en ladite église des Mathurins, où le roy se rendit aussitost. Elle estoit parée des plus riches tapisseries de la couronne, et autres divers ornemens.

Claude de Lorraine, troisième fils de Claude, premier duc de Guise, épousa, à Fontainebleau, le 1er août 1547, Louise de Brezé, fille de Diane de Poitiers, et fut fait duc d'Aumale en cette occasion.

* Le cardinal Farnèse, neveu du pape Paul III, envoyé en France pour négocier un accommodement entre François Ier et Charles-Quint. Cette médiation de la cour de Rome échoua.

Au milieu, il y avoit un chef en rond, sur lequel on voyoit un grand drap de toile d'argent, qui estoit le lieu où se firent les cérémonies du baptesme, dont l'office fut célébré par monseigneur le cardinal de Bourbon.

« Les parrains furent le roy, qui luy donna son nom de François, avec monseigneur le duc d'Orléans, troisième fils de France, et oncle paternel de nostre petit prince; et la marraine fut madame Marguerite, de laquelle il a esté parlé cy-dessus.

« Toute celle cérémonie estant ainsi achevée, l'enfant fut rapporté en l'ordre et magnificence qu'il avoit esté porté; et aussitost on entra au festin que le roy avoit fait préparer en sa salle, qui est celle qui porte maintenant le nom de salle du bal; où, ensuitte de ce banquet, il y eut divers balets, danses et autres pareilles réjouissances, ce qui se continua plusieurs jours après.

<< Or, l'on avoit dressé un beau et grand bastion près du chenil, où est maintenant l'allée solitaire et celle des meuriers blancs. Et sur l'étang il y avoit trois galères ornées de leurs banderoles. Le tout ainsi ordonné, le jeudy suivant, quatorzième dudit mois, il se fit diverses escarmouches en deux partis, de princes et de seigneurs, les uns qui défendoient ce bastion, et les autres qui l'attaquoient, et par terre et par

eau, avec lesdites galères; en cette sorte finirent ces magnificences. >>

Deux ans après, le 2 avril 1545, naissait à Fontainebleau cette belle princesse qui fut saluée du surnom de la Paix, et qui devait allumer autour du trône d'Espagne une guerre de jalousie dont le dénoûment fut un crime: c'était Élisabeth, fille du dauphin et de Catherine de Médicis. Les fêtes que l'on célébra dans ce palais recurent, d'une circonstance heureuse, un trèsgrand éclat. C'était au moment de la paix entre la France et l'Angleterre. Lord Dudley, grand amiral, et lord Chenay, grand trésorier de ce royaume, envoyés par Henri VIII, étaient à Paris pour régler les dernières conditions du traité, et le jurer solennellement; ils furent en même temps les parrains d'Élisabeth, au nom de leur souverain.

Le roi voulut, dans une occasion aussi mémorable, déployer un faste inaccoutumé: il mit à contribution la foule des talents que Fontainebleau abritait, et le palais se revêtit comme par enchantement d'une éblouissante parure :

La cour du Donjon, choisie pour le lieu principal de la fête, était toute tendue de riches tapisseries: elle étincelait d'ornements d'or, d'argent ou de soie.

Au milieu de la cour on avait construit un théâtre avec plusieurs portiques d'une noble et

élégante architecture, aux frises desquels on lisait ces mots en lettres d'or: Audierunt reges verba oris ejus, empruntés au premier livre des Rois, et faisant allusion aux grandes réjouissances du peuple d'Israël quand il reçut l'arche d'alliance. Le théâtre et ses portiques étaient ornés de feuillages et de nombreux écussons aux armes de France et d'Angleterre; au centre s'élevait un grand mât, entouré dans toute sa hauteur de lames d'or. Il était le principal soutien d'un ciel représenté par un immense voile en soie bleue, où brillaient mille étoiles d'or qui répandaient dans la cour du Donjon une douce et agréable clarté. Nous passerons une foule de détails pour nous arrêter devant la partie de cette décoration où François Ier avait surtout étalé son goût pour le faste, et qui excita l'admiration générale: au pied du grand mât on avait dressé un buffet à neuf étages, en forme de pyramide. Un dais de drap d'or frisé le recouvrait entièrement. Cette vaste et haute étagère était chargée de toute la vaisselle du roi en or massif, et de tous les vases, coupes et objets d'art en or, entassés depuis des siècles dans les demeures royales par le luxe des monarques français. Le spectacle de cet amas de richesses éblouissait les yeux; mais l'or en était le moindre prix: elles devaient à l'art, à la perfection du travail, à leur antiquité, une valeur beau

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